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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 23:20

Nous avons, dans notre précédente publication, souligné que la jonction entre terre et ciel ne pouvait se concevoir sans dimension spirituelle. La tour de Babel fut un échec, car son modèle était plus matériel et égotique que spirituel et universel. Le modèle à suivre semble être celui du songe, de la vision d’un lien entre le haut et le bas. Le songe et le rêve nous détachent de la matière pour mieux révéler un lien « essentiel ». Intuitivement, ce lien rêvé est le chemin de l’esprit qui nous relie au Tout. Ce chemin « essentiel » se matérialise dans l’édifice architectural comme dans la construction psychique de soi ou la construction spirituelle du temple intérieur. Dans les trois cas, représentants la Grande Nature, l’individu- groupe, le Tout métaphysique, le lien se caractérise par un élan tout à la fois vital, lumineux et spirituel.

Pour en comprendre le schéma, il faut traduire l’apparition de Jacob en une vision d’un ordonnancement sensé et graduel de l’aspiration vers un plus haut qui n’est pas sans rappeler cet appel ancestral de l’infini propre à l’homo erectus, vague souvenir d’un paradis perdu. Le sens profond, à la fois symbolique et théophanique de cet élan vital, sera signifié par la pierre dressée (ou redressée). La pierre redressée témoigne de la descente de l’esprit dans la matière et montre le chemin de l’élévation et du retour. Ici le maçon transformera la pierre en symbole, l’âge de pierre de l’humanité crée une présence dans la pierre que le franc-maçon va sublimer. ER

Dans une première partie nous aborderons l’outil-instrument de l’homme devenu passerelle symbolique par J.°.P.°.C.°., puis nous apporterons quelques commentaires sous l’angle du relèvement par l’esprit et la présence d’un chemin sublime par E.°.R.°.

1ere partie : de l’outil instrument à la passerelle symbolique par J.°.P.°.C.°.

L’échelle outil et instrument.

Le franc-maçon pratique aussi bien les outils que les instruments. Tous les deux servent à sa construction intérieure, ils contribuent à l’art et à l’opération !

L’échelle est un outil d’élévation composé de deux longs bois verticaux et des plus petits horizontaux.

L'échelle est très souvent employée dans l’idée de monter, mais implique sans le dire une descente ou plutôt un retour au point de départ. Grâce à elle, les pompiers peuvent atteindre une fenêtre et ainsi sauver une personne prisonnière des flammes par exemple. Elle est donc très utilisée par les organismes de secours et de sauvetage et on peut aussi l’utiliser à des fins psychiques et symboliques. Elle était également très prisée lors de sièges de châteaux, car elle permettait aux assaillants de pénétrer à l'intérieur en franchissant l’enceinte. L’échelle est donc une porte qui surmonte l’obstacle matériel ou la distance entre deux mondes. Certains soldats utilisaient des échelles mobiles appelées « échelle à corde » qui étaient plus facilement transportables et donc discrètes pour ne pas dire secrètes.

L'échelle doit être en parfait état pour être employée convenablement. Elle doit être positionnée avec une certaine inclinaison et elle doit disposer de toutes ses marches, car dans le cas contraire le résultat de son utilisation pourrait se révéler catastrophique. L’échelle nous rappelle les limites de l’exercice dans la verticalité. Sans inclinaison entre la terre et le ciel la chute est proche. L’inclinaison de l’échelle relate le point de vue humain est ses limites confrontées à la réalité. Même rêvée, l’établissement de l’échelle entre la terre et le ciel implique un rapport symboliquement triangulaire et graduel. L’échelle est donc l’instrumentum gradué d’un rapport triangulaire. Or nous savons que le nombre TROIS ouvre le chemin de l’esprit.

L’échelle est également une unité de mesure « physique ». Elle permet de mesurer l’intensité d'un séisme, la distance d'un point à un autre sur une carte. On peut aussi parler d’échelle humaine, mondiale, politique……... Même la sexualité a aussi son échelle ; celle de « Kinsey ».

L’échelle et l'homme.

L’échelle par son symbolisme extraordinaire avec un principe très simple, apporte un état de condition humaine d'une grande importance pour chacun d‘entre nous dans son parcours d’évolution spirituelle.

Selon la tradition mystique et la croyance antique, en passant par la renaissance qui n'est pas sans similitude avec notre époque, l' homme qui vit sur terre, le terrien qui rêve d'extraterrestres ou d'ange gardien , d’une entité quelconque, ce terrien-là ne fait que passer.

Si l'homme rêve de créature venue d’un autre monde ou vivant dans une autre dimension, peut-être qu’il se sent à l’étroit dans ce monde, peut-être qu’il cherche une espérance au travers d’une autre issue quelque part au milieu de cet univers qui est le sien.

Nos lointains ancêtres ressentaient les mêmes angoisses : celles de la naissance de l’univers et celles de l’après-vie. C'est pourquoi nous trouvons dans les mythes et les symboles de l’antiquité, plusieurs interrogations qui sont aussi les nôtres. Le père de la psychanalyse Sigmund Freud et d'autres ne n’y sont pas trompés : c’est dans la richesse des mythes et des symboles de l’humanité qu’ils ont trouvé les plus belles représentations archétypales de ce qu’ils ont nommé les complexes. L’échelle cristallise l’idée d’un divin sis dans un plus haut qu’il faut rejoindre et donc suppose pour certains un plus bas où l’homme a chuté. L’échelle semble liée symboliquement à un Paradis perdu comme le mythique Âge d’Or de l’humanité.

L’échelle de Jacob !

Quand nous entendons échelle, certains font le rapprochement avec le « songe de Jacob ».

Jacob quitta Bersabée et s'en alla vers Haran. Il atteignit un certain lieu et s’y arrêta pour la nuit, car le soleil était couché.

Prenant une pierre, pour en faire son chevet il se coucha en ce lieu. Il eut un songe, voilà qu'une échelle se dressait depuis la terre et son sommet touchait le ciel. Les anges y montaient et descendaient (Genèse, paragraphe 28 texte 10 à 12).

Selon l’explication du Midrach (ensemble d'analyse des textes en Hébreux) cette échelle comporte quatre paliers.

Maïmonide (Rabin) y reconnaît une ascension en quatre étapes. Les termes du récit biblique font allusion aux quatre stades que la pensée doit franchir pour parvenir jusqu’à Dieu. «Et voici, une échelle était dressée sur la terre». Ici, l’échelle désigne le lien et les rapports des différents êtres de l’Univers.

«Elle (l’échelle) était debout, dressée sur la terre». Elle désigne le monde terrestre, le monde des perceptions et de l’expérience d’où émane toute connaissance.

«Et son sommet atteignait le ciel». Cela nous enseigne que la connaissance progresse à partir du monde sensible vers le monde des êtres saints et des sphères supérieures.

«Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient». Allusion au monde suprasensible des anges, où la connaissance pénètre plus avant.

Le quatrième et dernier échelon de l’évolution (spirituelle) représente le but de la connaissance et de la prière en même temps. « Et voici, Dieu se tenait au-dessus »

Sans en tirer aucune conclusion, les anges montant et descendant le long de l'échelle dans la vision de Jacob nous font penser à certains témoignages contemporains sur la vision d’extraterrestres montant et descendant d'une soucoupe. Ce récit dont la rédaction date d'environ 800 ans avant notre ère, s’inspire bien de mythes et légendes pour certains et vérités pour d'autres. Quoiqu’il en soit ces anges sont sur un plan psychique la figuration de pensées typifiées.

Essayons maintenant de comprendre ce que signifie cette vision de l’échelle de Jacob sachant que dans la bible, tout récit a valeur de symboles, pour certains et de vérités pour d'autres.

Les personnages sont mythiques puis historiques. Ils nous apportent une expérience philosophique ou psychologique.

Étymologiquement, le mot « échelle » provient d'une racine indo-européenne, « skander », qui signifiait tout simplement « monter ».

On retrouve cette même racine d abord dans « scander », bien sûr, verbe dont le sens est de marquer un vers ou une syllabe pour donner un rythme de chant.

Mais on la trouve également dans scandale qui a été utilisé primitivement pour traduire l'hébreu « miksol », obstacle ou « ce qui fait trébucher ». D’où l’idée de chute associée dans la verbalisation de « dégradation » de l’échelle. Ici l’échelle se justifie pour échapper a la destinée et pour conjoindre la providence.

On la retrouve encore dans « escalier » et « escalade ». Ainsi, ce qu’illustre symboliquement le songe de Jacob, c'est que l'évolution ou la montée et la descente des anges ne sont possibles pour l’homme que si l'échelle ou le squelette d'après son étymologie (c'est-à-dire la colonne vertébrale dont on relève aisément l'analogie avec l'échelle), est posée sur la terre ferme en bas et reliée au ciel en haut. (Malkout-Kether)

En d’autres termes, il faut que les énergies d'en haut et celles d'en bas circulent sans cesse le long de la colonne vertébrale sans qu'aucun « miksol » ou obstacle ne s’y dressent, au risque de faire trébucher l'homme sur le chemin de son évolution. Le terme évolution lui-même s’oppose à l’involution grâce à « l’élan vital » qui donne la force d’âme pour gravir l’échelle.

Nous sommes ici dans une représentation symbolique totalement similaire à celle véhiculée par la « kundalini » des hindous, ou force du serpent, dont le siège se trouve en bas de la colonne vertébrale.

Rêver d'une échelle, c'est faire un songe d'une grande portée symbolique qu'il faut interpréter comme un avertissement nous indiquant qu’il faut que les énergies vitales et primordiales, montantes et descendantes, puissent circuler librement en soi.

Il nous faut garder à l’esprit qu’en elles, se trouvent notre pouvoir de régénération et notre perspective d'élévation spirituelle (notion d’élan vital). Ceci s’oppose à la perspective de dégradation dans la matière (notion de chute).

L'échelle, symbole maçonnique.

Atteindre le monde divin par une échelle qui sert de passerelle entre le ciel et la terre.

L'homme de chair peut se fondre en un être spirituel par sa progression. C’est cette progression que l’apprenti va vivre en accédant aux différents degrés grâce à son travail de construction de son temple intérieur. Cette progression peut se faire en montant comme en descendant.

Le pavé mosaïque par sa composition graphique de ligne entre les axes verticaux et horizontaux nous fait penser à des échelles portées sur le plan qui ne demande qu'a être élevé.

Le chemin de la pierre brute à la pierre polie nous mène dans une ascension progressive en montant chaque palier "en essence". À chaque degré d’avancement, nous progressons sur le chemin de l’initié. (J.°.P.°.C.°.)

Commentaires sous l’angle du relèvement par l’esprit. Par E.°.R.°.

2eme Partie : L’échelle ou le chemin sublime – Le songe de Jacob – l’ouverture au ciel.

Suivant les représentations graphiques, l’échelle est établie de la terre au ciel en qualité de voie graduelle d’accès au ciel. On la voit aussi partir du ventre de Jacob jusqu’au ciel, représentant les états inférieurs de l’être et les états supérieurs détachés de la matière.

Il s’agit par l’image de l’échelle de souligner un « état d’être »graduel. Cet accès à un état est aussi un accès à un lieu d’essence détaché de la substance. La relation entre le haut et le bas en forme de rêve ou de songe, revient à reconnaître le chemin qui sépare le Je du Soi, soit la nature spirituelle d’une présence en soi. Ainsi la relation de haut en bas devient celle de l’intérieur à l’extérieur. Cette « présence » au cœur de soi est la Shekinah. Cette Shekinah loge le lieu sacré en soi, on l’appelle souvent « étincelle divine ». Elle sera le lien entre le haut et le bas et prendra la forme archétypale et rêvée d’une échelle, d’un arbre d’un axe, d’un fil, d’un rayon, etc.

Au plan psychique on analyse l’échelle comme un rapport graduel en le plus bas « accidentel » (la chute) et le plus haut « essentiel » (l’Âge d’Or ou le Paradis). Le rapport graduel recouvre alors l’idée de réintégration ou d’ascension.

On remarque le dédoublement des lisses qui laissent entendre une partie montante et une partie descendante comme les deux colonnes de la loge en regard de la lumière solsticiale ; c’est pour cette raison qu’il est inutile, dans le symbolisme de l’échelle de Jacob, d’établir une échelle montante et une contre-échelle descendante. Il semble évident que l’échelle monte vers une lumière de nature spirituelle. Nous constatons la présence de degrés qui, analogiquement avec l’état de songe de Jacob, indiquent que celui-ci n’est pas dans un rêve, mais dans une demi-réalité, comme l’échelle qui est appuyée sur la réalité de la terre et en appui rêvé dans le ciel. Le songe est un état de « l'entre-deux », comme l’échelle se situe dans l'entre-deux séparant le principe et la manifestation !

Si le corps de matière s’endort, l’esprit s’éveille « libéré » de son emprise.

C’est un état de conscience intermédiaire qui tend vers l’éveil de l’esprit, en correspondance avec l’endormissement du corps, qui mûrit au fur et à mesure de degrés montants. L’échelle est donc une mesure d’exaltation de l’esprit et non pas du corps. Le corps s’abandonne au repos de la pierre bientôt « dressée », alors que l’esprit prend son envol, ce qui explique les ailes des anges…

L’objet, le trait d’union de l’échelle, fait la part de ce qui est terrestre et céleste. C’est un pont entre deux rives, celle d’en bas et celle d’en haut. Mais ici ce n’est pas un fleuve synonyme de matière qui est traversé, c’est l’air, la nuée symbole d’esprit. Cette intermédiation par l’esprit ne peut s’effectuer qu’avec une chair docile. La chair endormie, l’homme en quête d’éveil lumineux est en présence d’anges montants et descendants. Nous démontrerions que le symbolisme de l’échelle de Jacob de la Genèse répond aux critères de la lumière incarnée qui sous-tend la totalité du Nouveau Testament, et fait écho au prologue de Saint Jean.

Nous sommes en présence des messagers célestes propres aux religions du livre. L’ange est à la fois un messager du divin (et donc de l’Esprit) et l’expression du dédoublement de l’être (l’ange gardien) ; mais c’est aussi sur un plan psychique une pensée sublime. Ainsi en voyant les anges monter et descendre, transparaît l’expression sublimée d’une supraconscience qui, dans l’état de songe de Jacob, donne l’image du « directeur » de conscience. Ces pensées sublimes appartiennent à Jacob comme à tout un chacun, mais elles s’originent dans un plus haut. Ce plus haut peut s’analyser comme l’endroit du Divin ou plus simplement comme une supraconscience surplombante et totalisante. C’est un réservoir d’images archétypales commun à toute l’humanité. Le mouvement alternatif des messagers ailés sont une « formalisation psychique » des lois de correspondances entre « ce qui est en haut et ce qui est en bas ».

Cette direction de conscience provenant d’en haut est au plan psychique, ce qu’on appelle dans l’ordre humain le surconscient exigeant, celui qui dirige l’homme vers la lumière. Pour s’extraire à notre tour des limites étriquées de la psychologie, nous utiliserons le terme métaphysique de « supraconscience » qui a l’avantage de s’appliquer à l’Homme et au Tout.

À l’opposé de la supraconscience nous avons « l’infraconscience », que l’on appelle dans l’ordre humain, le subconscient. Ce dernier dans sa dictature du besoin enferme l’être dans la matérialité de l’avoir, du besoin insatisfait devenu désir qui est ici figurée par la pierre. Cette pierre plutôt que d’être laissée en « l’état brut » sera « dressée » par Jacob, symbolisant que l’éveil passe par le redressement. Ainsi on l’appellera pierre dressée « Bethel ».

Ointe, elle sera lieu de culte, mixant le désir vital et le désir d’un ailleurs. Elle devient borne, séparant le monde pétrifié et brut, rendu à un état de régression animale, du monde vitalisé par une lumière propre à la conscience de l’homme. Cette pierre sera pierre d’envol.

La pierre par l’action volontaire et inspirée de l’homme est changeante : elle peut être brute, dressée (bethel-menhir) ou taillée en perfection (pierre cubique) et gravée en glyphes (tables de la loi, cathédrale). Sa transformation marque un changement d’état qui recouvre les trois états, le naturel, l’humain et le divin. La pierre est un mercure principiel qui parcourt les trois mondes, elle est comme le mercure des alchimistes un lien unificateur. On la retrouve au cœur de soi dans la pierre philosophale. Nous sommes la carrière du cherchant et c’est en nous que la pierre doit être relevé(VITRIOL), c’est ce que signifie le relèvement du maître intérieur au REP. C’est l’œuvre d’une vie maçonnique.

La résurrection est littéralement un « redressement » en grec, comme le « relèvement » d’Hiram au 3ème degré ou la sortie du tombeau de Lazare. Ce relèvement n’est pas celui de l’âme animatrice du corps, ni du corps de matière, mais celui de l’esprit. C’est donc littéralement le redressement de l’esprit de Jacob qui s’est produit, comme celui du maître maçon dans l’épisode Hiramique, ou celui de Lazare. Ceci veut dire que l’on est capable de quitter les états inférieurs de l’être, ceux qui nous tiennent par la vanité et par l’ego. Il faut considérer que de « l’enfer » du l’infra conscience, nous passons à l’illumination de la supra conscience. C’est tout simplement le fait de se rendre compte que l’on peut quitter graduellement un état de matérialité pour accéder à un état de spiritualité.

Le franc-maçon pratique cette discipline du redressement par le « relèvement »par la griffe du maître qui est ni plus ni moins l’application du Shin à la parole perdue. Au tableau de loge, ce phénomène est représenté « matériellement » par la pierre cubique à pointe souvent surmontée d’une hache. Celle-ci vient briser la matière pour en faire apparaître l’essence représentée par la pointe sommitale elle-même image d’un centre en soi qui s’élève ou de redresse. La pointe de cette pierre cubique, est une hypostasie de l’élévation du cœur de la matière, à son tour le centre est une hypostasie de l’exaltation de l’esprit. C’est aussi le double sens du pseudo relèvement du corps.

Donc cette pierre est dressée vers le ciel comme « Bethel », elle devient maison de Dieu comme le temple et comme sa première lettre qui est Beth est signifie maison. Cette pierre reçoit la tête de Jacob et par analogie « reçoit » la lumière devenue l’essence « ointe » au milieu de la substance.

La pierre dressée est donc potentiellement immanente, mais aussi transcendante dans son inversion en qualité de clef de voûte ou pierre du dôme. Cette pierre devient, dans sa mise en place, du haut vers le bas la « pierre du ciel », celle qui sera la pierre noire de la Kaaba ou l’Émeraude du porteur de lumière.

