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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 23:16

La pierre cubique à pointe (E.°.R.°.)

La pierre travaillée est la base de l’initiation dans l’ordre artisanal.

En tant que base associée à la construction de l’homme, il faut regarder la pierre sous l’angle de la substance (matière) et de l’essence (esprit).

L’artisan travaille et modèle la matière jusqu'à la perfection. La perfection naît ici d’une vision inspirée que l’on réalise. La réalisation de la vision « directrice » (qui peut être un modèle, un abaque, un plan, une Loi) va s’inscrire dans la matière. La réalisation sera alors conjonction harmonieuse de la matière et de l’esprit.

Dans cette voie initiatique, ce qui vaut pour la pierre vaut aussi pour l’homme.

Nous pensons utile de préciser la notion de perfection (I) en général qui préside à l’élaboration d’une forme en harmonie avec l’esprit. Nous ferons cette approche en 9 points succincts.

L’engagement de l’artisan dans un acte rectifiant la matière, sera interprétée comme la réalisation d’une image « lisible » à vocation spirituelle, car relatant symboliquement un signifié en relation avec l’un des deux mystères, celui de la vie ou celui de la création.

Toute perfection (fut-elle matérielle ou comportementale) évoque dans sa lecture haute ce double mystère. La franc-maçonnerie par sa méthode bien connue de l’image symbolique comme modèle de réalisation extérieure et intérieure, nous donne l’exemple de la Pierre cubique à Pointe comme objet de perfection.

Nous essaierons dans une deuxième partie d’en tirer toute la quintessence et de voir dans cet objet parfait un miroir pour notre Être. Nous y trouverons une apparition mystérieuse de l’esprit dans la matière (II) fruit d’une forme parfaite à l’image d’un soi idéal répondant aux questions éthiques et métaphysiques. Nous aurons dans cette apparition la révélation d’un centre et d’un sommet soit la polarisation propre au symbolisme axial et qui donne à voir l’invisible. Mais la condition de cette apparition devenue révélation repose sur le principe d’harmonie qui préside à l’alliance parfaite de la matière et de l’esprit.

Enfin nous aborderons, suivant les principes de la méthode maçonnique, l’usage que nous pouvons faire de cette révélation pour nous améliorer, ce sera Le travail évolutif du franc-maçon, esprit et humanisation (III)

En guise de conclusion récapitulative nous relirons le travail de notre F.°. B.°.P.°. : Pierre cubique à pointe, pierre de vie (IV).

  1. Vers la perfection

La perfection c’est parfaire, c'est-à-dire faire au-delà, autrement dit l’artisan place son acte dans un niveau supérieur à sa simple utilité. L’acte se situe au-delà de la fonction utile, il veut tendre vers un plus haut suivant des modalités particulières que nous allons tenter d’approcher en 9 points.

C’est ici que l’ouvrier devient Œuvrier.

Pour être Œuvrier il faut être en capacité de comprendre les mécanismes de la représentation mentale, connaître les codes du langage symbolique, mythique et archétypal, le seul qui soit véritablement universel et enfin admettre que la matière et l’esprit n’ont pas à être dissociés dans la voie initiatique artisanale, et que leur union est la base de toutes les « spéculations » scientifiques, sociales, philosophiques et religieuses. Nous prendrons garde de ne pas nous laisser séduire parle symbole qui reste avant tout attaché à son maître qui le conçoit et lui donne sens à savoir : l’esprit de l’homme.

a/ Le chemin de pierre

Le chemin du maçon est « borné » par trois pierres, la pierre brute, la pierre cubique, la pierre cubique à pointe.

Plus on avance sur le chemin plus le niveau de conscience du maçon est élevé, il est donc logique que la pierre tende dans sa forme jusqu'à la perfection, et qu’elle rejoigne les limites de celle-ci soit la sublimation de la forme.

La perfection dans l’ordre artisanal est la conjonction de la substance et de l’essence qui donnera une forme « harmonieuse ». L’harmonie, quelque soi le domaine, nous transporte et nous ravie, elle est donc symboliquement une habile rencontre de la terre et du ciel.

Pour cette conjonction, des facultés intellectuelles sont mobilisées, mais elles ne peuvent suffire (voir le syndrome de Babel). Il faut leur adjoindre une conscience ouverte sur la spiritualité. C’est à cette triple condition (spiritualité, intelligence et conscience) que l’on parlera de chef d’œuvre.

On résume assez bien cette triple condition dans le domaine de la « réalisation », par la Pensée (spirituelle par l’élaboration du Plan -Principe), la Volonté (mise ordre des moyens-ordo ab chaos) et l’Action (réalisation-manifestation).

b/ La construction psychique

Dans le domaine psychique, les trois stades de la réalisation se décomposent en « intention » et « prolongation ».

L’intention est une pensée « orientée » en fonction d’une norme légale.

Ladite norme est à la fois de nature divine et morale, soit un point de vue supérieur que nous qualifierons de supra conscience. Cette intention dûment normée au plan législatif nous la retrouvons en Loge, elle est symbolisée par le Debhir surélevé de trois marches et tous les symboles qui s’y trouvent et notamment le Soleil et la Lune et le VM.