Le pendant de la « pierre dressée » est la « pierre tombée ».

C’est la pierre tombée du ciel en référence à la chute de l’homme dans la matière depuis la faute adamique. Le pendant se traduit dans l’échelle par la deuxième lisse, le premier état serait la descente de l’esprit dans la matière en regard du prologue de Saint Jean, le second serait la remontée de l’esprit.

Dans cette relation entre la pierre et le sommet de l’échelle, c’est la terre et le ciel, la matière et l’esprit qui apparaissent et par analogie le chemin possible de la réintégration de l’homme dans la lumière divine. Pour Jacob, il semble a priori que cette lumière divine est celle de l’esprit en soi. Pour l’atteindre, il faut graduellement expier, purifier sa matière première, c'est-à-dire sa vanité égotique. C’est à partir de cet aperçu psychique (la lumière en soi) que par analogie nous pouvons établir un point de vue immanent (première lisse) auquel répond un point de vue transcendant (deuxième lisse). Ces deux points de vue sont réunis (barreau) une seule en même projection imaginative à double sens. Ainsi par l’échelle « imaginée ou songée et dessinée » nous pratiquons une union hypostasiée de la matière et de l’esprit. Traduite en l’homme, l’image d’une échelle de l’entre-deux révèle l’idée de sa double nature humaine et divine.

Le franc-maçon doit par la pratique rituelique des grades de son rite, pouvoir établir une mise en contact entre le haut et le bas en lui. Outre l’intention, et la pensée réalisatrice, il lui faut de la force pour harmoniser son haut et son bas, de la sagesse pour maîtriser son ego.

L’échelle ouvre le ciel, elle est donc le chemin de la réalisation de l’être. Elle symbolise la possibilité d’un élan de l’esprit, d’une joie intérieure à considérer la vie comme potentiellement lumineuse et céleste par le sublime en soi. Elle offre à l’esprit un rôle directeur dans le désir d’être vivant dans un monde qui n’oublie pas le ciel de l’esprit.

Pour le franc-maçon, la progression sur le chemin du plan s’accompagne d’une élévation graduelle dans l’axe, soit l’accès, vécu à l’intérieur de soi, aux mondes supérieurs. Sa progression se fera en essence. On passera ainsi dans une succession de plans correspondants à différents états de l’être.

C’est ainsi que l’ouverture du ciel par l’échelle, révèle l’essence qui donne un sens à l'éthique et une métaphysique à la vie.

E.°.R.°.

l'Echelle de Jacob
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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 22:48
YGGDRASIL

Yggdrasil, l’arbre-monde. (suivi par l'élan vital de l'arbre du monde)

Il n’existe pas de définition propre à Yggdrasil mais elle pourrait être celle-ci :

Nous imaginons tous Yggdrasil comme un frêne ou un if d’une taille défiant l’imagination. Il est le premier arbre au monde si l’on en croit les textes de la mythologie scandinave datant de 2500 ans avant J-C. Il est immortel, symbole de sagesse et de vie. Yggdrasil est présent dans différentes cultures et religions égyptiennes, chinoises, orthodoxe, etc....

Yggdrasil signifie « destrier du Terrible »

Le Terrible étant Odin.

(Odin, dieu principal de la mythologie nordique, est le dieu des morts, de la victoire et du savoir).

Selon sa signification faut-il voir cet arbre légendaire à la manière d’un destrier?

Faut-il voir cet arbre comme un cheval, symbole de motricité, de liberté et de mouvement ? Yggdrasil permet l’accès à plusieurs mondes. Odin aurait réussi à dompter la nature ? Selon moi, Le Terrible est le premier et le seul, grâce à son pouvoir supérieur à avoir maîtrisé Yggdrasil (la nature) jamais dominé jusqu’ alors.

D’où nous vient Yggdrasil et cette nature?

Yggdrasil, l’arbre-monde vient de la mort d’ Ymir, le géant primordial né du chaos. Tué par ses fils, il se métamorphosa. Le sang du géant se changea en mer, son crâne se transforma en arc en ciel (le Bifrost), ses poumons en nuages, ses os en montagnes et ses cheveux en arbre-pilier du monde et de toutes natures. Les bouleversements d’Ymir ont créé un Nouveau Monde c’est sa renaissance dans la mort. Il vit dans le monde dont il est la seul source.

Ces légendes et mythes nous viennent pour la plupart de la Scandinavie. Comme dans leurs traditions l’arbre leur a servi dans la fabrication d’armes, d’outils, de médicaments, etc…

Je voudrais ce soir tout en restant concis faire le lien entre Yggdrasil et vous mes frères et sœurs dans notre Loge.

Même si nous ne voyons pas l’arbre, il est omniprésent, autour de nous dans l’univers. Il est comme le cosmos. Il se régénère seul et tout le temps. Il défie donc les lois du temps et de l’espace.

Yggdrasil est le support des neuf mondes (ou royaumes selon les croyances):

Asgard monde des dieux symbole de mort guerrière

Vanaheim autre monde des dieux symbole de création

Alfaheim monde des elfes de lumière symbole de lumière

Midgard monde des humains symbole de vie

Jötunheim monde des géants de glace symbole de destruction

Svartalfheim monde des elfes noirs symbole d’obscurité

Muspellheim monde des géants de feu symbole du feu

Helheim monde des morts symbole de mort profane

Nilflheim monde de la brume symbole de glace

Dans aucun des neuf, il n’y a de notion de bien ou de mal. Toutes les étapes d’un parcours de vie sont présentes, de la naissance à la mort choisie, guerrière pour les initiés ou alors profane.

Le chaos vient à la base des neuf. Ils sont organisés de manière à créer un équilibre élémentaire des forces. Nous pourrions, là, très bien faire le rapprochement entre le soleil et la lune, le pavé mosaïque et d’autres symboles de complémentarité.

C’est certainement pour nous rappeler que même les choses les plus complexes façonnées ou créées par le chaos sont ordonnées et ont un équilibre naturel.

Yggdrasil lui peut être comparé à un ou des axes du monde (axis mundi). Sans lui, rien n’est possible, il est symbole d’ascension et de verticalité. Il relie ce qui est en haut à ce qui est en bas dans un parfait équilibre des trois niveaux cosmiques : le ciel (le céleste), la terre et le monde inférieur.

Il insuffle un vecteur positif du bas vers le haut, en partant des racines jusqu’aux branches. Certainement comme nous franc-maçon qui sans cesse cherchons à nous élever (le haut) dans nos propres parcours de vie maçonnique, mais en n’oubliant pas de revenir aux fondamentaux (le bas).

Cet arbre est peut être comparable à nous, être humain : la peau pour écorce, la sève pour le sang, … . Nous sommes peut être sans le savoir l’axe ou le vecteur de satellite (famille, amis, franc- maçons, etc…) à la manière de cet arbre qui représente notre intérieur spirituel. Et nous rayonnons de notre sagesse sur ces mondes.

Dans l'étude je n’aborde pas Les Gardiens de l’arbre ce sera l’occasion d’une suite.

En restant au premier degré, on constate également que la symbolique du nombre « 3 »revient très souvent dans les éléments implantés à cet arbre légendaire

Il est composé en trois étages des racines, d’un tronc et de feuillages.

L’arbre possède trois racines comme nos trois colonnes (sagesse, beauté et force) et trois niveaux comme nos degrés (apprenti, compagnon et maître) ou bien encore trois niveaux cosmiques évoqués précédemment.

Je pense qu’il faut y voir la notion de création de la vie. 1 étant le singulier, le 2 étant le pluriel et le 3 la somme des deux. Cet arbre est peut-être le départ de toutes choses. Et cette réflexion me dirige vers la suite de Fibonacci que je ne développerais pas.

Je conclurais par la prédiction de la prophétesse (Völuspa) datant du 10ème siècle du codex reguis traduit par Régis Boyer :

Je sais que se dresse un frêne,

S’appelle Yggdrasill,

L’arbre élève, aspergé

De blancs remous ;

De là vient la rosée

Qui dans le vallon tombe,

Éternellement vert il se dresse

Au-dessus du puits d’Urdr

Trois racines

Partent dans trois aires

Du frêne Yggdrasill ;

Hel demeure sous l’une, Niflheim

Sous l’autre, les thurs géants du givre,

Sous la troisième, l’espèce humaine.

J.°.P.°.C.°.

commentaires (E.R.)

L'élan vital de l'arbre du Monde

Le REP fait une place de choix au symbolisme axial, par la matérialisation d’un centre céleste en relation avec un centre terrestre. C’est conformément au symbolisme des instruments du maçon, le fil à plomb qui remplit cet office. Celui-ci est « suspendu » à la polaire et descend au milieu du pave mosaïque traversant le tableau de loge. Le pavé mosaïque est notre plan terrestre et le tableau de loge au premier degré l’image du monde accessible aux yeux d’un apprenti.

Autrement dit le pavé mosaïque dans son apparente opposition, réalise l’unité d’un monde fait de complémentarité et alimente la grandeur et l’attractivité de l’axe.

Qui dit axe dit centre, or en loge nous avons un centre dans le Hekal et un centre au Debhir.

Le premier est un centre ordonnateur du chaos (ordo ab chaos), il est typiquement matériel et touche à la substance même de la manifestation, mais son impulsion est sa source sont d’origine lumineuse, exprimée dans une volonté "logotique" , cette volonté serait ni plus ni moins le rayon d’action du centre originel.

Cette source, ce centre d’éclosion du Verbe est au Debhir, au-dessus du VM.

Ainsi l’ouverture des travaux mime symboliquement la recréation du monde en modélisant le processus par le VM qui transmet la lumière du Debhir au Hékal où le Maître de cérémonie exécute le Verbe de lumière. Nous retrouvons dans l’Ygrassil cette dichotomie d’un centre haut spirituel et d’un centre médian de réalisation matérielle.

Ce que nous apporte en plus cette légende c’est la confirmation que création légendaire du monde et la présence de l’homme sur terre résulte d’un événement grave et brutal : un crime, une chute, un non-respect de l’ordre divin, etc, et que l’homme vit contraint par son passé et cherche, en se rapprochant d’un centre mythique, à gravir une échelle symbolique qui le mettra en connexion avec cette lumière des origines.

Au REP nous avons notre arbre qui est l’arbre de vie. Par la sève qui le parcourt et par son héliotropisme il représente l’élan vital. C’est lui qui recèle les secrets de la vie et nous rapproche de notre nature primordiale en pensée. C’est à la fois celui de la connaissance et celui d’un bien et du mal. L’arbre de la connaissance semble inatteignable et ce n’est pas faute d’efforts que nous tentons de l’approcher. Le connaître, c’est comprendre la vie et peut être accéder à l’immortalité qui semblait l’état naturel des origines dans le jardin d’Éden .

Par contre celui du bien et du mal nous est bien connu, c’est celui qui à provoqué, suivant la Genèse, la chute dans la préoccupation matérielle, et l'abandon de l'élan essentiel. Adam et Ève. Ils n’ont connu le bien et le mal que par l’arbre de la science et par la chute qui en découle. C’est alors qu’Adam s’est retrouvé éloigné du Centre et que sa descendance tente symboliquement de retrouver l’état primordial pour enfin goûter aux fruits de l’arbre de vie qui symbolise l’unité des origines.

C’est ici que pour l’homme le symbole de l’arbre prend tout son sens "essentiel". Ce serait une échelle, qui viserait la réintégration dans l’origine , soit en fait le rejointement de deux pièces séparées depuis les temps immémoriaux, autrement dit la définition du Symbolum!!! Mais aussi de l'Andros-gyne!!!

Par définition un arbre est l’union du haut et du bas, du subterrestre, du terrestre au céleste à l’image de l’hexagramme que vous avez au-dessus du VM a l’Orient au REP dès le premier grade. Cet arbre hexagrammique se retrouve dans le schéma général de la loge suivant l'axe de la lumière Ouest-Est. C'est l'axe de progression de l'Homme sur l'horizon d'un terrestre "accidentel". Celui-ci préfigure, aux deux premiers degrés, l'axis mundi du troisième degré, que l'hypostase propre à toute représentation mentale de l'arbre du Monde, dissimule son image inversée. Il en est de même avec l’échelle à deux lices ou à deux pans.

Ce lien va donc unir trois notions en un seul élan ascensionnel : le bien, le mal, et la connaissance.

Donc tout axe d’élévation résoudra en son centre toutes les oppositions (bien et mal) préalablement à l’accès à la connaissance (de la vie, soit l’immortalité). C'est donc dans cet ordre que toute "opération" post-initiatique ordonne la réintégration.

Ce mécanisme Unitaire alliant analyse de rejointement et synthèse de superposition est un des secrets de la méthode maçonnique.

L’image archétypale la plus appropriée pour fixer ce principe initiatique est le caducée d’Hermès. Ici l’expression qui prévaut et qui est utilisée au REP est « Tout bois n’est pas bon à faire un mercure » ce qui veut dire que tout axe ne résous pas pour autant les oppositions ni ne s’élance dans l’exaucement de l’âme et de l’esprit:" L’arbre se juge à ses fruits", mais "les fruits pendent par la racine". Donc l’arbre est un tout liant le passé, le présent et le futur, le subterrestre, le terrestre et le céleste.

Il faut souligner la causalité suivante : l’arbre se nourrit des nutriments du mundus et le mundus est généré irrigué par le centre comme les quatre fleuves du jardin d’Éden qui courent dans les quatre directions du plan céleste.

L’arbre est donc au milieu, c'est un centre réunificateur des oppositions (et de la différenciation) et générateur de la manifestation, il a un effet naturellement centripète pour qui observe son élancement vers le ciel et l’appropriation de l’espace par la Couronne et centrifuge pour qui s’en nourrit.

Il y a un arbre du milieu et deux lianes latérales qui s’enroulent autour de l’axe comme deux serpents. C’est ce que nous avons en loge avec l’axe de la lumière Est-Ouest qui vient équilibre la colonne du Septentrion "adombrée" et celle du Midi "illuminée". En effet ces deux colonnes sont dans deux directions opposées dans l’axe Nord-Sud. Tout axe a deux directions opposées, potentiellement antagonistes.

C’est le centre de l’axe qui crée l’union des contraires or le centre ne peut se définir en fonction d’un seul axe. Il en faut deux!

C’est donc sur le pavé mosaïque et au milieu du tableau de loge que les deux axes vont se rencontrer et définir ainsi le croisement. C’est entre les colonnes et regardant le centre du Hékal et le centre à l’orient que le maçon se tient pour faire l’équilibrage de la Lune et du Soleil, du Nord et du Sud. Il synthétise harmonise et équilibre les forces opposées en son monde pour rejoindre l’axe de lumière et trouver le centre de son plan terrestre et en soi. Au RER le maçon appelé au travail entre les colonnes, harmonise la colonne de la rigueur suscitée par la justice et la colonne de la miséricorde clémence découlant de la clémence.

De ce croisement de deux axes, naît un centre sur le plan et de ce centre grandi l’arbre de la remontée "reintégratrice" ou "régénératrice" vers cet ailleurs originel : c’est l’axis mundi.

Cet axe va traverser différents Mundus qui sont autant de grades d’une échelle initiatique et autant de tableaux de loges. Il y a autant de monde que de tableaux les représentant, ici en fonction des outils et instruments pour les manifester les peser les mesurer et les bâtir, puis à d’autres grades, l’initié sur le chemin utilisera d’autres moyens pour se rapprocher et vivre la lumière (chevaleresques et sacerdotaux).

Il n’est donc pas anormal que dans un mundus donné, l’homme cherche à rejoindre le mundus plus élevé après avoir connu le mundus le plus inférieur. Sur ce point les mythes illustrent largement cette tendance au retour.

Le franc-maçon s’aide de différents outils et instruments pour y arriver, gravissant les montagnes sacrées, les arbres sacrés, les ziggourats et autres Pyramides et Tour de Babel. Nous sommes alors dans une spiritualité construite, mais viendra un jour à force de rapprochement et d’idéalisation d’un centre en nous, nous passerons dans une spiritualité révélée où tous les points de vue seront sans forces ni incidences, nous aurons alors dépassé la contingence et baignerons dans « l’évidence… », C’est-à-dire que nous aurons « évidé » notre centre de tous les poids mesures et quantités, nous y retirerons tous nos métaux et angles opposés pour y faire place à un vide bientôt rempli d’une lumière révélatrice, plus flamboyante que rayonnante.

Ce schéma universel de progression et de superposition se retrouve dans les arbres séphirotiques qui vont dans leurs enchaînements, correspondances et superpositions, établir des liens et signifier des mondes toujours plus subtils. Ces arbres ne sont dessinés et opérants qu'en notre supra-conscience (pendant transcendant du sur-conscient immanent).

L’arbre de vie reste donc l’axe du milieu, celui de la synthèse dynamique qui ouvre de nouvelles voies intérieures au cherchant.

ER

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 17:37
Le Trois  et l'Unité

Première approche du Trois

Comme tout apprenti j’ai été immédiatement confronté à la symbolique du TROIS : les trois voyages lors de l’initiation, les acclamations, la découverte de la circulation dans le temple, les colonnes qui entourent le Pavé mosaïque.

Cette prégnance du trois n’est pas le seul apanage de la F\M\, elle apparaît dans les religions, la pensée philosophique, l’architecture et pas une civilisation humaine ne semble y échapper…

Mon propos ne sera donc pas de faire une liste exhaustive des situations où le ternaire est utilisé, car aussi édifiant que cet exercice pourrait être, il ne répond pas à la question fondamentale qui se pose : quels sont les ressorts inconscients et universels qui expliquent que le TROIS fascine l’humanité depuis qu’elle a conceptualisé les nombres ?

J’ai donc choisi d’évoquer ce sujet en trois étapes : la première nous permettra de comprendre pourquoi le Trois est un archétype au sens d’un invariant fondateur de la tradition, c'est-à-dire un symbole ; la seconde remettra en perspective l’utilisation de cet archétype à travers l’histoire ; enfin j’aborderai comment la Maçonnerie s’est réapproprié ce symbole et dans quelle finalité.

  1. Pourquoi le Trois est-il un archétype ?

Pour appréhender le monde, l’homme a dû acquérir le concept de nombre. Ce concept, apparemment intuitif pour l’homme moderne éduqué, est d’une incroyable complexité. Il se traduit dans une langue, la numérotation, qui assigne à chaque nombre un symbole oral et un signe pour l’écriture et les opérations de calcul. Trois est l’un des « entiers premiers ». Différents du zéro et du un, les nombres entiers premiers n’admettent comme seuls diviseurs eux-mêmes et l’unité comme 2, 3, 5, 7, 11, 13, 19, 23…

Le Trois fascine, mais il n’est pas suffisant de lister ses utilisations pour en comprendre la raison. Dans son ouvrage « le nombre trois et ses mystères » Pierre AUDUREAU fait référence à la pensée de JUNG qui définit l’archétype comme « une image primordiale, renfermant un thème universel, commun de tout temps à toutes les sociétés humaines » Il dit aussi que l’archétype « désigne un symbole universel qui sert de modèle de référence inconscient pour l‘homme »

Plusieurs éléments permettent d’expliquer la nature archétypale du nombre Trois :

- La structuration du comportement humain en trois phases « analyse, décision, action ».

- La procréation sexuée, acte fondamental de la pérennité de l’espèce, symbolisée par l’ensemble ternaire « père, mère, enfant ».

- Le triptyque « naissance, vie, mort » qui interroge l’homme depuis la préhistoire.

- L’homme primitif a vénéré l’arbre qui abrite, nourrit et dont le bois permet de fabriquer des outils et la maîtrise du feu. « Racine, tronc, feuillage » constitue aussi un ternaire…

- Lorsque l’homme néolithique s’est sédentarisé, il a organisé sa société autour du triptyque « prêtres-guerriers-producteurs », décliné ensuite en « clergé-noblesse-tiers état » qui marque encore notre inconscient collectif.

- Le ternaire existe aussi au plan de notre environnement : terre, ciel et air.

- Le temps est en trois dimensions : passé, présent et futur.

- Le monde est en trois dimensions : longueur, largeur et hauteur

- Les trois états de la matière : solide, liquide et gazeux..

- Les trois règnes dans la nature : minéral, végétal et animal.

Il est probable que ces éléments aient fondamentalement influencé la structuration de l’esprit humain donnant naissance à la force symbolique du Trois.

La très longue évolution de l’homme au fil des millénaires restera donc influencée par ce ternaire fondamental, image primordiale qui le conduira à envisager le Trois comme un élément incontournable de sa sensibilité ou de sa pensée…

  1. L’influence du Trois dans l’histoire
  1. Un peu de mathématiques et de géométrie :

L’arithmétique nous enseigne que tous les nombres entiers naissent du UN par itération. De fait 1+1=2, 2+1 =3, 3+1=4 etc… Le un représente l’unité, mais aussi la puissance puisqu’il engendre tous les autres nombres.

Par ailleurs, dans un triangle, la base représente le un, le deux les cotés qui convergent vers le sommet pour matérialiser le triangle. Or les segments sont de dimension « un », le triangle de dimension « deux ».

Cela nous montre au plan mathématique et géométrique, que deux êtres d’une catégorie engendrent un être d’une autre catégorie, c’est la notion d’espace quotient. Ce passage d’un objet à un « méta-objet » de nature et de puissance supérieure est fondamental puisqu’il nous nous ouvre à la pensée ternaire ce que j’évoquerai plus loin.

Cette allégorie du triangle se retrouve particulièrement dans l’architecture. En effet le triangle isocèle est présent sur de nombreux frontons dont le plus célèbre est celui du Parthénon. Le plus souvent placés sur des colonnes, ces frontons sont le symbole de l’élévation : partant de l’horizontale pour s’élever à la verticale vers le ciel ils invitent à la transcendance.

Notons aussi que deux colonnes symétriques, symbole binaire a priori, nous ouvrent vers le ternaire si nous prenons conscience d’un troisième élément, constitué soit par leur axe de symétrie, soit la poutre qui les relie ou leur support horizontal. Cela nous incite à réfléchir sur la nécessité de changer notre regard, de dépasser les apparences pour accéder à l’évidence.

Enfin, les propriétés géométriques du triangle utilisées par les Égyptiens et les Babyloniens leur permettaient de calculer l’aire de toute surface dont le contour était à peu près polygonal.

La théorie d’Euclide nous enseigne que par trois points non alignés passe un plan et un seul, garantissant la stabilité de toutes les masses soutenues si elles sont également réparties autour d’un triangle de sustentation. Ces propriétés ont permis des applications éminemment pratiques, comme celle de la brouette par les Sumériens et peuvent expliquer la fascination de l’homme pour le triangle confortant la puissance pratique et symbolique du triangle et donc du Trois.

  1. Le ternaire dans les grands courants de pensée et dans les religions :
  • L’alchimie

L’alchimie est inspirée par Hermès le Trismégiste, le « trois fois grand », décrit sur la Pierre de Rosette (196 av JC) comme issu de la fusion de Thot, dieu égyptien de la connaissance, scribe des dieux et sachant lire dans les âmes et d’Hermès, le dieu grec. Beaucoup d’écrits lui sont attribués dont cet extrait de l’Ogdoade et l’Ennéade qui résonne en moi : « je ferai monter l’action de grâces du fond de mon cœur, pour prier le terme du Tout et le Principe du Principe, l’immortelle découverte de la quête des hommes, celui qui fait naître la Lumière et la Vérité, celui qui sème le Verbe, l’amour de la vie éternelle ».

L’objectif de l’alchimie est le Grand Œuvre, la réalisation de la pierre philosophale, capable de transmuter les métaux, de guérir et d’apporter l’immortalité.

Les alchimistes ont certes fait des découvertes importantes, mais c’est d’un point de vue symbolique qu’il convient d’appréhender leur démarche, à savoir la transformation spirituelle de l’alchimiste lui-même.

L’alchimie repose sur plusieurs triades fondamentales qui doivent opérer sur la matéria prima :

- Les opérations de dissolution, de coagulation et de cristallisation

- Les trois phases du travail alchimique, l’œuvre au noir (la calcination), l’œuvre au blanc (lessivage et réduction), l’œuvre au rouge (l’incandescence)

- le soufre, le mercure et le sel respectivement associés à l’âme, l’esprit et le corps.

Symboliquement, à l’image du maçon qui polit sa pierre brute, l’alchimiste agit sur la materia prima, l’âme humaine, comparable aux métaux ordinaires, et la transforme pour atteindre la dimension divine représentée par l’or.

  • Les religions

En Egypte, à partir du Nouvel Empire, chaque ville possédait ses dieux, regroupés en triades selon le principe de la famille (le dieu, la déesse, son épouse et leur enfant divin). Si la plus connue est la triade d’Abydos (Osiris-Isis-Horus) on peut citer aussi celles de Thébaine, de Memphis, d’Edfou…

A ces triades familiales ont succédé, comme à Eléphantine, des triades au sein desquels les dieux, sans lien de parenté, remplissaient des fonctions complémentaires, comme la régulation du Nil, source de vie.

Les triades indo-européennes reposent sur la fonction religieuse (le sacré), la fonction militaire (la force) et la fonction reproductrice (la fécondité). Chez les romains on retrouve donc la triade Capitoline avec Jupiter, le dieu roi, Minerve, déesse de la guerre et Junon déesse de la fécondité. Ces mêmes fonctions se retrouvent en Scandinavie dans la triade « Odin-Tyr-Freyr ».

En Inde succédant à la religion védique et sa triade éponyme est apparu l’hindouisme avec la triade Trimûrti composée du dieu créateur Brahmâ, de Vishnu responsable de la protection et de la conservation et de Shiva le destructeur-régénérateur.

Les chrétiens font référence à trois principaux mystères : la Rédemption, l’Incarnation et la Sainte Trinité.

Il est important de souligner que si le concept trinitaire « Père-Fils-Saint Esprit » apparaît avec le christianisme, l'expression ne figure pas dans le Nouveau Testament bien que les trois personnes y soient clairement nommées, y agissent et s’y manifestent, à la fois dans leur distinction et dans leur unité.

Les premiers siècles de la chrétienté seront marqués par des conflits relatifs à la symbolique de la Trinité, conflits réglés lors des conciles de Nicée, en 325 et de Constantinople, en 381 qui affirmeront que le Fils est consubstantiel au Père, c’est-à-dire de même nature que lui. Grégoire de Nazianze, Evêque de Constantinople écrira « Je vous donne une seule Divinité et Puissance, existant Une dans les Trois, et contenant les Trois d’une manière distincte. » (Discours, 40, 41).

On peut voir dans ce dogme une sorte d’arrangement avec les triades plus anciennes des peuples polythéistes afin de favoriser le développement du christianisme. En fait cela n’a pas une importance majeure à mon sens. Le fait que le Trois se soit imposé comme symbole majeur dans le christianisme permet de considérer la Sainte Trinité comme la fille de l’archétype et non comme un fondement de l’importance de ce nombre. Cela démontre qu’aux débuts de l’ère chrétienne le Trois était déjà profondément ancré dans la structure psychique de l’humanité…

Le bouddhisme n’est pas non plus avare de ternaire avec ses trois grands principes : Connaissance, Droiture et Compassion et ses trois joyaux que sont le Bouddha, le Dharma et la Sangha.

Enfin en Chine, la grande triade taoïste est constituée par le Ciel, la Terre et l’Homme, engendré par les deux premiers dont il est devenu médiateur. Les divinités suprêmes sont regroupées dans une triade, « les Trois Purs »

  1. La symbolique du Trois dans la Franc-maçonnerie

L’impétrant est immédiatement confronté au nombre Trois. Il est l’objet de trois enquêtes. Dans le cabinet de réflexion, en présence de trois symboles de vie (l’eau, le pain et le sel) et de trois symboles alchimiques (le sel, le soufre et le mercure), il répond à trois questions relatives à la manifestation d’une intelligence universelle. Introduit en loge par trois grands coups qui signifient «

Dès qu’il est reçu maçon, pour progresser vers la lumière l’apprenti dispose dans le temple de multiples outils réunis sous forme de triades symboliques. Libéré de ses métaux et de la tentation du dogmatisme chaque Frère est libre de se les approprier pour s’améliorer moralement et spirituellement en développant l’intelligence du cœur, l’expression de l’âme.

Les trois grands Piliers qui soutiennent la loge, surmontés par les trois étoiles dites au REP les Lumières d’Ordre ou Petites Lumières symbolisent la Sagesse, la Beauté et la Force mises en correspondance avec les trois officiers qui gouvernent la loge. Notre G\M\ Er\ Ro\ nous dit « De la terre vient la force, du ciel la sagesse, la beauté est l’empreinte du divin sur la terre (…) Le maçon reçoit la force et la sagesse et doit les conjuguer harmonieusement ». Je comprends la nécessité de cette Harmonie et qu’elle se situe au-delà de la simple beauté profane, qu’elle est consubstantielle au travail de la loge, qu’elle est une passerelle vers le divin. En ce sens, la triade Sagesse, Force et Beauté est un fondement de la vie de la loge.

Autre triade fondamentale, les trois lumières spirituelles au REP : Le Volume de la Loi Sacrée, l’Équerre et le Compas disposés sur l’autel des serments.

Bible à notre rite, le V\L\S\ varie selon les rites ou les loges et peut être la Torah, le Coran ou les Constitutions d’Anderson. Il est important de noter que nous sommes dans le domaine du sacré et non dans le divin ;

Le sacré étant un concept transcendant, ce livre nous invite à respecter tout ce que l’autre peut considérer comme sacré indépendamment de nos propres croyances. Le V\L\S\ est le symbole des valeurs de l’humanité, de la loi morale, le fruit de la Tradition et l’héritage spirituel laissé par ceux qui nous ont précédés. Il constitue donc la matière amassée par les hommes depuis leur origine, l’équerre et le compas étant les outils pour la travailler.

L’Équerre symbole du F\M\, permet de conjuguer la stabilité entre l’horizontalité et la verticalité au plan opératif et donc de conjuguer matérialité terrestre et spiritualité céleste au plan spéculatif. Le compas permet de tracer des cercles dont le maçon est symboliquement au centre. Il est donc l’outil de la recherche sur soi, mais il permet aussi de « relier notre actualité à l’unité des origines » Il permet donc une recherche vers deux infinis, l’un extérieur et transcendant, l’autre intérieur et immanent. La triade « V\L\S\, Équerre et compas » représente donc pour le maçon le fondement de sa progression personnelle basée sur des valeurs morales, philosophiques, symboliques et spirituelles universelles.

Les Trois grandes lumières physiques : La triade « V\M\, Soleil et Lune » reprend le symbolisme des anciennes civilisations qui vouaient un culte particulier au soleil et à la lune, les luminaires du jour et de la nuit. Dans le temple elles forment un triangle avec le V\M\ qui « préside à la loge pour l’éclairer » selon le rituel d’instruction. Situé à l’Orient, ce symbole ternaire nous rappelle que le rôle du V\M\ est de transmettre la lumière que chacun des FF\ s’efforcera de répandre dans le monde profane à l’issue des travaux.

Bien d’autres symboles du Trois sont présents en maçonnerie : l’âge de l’apprenti, en référence au nombre de marches et aux différents paliers pour accéder au HEKHAL pour recevoir son salaire lors de la construction du Temple de Salomon, mais aussi les trois maillets symboles de l’autorité agissante, les trois nœuds dessinés sur le tableau de loge, les trois fenêtres…

Il me paraît intéressant de tenter de comprendre pourquoi que la F\M \moderne a repris, au grade d’apprenti, avec autant de force, dans son rituel et dans ses représentations, le nombre Trois.

Le trois s’est imposé comme un symbole fondateur et pérenne dans l’histoire de l’humanité, depuis la révolution néolithique, 12.000 av. JC, marquée par la sédentarisation de la population et l’organisation de vie en société sur tous les continents.

Héritière, dans sa méthode, de toutes ces traditions ancestrales, au plan moral comme au plan religieux, il est logique que la Franc-maçonnerie utilise la symbolique des nombres et en particulier celle du Trois.

Sans doute aussi parce que la F\M\ moderne libérée de tout dogmatisme n’a retenu que le symbole, l’archétype fondateur du nombre Trois qui selon Pierre Audureau « étaye la pensée et pérennise les concepts »

Enfin parce que notre tradition judéo-chrétienne nous a profondément ancrés dans les trois dimensions de l’être que sont le corps, l’âme et l’esprit

La F\M\, notamment grâce aux travaux de René Guenon, nous invite à nous réapproprier ce ternaire dans son intégralité. Il nous dit en effet dans la Grande Triade que « la division ternaire est la plus générale et en même temps la plus simple qu’on puisse établir pour définir la constitution d’un être vivant, et en particulier celle de l’homme ». Cependant il déplore « la dualité cartésienne de l’esprit et du corps et « qu’on en soit arrivé à ne voir dans les termes « d’esprit » et « d’âme » que des sortes de synonymes (…) alors que la distinction de l’esprit de l’âme et du corps est celle qui a été unanimement admise par toutes les doctrines traditionnelles de l’Occident, que ce soit dans l’Antiquité ou au Moyen Âge ».

Cette triple dimension originelle engendre deux naissances : la première, physique, qui fera naître corps et âme, puis ensuite une seconde naissance qui permettra à l’être de s’évader dans la spiritualité et de concevoir l’esprit (Pierre Audureau)

Ainsi La F\M\ permet peut être de réunir Saint Paul et certains d’entre nous quand il axe sa prédication autour de la naissance nouvelle évoquée sous les termes de « renouvellement », de « transformation », de « métamorphose ». De même quand il décrit, dans ses lettres aux corinthiens, cette métamorphose comme le passage de « l’homme ancien » à « l’homme nouveau », de « l’homme vieux » à « l’homme neuf », de « l’homme extérieur » à « l’homme intérieur » de « l’homme charnel et psychique » à « l’homme libre et spirituel ».

Conclusion

Il m’apparaît depuis mon initiation que la pensée ternaire à laquelle m’invite la F\M\ me permet d’accéder à une interprétation des concepts, mais aussi du réel à un niveau supérieur en dépassant des oppositions artificielles. Cette méthode, appliquée à la triade « Corps-Ame-Esprit » me fait pressentir que la re-naissance que me propose la F\M\ m’ouvre le champ des possibles au plan spirituel.

Ainsi, par l’action agissante de l’esprit je pourrai, dans un premier temps découvrir, pour ensuite faire rayonner, tant dans le temple que dans le monde profane, la part de lumière divine qui est en moi et participer de fait à l’unité du tout.

N.°.B.°.

Le trois et la lumière,

ou la triplication de l’être par le centre. (E.°.R.°.)

Nous allons tenter de démontrer que le trois n’existe dans sa puissance que relativement à la notion de « Présence »de l’homme sur Terre et plus précisément à la « Présence » de l’esprit en l’homme ou s’il on veut, à l’incarnation de la lumière.

Le Trois définit l’association de l’homme au mystère de la vie.

La régence de l’homme vient personnaliser et vitaliser le ternaire. Sa défaite résoudrait le ternaire à une donnée purement physicochimique et nous pourrions dire seulement que chaque atome de la création a connu la lumière originelle du non-temps ou temps zéro. Mais il n’y aurait personne pour voir, ou concevoir la naissance de la lumière…

C’est cette même lumière originelle que l’homme tente d’expliquer en lui par le ternaire quel que soit sa dénomination. La dénomination d’un système quelconque, bien que cohérent, n’est qu’une des nombreuses modalités exprimées par l’intelligence analytique de l’homme. Ces nombreux systèmes ternaires ne font qu’éveiller l’apprenti créant une ouverture de l’esprit au plus haut en soi, donnant accès à une surconscience. C’est la base de la méthode maçonnique.

Sans homme ni pensée, il n’y a point d’esprit. Sans esprit et donc sans homme, le divin n’a qu’un sens physicochimique, il serait équation sans Dieu pour la poser, ni raison humaine pour la résoudre.

Sans Conscience supérieure, point de spiritualisation de l’homme et pas de sublimation de l’esprit.

La franc-maçonnerie n’a rien trouvé de mieux que de mettre immédiatement l’apprenti face au mystère de l’essence qui découle de la logique ternaire. Ce mystère de l’essence (complément indispensable à la substance) repose sur la lumière, sa source, sa naissance, sa duplication dans une forme materiae et manifestée et va s’exprimer dans la relation permanente et cyclique. L’aboutissement de toute initiation passe par la découverte au sein de la vie d’une voie d’accès vers l’esprit conçu comme quelque état extérieur et intérieur. Cette découverte dépend d’un élan vital, d’un désir de connaître. Mais connaître le vrai sens de la vie repose sur l’acceptation d’un mystère qui se dérobe au regard.