La traduction lisible de l’intention « normée » ou « orientée » se fera dans l’équerre le compas entrelacé sur le livre de la loi sacré, à défaut de livre sacré c’est la règle à 24 pouces qui prendra le relais, ou la conscience du franc-maçon située au point d’équilibre entre matière et esprit.

La deuxième composante du psychisme est la prolongation de l’intention orientée vers la lumière.

La prolongation vise la satisfaction concrète de l’intention ici orientée vers la lumière : la pensée est traduite en volonté et en action. Une pensée orientée vers la lumière va associer l’essence et la substance dans sa réalisation. C’est à ce moment que le maçon devra veiller à harmoniser matière et esprit dans une réalisation cohérente dont le sens volontaire se traduit en forme visuelle et symbolique.

La lecture psychique de la réalisation sera un miroir de l’harmonie intérieure du maçon.

La Psyché (pensée) et le Soma (réalisation concrète corporelle et matérielle) se font écho.

c/ Une construction en miroir

La Pierre cubique à pointe serait donc un miroir montrant la réalisation harmonieuse de la pensée lumineuse.

La forme apparente est la manifestation de l’esprit dans un état d’intellect donné. Donc l’intellect ne peut s’affranchir d’un plan divin suggéré par notre supraconscience. Cette supraconscience en tant que norme légale et ordonnatrice est présente en tout homme. Elle recoupe le grand mystère de la création et le grand mystère de la vie.

La pierre devient le miroir de l’intention. La pierre travaillée est la prolongation du franc-maçon. Sa forme évolutive nous permettra de lire le plan divin qui nous habite secrètement. Lire la pierre et l’harmonieuse association de l’esprit à la matière dans une unité cohérente, c’est lire en soi. Nous ne sommes plus très loin, à partir d’une forme extérieure parfaite, d’atteindre la pierre philosophale, typiquement intérieure (VITRIOL) chère à bien des initiations. C’est encore une pierre, intérieure qui annonce le chemin de l’initiation soit une progression vers les profondeurs de soi jusqu'à en trouver « la vivante et vivifiante racine » (L.C.de Saint Martin).

Il apparaît clairement qu’une évolution a saisi l’homme dans son mode de vie et dans sa spiritualité comme dans son ouverture d’esprit. Plus l’homme avance en conscience, plus il élabore la forme avec esprit et plus il devrait se détacher de la forme. La forme n’est alors qu’un « support » témoin de la métamorphose du regard. Ce regard qui témoigne de l’Éveil passe progressivement des yeux du corps à celui de l’âme et de l’esprit. C’est le sens profond du miroir hermétique qui propose une triplication de l’image dans trois mondes superposés.

d/ Perfection et langage

Le critère « apparent » de l’évolution semble reposer sur le perfectionnement de la forme donnant lieu à l’élaboration de nouveaux langages, car la forme est nommée dans ses trois sens : concret, intellect et spirituel. Chaque nom signifiant la forme a donc trois sens concordants. C’est le cas de la pierre qui se perfectionne en même temps qu’on la nomme.

La forme (et le langage) évolue de conserve avec la quantité matérielle et la qualité d’esprit qui occupe la conscience de l’homme. C’est ainsi que la pierre « matière » entre en résonnance harmonique avec la spiritualité de l’homme.

La pierre brute est aussi la pierre dans son origine, vierge de la main de l’homme et de toute nomination législative, au centre indéfini comme si l’esprit transformateur de l’homme (et du divin) n’était pas descendu en elle, comme si l’homme angoissé par son devenir était absent du paysage. La pierre cubique et la pierre cubique à pointe emportent chacune leurs trois sens propres aux trois acteurs qui sont la matière, le langage et l’homme. Ces trois termes vont évoluer de conserve en même temps que le sens s’inscrit dans la forme nommée.

Ainsi, la pierre cubique est aussi : une perfection matérielle, un centre cubé ; la pierre cubique à pointe est aussi : une pyramide à base cubée, un centre sublimé. On voit qu’il y a une progression apparente du sens qui part de la matière et va à l’esprit, ce qui implique une zone de contact entre les deux domaines. Il faudra revenir sur ce point.

On comprend déjà que l’acte de transformation est un acte de transposition relativement à l’état d’éveil spirituel de l’homme. Il faut admettre que l’éveil de l’esprit est fonction de la naissance de l’angoisse métaphysique et éthique de l’homme.

C’est donc le directeur légal qui va ordonner ce chaos, ce directeur légal est la supra conscience.

e/ La double lecture

Nous verrons que le symbole s’inscrira dans une double lecture et qu’il sera tentant de confondre les deux sens dans un seul objet…

Il est possible de passer le cap de la forme substantielle, pour atteindre le symbole essentiel, sans pour autant prendre la forme pour l’essence, ce qui serait le comble de la vanité du cherchant. Cette confusion entraînerait la perte du sens premier du symbole qui est de signifier au-delà de la forme et de la matière.