Dans le nombre trois le plus difficile à connaître est le Un. Le trois est le chemin de la réintégration dans l’Unité, cette réintégration passe donc par l’esprit.

Ce mystère de l’essence est le mystère de la vie. Il trouve sa source dans la naissance de la lumière qui au-delà de son aspect métaphysique ou philosophique et physique, est une source née au cœur de la ténèbre, un « non lieu » où l’esprit humain ne conçoit ni ne perçoit, mais où l’esprit détaché de la contingence du paraître et de la nécessité peut se sublimer.

Si l’homme par la compréhension du trois se spiritualise (vérité et harmonie), l’esprit se confondant à sa source lumineuse se sublime.

Cette lumière des origines illumine notre pensée et éclaire notre représentation mentale. C’est donc une vision liée a une faculté supraconsciente. Cette faculté représentative se fait bien entendu à l’aune interprétative d’un homme corporel qui découvre dans sa constitution propre une présence animatrice liée à sa vie réelle faite de sens, d’émotions et d’émerveillement. Cette présence est l’âme logée dans le véhicule du corps. Plus avant est découvert un lointain inatteignable, dépassant l’intellect, c’est l’esprit. Le trois implique trois visions : celle avec les yeux du corps, avec les yeux de l’âme et les yeux de l’esprit.

Ainsi nous retrouvons par la triple métamorphose du regard une triple perception sur soi même : une perception corporelle qui nous associe à la matière, une perception intime qui manifeste notre humanité c’est l’âme et une certitude reposant sur l’incommensurable idée du mystère de la vie associée à l’esprit. Ce sont les trois grades de la FM.

Il me semble que le « Saint-Esprit » dont on parle parfois, n’est une troisième personne que si on la considère comme une trace historique et prolifique du passage du Verbe. Le Verbe est effectivement la réalisation de la pensée « divine » représentée par le Père. Cette réalisation semble bien édulcorée ou délaissée, ce qui nous fait penser au mythe de la parole perdue.

Le Père conçoit, le verbe agit, le fils met en œuvre (Nouveau Testament).

La mise en œuvre se fait par trois voies: l'artisanale, la chevaleresque, la sacerdotale.

Restons dans la filière maçonnique d'une spiritualité construite:

De la mise en œuvre on passe au chef d’œuvre. Le chef d’œuvre atteste de "la présence" d'un supplément d'âme mais surtout d'une œuvre de l'esprit. Le chef d’œuvre est toujours l’heureuse conjonction des trois pointes du triangle au centre de la figure ; ce centre est une intériorisation qui devient pour l’observateur une incarnation. C’est donc l’homme fils de la lumière qui l’incarne. Le ternaire est ontologique et reste d’actualité par l’idée d’une « présence » de l’Esprit Saint ou pour être plus précis par la lecture reverbalisée par l’homme initié au Logos des origines. C'est ainsi qu'une spiritualité construite débouche sur une spiritualité "révélée". l'Esprit est présent dans la matière pour un observateur qui pratique l'art ou le rite. L'art (pictural, musical, sacerdotal, royal, martial) ou le rite de tradition ne sont que des mises en forme permettant d'extraire l'esprit, ou de mettre en évidence une présence chez l'observant.

C'est la définition même de l'incarnation de la lumière que d'affirmer "la présence" en soi. Du soi elle se projette tant à l'objet (pierre cubique à pointe, ou cathédrale) qu'à l'autre (le frère), à l'autre soi-même( le miroir, l'ange).

Ce système divin et triunitiare devient humain est se traduit en Pensée (Père) Volonté (Saint-Esprit ou verbe) Action (Fils). Au plan lumineux c’est l’incarnation (Saint-Esprit) de la lumière (du Père) en l’homme(le fils).

Ce logos originel ou Verbe, est l’organisateur de la manifestation (ou de la création) et fait le lien entre la source de toutes créations et son image dupliquée. Cette image n’est perceptible par l’homme que s’il chausse les lunettes du ternaire qui lui permettront de voir à l’intérieur de lui (yeux de l’âme), c'est-à-dire en son centre intime, comme au centre du tout (yeux de l’esprit). Le ternaire relie les centres au Centre. Le trois nous donne l’image d’une serrure située au Centre qui actionne un rayon produisant le cercle du monde. C’est l’image géométrique de l’expression « Un le Tout ».

Ainsi ce Centre, source ontologique du ternaire, sera confondu en un axe lumineux partant d'un ciel d’esprit, traversant l’homme comme une perpendiculaire passant par le cœur (réalisation) et allant jusqu’au centre de la matière terrestre. (E.°.R.°.)

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 13:59

Le cabinet de réflexion

Le point commun de nombreux rites, c’est de commencer l’initiation maçonnique dans le cabinet de réflexion ou la chambre de préparation. Ces qualificatifs appellent un commentaire préalable à cette étude : le cabinet dit de réflexion semble privilégier une réflexion sur soi, mais aussi une image de soi reflétée dans le miroir d’un obscur et ténébreux cabinet. Le chambre de préparation semble être le lieu d’une mise en condition psychologique et physique voir alchimique. Nous tenterons de conjuguer ces deux appellations dans notre exposé.

L'isolement du néophyte est pratiqué depuis la nuit des temps. On ne peut passer d'un plan à un autre qu'en traversant le royaume de l'obscurité et de la mort, tel est le premier enseignement qui apparaît au futur initié dans le cabinet de réflexions par ses symboles. Il y aurait donc assimilation de l’obscurité à la mort et éventuellement à la régénération de la vie.

Isolé dans un lieu fermé, seul face à soi-même, la mort est suggérée par différents symboles créant une rupture dans le but de préparer un changement essentiel !

Il va se dérouler une sorte de « métamorphose », comme la chrysalide dans son cocon soit littéralement un changement majeur dans l’ordonnancement formel, sensitif et psychologique de l’individu.

Le non-initié se retrouve avec la peur de mourir, peut-être la peur de vivre autrement, ou la peur d’un devenir qui ne serait pas sous sa maîtrise profane. La peur du changement remet en cause les certitudes et les acquis, mais c’est aussi la peur des autres ou dans le sort qui lui est réservé, et peut être de manière sous-jacente la peur de découvrir un autre lui-même.

Ces peurs reflètent son miroir sa propre image : la peur de lui-même. Confronté à la nécessité de l'introspection, le non-initié recule. Il sait qu'il faut mettre de l'ordre dans son MOI, et tacher de comprendre que la source véritable de cette appréhension est miroir de la vérité. L’appréhension est donc salutaire, elle fait partie de la démarche maçonnique et initiatique.

En effet, le cabinet de réflexion s'inscrit dans le programme pédagogique. Le postulant y trouve la solitude, l'obscurité, le silence, l'immobilité et parfois la peur de l’inconnu.

Ces états privilégient la confrontation avec lui-même et cette confrontation est généralement difficile pour le profane, car une confrontation avec un autre soi-même avec son double plus profond et plus vrai s’organise.

Cette confrontation avec soi-même fait apparaître le directeur secret de notre art de paraître profane et social qui s’appelle l’Ego. La profondeur sacrée de l’Être serait ainsi annihilée ou cachée par le voile d’un l’Ego puissant, véritable gourou de notre personnalité. La peur dans le cabinet de réflexion n’est pas ressentie par « l’être secret » qui est en moi, mais c’est mon apparence égotique qui s’inquiète de son devenir.

L’Ego craint pour sa suprématie, il semble ici qu’on puisse le démasquer, car ce n’est pas l’Ego que la franc-maçonnerie honore, c’est l’Être vrai et profond. A l’aide du poignard présent dans le cabinet de réflexion du REP, je vais apprendre à tenir en respect cet Ego usurpateur de mon être profond.

Donc le passage dans le cabinet de réflexion implique indirectement une compréhension du phénomène de l’Ego. On fait vivre au profane une approche de la voie intérieure par le traitement de sa peur, par la stimulation de sa propre inquiétude sur son passé et son futur testamentaire, puis par la formule attribuée à Socrate : « descend au fond de toi-même et tu découvriras les secrets de l’univers ».

La formule V.I.T.R.I.O.L est visible uniquement dans le Cabinet de réflexion et donc incite a plonger dans les profondeurs inconnues de soi et a en découvrir les richesses. Cette inscription énigmatique qui invite à un voyage dans les profondeurs restera gravée à jamais dans l’esprit de chacun, et viendra guider silencieusement notre recherche intérieure.

Ce V.I.T.R.I.O.L, semble une énigme indéchiffrable. Le profane n’en comprendra intellectuellement le sens que bien plus tard. Son inconscient n’aura aucune peine à s’imprégner de cet acronyme et passera le reste de sa vie à tenter de comprendre la valeur de chaque lettre, dont la valeur alchimique ne fait plus aucun doute.

Les sept initiales, V.I.T.R.I.O.L, sont la révélation de l’opération du Grand Œuvre, car il révèle le processus alchimique de la transmutation de l’être comme des métaux. V.I.T.R.I.O.L, terme mystérieux dont le sens dévoilé révèle une parfaite connaissance des processus qui mènent à l’éveil. « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem » : « Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ».

Cette pierre que le profane doit trouver n’est autre que la pierre philosophale, et celle-ci se trouve au plus profond de chacun d’entre nous, elle ne se dévoile qu’à ceux qui, par un travail intérieur sincère, sont arrivés au parfait équilibre pour ne faire qu’un. Ainsi après cette plongée dans les eaux obscures de soi, éclairé par une simple et fragile bougie, il s’agira d’opérer une remontée en s’aidant des symboles élémentaires du cabinet de réflexion qui sont le Sel, le Soufre, le Mercure, avec un peu d’eau cependant pour étancher sa soif et faire germer dans les profondeurs de l’obscur cette graine de blé que nous y avons déposé.

«Tout procède de l’Unité, tout tend vers l’Unité ».

L’objet premier de notre quête est de se retrouver, c'est-à-dire sur un plan géométrique et métaphysique de découvrir et mettre à jour le centre de soi. De la réussite de cette quête dépend toutes les autres motivations.

Dans le cabinet de réflexion, le candidat doit répondre par écrit à des questions et rédiger son testament moral et philosophique. Ces questions concernent les devoirs de l'homme envers lui-même, sa famille, sa patrie, l'humanité…

Toutes questions métaphysiques qui nieraient l’existence de l’homme comme acteur véritable du présent et du futur sont écartées. Dans les trois règnes évoqués qui sont le minéral, le végétal et l’humain, on reconnaît l’intégration de l’homme dans la grande nature c'est-à-dire dans le grand Tout. Mais à travers l’homme devenu maçon bâtisseur, c'est très indirectement la personnification de l'équilibre universel : Dieu est architecte, il tient l'équerre, le maillet, le niveau tous les instruments de travail et de mesure. Dans l'ordre moral, il est la Justice.

Voilà toute la théosophie maçonnique qui apparaît et pourtant rien n’est figé. Il faut faire un travail sur soi-même en permanence. Il serait incohérent de modéliser un univers statique alors que nous savons tous que tout tourne de l’infiniment petit à l’infiniment grand, l’univers se complexifie, franchissant ainsi des paliers et des cycles vers de plus en plus de conscience et d’esprit. Le moyen principal de cette progression sur la voie de l’éveil, mais aussi de l’humanisation de l’homme passe par la vision intérieure.

La rédaction du testament moral et philosophique permet au candidat de faire le point sur lui-même et sur ce qu'il estime essentiel au sens de « l’essence véritable de sa présence sur terre ».

Quelle que soit la qualité de ce qu'il rédige dans son testament, cette démarche est fondamentale dans le processus de l'initiation maçonnique. En sortant du cabinet de réflexion, le candidat sera considéré comme ayant subi l'épreuve de la terre. Toute la cérémonie initiatique se déroule comme si le candidat avait été transformé par cette épreuve.

Ressentir ce vécu en toute simplicité en toute humilité pourra peut-être faire la place à la polysémie des symboles qui mettent sur la voie de l’Éveil. En vérité le candidat est amené ni nu ni vêtu, débarrassé de ses métaux et de ses apparences profanes, le cœur pénétré à travers sa cuirasse profane d’un rayon lumineux. L’homme est ainsi débarrassé de ses vieilles écorces, à l’état natif prêt à recouvrir et réordonner les éléments qui le composent et les sens qui vont « animer » son âme d’homme libre.

Comment en effet prétendre sérieusement que les épreuves rituelles transforment réellement, immédiatement ou à terme, celui qui les subit ?

Le cabinet de réflexion, ce petit cagibi est tout à fait dérisoire et pourtant c’est un véritable athanor alchimique, un four ou s’opère la recomposition lente entre soufre sel et mercure.

Mais c'est justement là que réside sa signification essentielle. La recomposition élémentaire doit aboutir à l’essence de l’Être.

Ouvrir les yeux sur le dérisoire pour en pénétrer la signification là est la voie de l'éveil. Ce n'est souvent pas simple de voir dans l’obscurité. Cela implique une remise en question des réflexes mentaux acquis.

Comment prendre au sérieux ce qui ne l'est pas en apparence. Et comment ne pas prendre au sérieux ce qui semble l'être ?

Tant de gens ne parviennent pas à répondre à ces questions. Pourtant ces questions ne restent sans réponses, mais changez le contexte, posez de nouveaux repères et elles ne se poseront même plus.

Les rituels et la franc-maçonnerie répètent qu'ils sont à la recherche de la vérité, sans d'ailleurs la définir. Certains décrètent que cette vérité est inaccessible. Certains maçons sont à la recherche d'une vérité inaccessible et par ailleurs sans contenu, ce qui les sécurise indiscutablement. Et c'est très bien ainsi, car, hélas, la vérité inquiète, bien plus, elle dérange.

Le fait de ne pas trouver, démontrerait notre incapacité à chercher, mais à défaut de trouver une quelconque certitude n’y a-t-il pas dans le cheminement intérieur une richesse sans cesse renouvelée ?

La vérité initiatique, à quoi répond-elle ? Quelle est donc sa finalité, n’y a-t-il pas une spiritualité qui découle d'un processus aboutissant à l'initiation ? C’est peut-être à ce niveau que le chemin du cherchant peut être engagé.

Au travers de sa conscience considérablement élargie, l'homme a trouvé la compréhension de son propre univers et l’apaisement de l'angoisse qui l'étreignait devant les forces incontrôlables de la nature. Il en fit donc rapidement une institution conservant les secrets du processus d’éveil. Avec la tradition initiatique, l’homme trouve les moyens essentiels et ancestraux qui conditionnent l'épanouissement complet de l'individu et assurent par son humanisation croissante le devenir de l'espèce.

Ceci est la vocation du maçon depuis qu'il s'est révélé à lui-même être une personne en chemin pour l’éveil : la compréhension des symboles fondamentaux qui expriment les désirs et les espoirs de l'homme dans une Unité fondatrice. La voie symbolique ne paraît pas incompatible avec la voie scientifique, bien au contraire, les hommes scientifiques finissent toujours par arriver à un métalangage de l’Unité qui surplombe leurs propres disciplines. Ce métalangage reposera sur le symbole et les images archétypales.

Chacun de nous est donc le seul artisan de son évolution possible et nul secours ne peut être attendu de l'extérieur, s’il ne s’interroge sur son être et son devenir.

R.°.L.°. RL "Les Ecossais de Saint Jean"

Le cabinet de reflexion
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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 09:27

                             Le chemin du cherchant 

 

images-2--copie-1.jpgLa FM. étant universelle, qu’importe le  rite puisque la finalité est la même. Tout ce que nous faisons en L. n’apporte que des outils, des voies, des déclics qui doivent ouvrir l’esprit du cherchant. Il n’y a pas de solution toute faite.

 

En plus de ce qu’on lit dans le rituel et de ce que l’on vit lors de la cérémonie, il y a ce que chacun retient, ressent et interprète à travers sa sensibilité et son chemin de cherchant.

Si tout nous était donné sans effort, la quête de la vérité et du GADL’U n’aurait aucune valeur. Il faut travailler. Sans travail pas de progression sur le chemin de la connaissance et de la vraie Lumière qui est en nous. Nous sommes F.M. non pas par le paiement de notre capitation mais par le cœur mis à tailler chaque jour un peu plus  notre pierre « philosophale ». La vérité se mérite, elle se trouve au bout du chemin parcouru.

Rappelons-nous un extrait de la fable de La Fontaine (1621-1695) : Le Laboureur et ses Enfants

Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins….
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.

 

------------------------------------------------------

 

 

Mes références sont au premier grade, et vont permettre de mieux donner le cadre du cheminement.

 Avant d’aller plus en avant, remémorons-nous des bribes du rite Emulation que je pratique :

quelques passages  du rituel en général :

Lors de l’initiation, la lumière physique est donnée au candidat après avoir retiré le bandeau. C’est le symbole fort d’une « nouvelle vie » spirituelle, d’une renaissance. Ce n’est pas rien !

Bien sûr nous devons chaque jour, nous attacher à respecter et faire notre, les différentes vertus morales et sociales, domestiques et civiques qui ont d’ailleurs « l'approbation du Ciel et de la terre » ; mais certains termes, citant les temps anciens, doivent attirer notre attention.

L’insigne distinctif du M., le tablier  « …est plus ancien que la Toison d'or ou que l'Aigle romaine… »

Notre institution ancienne et honorable existe de temps immémorial.

 

quelques passages  de la P.T, en particulier, morceaux d’architecture incontournable :

Les us et coutumes des F.M. ont toujours eu une grande affinité avec ceux des anciens Egyptiens. Leurs philosophes, ne voulantpas exposer leurs mystères aux yeux du vulgaire, dissimulèrent leurs systèmes d'éducation et de gouvernement sous des signes et des caractères hiéroglyphiques, communiqs seulement à leurs GrandsPrêtres ou Mages, qui s'engageaient par un serment solennel à les tenir secrets (eux aussi s’engageaient sur des serments !).

On comprend bien qu’il faut travailler pour connaitre ou au moins espérer commencer à comprendre  (prendre avec) !

Le systèmede Pythagore était fondé sur un principe analogue, comme d'autres systèmes d'époque plus récente.

La F.M., n'est pas seulement la plus ancienne, mais encore la plus honorable institution qui ait jamais existé,…

Sommes-nous humbles dans ces propos?Connaissons-nous toutes les institutions de tous les temps, même les plus discrètes ou secrètes ?