Le symbole n’est pas la forme a priori, il est l’essence-imagée dans l’esprit de l’homme. C’est cette image que le maître artisan va faire redescendre en forme narrative dans le domaine de la matière, il ne le fait qu’a posteriori. Malheureusement la vessie sera prise pour une lanterne, l’objet devient symbole de matière, alors que seule l’image représentée dans notre for intérieure est symbole agissant.

f/ L’inversion

Ainsi par méconnaissance, le symbole associé à l’image spirituelle va s’inverser dans sa lecture à partir de sa représentation matérielle. L’image sculptée sera prise pour ce qu’elle n’est pas à savoir une idole de pierre.

C’est de ce phénomène d’assimilation et d’inversion du sens symbolique que nous devons nous prémunir, car il n’est que vanité et inversion. C’est la définition même de la confusion des langages que d’inverser le sens, c’est l’enseignement de Babel. Le symbole n’est vérité non pour lui-même, mais pour signifier une représentation en soi de nature spirituelle soit une élaboration psychique propre à l’homme illuminé d’esprit. Le symbole est donc un désir, une aspiration en relation avec le mystère de la vie et de la création. Donc le signifiant découlant de l’harmonie de l’objet travaillé n’est pas l’objet fait de matière, mais sa projection mentale, profondément évocatrice en notre for intérieur.

g/ De l’énergie vitale au souffle de l’esprit

On dit que la pierre est porteuse d’énergies qu’elle concentre en prenant place dans la grande nature. Comme l’homme et l’arbre, elle serait traversée de champs énergétiques dont la source reste énigmatique.

Si on admet que la pierre est associée à l’action de l’homme et de la nature, il restait un pas à faire pour qu’elle fût le support du divin. Ce sera l’ère des idoles, des pierres à foudre, puis par l’évolution technique la pierre de construction du temple, ou pierre de fondation, ou pierre d’autel. C’est alors que plus qu’une idole, la pierre devient objet servant le divin, une pierre dressée et ointe (Bethel de Jacob). Sa nature ontologique lui confère un statut archétypal au même titre que l’arbre.

h/ Modélisation du schéma universel

La pierre devient par l’action de l’homme, le modèle en réduction de la grande explication de l’univers « manifesté ». La pierre devient vectrice du divin par l’esprit qu’elle semble contenir et qui ne demande qu’à s’exprimer via la représentation mentale de l’homme.

L’homme par sa recherche interprétative liée à sa progression spirituelle n’aura de cesse que de faire vivre en esprit une matière en apparence inerte. Ainsi comme avec l’arbre, la pierre sera modèle et support de progressions initiatiques et spirituelles pour l’homme, et image d’une puissance divine à découvrir. Naîtront les deux voies initiatiques par la matière, d’abord celle du Bois (Arche de Noé, l’Arche d’Alliance) puis celle de la Pierre (Bethel, Temple de Salomon).

Nous pouvons dire que la pierre est le support expressif du principe dans sa plus grande concentration. C’est donc un compendium qui affirme la quintessence. Il appartient à chaque maçon d’en faire apparaître, en son for intérieur, la part interprétative spirituelle.

i/ Mystère de la vie et de la création

En observant la forme, je m’interroge sur son mystère, son élaboration et sa signification. Mais je suis prévenu : en interrogeant la pierre qui est un miroir, c’est mon intériorité que je rencontre.

La pierre dans sa forme évolutive est un miroir pour l’homme, un support pour son langage et son imaginaire. Ce que nous offre la pierre c’est la conscience du Je devenu Soi, mais aussi une « présence » que l’on fera apparaître dans la pierre cubique à pointe qui ne sera au final qu’un support pratique de projection de notre part spirituelle. Cette part spirituelle se traduira logiquement dans la représentation « formée » du mystère de la vie et de la création.

Notre part spirituelle s’exprime dans un support, mais le support est chef d’œuvre c'est-à-dire production de l’esprit et de l’harmonie, il n’est ni esprit pour lui-même, ni idole à vénérer.

Nanti de cet avertissement, nous approfondirons l’aspect universel de la pierre symbole dans laquelle nous retrouverons l’univers dans son entier, mais aussi l’apparition mystérieuse de l’esprit dans la matière (II) par E.°.R.°..

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  1. Apparition mystérieuse de l’esprit dans la matière.

Ici nous passerons d’une spiritualité « construite » à une spiritualité « révélée ».

Toute pierre travaillée de main de l’homme l’est en corps, en âme et en esprit. Mais il faut ajouter que le corps et la matière se confrontent, pendant que l’âme et l’esprit résident dans l’Œuvrier. De la confrontation va naître une sorte de fusion. On va voir l’Œuvrier faire corps avec la forme naissante au sens.

Nous faisons usage d’un maillet et d’un ciseau d’une manière intelligente, mais aussi de manière spirituelle, suivant un plan, une pensée, car nous voulons signifier quelque chose qui relève de l’intemporel ou de l’ontologie à partir d’une pierre brute. L’intention de l’homme s’inscrit dans la matière et il est le seul à en comprendre le sens. L’homme a découvert la matérialisation du sens, la signification dans la forme travaillée.