Permettez-moi d'attirer tout d'abord votre attention sur la forme de la L. qui est un parallépipède, s'étendant en longueur de l'E. à l'O., en largeur entre le N. et le S., et en hauteurdepuis la surface de la terre jusqu'à son centre et même aussi haut que les cieux..

 

 

Nos L. sont placées en des lieux sacrés, car la première L. fut consacrée par trois grandes offrandes qui reçurent l'approbation divine.

 

. ..Il étendit les cieux à l'infini comme un vaste baldaquin, il disposa la terre comme un marchepied.il couronna son Temple avec les étoiles commed'un diadème, …

 

Une L. de F.M. est couverte d'un baldaquin céleste de difrentes couleurs comme la voûte du ciel. Le moyen par lequel nous espérons y parvenir consiste en l'aide d'une échelle, appelée dans les S. E. l'échelle de Jacob.

 

Le F.M. qui possède cette vertu (la charité) dans son sens le plus vaste peut être considéréà juste titre comme ayant atteint le sommet de sa profession spirituelle, symboliquement une demeure céleste, voilée aux yeux des mortels par le firmament étoilé, représenté ici emblématiquement par sept étoiles.

 

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Nous y sommes, voilà le chemin de notre spiritualité qui nous mènera au ciel (au cosmique). En partant de la terre (le tellurique), il faut gravir les échelons de l’échelle de Jacob, mais comment ? avec quoi ?

 

La Bordure Denteléenous rappelleles planètes qui, dans leurs diverses révolutions, formentune merveilleuse bordure autour de ce grand luminaire, le Soleil.

 

Danstoutes les L. dûment consacrées et régulièrement constituées, il est un point situé à l'intérieur d'un c. autour duquel aucun F. ne peut faillir. (Nous reviendrons sur ce point).

 

Les trois dimensions de l’être cherchant sur le chemin de la révélation doivent être matérielles, morales, spirituelles. La plus difficile étant la dernière car abstraite, métaphysique.

 

Le XVIIIème siècle (1717) début de la F.M. spéculative (il y a environ 300 ans), a été baptisé le siècle des lumières, pourquoi pas, mais qu’est ce que cela veut dire, de quelle lumière parle t-on ?

De la Lumière des yeux qui se voit et éblouit quelquefois, matérielle, à l’extérieure ?

De la Lumière du cœur, morale qui brille à l’intérieur du corps de l’être, dans son âme ?

De la Lumière spirituelle qui brille au plus profond de l’esprit ?

 

Revenons au Temple. Le choix du site, de l’orientation, de la forme (citée supra), des proportions architecturales du Temple M. ne sont pas vraiment pris en compte initialement. Nous, FM, construisons ou adaptons les lieux en fonction des circonstances et des opportunités. (Comment une salle arrière de restaurant ou un local lambda peut être sacré ? Matériellement ou physiquement, ce n’est pas possible)

 

Nous sommes très loin de ce que faisaient nos ancêtres depuis la nuit de temps immémoriaux. Il faut donc projeter notre esprit si nous voulons essayer de progresser en essayant de comprendre, dès l’initiation.

Qui a le pouvoir de rendre ces lieux sacrés à part nous qui individuellement (l’unité), par notre présence en communauté, ensemble (constituant un tout), créons l’égrégore?

 

Transposons donc le Temple M. simplement comme la représentation symbolique d’un site actif, conçu et édifié par nos pairs, les constructeurs de cathédrales qui, par ces constructions permettaient ensuite des cérémonies (ou initiations) empreintes d’énergie et de vibrations physiques, au-delà du symbolisme.

Transportons-nous et imaginons par l’esprit, puisque nous déclarons être hors du temps lorsque nous sommes en tenue, que nous basculons dans une autre dimension, que nous franchissons cette porte cachée aux yeux des profanes et accessible au F.M. cherchant.

 

Ne sera pas abordée la phase préalable, indispensable à la mise en condition du candidat, avant qu’il ne frappe à la porte du Temple, le bandeau sur les yeux, le cabinet de réflexion,... Nous noterons juste que le cabinet est un retour spirituel aux sources, dans la grotte nourricière de la mère.

 

La partie de « notre » initiation que je vais aborder et mettre en parallèle, n’était réservée qu’à des élites choisies pour les valeurs comme en avaient les templiers, tous initiés suivant ce rituel, les compagnons de métiers et les maîtres d’œuvres pour ceux qui en avaient les capacités.

 

Lorsque, sur ces sites actifs ou activés par ceux qui savent, l’initiation commence, le candidat entre par le narthex, porte d’entrée située à l’occident, en étant passé au préalable sur le sésame qui contient le carré de saturne d’ordre trois et de somme 15 (3 fois 5), comme les a étudié Agrippa au début du XVIèmesiècle.

La porte est franchie dans les règles. Le candidat a marqué son empreinte dans l’entrée. Il est en résonnance avec le site. Il peut entreprendre sa marche de l’occident vers l’orient, accompagné par son guide. Il se trouve cependant dans le domaine terrestre, le tellurique, attaché aux valeurs matérielles, aux chakras du bas. Normal, il n’a pas encore évolué. C’est le début de sa renaissance dans cette nouvelle grotte, ce nouveau ventre où il va renaitre et progresser en découvrant la Lumière M. spirituelle lorsque le bandeau tombera.

 

Après les propos nécessaires pour sacralisé la cérémonie et demander l’autorisation de travailler à l’énergie supérieure, au GADL’U, il  est ensuite dirigé vers le centre de l’édifice, là où se trouve réellement ou symboliquement le labyrinthe tracé au sol et construit dans la mythologie par Dédale. Ce labyrinthe mystérieux a pour objectif de développer le ressenti et l’intuition en connectant le candidat au plan subtil de l’astral, en l’extirpant du plan terrestre.

Le plus ancien connu, adjoint à la pyramide du pharaon au bord du lac Mœris date d’environ 1 800 ans av J.C. Il  en existe plusieurs formes, ronde pour les solaires, carré pour les terrestres, hexagonale, octogonale,…nous entrainant vers les nombres et leur place prépondérante dans la connaissance du monde. Le labyrinthe n’est pas réellement tracé dans nos L. mais ne pourrait-on (ou ne doit-on) pas le rapprocher du pavé mosaïque ?

 

Son tracé tortueux ressemble aux méandres du cerveau, centre de pensée de l’homme, mais aussi  à ses intestins centre de son corps physique desquels il doit, lors de son parcours initiatique intérieur, évacuer les impuretés. On retrouve la partie supérieure et la partie intérieure du corps humain représentant les deux nourritures spirituelle et matérielle. L’équilibre universel est présent, le blanc et le noir du pavé mosaïque aussi.

Comme le dit la citation de Jiil Purce Pietro Valenti  dans le livre de Pierre Derlon « secrets oubliés des derniers initiés gitans » : La tête est le sanctuaire intérieur de temple qu’est le corps humain. Il est à la fois crée et protégé par les circonvolutions du labyrinthe qu’est le cerveau. A chacun de ses tournants, l’homme accomplit une étape de son évolution. Au centre de la spirale, il se rencontre lui-même (c’est une vue réduite) et peut découvrir alors le mécanisme du labyrinthe et du cycle de la vie et de la mort. »

Ne peut-on pas également, rapprocher le labyrinthe de certains mandalas bouddhistes, palais des déités situé au cœur de l’univers, tracé sur les mêmes bases de construction et représentant une pyramide vue de dessus. Le labyrinthe pourrait également être vu sous l’angle des nombres, mais pas ce soir.

Ne dirait-on pas que tout est lié depuis la nuit des temps, tout s’imbrique et se tisse comme par miracle ?

 

Le labyrinthe est un symbole très fort, il n’est pas conçu pour induire le cherchant en erreur, pour  le tromper contrairement aux labyrinthe des alchimistes qui sont composés de deux ou trois voies ou possibilités : une rapide et directe au centre, associée au chemin du pauvre en connaissances (la voie sèche), une complexe et tortueuse amenant au centre qu’après un long chemin, celui du riche (la voie humide), un troisième (éventuellement) qui ne mène à rien, pour les présomptueux qui ne recherchent que l’or aveuglant.

 

Il symbolise le début de nombreuses paraboles : « en vérité, en vérité je vous le dis », c’est pour ça que, contrairement à d’autres, il  n’a qu’un seul chemin permettant d’arriver au centre, au point où le M. ne saurait faillir. Ce point ne serait-il pas aussi l’Orient vers lequel nous allons pour arriver un jour, en franchissant la dernière porte, le dernier seuil, à l’Orient éternel d’où le chemin sera lié à celui parcouru sur terre avec plus ou moins de travail sur la taille de la pierre brute que nous sommes? Les deux mondes du visible et de l’invisible sont ainsi reliés.

Le labyrinthe est aussi présent dans de nombreuses gravures alchimiques. Fulcanelli dans son livre « Le mystère des Cathédrales » cite entre autre celui d’Amiens qui en son centre avait une large barre d’or et un demi cercle figurant le lever du soleil au dessus de l’horizon.

 

Dans nos LL. Le labyrinthe est présent symboliquement au centre de l’édifice, à la vertical du fil à plomb reliant la voute céleste trône du GADL’U à la terre en son centre support des F.M. cherchant.

 

Le candidat ne navigue pas seul, il est relié à l’extérieur par  le fil d’Ariane, représenté par l’expert, le diacre ou... Ce fil n’est-il pas le lien qui unit tous les M. après leur initiation, le lien de la transmission du message oral ? Le candidat est, symboliquement, Thésée qui alla tuer au cœur du labyrinthe, le minotaure. Comme la légende de Thésée, notre conscient doit pénétrer jusqu’au plus profond de nôtre être pour vaincre les attaches terrestres qui habitent en chacun de nous. Laisser les métaux physiquement à la porte ne suffit pas, il faut aussi les laisser spirituellement. Ce cœur de labyrinthe ne contiendrait-il pas les composantes de l’Art Royal, puissance du Maître d’œuvre qui formula le Verbe ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voyons, ci-dessous, une représentation du labyrinthe de la cathédrale de Reims qui fut détruite au XVIIIème siècle. Que nous inspire-t-elle ?

 

     images-2-.jpg

 

 

Essayons maintenant de voir cette représentation sous un autre angle de cherchant.

 

Le labyrinthe est tracé dans la première partie de l’édifice, après l’entrée, à l’intérieur d’un cercle symbolique, première partie des trois figures géométriques (ou tables) de même surface,  incluses dans  la construction que sont le cercle (domaine de l’intuition), le carré (domaine de l’intelligence) et le double carré ou rectangle (domaine du mystique).

 

 

Aux angles octogonaux sont présents les quatre principaux maîtres d’œuvre de la construction avec leurs outils.

Avant d’atteindre le premier muni d’un cercle, le cherchant, en entrant dans le labyrinthe par l’Orient doit effectuer trois circumambulations  dans le symbole, à la périphérie tout en étant très éloigné du centre.

L’accès au deuxième M.O. est rapide.

Pour aller du deuxième au troisième, le cherchant doit exécuter trois à cinq circumambulations. Les déplacements sont faits entre le pourtour extérieur et la partie centrale.

Le passage entre le troisième et le quatrième est rapide.

Pour aller du quatrième au centre, le cherchant exécute de trois à sept circumambulations pour atteindre finalement   à l’Orient, la partie centrale où se trouve le Maître de l’Ouvrage, le GADL’U. Cet Orient n’est plus le même, c’est l’Orient éternel où, selon les égyptiens, l’initié devient étoile. Je ne développerai pas plus.

 

112-001.jpg 

Au moyen âge, le labyrinthe était aussi appelé chemin de Jérusalem (la Jérusalem céleste descendue sur terre). Le parcours pouvait se faire à genoux.

 

Revenons à la cérémonie d’initiation dans la cathédrale (ou la L.). Nettoyé , allégé de ses scories, le cherchant ou candidat à la connaissance  est ensuite dirigé sur le carré, à l’intersection de la nef et du transept, point central du symbole solaire, là ou le ciel et la terre sont en relation par une cheminée cosmo tellurique à l’énergie forte, point de respiration entre le cœur de la terre (en passant par la surface où se trouve le candidat) et le cosmos, rejetant les énergies terrestres de la vouivre portée par les réseaux souterrain d’eau. L’initié est au cœur de son être matériel et il peut s’élever si son cheminement a été bénéfique. Dans nos cérémonie, il se trouve en face du V.M..

 

Ne pourrait-on pas à ce stade se rappeler la célèbre phrase d’Hermès Trismégiste : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire les miracles d’une seule chose. »

 

Pour information,  ci-dessous, une image du labyrinthe de Chartres. Les trois tables (ronde, carrée, rectangulaire) d’égale surface, étaient situées à l’origine dans la crypte. Elles symbolisent l’équation à résoudre de la quadrature du cercle. Cependant, la numérologie, (incontournable), aide à comprendre comment cet ensemble réuni résonne à l’unisson avec le labyrinthe pour s’approcher de la vibration sacrée.

 imagesCAA9BB5V.jpg

 

Essayons maintenant de voir cette représentation sous un autre angle de cherchant.

 labychartres.jpg

 

111-001.jpg

Une particularité de ce labyrinthe est de naviguer dans les quatre quartiers par alternance, en s’approchant et s’éloignant du centre par trois fois, alors que souvent, le tracé passe d’un quartier à l’autre une fois que le parcours de celui-ci est entièrement effectué comme si l’on changeait de dimension, d’élément.

 

Les circumambulations dans le labyrinthe (ou déplacements) sont pratiquées dans les deux sens générant ainsi une spirale passant du plan terrestre (matériel) au plan cosmique (spirituel). Elles s’effectuent par des quarts ou demi-tours dans un sens et l’autre en alternance pour déconnecter le candidat de ses anciens repères terrestres. Elles sont nommées :

Sénestrogyres pour celles qui tournent à gauche dans le sens trigonométrique. Symboliquement elles permettent d’ouvrir les énergies de la terre vers le ciel (des ténèbres à la Lumière).

Dextrogyres pour celles qui tournent à droite dans le sens horaire. Elles permettent d’ouvrir les énergies du ciel vers la terre.

Cela ne nous rappelle t-il pas les rotations faites lors de l’initiation ? Ne retrouve t’on pas ici, un certain rapprochement avec la chaine d’union de rites M., mais aussi  la représentation décomposée d’une dynamo celtique ?

 

Je ne développerai pas plus loin ce soir.  La suite du circuit de l’initié ira de piliers en piliers dans l’édifice, dans un ordre précis suivant les constructions. Le rapprochement avec les déplacements du candidat de S à S est facile à faire. A chaque étape il devra progresser par des travaux de récitation ou s’il est bien conseillé par son guide, en prononçant un mot de kabbale lié au carré de saturne pour ouvrir la voie vers la prochaine étape.  Il ressortira par la porte des initiés, transformé.

 

Plus de 4000 ans avant J.C., aucune assemblée druidique ne pouvait s’ouvrir ou se fermer sans un minimum de trois et un maximum de onze circumambulations. Le onze ayant une signification symbolique très forte liée à l’arcane XI du tarot (La Force). Ne salue t-on pas un GM par onze?

Dans certains cas, suivant le niveau du « représentant » les salutations seront ramenées à 7 ou 5.

 

L’initiation donnait au candidat les moyens de construire de façon opérative suivant des proportions simples et mémorisables puisque rien ou peu de choses étaient écrites, un « plan parfait » en quelques sortes. C’est vrai que la dimension spirituelle voulue et développée par les créateurs de la F.M. spéculative n’était pas autant présente.

 

Lorsque le cherchant se sera suffisamment élevé du matériel vers le spirituel, le un initial sera en harmonie avec le deux du pavé mosaïque. L’ombre se sera ouverte à la Lumière et les deux formeront le trois (la trinité, le ternaire) qui enferme le tout, l’unité dans l’œuf (le GADL’U). Ne sommes nous pas fils de Lumière ?

 

Mes BBAFF, j’ai essayé de vous emmener dans une autre dimension de l’initiation telle que je la vois, afin de nous transporter dans l’espace temps aux origines qui sont la base de réflexions récentes devenues symboliques, montrant que la F.M. (ou tout au moins ses références), existe bien de temps immémorial. Que les bribes du rituel, citées en début de planche sont des tremplins pour notre recherche, le reste du rituel aussi.

 

Je voudrais citer un  texte significatif et sujet à réflexion,  « Les deux infinis » issus des pensées de Blaise Pascal (1623-1662),  texte paradoxale puisque Pascal s’appuie sur la nature, sur le concret, pour démonter des idées abstraites et en  particulier pour évoquer Dieu. Il fait voyager l’homme dans l’infini, dans l’imaginaire au cours de plusieurs étapes.  Il s’appuie sur l’incompréhension de l’homme (Explicite) par rapport à la toute puissance de Dieu. (Implicite). On découvre ainsi, le sens symbolique des voyages, Les frontières du visible, limite entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Il écrit :« Mais si notre vue s’arrête là, que l’imagination passe outre » démontrant les limites relatives de la connaissances humaines. L’homme par les sens ne peut pas tout savoir et tout connaître, d’où : « un néant à l’égard de l’infini.. »

 

Travaillons notre  psyché, ensemble des manifestations conscientes et inconscientes de notre personnalité, définissant notre individualité, notre âme, notre esprit. N’oublions pas cependant, en parallèle, d’entretenir et de toujours respecter notre enveloppe et support corporels. Si nous les détruisons, notre âme et notre esprit ne pourront plus progresser sur le chemin du cherchant. Nous ne pourrons plus construire notre harmonie entre le terrestre et le cosmique, créer notre unité dans l’unité de l’univers , le tout. Soyons sages, écoutant notre corps et prenons soin de lui. Les excès sont toujours destructeurs.

 

Rappelons-nous en permanence que nous ne sommes qu’un iota dans l’univers. Que la naissance de la terre remonte à environ 4,6 milliards d’années, l’homo sapiens est apparu en Europe il y a environ 40 milles ans, l’écriture sumérienne il y a environ 6 milles ans, les égyptiens environ 5 milles ans.

Si l’on concrétise l’existence de la terre par une distance de 4,5 km, dans la même échelle, notre passage ici bas (100 ans) représente un dixième de millimètre c'est-à-dire trois dixième depuis le siècle des lumières, autant dire pas grand-chose par rapport au temps immémorial.

 

Ouvrons notre esprit, sachons sortir de notre référentiel nombriliste, égocentrique et restreint, sachons séparer l’utile de l’inutile, soyons persévérants et droits. La persévérance est pour nous, iota entre le ciel et la terre, liée à la certitude du cœur et de la croyance.

Le chemin de la Vérité et la Lumière tant recherchées ne pourra être envisagé qu’avec au moins, ces conditions indispensables et incontournables. La connaissance de la Lumière vient de la pratique du voyage.

 

Je finirais avec cette phrase tirée du livre de Marie Hover sur « Le Labyrinthe » ou de Gérard Mayau sur la maçonnerie dévoilée en 12 chapitres, inspirée de LUC XII.2 : « Il n’y a rien de secret (caché) qui ne doive être découvert, ni rien de caché (secret) qui ne doit être connu. Telle est la fonction d’une L. : vivre en conscience le mystère afin de le transmettre. »

 

J.C. OR.°.

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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 22:44

images-6---2-.jpgRASSEMBLER CE QUI EST ÉPARS

    (...) Le but de chaque F.°. au Rite Ecossais Primitif est de se perfectionner spirituellement dans la droiture morale en utilisant la méthode offerte par la FM, à savoir l’apprentissage et l’utilisation d’outils symboliques empruntés à la maçonnerie opérative.

Par son initiation, l’étude des symboles et des textes des anciennes traditions au sein de l’espace sacré qu’est la loge le tout exalté par le rituel, le profane devenu franc-maçon, s’initie en travaillant sur ce merveilleux chantier qui est à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de lui-même. Sur ce long chemin de travail et d’apprentissage (le maçon reste un éternel apprenti dans la voie de l’initiation), chaque FF devra, afin de ne pas se trouver dans une impasse horizontale, voir au-delà des apparences et cultiver la faculté de double vue. Grâce au changement opéré au sein de sa conscience par l’étude des symboles, il sera à même de concilier les contraires et surtout de rassembler ce qui est épars afin de remonter vers sa vérité principielle. Bien sûr, pour nos FF et SS qui ont choisi une voie humaniste, le chemin sera différent, mais le but non moins louable: faire progresser l’humanité au plan sociétal.

Quoiqu’il en soit, les démarches spirituelles et humanistes se compléteront merveilleusement dans un grand rassemblement unitaire d’une véritable franc-maçonnerie Universelle, celle qui poursuit un seul but : unir le principe et l’Homme dans un grand mouvement pour faire progresser l’humanisation de l’Homme. Or nous savons que l’humanisation repose sur l’analogie symbolique et l’harmonie sociétale.

Mais avant d’en arriver à ce grand dessin symbolique et humaniste, il convient de revenir aux voyages de l’apprenti. Ce dernier est mobilisé par l’assemblage ritualisé des éléments qui le constituent : la terre, l’air l’eau et le feu. Il s’agira de prendre conscience par ses sens sollicités ou obérés de l’existence constitutionnelle du corps. Le corps sera le premier lieu du rassemblement de l’épar pour l’apprenti entrant faisant suite à l’état profane, disloqué et dissous dans le cabinet de réflexion.

 

Ainsi, pour rassembler ce qui est épars, chaque FF devra lui-même être réassemblé en un être spirituel apte à entamer le chemin de lumière. Nous décrirons donc les différentes étapes de ce réassemblage en étudiant le processus alchimique de décomposition-recomposition lors de l’initiation d’un profane, processus faisant partie des multiples méthodes de transformation de l’être qui ont façonné la Franc Maçonnerie. Enfin, nous nous interrogerons après ce premier travail sur ce qu'il reste à rassembler : si des éléments sont épars, c’est qu’ils étaient constitutifs à l’origine d’une unité qui s’est fragmentée.

 

La recomposition de l’être au sein de la loge, véritable matrice initiatique et athanor philosophique

 

Comme je l’ai dit précédemment, chaque profane est un être ontologiquement désassemblé, fragmenté. De sa source primitive, de cet être primordial, il n’en conserve rien si ce n’est pour les plus chanceux une faible trace imprimée dans leur subconscient. Couvert d’une multitude de bas instincts liés le plus souvent à la nécessité de survie de l’espèce ou encore d’ego surdimensionné et de vices liés à la compétition en société, le profane erre dans les ténèbres, prisonnier de lui-même. Il s’est non seulement sédimenté de couches successives d’impuretés, mais il s’est en plus, avec l’avènement du monde moderne, coupé de sa spiritualité et de la nature envers qui il est devenu hostile, polluant et saccageant les ressources naturelles, dont il a pourtant tant besoin, tout ceci sur l’autel du profit et de l’amas de richesses ; d’un être, il est devenu avoir.

Le profane, qui a gardé en lui quelque part l’intuition de ce qui a été perdu, s’interrogera sur le sens de sa vie et désirera plus ou moins consciemment la lumière. Alors, devenu cherchant et impétrant, il pourra par son initiation rassembler ce qui est épars en lui afin de, dès qu’il aura reçu la lumière, devenir ce pèlerin, cherchant et travailleur infatigable sur la voie de la vérité.

Lors de son initiation, le profane va mourir symboliquement, non pour naître, mais pour renaître à la condition de franc-maçon ayant vocation à l’initiation. Cette initiation va se faire en deux parties :

Premièrement dans le cabinet de réflexion, il va vivre sa première épreuve initiatique celle de la terre, materia prima de tout ce qui vit et de tout ce qui est. Selon notre grand maître ERI :.ROM :., « le cabinet examine les éléments constitutifs de l’être dans l’oubli testamentaire du vieil homme » « Le cabinet de réflexion est donc le terreau, le substrat obscur de l’Arbre ».

Tel celui qui tourne le dos à la lumière dans la caverne socratique, il va descendre dans les tréfonds de lui-même à la recherche de sa propre essence, faire le tri de ce qui est de « l’être » et de « l’avoir » aidé en cela par les différents symboles (et principes) présents comme le Sel, le Soufre et le Mercure. C’est donc la phase de décomposition, de désassemblage dans la souffrance et l’isolement. Il va ainsi sortir de la caverne ni nu ni vêtu, mais dépourvu de tous les éléments métalliques et est ainsi débarrassé de ses attributs profanes : « soit libéré de l’ego profane ».

Il est désormais prêt à être « réassemblé » (ou réordonné). Toujours désireux de recevoir la lumière, il va frapper à la porte du temple par Trois Grands Coups. 

Ainsi va commencer la seconde phase du processus d’initiation, la recomposition des éléments constitutifs de l’être avec les voyages de l’eau, de l’air et du feu. Cette recomposition se fera donc dans l’assemblage des contraires que seule la loge, véritable athanor, peut opérer. Par l’eau il va connaître une purification de l’âme et du corps, par l’air il va être mis en relation avec « l’esprit » et par le feu il va fusionner avec le TOUT. Bien sûr, pour nos FF et SS qui ont emprunté une voie moins spirituelle que le rite écossais primitif, on pourra y voir la resynchronisation de l’homme avec la  « grande nature élémentaire ».

Comme je l’ai déjà évoqué déjà lors d’un précédent travail, le profane est comme le germe de blé : il va avoir besoin du bon dosage de terre, d’eau et de feu pour se développer sur le lit de la décomposition du précédent épi de blé : c’est là un des principes cycliques, régénérateurs et ordonnateurs inclus dans la transmission initiatique.

Ainsi débarrassé de ses vils métaux, mort à sa condition de profane égotique et remis en ordre, devenu un être spirituel (ou du moins spiritualisable), il va, comme le germe de blé, recevoir le dernier élément nécessaire à sa sortie de terre et primordial quant à son élévation axiale : la lumière.

Nouvel initié et donc nouvel apprenti, il va maintenant s’inscrire dans le Grand Œuvre rejoué en loge, en étant plongé dans le silenceet l’écoute active jusqu’à la prochaine étape graduelle, son passage au grade de compagnon. S’il a accédé à son étincelle spirituelle, cette dernière est une pâle lueur bien fragile ; seuls le travail sur lui-même, le partage des travaux en miroir avec ses frères feront qu’il progressera ou pas sur la voie initiatique. Car s’il est initié, encore faut-il qu’il travaille encore et encore comme l’ouvrier opératif devait le faire pour acquérir un savoir-faire et accéder à la maîtrise de son art. Mais dans notre voie spirituelle et spéculative, il s’agira d’accéder à un « savoir-faire », celui du réfléchir et de l’agir en franc-maçon « libre » qui aboutira naturellement par la connaissance lumineuse de soi et de ses Frères à un « un savoir-être ». Comme chez nos cousins opératifs le « savoir-faire élémentaire» ici ritualisé aboutira à « un savoir-être ». Autrement dit nous passerons d’un état corporel recomposé et réordonné,  à un état d’âme puis plus tard à un état d’esprit. Ces trois états « rassemblés » dans un individu conscient feront l’initié. Néanmoins le maçon doit dans son parcours se départir ou à tout le moins dompter son ego. Cet ego parasite la progression dans l’éveil et va fausser la perception du chemin. Dans cette volonté de recomposition, il faudra être conscient de ce parasitage de l’ego de sorte que le savoir-être ne soit pas un détournement ou un simple paraître.

 

Mais même si cette étape de décomposition/recomposition de l’être à travers le processus initiatique est primordiale dans la vie spirituelle du maçon, elle ne saurait suffire pour que ce dernier puisse aller jusqu’au bout du chemin. En effet, tout un travail reste à accomplir et le but de l’élévation spirituelle est encore de rassembler nombre d’éléments qui restent épars.

 

Rassembler ce qui est épars ou du ternaire à l’unité

 

Dans les trois premiers degrés, nous travaillons et spéculons autour d’une spiritualité « construite » de type monumentale. Il s’agit d’un Temple considéré comme un idéal d’union qualifié de « tri unitaire », entre l’homme, la dimension principielle et la création.

La loge est la représentation du temple de Salomon qui a été détruit et qui est à reconstruire. Chaque FF travaille sur lui-même et représente une pierre brute à tailler. Il doit arriver, à terme, à dégager la pierre philosophale, à extraire l’esprit de la matière, donc par le biais de son travail à changer le vil métal en or. Rassembler ce qui est épars c’est reconstruire le temple dont chaque FF est une pierre taillée qui doit s’inscrire dans un TOUT cohérent afin de redonner du sens à l’édifice ! Rassembler ce qui est épars, c’est encore faire en sorte que les hommes qui, à l’image d’Adam, ont chuté dans l’avoir et le paraître, puissent réintégrer le TOUT. Le monde des apparences, des contraires binaires qui mènent à une impasse existentielle, chaque FF va devoir passer au ternaire, la troisième voie, celle de la sagesse miroir de l’unité.

Ainsi l’initié ne tombera pas dans le piège du pavé mosaïque, véritable labyrinthe, mais au contraire sera à même d’y déceler une troisième voie en rendant complémentaires les oppositions.

Car tel est le but du chemin initiatique: ce n’est pas une fuite en avant, mais justement un retour vers l’unité primordiale, cette vérité perdue.

Ce qui est vrai au plan initiatique l’est également au plan humain et sociétal. Ainsi l’ensemble des êtres humains seraient issus d’une souche commune se situant en Afrique. Les races et les civilisations seraient le résultat d’adaptations particulières de groupes humains en fonction de l’environnement où ils se sont installés; les guerres ethniques et de civilisations, les préjugés sur la couleur de peau font alors que l’humanité est morcelée. Ainsi là encore, les maçons ont bien compris qu’il fallait concilier tous ces éléments épars et œuvrent pour l’unité de l’humanité.

Sur un plan plus spirituel et social, faut-il souligner que, les Constitutions d’Anderson qui ont été rédigées en pleins affrontements d’ordre religieux et de lutte de classes, il est précisé que la FM est destinée à rassembler ceux qui sans elle ne se seraient jamais rencontrés. Effectivement, et c’est là une des forces d’une voie spirituelle comme celle du  REP, on peut, venant de tous horizons sociaux, au sein de ce rite, étudier toutes les traditions en effectuant un travail de synthèse et de sagesse sans tomber dans un syncrétisme nivelant de type « new âge ». Bien des hommes s’entretuent pour établir la suprématie de leur religion sur celle des autres, le maçon du REP en étudiant tous les textes sacrés de quelque culte que ce soit y décèlera, comme une évidence, une sagesse commune.

 

Ainsi, rassembler ce qui est épars semble être le dessein « premier » de notre ordre.

Ce travail est réalisé du point de vue du premier degré soit comme une approche ou plus précisément une entrée en (la) matière par l’esprit. La progression initiatique fait que chaque étape graduelle voit sa sphère de réflexion de plus en plus élargie ; du même centre l’écartement du compas devient de plus en plus conséquent: il sera intéressant d’envisager ce travail aux autres grades.

Pour finir, une dernière réflexion me vient à l’esprit. Notre ordre traverse depuis sa création des divisions et tensions stériles; les anciens contre les modernes, les voies humanistes opposées aux voies spirituelles, la course à la régularité et à la suprématie de telle obédience sur telle autre. Ainsi la Franc-maçonnerie ne semble parfois pas elle-même échapper aux dérives qu’elle combat. Mais voyant ce soir la diversité des rites et obédiences représentés par  nos FF et SS présents ce soir sur nos colonnes, je pense que nous avons réussi, à notre humble niveau, à rassembler ce qui est épars.

(…)

Dav.°.Dub.°.   R.°.L.°. « Les Écossais de Saint-Jean »

 

En effet rassembler ce qui est épars revient tout bonnement à analyser et synthétiser une situation ou une diversité de position,  à la lumière de l’esprit avec une incommensurable bienveillance et un amour de la vie.

La vie elle-même n’est-elle pas le fruit d’un rassemblement d’éléments épars dont l’assemblage quasi miraculeux et la synthèse harmonieuse deviennent un « corps » vivant et pensant?

Ce corps ne devient-il pas « homme »  lorsqu’il reçoit le souffle de l’âme ?

Ce corps animé et sensible ne devient-il pas « homme conscient » ou « Homme éveillé » ou encore « initié », lorsqu’il réveille en lui la parcelle de lumière spirituelle ?

Ainsi l’unité de l’homme dans son retour à sa source primordiale fait que racines et fruits de l’arbre de la connaissance et de l’arbre de vie seront réunis dans un seul tronc synonyme du corps ; les racines iront chercher les éléments et nutriments épars dans le subterrestre. Par la grâce de la lumière et par la photosynthèse, seront réunis ces éléments épars dans un élan vertical. C’est ici que l’arbre de la connaissance ésotérique devient l’arbre de vie maçonnique.

Je conclurais donc en disant que rassembler ce qui est épars c’est être tout entier conscient de son appartenance à un Tout d’une complexité aussi ordonnée qu’harmonieuse. Ce rassemblement se fera sans orgueil ni prétention égotique à peine de babélisation de l’Œuvre…

Pour l’apprenti libéré le compagnon libre ou le maître libre, le Tout sera dévoilé progressivement et graduellement et sous une forme symbolique dans les diagrammes symboliques des tableaux de loge successifs.

(…)

E.°.R.°.

Voir le « Livre de l’Apprenti »  Editions du Maçon 2013, p 155

Propos de E.°.R.°.

http://www.ecossaisdesaintjean.org/article-les-trois-grands-coups-ou-le-retour-au-centre-117963058.html .

Idem 2

« Le silence contribue à éteindre les dernières cendres de l’ego profane. À cet ego profane se substitue un jeu de rôle maçonnique dont l’objectif et d’occuper le terrain laissé libre. Le but de l’initiation consiste à la domestication et la résorption de l’ego.»E.°.R.°.   Sur l’ego, je conseille la lecture de Rabi Zied Odnil : Conversations avec Marih, Rites et symboles, Tome 1. Shekinah Editions .

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 18:32

adoubement.jpg    Du respect à la fraternité.

Sur le thème général du respect, nous aurions beaucoup à dire, particulièrement dans une société multiculturelle telle que la nôtre, qui subit les forces d’attraction et de dislocation de la mondialisation.

Nous tâcherons de dépasser cet aspect purement societal pour remonter à la source même du respect. Nous tenterons de trouver dans les richesses de l’expérience initiatique un fondement universel au respect.

Quel est le fondement du respect ? S’agit-il d’une crainte d’un homme vis-à-vis d’un autre homme ou d’une institution qui sait imposer sa force ou sa supériorité ?  S’agit-il de la reconnaissance en l’autre de quelque chose d’infiniment plus précieux qu’un rapport de force basique ?

La franc-maçonnerie offre une initiation individuelle dans un cadre collectif. Ainsi, nous pouvons affirmer que la fraternité est le support et le point d’aboutissement de nos recherches. Il y a donc dans la fraternité et dans le sacré, fut-il laïc, une ressource inépuisable à toutes les prises de consciences lumineuses de l’initié. C’est ainsi que le franc-maçon lutte contre l’ostracisme, le sectarisme et l’obscurantisme. Pour y arriver, il s’appuiera sur l’épaule de ses Frères et sur la recherche de la Lumière.

Nous tenterons de démonter que le respect trouve sa source dans la quête de la Lumière qu’elle fût philosophique ou religieuse. 

Le respect, une valeur absolue ou relative ?

Le respect est une considération rétrospective pour un ordonnancement ancien reconnu ou pour une qualité humaine reposant sur la reconnaissance hiérarchique au sein du groupe.

On démontrera que l’ordonnancement ontologique et sa connaissance justifient la qualité hiérarchique du respect sur tous les plans. Le respect découle de la reconnaissance de la qualité divine à l’origine du tout, que l’on retrouvera en l’homme. La loi et la morale des hommes feront implicitement référence à une loi divine fut-elle protohistorique.

Le respect implique la connaissance de la loi constitutive de l’univers et des hommes. Cette loi est décrite et conservée par la Tradition que l’on respecte et l’on vénère.

La Tradition au sens Guénonien, organise la société des hommes en fonction de la dévolution divine dont les tables de la Loi sont une base nécessaire, mais non suffisante. La notion de respect mutuel implique une relation entre les hommes qui trouve son origine première dans la relation hiérarchique au divin puis dans l’incarnation du divin en l’homme.

On voit que le respect s’envisage dans le plan horizontal de l’humanisation de l’homme (origine seconde) et dans le plan vertical de la relation autoritaire et fondatrice au divin (origine première), ou à la grande nature.

 Le respect est une valeur absolue en regard de la causalité première.