À l’inverse la forme se livre à l’interprétation de l’observant sans être autre chose qu’une suggestion, une interprétation potentielle pour l’intelligence logique, pour l’émotion (âme) et pour l’esprit de l’observant.

a/ L’expression humaine de l’esprit

Préalablement à la forme, il y a une pensée, une volonté et une action « orientée » par une direction de conscience. La pensée devient schème (schéma) avant d’être forme travaillée ; c’est le symbole de la planche à tracer des maîtres.

« Cette direction de conscience provenant d’en haut, est au plan psychique, ce qu’on appelle dans l’ordre humain une supraconscience exigeante, celle qui dirige l’homme vers la lumière ».

« À l’opposé (…) se situe, le subconscient. Ce dernier dans sa dictature du besoin enferme l’être dans la matérialité de l’avoir, du besoin insatisfait devenu désir qui est ici figuré par la pierre. Cette pierre plutôt que d’être laissée en « l’état brut » sera « dressée » par Jacob, symbolisant que l’éveil passe par le redressement. Ainsi on l’appellera pierre dressée « Bethel », celle qui désire l’accès au ciel. Ce désir est une vraie force qui reste celui de l’homme et pas celui de la pierre, ceci démontre que la pierre doit rester support d’exercice du symbole lisible par l’homme. Il faut donc dépasser son aspect magique et occulte pour se concentrer sur le psychisme de l’observateur devenu acteur.

Elle sera lieu de culte, mixant le désir vital et le désir d’un ailleurs. Elle devient borne, séparant le monde pétrifié et brut, rendu à un état de régression, du monde vitalisé par une lumière propre à la conscience de l’homme.

La pierre par l’action de l’homme est changeante : elle peut être brute, pierre à feu, dressée (dressée en esprit : Béthel- dressée en puissance : Menhir) ou taillée en perfection immanente (pierre cubique), sublimée en perfection transcendante (pierre cubique à pointe, clef de voûte) et gravée du signe (tables de la loi, cathédrales). Elle donne lieu à interprétation en fonction de l’intention de son sculpteur. Il faut donc comprendre l’intention plutôt que de sur-interpréter l’œuvre qui n’est que la prolongation de l’intention. À défaut de cette précaution c’est la pierre qui serait acteur et non plus support. Cette attitude nous renverrait aux périodes primitives de l’humanité, celles de l’animisme qui voyaient un dieu dans chaque objet et qui dériva en idolâtrie, si bien combattue par Moise.

Notons enfin que le Temple lui-même est la conjonction de toutes les prolongations dans la pierre (brute, taillée, menhir, Bethel, table hiéroglyphique, compendium) d’une seule et même intention : saisir sans expliquer vraiment, au-delà de l’intellect, le mystère de la création et célébrer l’élan vital. C’est ici une notion intuitive qui s’installe dans le monde en prenant forme, un savoir-être en quelque sorte, avec pour servant le savoir-faire.

La transformation de la pierre marque un changement d’état chez le tailleur de pierre qui recouvre les trois états, le naturel, l’humain et le divin. La pierre est un mercure principiel qui parcourt les trois mondes, elle est comme le mercure des alchimistes un lien-support unificateur. On la retrouve au cœur de soi c’est la pierre philosophale.

Nous sommes la carrière du cherchant et c’est en nous que la pierre doit être retrouvée (V.I.T.R.I.O.L), avant d’être redressée (Temple) et de servir de point d’appui pour l’envol de l’esprit (c’est ce que signifie le relèvement du maître intérieur au REP). Le travail avec la pierre est l’œuvre d’une vie maçonnique. » (Extraits de nos commentaires sur « l’échelle de Jacob et Bethel » déjà parus sur ce blog)

a/ L’Esprit se « forme » en harmonie

Il convient de dépasser la forme matérielle pour en arriver à l’interprétation symbolique liée à la psychè du tailleur de pierre. Ici nous voulons dépasser la forme pour aller non pas dans un ailleurs spatial, mais à l’intérieur même de la psyché qui trouve en la « présence » divine une explication fondatrice. Nous avons déjà vu que la « présence » est nécessaire à la production de la croyance et n’est autre qu’une production inhérente à l’identification de l’esprit en soi. L’idée du divin s’associe à cette présence de l’esprit dans l’homme ce qui sur un plan pragmatique n’est autre que la capacité à vivre le mystère de la création et de la vie sans l’expliquer, autrement que par représentations mentales. On fait ici le lit de l’esprit qui s’exprime en spiritualité. La spiritualité repose donc sur 4 notions : la présence, la représentation mentale via le symbole, les deux mystères de la vie et de la création.

Le franc-maçon apprend que l’esprit harmonise la matière en lui donnant forme signifiante.

C’est ce qu’on appelle une œuvre de l’esprit.

Ainsi la forme travaillée dans l’harmonie doit nous parler de l’esprit. Pour l’observant, la forme travaillée, ne peut se limiter à l’excellence de l’intellect ou du tour de main que l’on retrouve dans la pierre cubique simple, il faut que l’intellect ne se limite pas au pré carré du cube. La matérialisation de la pensée n’est pas le but du franc-maçon, son véritable objectif est d’accueillir et d’harmoniser « la présence » de l’esprit en lui, en transférant sa charge signifiante dans la matière qu’il travaille. On transforme la matière en même temps qu’on y projette notre esprit.

La pierre cubique, aussi parfaite soit-elle, ne pouvait être qu’intellect parfait. Il lui fallait être marqué par l’élan spirituel qui nous rapproche de l’esprit lumière. C’est ici la différence que l’on établi entre le savoir « faire » et le savoir « être ». Ce double aspect est la marque de l’initié.

b/ Cohérence hermétique et construction de soi.

On comprend alors le sens des lumières d’ordre Sagesse, Beauté (harmonie) et Force qui interviennent dans la formation de toutes choses et de tout être. Mais ici c’est le maçon qui tient maillet et ciseau et qui doit, dans la taille de la pointe de cette pierre cubique, atteindre une perfection technique qui ne peut se départir d’une approche spirituelle.

En effet le maçon qui s’identifie à la pierre constate que la perfection de l’œuvre est aussi la perfection de l’individu. L’un ne peut aller sans l’autre.

C’est une démarche précieuse que d’associer le symbole maçonnique à la plus grande humanisation de l’homme. Cette plus grande humanisation est, à l’exemple de la pierre cubique à pointe, l’accueil puis l’extrapolation de l’esprit à partir du centre de soi.

De plus le centre de la pierre qui s’extériorise suppose que le maçon ait trouvé en lui-même son propre centre, conformément à l’adage « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux » associé à l’acronyme V.I.T.R.I.O.L.

Donc le centre de soi est lié à l’élaboration de la pointe et la pointe est l’extériorisation du cœur de la pierre.

Autrement dit le centre du « connais-toi toi-même » appelé V.I.T.R.I.O.L, et le centre dans la matière formée, sont identiques et leurs associations dans l’art royal donnent une « œuvre de l’esprit » en forme de sommet.

Ce sommet est le point ultime de l’élévation du cœur de la matière, se situant à la frontière de l’esprit. Symboliquement nous décrivons le détachement de l’esprit de l’emprise de la matière, ou pour être plus gnostique nous reconnaissons en nous, le détachement de l’âme de l’emprise du corps de matière pour rejoindre l’esprit.

Il est entendu que lorsque le franc-maçon aborde la pierre cubique et ses dérivées il aborde aussi bien la géométrie sacrée que l’art de la perfection artisanale ou la recherche de la pierre philosophale. Il y a bien 3 niveaux d’interventions et d’interprétations qu'il convient de distinguer. Nous avons vu en introduction que le danger est grand d’aboutir à une confusion des trois niveaux en inversant le sens du symbole.

Rappelons que le symbole n’existe que s’il peut être lu ou compris, donc il n’existe que par la capacité émotive et spirituelle de l’homme. Il n’y a pas de symbole sans homme pour le lire. Pour le lire, il faut le projeter en soi. Chaque lecteur donne au symbole son efficacité évocatoire. Le symbole est un outil de communication propre à la psyché de l’homme où transparaît une dimension universelle, voire archétypale. Mais l’objet symbole n’est rien sans l’homme.

Nous faisons une série d’observations pour mieux cerner la spiritualité « révélée » associée à la pointe et au centre, en gardant à l’esprit que le point extérieur est une duplication du point central intérieur et caché. Il faudra regarder la pierre avec les yeux d’un géomètre émotif. Le franc-maçon s’attachera à faire le lien entre le monde visible et invisible, entre la réalité visible et ses désirs d’harmoniser en lui la terre et le ciel. Ce désir d’harmonie est né de la dynamique de la vie, la vie découle d’une puissance harmonisante des contraires et oppositions devenues complémentaires (pavé mosaïque). Nous remarquons que l’harmonie des formes va de paire avec l’élévation du sens..

c/ La pierre cubique symbole d’harmonie. La pierre n’est pas qu’une simple expression minérale elle referme une puissance interprétative que l’on peut percevoir avec les yeux de l’âme.

Reprenons le fondement de la loi symbolique des nombres que nous retrouvons en Sagesse XI-20. : « Dieu à tout réglé avec mesure, nombre et poids ».

La Pierre cubique allie le 4 du plan matériel et le 3 de l’élévation spirituelle. Le 4 du carré est à deux dimensions, mais sur la base du carré on « élève » une dimension de plus qui est l’épaisseur ou la hauteur. Ainsi nous pouvons affirmer que le cube est l’expression ternaire de l’unité sur un plan manifesté. Le cube démontre par la mesure le passage d’une dimension à l’autre. Ceci sous-entend que l’évolution à partir du cube est encore possible, et qu’une nouvelle élévation nous ferait découvrir une nouvelle dimension….La pierre vue par l’homme est un microcosme à partir duquel peut se déployer un macrocosme.