Le prologue de l’Évangile selon Jean et la Genèse nous apporte de belles explications sur la place de l’homme dans la création.

Le respect envers Dieu s’envisage en valeur absolue dans l’Ancien Testament. Le respect s’associa à l’idée d’un absolu lié à la création. Ainsi si Dieu fait l’homme à son image nous pouvons prétendre que l’homme est redevable à Dieu de son existence et de sa conscience. Sa conscience le rend débiteur par la représentation mentale qu’il se fait de Dieu. Sans conscience, l’homme ne peut se représenter une puissance créatrice. Dieu n’existe et ne provoque le respect que par le pouvoir représentatif de la conscience.

C’est ainsi que Moise se déchausse devant le buisson ardant et que l’homme se prosterne devant Dieu. C’est un signe de respect et une prise de conscience de l’existence d’une puissance supérieure. Tous les monuments religieux, temples et cathédrales célèbrent ce respect et la prise de conscience « axiale » du bas vers le haut. La prise de conscience est ici littéralement une élévation initiatique, car elle se fonde sur l’expérience vécue comme une transformation de soi.

Soi devient essence. L’essence de l’homme est connue par la découverte du sens de la vie qui fait le pendant de la révélation (au sens religieux, scientifique ou laïc). C’est la découverte du « soi essentiel », associée à la révélation qui impose le respect.

Le respect en tant que valeur absolue peut-il s’envisager dans le sens descendant du Grand Architecte de l’Univers envers les hommes ?

La question reste ouverte, je pense que l’Architecte prend soin et donc respecte sa création. Il s’agit d’un respect envers la vie plus qu’envers l’homme. Dans l’Ancien Testament, Dieu est craint, le lien hiérarchique est assorti de sanction. Ainsi la puissance divine se respecte pour sa capacité d’accorder et d’ôter la vie (épisode du Déluge).

Par tradition le Roi et le Pape sont détenteurs du pouvoir divin par représentation divine qui est figurée dans la couronne ou la tiare. Ils sont investis d’un lien particulier avec le divin. Ce lien s’appelle la conscience du divin. Pour autant le citoyen ne disposant pas de cette dévolution est dans un respect absolu de la fonction Royale ou Sacerdotale. Ce sont des fonctions ou charges qui s’exercent traditionnellement au nom du Divin.

On illustre cette relation respectueuse de la représentation divine par incarnation-procuration d’un Saint Louis rendant la justice sous un chêne. Il tranche avec son épée le différend. Il rend justice au nom de Dieu de qui il tient son pouvoir. Il exerce ce pouvoir délégué sous un chêne, c'est-à-dire en relation avec le Très-Haut. Le respect et la reconnaissance de la valeur descendante sont immédiatement reliés à une hiérarchie ascendante. Ici s’établi solidement une échelle graduelle montante et descendante qui celle de l’éveil de la conscience.

C’est ainsi que, du respect pratiqué par la voie de la justice divine, naissent rigueur et miséricorde. Nous allons découvrir que le respect est aussi lié à une notion révolutionnaire qui nourrit la conscience de l’homme : l’amour.

          2) Le respect en valeur relative liée à la connaissance de soi.

Le respect devient une valeur relative lorsqu’il se situe dans une valeur humaniste ou humanisante.

La relation ne se fait plus entre un homme et un représentant de la puissance divine, mais entre deux hommes, deux tribus, deux peuples, etc. D’un point de vue vertical, nous passons à un point de vue horizontal.

L’autre étant une image de soi, un miroir, le respect de l’autre implique le respect de soi. C’est ce que nous apprenons en Loge.

Le respect de soi n’existe que si l’on a appris à se connaître soi-même, ce qui est le but premier de toute initiation. En respectant l’autre, je tente de réparer le crime d’Abel par Caïn, le crime fondateur de Remus par Romulus. Je tente par le respect de reconstituer ou d’établir une unité originelle en ne commettant aucun crime et en reconnaissant la valeur universelle de l’autre. Mon alter ego devient mon ego. Le respect devient une tentative d’unification à l’autre, et là nous ne sommes plus très loin de l’amour.

De cette attitude découlent les valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté qui n’ont pas d’autres fondements que le respect de la loi d’amour.

Ce sont des valeurs qui font progresser l’humanisation de l’homme. Il faut préciser que les valeurs humanisantes se sont développées sous couvert de la loi d’amour. Cette loi est celle du Nouveau Testament, elle implique l’incarnation du Logos en l’homme. Ainsi, mon frère est aimé pour ce qu’il est, c'est-à-dire créature de Divin pour certains, ou miracle de l’évolution pour d’autres.

Le meurtre établissant le pouvoir de l’homme sur les autres hommes usurpe et falsifie le respect de la loi d’amour et conduit à l’asservissement. La négation de l’autre est une absence de respect et donc un crime contre « l’homme fils de la lumière ».

Ainsi le pseudo respect de l’autre en l’absence d’une connaissance approfondie de soi n’est qu’un usage social de paix et de bienséance entre des individus qui s’ignorent.  Ils ne connaissent rien d’eux-mêmes, et donc des autres. Ici la règle sociale domine et s’impose à la connaissance de soi. Il faut savoir que la règle sociale découle de la Tradition qui autrefois avait un sens en regard de principes fondamentaux qui réglaient l’univers et les hommes. L’homme n’était autrefois qu’un élément du Tout, à l’image du Tout.

De la dégénérescence de cette Tradition subsiste des usages comportementaux respectueux que l’on attribue à la morale, mais dont les véritables racines se situent dans la Loi constitutive du Tout.

Ainsi se dessinent deux conceptions lumineuses du respect qui sont les deux faces, humaine et divine, d’une même pièce : cette pièce s’appelle l’ordonnancement lumineux de l’univers. (Ordo ab chaos)

Le respect dans le cadre de l’appartenance à un groupe, une tribu, une corporation se ritualise par des codes et des grades. C’est la notion d’appartenance qui induit le rituel de transmission. Celui –ci n’a de sens que dans une hiérarchie d’âges et de compétences. C’est le respect dû à l’âge de sagesse ou le respect dû au grade.

Le respect en valeur relative va plus loin que la tolérance qui fait de la différence une valeur humanisante. Le respect doit rétablir un lien ontologique à défaut il ne serait que crainte et domination.

Le travail du maçon consiste à rétablir dans sa relation fraternelle et dans la connaissance de soi, le fil conducteur du principe créateur, ou du miracle de l’évolution. Cette connaissance de soi implique le respect d’une puissance ontologique et de la racine lumineuse du frère.

Nous conclurons cette partie en constatant que le respect de l’absolu nous vient de l’Ancien Testament avec l’idée d’un Dieu autoritaire, alors que le respect fraternel nous vient de l’incarnation du logos en l’homme. Cette incarnation donne la notion d’amour. Dans ce dernier cas, celui du Nouveau Testament, l’amour implique le respect, car chaque homme détient en lui une parcelle du divin.

3) Le respect sans conscience.

Enfin le respect dans la méconnaissance de soi, et qui plus est, sans le sentiment d’autonomie et de libre arbitre, substitue à la reconnaissance de la lumière une basse servitude. Ce n’est plus ici ni la reconnaissance de la compétence ou de la sagesse, ni encore la reconnaissance des lois de l’univers ou de l’autorité de droit divin. C’est tout simplement la négation de soi. L’esclavage nie l’humanité de l’homme et ne reconnaît à celui-ci qu’une valeur marchande, utile ou raciale. L’homme n’est alors plus le fils de Dieu, il ne connaît que le bâton ou l’avoir.

Il fallut aux Hébreux s’arracher à la servitude de Pharaon en franchissant la mer Rouge, pour avoir à nouveau le respect de soi. (Pessha)

Le respect du Divin quelque soit sa dénomination, s’accompagnait parfois du respect de l’homme parce que créature de Dieu. Cette attitude cessa lorsque dans les temps modernes, l’homme entrant dans le positivisme et le rationalisme pensa que Dieu était mort (Nietzche). « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? »

— Le Gai Savoir, Livre troisième, 125.

 

Cette pensée enferma l’homme dans une fausse liberté qui rompit les amarres avec le respect envers plus haut. C’est ici que le relatif perdit de vue l’absolu. Il n’y avait plus de hiérarchie de valeurs, l’homme était le centre de tout se prenant pour Dieu lui-même.

Désormais seul le respect de soi prévalait et devait se qualifier et se quantifier en avoir et progrès social. L’homme pilla la création qu’il croyait sienne et se comporta en démiurge égotique. L’apprenti sorcier pensait recréer le monde en oubliant le grand schéma ontologique.

Sans plans du Temple à rebâtir, le feu de Prométhée se rependit désormais entre toutes les mains. L’homme mit le feu à la planète. L’homme ne construit plus que des tours de Babel, les cathédrales devinrent des objets touristiques.

C’est ici le manque de respect au Tout qu’il faut mettre en avant.

Ce manque, cette perte du lien respectueux se traduit par l’incapacité de reconnaître que le savoir n’est pas la Connaissance… le respect est une seconde nature lorsque l’on tente de « connaître ».

(…)

 

Nous avons vu qu’il ne peut y avoir de respect sans Conscience pour représenter l’absolu, mais la Conscience de l’absolu se structure sur la connaissance du plus haut et de soi. La connaissance s’aborde par les voies initiatiques.

4) Du plan à l’action.

Il ne peut y avoir de respect sans lecture lumineuse du Plan divin ou ontologique. La méconnaissance de soi ne permet pas de comprendre le sens profond du Respect. Nous pouvons ainsi conclure par une variante du Gnôthi Seauton «  Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux » qui veut dire « respecte-toi toi-même et tu respecteras l’Autre et le Divin ».  Ceci explique l’utilité du caractère fraternel des trois voies initiatiques : artisanale, chevaleresque et sacerdotale.

Le franc-maçon agira de manière lumineuse dans un cadre individuel ou collectif, tout en restant fraternel.

En Franc-maçonnerie, mon Frère est mon égal, si je me respecte je respecte l’autre. Néanmoins, il demeure un lien hiérarchique qui repose sur le principe organisationnel propre à tous les groupes sociaux. Ici la reconnaissance particulière du grade ou degré signifiant (en principe) un état d’avancement dans la connaissance initiatique. C’est le respect de celui qui semble plus avancé sur le chemin de la lumière, en capacité de transmettre, qui assurera la pérennité de la voie initiatique. Pour autant un frère reste l’égal d’un autre frère, quelque soit son grade, pour la lumière qui réside en lui. La lumière, en tant qu’éveil de la conscience, nous rend libres, égaux et fraternels.

Finalement le Respect trouve sa source dans « l’identification consciente » de la Lumière en Dieu, Grand Architecte de l'Univers et en l’Homme.

(…) E.°.R.°.

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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 18:00

    Ce sujet apparemment classique sera traité dans premier aspect utilitaire avec un aperçu symbolique et corporel (I), puis dans une deuxième partie à paraître la semaine prochaine, nous tenterons l'interprétation anagogique qui permet de comprendre le travail dans la lumière (II) du franc-maçon et le véritable sens de la deuxième paire de gants:

 

    I) Comment parler des gants sans commencer par les mains qu'elles contiennent.

 

Le corps est la mesure de toute chose, disait Merleau Ponty à la suite de Protagoras.

La main, premier outil de l'homme, est aussi la somme de toutes ses connaissances.

Ces petits sacs contiennent alors d’incroyables trésors...

Des outils qui nous servent à perser, mesurer les distances, mais aussi les degrés pour la navigation ou l'astronomie. Ils nous ont également servis à transmettre toutes sortes de savoirs en complément de l'oralité et de l’écriture depuis des millénaires.

Cherchant depuis toujours à les protéger contre le froid en les recouvrant de fourrure (§1),  de peau contre les piqûres pendant la cueillette des mures, (§2), ou du feu de la forge, ils seront généralement faits de peau de chevreau (§3). Au moyen-âge, les tailleurs de pierre, les poseurs ainsi que  les mortelliers mettaient également des gants pour se protéger des écorchures et des brûlures de la chaux. Et ainsi imbibé de poussière de minerai, le chevreau devint blanc, jusqu'à devenir le signe spécifique de cette corporation.

Les gants en cuir épais des ouvriers devinrent différents des gants réservés aux Maîtres qui marquaient ainsi leur suprématie sur les exécutants. Les gants sont protecteurs d'une part et signe de compétence accrue d'autre part.

La première corporation de gantiers quant à elle vit le jour en France en 1346.

De part ses points d'ancrage au maçon opératif, au gantelet d'armes (§4) ou de chasse, le gant reste essentiellement masculin.

Les Gaulois font du gant un élément de prestige mais ce sont les Carolingiens qui l’élèvent au rang de symbole religieux.

Parallèlement et pour ne pas perdre le fil, le développement du tricot dû probablement aux Coptes (§5), est accéléré et amélioré par des prescriptions liturgiques qui apparaissent en 785; elles imposent en effet aux évêques et prêtres de porter des gants non cousus, bien ajustés aux doigts, pendant la messe pour la consécration du pain et du vin (§6) .

Ils sont d’abord tricotés en lin, car pour rappeler la tunique du Christ le gant n’est jamais en peau, tricoté en soie naturelle ou blanche, ils seront par la suite colorés, souvent en rouge, jamais en noir.

Le gant devient le troisième attribut épiscopal après la mitre et la crosse.

 

Dans les tarots anciens, les personnages des cartes "II LA PAPESSE" et "V LE PAPE" semblent à première vue habillés de manière similaire. Ils portent tous deux un long manteau. Ils ont tous deux une tiare sur la tête. Il existe pourtant, entre eux, des différences du point de vue vestimentaire, surtout dans les accessoires. Ainsi, la Papesse est toujours montrée mains nues. LE PAPE lui, semble toujours porter des gants.

Quand les hauts prélats, dans les cérémonies très solennelles, se couvrent les mains de gants, un signe, placé sur le dessus du métacarpe, leur rappelle que leur main n'est plus, pour ainsi dire, leur propre main, mais celle du Christ Lui-même qui, par elle, absout, bénit, consacre, commande.( §7)

Ce signe indicateur, durant le moyen-âge surtout, fut quasi toujours un disque d'or, d'argent, de bronze doré et émaillé, qu'une broderie fine a remplacé, le plus souvent, dans les siècles modernes.

Il est intéressant de se remémorer les impressions de Jules Boucher (§8), observant, qu'un magnétisme réel émane de l'extrémité des doigts, estime que les mains gantées de blanc ne peuvent laisser filtrer qu'un magnétisme transformé et bénéfique, d'une assemblée de Maçons, où tous sont gantés de blanc, se dégage une ambiance très particulière,,, et de se demander aussi si ces plaques de métal ne servaient pas aussi pendant les cérémonies d'accumulateur / catalyseur théurgique... 

Dans tout les cas nos gants blancs, filtres symboliques, uniformes rituels, favorisent certainement l'égrégore.

Les Carolingiens, au IXe siècle, en font un symbole religieux et royal, signe d'autorité, d'étiquette et de déférence. Lors des sacres des Rois de France à Reims, le Roi présente des gants blancs.

Ils sont oints d’huile sainte et bénis et à la fin de la cérémonie, ils sont brûlés afin que personne ne puisse les récupérer, les porter et, de ce fait, nuire à l’intégrité de la personne royale.

Le gant va peu à peu représenter non seulement la main, mais la personne toute entière.

En France, dès le XIe siècle, le gant du Roi équivaut à sa présence et même à sa signature et il rend légitime un contrat ; lors d’un procès par exemple, la présence du gant royal justifie le pouvoir juridique du Roi.

De même, dans l’Empire Germanique, une loi oblige à la présence du gant royal afin d’établir le droit de faire battre monnaie, Il assure ainsi puissance et protection.

 

Lors de l’investiture d’un vassal et de la remise de son fief, le suzerain lui remet une paire de gants.

De même, lors de la fondation de l’Ordre du Saint Esprit en 1578, Henri III remet à ses membres des gants brodés, symbole de puissance et d’appartenance.

 

Dès le 15e siècle, le gant entre dans la parure, les femmes le portent à partir de cette époque ; il devient partie du costume, accessoire et bijoux à la fois.

La cour raffinée d’Henri III l’a doté d’une fonction d’embellissement de la main en le parfumant et l’enduisant d’onguents et de crème.

Quand Henriette de France épouse Charles 1er d’Angleterre, son unique cadeau de mariage consiste en six paires de gants enrichies de pierres précieuses tandis que la lecture des inventaires montre combien cet accessoire pouvait se rapprocher du bijou. Anne d’Autriche ne possédait-elle pas trois cent quarante-sept paires de gants ?

Le gant devient d'apparat, élément du laisser paraitre

Il est d’usage de se déganter lorsque l’on serre la main de quelqu'un.

Cette règle a une intéressante origine historique : autrefois, on pouvait craindre que ne fût dissimulée dans les gants une pointe enduite de poison ; c’est pourquoi s’est établie l’habitude d’offrir une main nue et non suspecte. Mais comme ils sont duals, les gants dextre et sénestre, possèdent aussi cette ambivalence symbolique ; ainsi, ne pas retirer son gant pouvait paraître fort discourtois voire même discriminatoire, être assimilé à de la perfidie (§11) ou encore à de la tromperie (§12).

Jeter un gant aux pieds ou a la figure d'un tiers (§13) est signe de défi, voire de provocation en duel...

Cependant, retirer son gant, s’il est une marque de courtoisie, n’a pas un caractère absolu et, comme bien d’autres, est soumis aux lieux, aux circonstances et aux personnes civiles, religieuses ou militaires en présence.

Le gant blanc reste  un symbole de pureté, de droiture, de foi.

Cet élément de la tenue vestimentaire du maçon, comme le tablier blanc et la chemise blanche, entrent en opposition avec les vêtements noirs et sont alors à l'image du Pavé Mosaïque, symbole des dualités et complémentarités universelles, ténèbres et lumière, matérialité et spiritualité, corps et esprit...que le Maçon doit s'efforcer de réunir afin de les intégrer dans son travail et dans le Tout, et qu'ils ne soient plus objets de dualité mais compléments indissociables.

« Montrer main d’ivoire », cette expression des XVIe et XVIIe siècles fait référence aux mains blanches des jeunes filles des familles princières ; afin de conserver cette blancheur, elles devaient se protéger du soleil en portant des gants.

L'ancienne locution propre aux filles «qui ont perdu leurs gants» signifie en effet qu'elles ont perdu leur virginité.