Le Cube a donc une relation avec le monde en trois dimensions (trois axes). Il est constitué de 6 faces et 12 arrêtes soit un total de 24. Le nombre 24 exprime le double 12 (le zodiaque majeur et le zodiaque mineur soit l’expression du tour d’horizon du cube ayant pour centre un soleil rayonnant). De même que le nombre 6 exprime l'espace dans sa « hauteur » et sa « profondeur » en regard du plan, le nombre 24 exprime le temps. Il est la clé du grand cycle de manifestation. Si on y ajoute un axe traversant la figure de haut en bas pour suivre les principes hermétiques, nous obtenons 25, symbole de perfection dans l’ordre humain (5x5). La preuve de son installation dans l’ordre humain, celui du microcosme repose sur l’affectation chacune des faces des 6 métaux correspondants aux six planètes a partir d’un centre rayonnant soit un Soleil/Or : Soleil-Or pour le cœur, Lune-argent, Mercure-mercure, Vénus-cuivre, Mars-fer, Saturne-plomb, Jupiter-étain.

Ceci laisse entendre que le tailleur de pierre peut atteindre la perfection dans son art en suivant l’axis mundi. Ce dernier harmonise son environnement, il n’y a pas d’harmonie sans qu’un centre ou un axe ne soit présent, même s’il est invisible. (La perfection dans son art est pour la voie artisanale le chemin de la connaissance).

d/ La pierre cubique à pointe (PCAP) est une « révélation », une extrapolation de la pierre cubique en ce sens qu’elle montre en nous une vérité cachée en suivant l’axe, et donc la possibilité d’une autre dimension.

Elle est constituée par 9 faces et 16 arrêtes soit un total de 25 qui Représente le Verbe Universel appliqué aux lois de l’art royal. Si nous tenons compte de la présence de l’axe, nous avons alors le nombre 26 qui est le nom du divin inscrit dans l’hexagramme. Nous avons vu que le nom d’une chose formée était signifiée dans les trois états, mais s’agissant du divin ses états sont innombrables comme ses noms. Il faut comprendre que l’art royal met en pratique et en forme le chevauchement symbolique de la matière par l’esprit, et tente de faire paraître l’esprit en nous par le truchement d’une forme signifiante. Par la forme signifiante, on veut ici établir une révélation, mettre l’invisible en exergue. En poursuivant la démarche, la réduction théosophique du nom divin qui est 26 nous donne 8 qui est une superposition de deux cercles ou horizons traversés d’un axe. On traduira cette nouvelle figuration symbolique par l’unité divine générant les deux cercles céleste et terrestre. Dans cette nouvelle figure des deux cercles superposés dans l’axe s’insère parfaitement notre pierre cubique à pointe avec ses deux plans carrés superposés dans l’axe.

Nous sommes ici dans l’extournement du centre vers la polaire, soit le point de contact absolu entre terre et ciel. La pointe ainsi énumérée est l’expression d’une polarité totale, intérieure et extérieure, Sud et Nord, invisible et visible, l’immatériel et le matériel. Dans les deux cas, ni le centre ni la pointe n’ont de dimensions, on ne fait que les imaginer (les imager en soi). L’extournement peut être représenté à partir de la pierre cubique : on se représente 6 pyramidions ayant pour bases les six faces et dont les pointes convergent au centre du cube, puis on retourne celui du dessus (voir en complément sur ce point le travail de Zied Odnil : le Temple et ses symboles, Shekinah éditions). C’est la même quantité de matière, mais on rend visible un centre imaginé. C’est en ce sens que l’on doit comprendre la révélation qui est une apparition de ce qui est caché, ce qui en notre for intérieur et s’agissant du Centre, est la théophanie de l’architecte.

e/ La pierre cubique à pointe à 9 angles et 9 faces ou visages :

Par l’extériorisation du centre dans la pointe on passe du 6 faces à 9 faces soit le 3X3 : nous avons l'expression de "la puissance élévatrice du Saint-Esprit", En tant que produit de 3 x 3 , il est l'expression de la perfection. Neuf est le nombre de celui qui accomplit la volonté divine. Selon la kabbale, c'est aussi le chiffre de l'accomplissement. Étant le dernier nombre simple, il est le nombre de finalisation ou de finition (perfection). 9 représente les trois manifestations divines dans les trois plans: monde de l'esprit, monde de l'âme, monde de la matière, ce qui donne une triple manifestation de la Trinité - 3 x 3. Nous avons ici le symbole de la totalité de l'être.

Du fait que le neuf a la particularité de se recomposer lui-même lorsqu'on le multiplie par tout autre nombre (9x4=36, 3+6=9), il symbolise la matière qui mariée à l’esprit ne peut être détruite : la hache qui surplombe la PCAP est destinée moins à détruire qu’à libérer l’esprit ou du moins à rendre visible l’invisible aux yeux du cherchant.

f/ La pierre cubique à pointe suggère en nous une Polarisation de l’intériorité :

Nous pouvons dire que la pointe est l’essence d’un centre invisible, l’invisible devenu visible en nous.

L’essence à pour caractéristique de définir l’objet dans sa « trace spirituelle » la plus originaire, or ici nous constatons que le centre, invisible au regard superficiel, « émane » en une pointe polaire. La pointe du pyramidion est littéralement une extrapolation du centre, ce que les Égyptiens avaient déjà exprimé dans la transcendance. À l’inverse le centre est une interpolation de la zone de contact entre la terre et le ciel, ce que les psychologues ont redécouvert dans la relation psychique de l’homme au monde, réinterprétant l’adage socratique et l’adage hermétique par une géométrisation du désir et du refoulement.

La polarisation intérieure ou extérieure se fait toujours le long d’un axe à double sens que Hermès Trismégiste a largement détaillé que l’on retrouve dans l’échelle de Jacob. Cet axe à double sens sera le caducée « ailé » du messager des mondes…

Ramené au questionnement de l’homme, ce dernier devra s’exercer tant à la transcendance qu’a l’immanence selon un centre invisible, un axe et une étoile surplombante. L’exercice sera mené sur le plan métaphysique et sur le plan éthique afin de répondre au mystère de la création et de la vie.

g/ L’effet est dans la cause :

Il n’y a point de cause sans effet, ici le centre est la cause de la pointe, et la pointe l’effet du centre. La pierre cubique à pointe serait un miroir ? En langage métaphysique je le traduis ainsi « le centre est le point, la pointe est dans l’axe ! » L’effet est une élévation axiale du centre, soit une élévation du point de vue. Nous allons voir que cette élévation est un envol, ce qui est le propre de l’élan vital.

Nous sommes dans la phase matérielle la plus évoluée qui consiste à atteindre le sommet tout en trouvant le centre en soi. Les deux aspects, de l’apparence et de la source cachée, sont en relation c’est ce que détermine l’ancien adage compagnonnique de la Connaissance que cite notre F.°. B.°. P.°. dans la dernière partie :

Le point qui va dans le cercle - qui va dans le carré - et qui va dans le triangle -
Tu connais ce point - alors tout va bien - tu ne le connais pas - alors tout est vain !

L’élévation à pour but de rejoindre un plus haut, un état supérieur où la matière ne serait qu’un point d’appui pour prendre son élan.

À l’image de la pierre d’envol de Mahomet appelé le rocher de l’envol, situé au Dôme du rocher à Jérusalem. Selon l’Islam, c’est de là que Mahomet a rejoint le paradis. Le point final d’un voyage fantastique. Le Prophète serait parti de la Mecque jusqu’à Jérusalem, sur une monture peu conventionnelle. Un coursier appelé Bouraq, sorte de cheval ailé prêté pour l’occasion par l’archange Gabriel (Jibril en arabe).

C’est par conditionnement harmonique du centre en soi et de la pointe en contact avec le monde supérieur que la construction se justifie sur le plan de l’esprit, sinon, sans cause spirituelle la pointe n’est que vanité (voir tour de Babel), ou intellectualisation excessive. Il faut donc doser l’intellect et l’esprit. La PCAP tente de réconcilier matière et esprit, comme l’entrelacement de l’équerre et compas dans un même point d’équilibre servant de base et d’appui pour transcender.

Ainsi tout centre établi est un lieu pour l’envol de l’esprit. Il suffit de retrouver le sens de la pierre de fondation pour s’en convaincre. Il s’agit de l’interpénétration des centres et des états : chaque centre est la cause d’un nouvel état dont la pointe en est l’aspect visible et c’est la pierre qui sert de support : Elle sera ainsi doublement qualifiée par sa cause et son effet, de pierre de fondation du lieu sacré « even shetiyyah » assimilée a Yesod puis de pierre d’angle du bâti sacré, ou de pierre de tête ou angulaire de l’édifice terminé assimilée à Kether.

Revenons au lieu sacré qui pour les anciens est un omphalos c'est-à-dire un centre du monde. Ici nous dirons que Jérusalem est le centre du monde et que le centre de Jérusalem est le Temple de Salomon, le centre du Temple est le Debhir, le centre du Debhir est l’Arche d’Alliance où repose la présence divine, la « Shekinah » ; le tout soutenu par la pierre de fondation.

Cette pierre de fondation, d’après la cabale, serait lancée par Dieu au milieu du Chaos pour fonder sa création : nous pouvons ainsi confirmer le lien originaire entre le divin et la centralité de la pierre, cette pierre d’appui est le centre de la manifestation, elle est aussi le centre des centres de toute la création et donc associée à la cause originelle : la pensée, la volonté et l’action divine.

Donc le divin est synonyme de centre dans l’espace « terrestre » et ce centre se projette de manière axiale dans le niveau céleste. Il prendra la « forme » harmonieuse de l’étoile.

h/ Les deux étoiles de la conscience ; de l’homme au Divin :

L’homme tel le berger suit son étoile. L’étoile est un ailleurs transcendant d’un centre qui nous est intérieur. C’est ici toute la profondeur intérieure qui rejoint l’horizon sans fin. Cette perspective inatteignable reste mystérieuse pour le profane et semble constituer le ressort de toute quête.

Chaque extrapolation se fait à plusieurs niveaux suivants l’état d’esprit du groupe d’individu. Extrapoler c’est admettre de comprendre aux limites de ce qui peut être formulé.

La transposition d’un centre terrestre en centre céleste revient à le situer dans un ailleurs inaccessible en supposant que cette transposition nous rapproche du divin originaire. Toute transposition est précédée d’une projection mentale. L’homme, suivant ses niveaux de conscience, a perçu ces projections dans des ailleurs qu’il a voulu rendre accessibles au prix d’un apprentissage et sur lesquelles il pouvait avoir une capacité soit d’agir soit d’intercéder.

La capacité d’action sur le réel en passant par un ailleurs est du domaine humain et repose sur les voies d’action qui tourne autour de la magie.

Ici c’est l’objet signifiant qui agit magiquement en nous, non pas par sa matérialité, mais par sa forme évocatrice. La forme évoquée en représentation mentale se fait suggérante et agissante. Ici le divin est absent ce ne sont que des possibilités d’ordre humaines qui sont mobilisées. Ces possibilités sont donc accessibles à la vision terrestre comme les sept planètes traditionnelles qui forment l’horizon de notre monde. Ici le franc-maçon est sur son premier terrain d’élection, celui de l’imaginaire maîtrisé ou démiurgique, celui des petits mystères.

On choisira l’Étoile du berger, ou celle des mages, qui du reste guida les Rois Mages (magicien = révélateur d’images) sur le strict plan terrestre. Ces Étoiles ne sont en fait que des planètes. Ici c’est la pierre cubique qui représente les facultés de l’homme dans son horizon, c’est donc dans l’ordre microcosmique qu’il organise ses voies d’action et c’est l’étoile à 5 branches qui représente ces possibilités humaines. Ce qui est magique, c’est la force évocatrice de l’image, c’est le symbole.

L’évocation suggère la transformation et la transformation l’idéalisation.

L’intercession s’adresse au divin par l’entremise d’intercesseurs, qui sont les théurges, les saints et les anges. L’intercession entraîne la transposition dans un monde supérieur d’un problème et autorise sa résolution. Le monde supérieur en soi est supposé plus éclairé, c’est le niveau de conscience supérieur.

Là rien n’est visible ni accessible en dehors de la vie, seul demeure irréductible le mystère de la création, mais la vie n’est qu’une évolution de l’esprit. Cette évolution de la vie suppose une progression harmonique entre l’état d’éveil et l’état matériel. Le divin n’existe qu’autant que l’homme se le représente, il semble nécessaire à la genèse (mystère de la création), et de fait sont influence est bien réelle dans le sens d’une conscience toujours plus absolue. Plus le niveau de conscience est élevé plus l’image de soi ou la résolution d’un problème peuvent se transposer dans un niveau supérieur afin d’être éclairé. Au final ce qui est divin c’est la conscience, ou plus précisément cette supraconscience directrice (morale, éthique) et ordonnatrice (création et son renouvellement).

Le divin se résume à la conscience totale qui, ramenée à la vie, donne l’élan et la joie d’être au monde. Ce sentiment de la totalité n’a plus d’horizon ni limites. Plus précisément l’homme ne supporte plus l’horizon de ses limites. Il faut donc intercéder, par le biais d’un prêtre ou d’un apex visuel puissant qui semble résumer le Tout et permettre le franchissement de l’horizon. On choisira l’invisible ou la permanence de l’impermanence en prenant par exemple l’étoile Polaire représentant l’axe immobile. L’axe est l’image mentalisée du centre directeur. Le long de cet axe se formalise l’idée hermétique que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. C’est donc l’étoile à six branches, soit au double triangle inversé et superposé qui représentera le macrocosme inaccessible aux voies d’action, mais accessible aux intercesseurs aillés. Nous retrouvons un triangle montant dans la pierre cubique à pointe, il nous manque le triangle descendant en apparence, mais il est bien présent dans l’imaginaire, c’est un triangle descendant qui va rejoindre le centre de la simple pierre cubique. L’hexagramme est donc dressé en matière comme en esprit.

Il y a donc un dédoublement horizontal humain limité et vertical divin et illimité du centre intérieur : le centre se duplique en apex sur le plan de la matérialité construite. La pointe est l’Étoile visible qui sert de guide aux rois mages, et n’est historiquement qu’une conjonction de planètes, soit une perception appartenant à l’horizon visuel et terrestre. En conséquence pour l’homme, la première étoile donne le gisement du nouveau-né sur l’horizon humain. Cette étoile est comme l’innocence du nouveau-née cachée au centre de soi, comme le nouveau-né dans la grotte, et elle peut se dupliquer en Vénus annonciatrice sur le plan, puis en Étoile polaire dans l’axe. La première étoile est l’Étoile des mages et des bergers, celle des voies d’action et du connais-toi toi-même, la seconde est l’Étoile des initiés à la conscience supérieure, de ceux qui sont dans la remontée-réintégration (ce qui est en haut est comme ce qui est en bas).

La pointe doit bien être interprétée dans ce double sens en fonction de l’état d’avancement horizontal (transformation) ou vertical du franc-maçon (transposition). C’est l’effet (la pointe-étoile) en relation avec la cause (le centre), mais l’effet (étoile) est fonction du discernement. Le discernement est synonyme de l’éveil ici microcosmique puis macrocosmique.

E.°.R.°.

Dans une prochaine parution...

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