On connaît les vers de La Fontaine :

«Mainte fille a perdu ses gants,

Et femme au retour s'est trouvée

Qui ne sait la plupart du temps,

Comme la chose est arrivée...».

Jadis, la Digitale pourpre était considérée comme une plante magique associée à la magie blanche. En vieux pays celte, les femmes badigeonnaient les interstices du dallage de leurs chaumières avec une préparation à base de "gants-de-Notre-Dame", Leonard de Vinci l'aurait peinte sur le plafond du palais Forza à l'entrée du labyrinthe. Cette plante passait en outre auprès des anciens herbolaires pour, cueillie et infusée selon des rites précis, guérir les maux d'yeux, amplifier la vision.

Donner une paire de gants est, nous l'avons vu, signe d'adoubement.

 

La deuxième paire est pour la femme idéale, l'âme sœur, la parèdre, dans le monde physique, de la Mère-Éternelle, la Natura Naturanda (§14)».femme digne de «l'Amour Parfait». (§15)Il apparaît que l'image qui nous est donnée de cette compagne serait au-delà  de l'humain et tendrait vers un absolu qui ne peut être qu'au-dessus des querelles sexistes. C'est l'être auprès duquel il vous est possible, même en perdition de vous ressourcer, de vous retrouver, voire de renaître.

Donc dès le début de l'initiation du maçon spéculatif, la recherche de sa moitié est inscrite.

Au dix-huitième siècle, la grande époque de la Franc-Maçonnerie, on donnait le nom de clandestine à la femme jugée la plus digne par le nouveau Maçon. Ce terme vient du latin clandestinus, qui a pour suppôt le même latin clam signifiant secret, caché.

 

Nous pouvons donc supposer qu'il s'agissait là de la Dame de pensée des Cours d'Amour, des trouvères et des troubadours, et donc proche en temps que tradition de l'Amour parfait, cher à Dante, aux Cathares et à toute la Chevalerie médiévale.

Alors cette Dame idéale est peut être philosophale, et  peut être aussi à chercher à l'intérieur du maçon lui même, et à rapprocher du Rebis alchimique.

La réunion de ces 4 mains par la claire vision semble être une des conditions de l'accomplissement du maçon.

 

 Ces 4 mains, je les avais déjà aperçues auparavant, sur le blason d'une petite ville de haute Provence, Manosque, que l'on trouve sous le nom de Manoasca en 978 (§16) avec depuis des interprétations étymologiques diverses et variées.

Les armoiries de Manosque, qui datent de 1559, sont ainsi décrites:

 

« Écartelé d'azur et de gueules, à quatre mains appaumées d'argent, deux dextres et deux sénestres, posées une dans chacun des quartiers, les pouces affrontés.»

 

Et c'est bien de mains  (§17) d'argent (§18), donc blanche qu'il s'agit...

Étonnant, quand on y pense, de représenter la main droite à gauche et la main gauche à droite, à moins de se trouver face à une image miroir.

Mais le plus intéressant se trouve être la devise de cette armoirie : "Omnia in manu Dei sunt", que l'ont peux traduire par : « Tout est dans les mains de Dieu ».

C’est donc dans l'union de ces mains gantées que s'opère l'œuvre, une œuvre qui dépasse le rôle de l'apprenti. Les gants blancs du maçon spéculatif, pour celui qui le porte sont un signe d'humilité, ils sont Blancs, purs, innocents (§19),  et rappellent par cette éclatante blancheur comment doit se comporter le maçon face l'œuvre, sur son long chemin ; il devra tout faire pour les tenir immaculées car il les porte philosophiquement aussi dans le monde profane.

 

J.°.E.°.D.°.   R.°.L.°. "Les Ecossais de Saint Jean" 

(A suivre le 27/4 : II) Les gants blancs et le travail dans la lumière" par E.°.R.°.  R.°.L.°. "Les cherchants Ecossais")

 

 

 

§1-Son histoire est ancienne. Les premiers gants sont représentés sur les parois d’une grotte sous-marine du Paléolithique supérieur, soit 27 000 ans avant notre ère.

 

 

 

§2-L'histoire des gants remonte à l'Antiquité. Dans certaines traductions de l'Odyssée d'Homère, Laërte est décrit marchant dans son jardin avec des gants afin de se prémunir contre les mûres sauvages.

 

 

 

§3-« Les gantelets formés de mailles ou de lamelles de fer qui se chevauchent, gardent les mains du chevalier des blessures, mais surtout des contacts impurs. Qu'il n'oublie point que toute sa force vient de Dieu, le souverain Seigneur et qu'après avoir déposé ses armes et ôté ses gantelets il lui reste l'impérieux devoir de joindre ses mains nues pour rendre grâce par la prière à Celui qui lui donna la force de vaincre... »  - Raymond Lulle.    

 

  Gannat_-ancien-.svg-1-.png

 

 Les devises du blason de St Gannat sont:

 

- « Qui s'y frotte s'y pique si gant n'a! ».    

 

- « Nul ne s’y frotte sans gantelet ».

 

 

§4-Pour la ganterie, les peaux de chevreaux et d’agneaux sont principalement utilisées en raison de leur résistance et de leur souplesse. Quand elles sont travaillées du côté chair, on parle de gant « suède », et du côté poil (ou fleur), de gant « glacé ».

 

 

 

§5-La technique du tricot, due probablement aux Coptes, gagne les pays du monde islamique via les conquêtes des Arabes : la Syrie en 632, Jérusalem en 635 – ce qui va provoquer les Croisades, l'Égypte en 640, le Maghreb en 647 ; ils montent ensuite vers le Portugal et l'Espagne en 711, la Sicile en 720, la France où comme chacun sait ils sont arrêtés à Poitiers en 732, les Maures restent en Espagne jusqu'en 1492.

 

 

 

§6-En-dehors de cette interprétation qui s'impose, les gants pontificaux possèdent un autre sens symbolique dont plusieurs textes liturgiques nous sont garants : c'est qu'ils sont "l'emblème de la pureté du Christ", dont le pontife doit revêtir ses mains avant de célébrer les rites sacrés. Saint Brunon, au XIIe siècle, affirma ainsi ce symbolisme : "Vous demandez peut-être pourquoi les mains sont couvertes de gants de lin; je répondrai en deux mots : pour qu'elles soient chastes."

 

Mais le texte même de la bénédiction liturgique des gants d'un nouveau pontife est bien plus précis et formel. En voici la traduction fidèle : "... Entourez, Seigneur, mes mains de la pureté du nouvel homme qui est descendu du ciel, afin que, comme Jacob, votre bien-aimé, les mains couvertes de la peau des chevreaux, a obtenu la bénédiction de son père en lui offrant une nourriture et un breuvage très agréable, de même, je mérite, la bénédiction de votre grâce par l'oblation que nos mains vous font de l'hostie salutaire"... (De consecratione electi in episcopum Pontificale Romanum).

 

 

 

§7-Les gants sont remis à l’évêque dès le IXe siècle lors de son investiture en même temps que sa bague et ses sandales. Une fois les mains ointes et bénites, les gants permettent de les protéger contre les souillures du monde matériel et de conserver ainsi leur pureté. L’évêque ne porte ses gants qu’à la messe conjointement avec les sandales. Il les prend immédiatement après la dalmatique ; un acolyte les lui offre sur un plat, le diacre lui passe le droit et le sous-diacre le gauche. Il les retire quand il a fini de réciter l’Offertoire. Lorsqu’un évêque est dégradé, ses gants lui sont ôtés des mains par les diacres.

 

Au XIe siècle, les abbés obtiennent le droit de porter des gants brodés d’une croix. C’est la couleur des gants qui va alors indiquer la fonction du prélat : rouge pour le cardinal, violet pour l’évêque et blanc pour le pape.

 

 

§8Les gants blancs sont, en Maçonnerie non seulement un symbole, mais encore objets rituels. On sait, de façon certaine, qu'un magnétisme réel émane de l'extrémité des doigts et les mains gantées de blanc ne peuvent laisser filtrer qu'un magnétisme transformé et bénéfique. D'une assemblée de Maçons, où tous son gantés de blancs, se dégage une ambiance très particulière que ressent d'ailleurs très nettement le moins averti. Une impression d'apaisement, de sérénité, de quiétude, s'ensuit tout naturellement. La modification apportée par ce «signe extérieur - est plus profonde qu'on pourrait être tenté de le croire. Il en est ainsi d'ailleurs pour maints de nos symboles, qui deviennent efficients lorsque, du plan - mythique…ils passent sur le plan -rituel-... » \cf. Jules Boucher : La Symbolique Maçonnique. \Dervy éditeur l981).   

§11-Hérodote, dans son Enquête (440 av. J.-C.), raconte comment Léotychidas a été incriminé par un gantelet rempli d'une somme d'argent qu'il avait reçue comme un dessous de table.        

§12-A côté de leurs fonctions de protection, les gants dissimulent aussi la personne qui les porte.    

Le voleur qui ne veut pas laisser d’empreinte doit penser à les enfiler. Dans le but de tromper, ils deviennent fort utiles. Il est fait mention d’un tel usage dans la Bible lorsque    

Rebecca, pour tromper le vieil Isaac, recouvre les bras d’Esaü de peau de chevreau afin qu’il prenne la place de son frère aîné. (Genèse, c.27, 16).« Rebecca prit les plus beaux habits d’Esaü, son fils aîné, qu’elle avait à la maison, et en revêtit Jacob, son fils cadet. Avec la peau des chevreaux, elle les lui couvrit les bras et la partie lisse du cou. » (Genèse, 27- 15, 16)    

Dans le domaine religieux, La Bible est le premier ouvrage à évoquer une peau couvrant les mains. Le magicien a encore aujourd’hui recours à un tel stratagème ; le spectateur, captivé par les gants blancs, ne se rend pas compte de l’illusion opérée par le prestidigitateur !    

§13- Une légende italienne, que nous sommes porté à croire fort antique, raconte qu’un Juif, appelé Malc, donna à Jésus un soufflet avec un gant de fer ; en punition, il est condamné à vivre sous terre, tournant toujours autour d’une colonne (sans doute la colonne où Jésus fut attaché) ; à force de tourner, il a creusé profondément la terre sous ses pas. Il se frappe avec désespoir la tête contre cette colonne, mais il ne peut se donner la mort, car sa sentence est de souffrir ainsi jusqu’au jugement dernier. Le nom originel de ce personnage est Malc et non Marc (bien que cette dernière forme soit la plus répandue), et c’est bien le même Malc auquel saint Pierre coupa l’oreille et que Jésus guérit. Dans tous les mystères du Moyen Âge, on le représente comme ayant pris part aux tortures de Jésus, malgré le bienfait qu’il en avait reçu. Un curieux passage d’une chanson de geste nous a seul conservé une légende fort semblable où Marcus, qui n’est plus le soldat blessé par Pierre, mais le lépreux guéri par le Seigneur, frappe le Christ, et est l’objet d’une malédiction particulière, à l’aide de laquelle on expliquait bizarrement l’incurabilité de la lèpre :

 

Dius, tu garis Marcus, ki tous fu enleprés :Mesiaus fu de viaire et de bouche et de nés,Li premiers hons en terre ki en fu encombrés.Ice fu li premiers, dire l’oï letrés,Ki te mist a l’estache quant tu i fus menés,Et tu le maudesis, meïsmes Damedés,Ke jamais pour s’amour ne fust lepreus sanés,Ne sera il pour voir, ja Dius n’en ert faussés 5.Répandue à Venise, à Naples, en Sicile, la légende de Malc a donné lieu à des expressions proverbiales qui en attestent la popularité 5. Fierabras, v. 1186 ss.    

§14-rites de Memphis Misraïm et Misraïm, en vous relisant ce que dit le V\M\ : « La seconde paire, vous l'offrirez à la Femme que vous chérissez le plus, non pas pour sa beauté matérielle, non pas pour l'attrait qu'elle constitue pour vos sens, mais à la Femme qui concrétise pour vous, à son maximum, l'Âme-Soeur, la Femme-Idéale, la parèdre, dans le monde physique, de la Mère-Éternelle, la Natura Naturanda».    

§15-ROBERT AMBELAIN, dans son ouvrage : SCALA PHILOSOPHORUM OU LA SYMBOLIQUE MACONNIQUE DES OUTILS,  Se rapportant à Oswald Wirth.    

§16--L'étymologie réelle et le sens du toponyme sont encore à l'heure actuelle sujets de controverses. Les formes les plus anciennes connues sont Manoasca (978-984), Manuasca (1013), Manoascha( 1019), Manoscham (1205)  et enfin Manosque au XVIè siècle. Plusieurs explications sont proposées:

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1. du pré-indo-européen *man-, « rocher, hauteur» (  cf. Mane, Alpes-de-Haute-Provence) et suffixe ligure -asca ( A. Dauzat et Ch.Rostaing)

 

2. du latin manua, « poignée, gerbe» et suffixe celtique -osca ( A. Nègre ) ou suffixe ligure -asca (Deroy et Mulon). Le composé manua-osca aurait eu le sens du provençal magne, « botte de paille peignée pour toiture ».

 

3. un rapport d'appartenance à un fondateur ou à un propriétaire comme pour Tarascon à moins qu'il ne s'agisse d'une référence à la ville de Mane toute proche dont Manosque n'aurait été qu'une dépendance ( Deroy et Mulon).

 

§17---ÉTYMOL. ET HIST. − 1690 hérald. (Fur. : Appaumé [...] qui se dit d'un Escu chargé d'une main étenduë, & qui monstre la paulme : sur quoy quelques Blasonneurs ont dit en proverbe, Je te donneray les Armoiries de Varroquier, pour dire, Je te donneray un soufflet, a cause que ses armes sont une main appaumée). Dér. de paume*; préf. a-1*; suff. *.

 

§18-L’argent est, en héraldique, un métal de couleur blanche.  En représentation monochrome, il est symbolisé par un fond blanc, uni et sans aucune hachure Dans les armoiries imaginaires, l'argent est le seul des sept émaux (or, argent, gueules, sable, azur, sinople et pourpre) et des fourrures (hermine et vair) utilisés qui n'a jamais de signification péjorative.    

§19-Car on dit aussi que les gants blancs du Maçon signifient que ses mains sont nettes parce qu'il n'a pas participe au meurtre d'Hiram.

 

 

 

 

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 23:33

    Comment à partir du compas et de l'équerre, retracer le chemin rayonnant de la Lumière?

Nous envisagerons dans une première partie le couple indissociable du compas et l'équerre (planche au 1er degré de notre F.°. J.°.P.°.C.°.). A partir de ce rappel nous aborderons l'effet rayonnant de cette superposition sur le "Volume de la loi sacrée", ou "Livre de sagesse" appelé la Bible. 

 

 COMPAS et ÉQUERRE


 

Pour le profane, le compas et l’équerre, sont des outils-instruments. Que ce soit pour prendre des mesures, dessiner des formes géométriques, ou faire du dessin industriel, nous les avons tous utilisés sur les bancs de l’école. Mais, si en effet, ces instruments servent à ces tâches, pour les Initiés, plus que des outils, ils représentent des symboles.

 

En quoi ces outils sont-ils symboliques et différents pour nous ?

 

Sans dissocier le compas de l’équerre, dans cette planche, je m’efforcerai de donner leur sens symbolique, en démontrant leur capacité à associer la pensée et l'agir. Ce mariage d'un grand dessin et d'un noble travail aboutit à "former" l'Oeuvre". "L'Oeuvre" relate toujours  la présence de l'esprit dans la matière.

 

 

Le compas

 

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Que nous dit le Larousse : nom masculin du latin « compassare » qui veut dire mesurer.

Instrument de tracé ou de mesure composé de deux branches articulées, reliées par un axe à une extrémité.

 

Je rajouterai outil de précision. On peut s’en servir pour tracer des cercles, des demi- cercles, des points de repère, des segments, pour prendre et rapporter des mesures.

 

Au cours des siècles, le compas s’est modernisé.

Il existe plusieurs modèles de compas ; ils sont classés en fonction de deux critères : leurs caractéristiques de conception (compas à charnière, à ressort) ou leurs utilisations (compas d’intérieur, d’épaisseur, etc.).

 

À travers les âges et historiquement, il fut un instrument de calcul, utilisé par un grand nombre de professionnels : architectes, savants, astrologues, ou mathématiciens.

 

De l’antiquité détenu par les Sumériens, puis transmis aux Égyptiens, il a traversé le Moyen Âge en passant par la Renaissance.

Pour se trouver de nos jours dans les ateliers pour bricoleurs ou professionnels et sur la table du Vénérable pour les Initiés.

Nous détenons donc un outil qui aurait plus de 3500 ans.

 

C’est un instrument de calcul et de mesure, précurseur de la règle à calcul et de toutes les méthodes de calcul fondées sur l’analogie géométrique.

 

On le trouve sur des sculptures, des tableaux, et même dans le tarot de Marseille il figure sur le sautoir que porte l’impératrice                                      

Il peut- être représenté sur un drapeau, et également sur le blason d’une ville, comme celui de Rieumes, en Haute-Garonne.                   

 

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Le compas a une forte symbolique dans la notion de Grand Architecte de l’Univers.

 Le Grand Architecte de l’Univers est Dieu. On le considère comme une force créatrice ; et il est l’ordonnateur de l’Univers, du Chaos.

Nous trouvons aussi le compas dans l’arbre cabalistique qui illustre un peu la compréhension de l’ouverture du compas, de la transformation de l’homme esprit par l’intermédiaire des émanations invisibles de la structure matrice de l’homme divin.

Sur cet arbre, nous avons dix cercles représentant les émanations de Dieu.

Mais pour passer d’un monde à l’autre, le compas est indispensable pour l’ouverture de l’esprit à travers les émanations.

 

Nous avons aussi l’expression « avoir un compas dans l’œil » qui représente symboliquement l’esprit de calcul .

Le compas nous donne l’ouverture et l’écartement à adopter, que ce soit pour la direction intellectuelle, la droiture, la tempérance, et la façon de porter un jugement.

Son idée n’étant pas palpable, l’effort ne peut venir que du Franc- Maçon pour le ressenti de l’ouverture.

Souvenez-vous lors de votre initiation, nous l’avons utilisé, la pointe sur la mamelle gauche.

 

Le compas nous permet de prendre du volume entre les dimensions métaphysiques !

 

De la pointe d’une branche dans la matière à l’autre dans le psychisme, il permet comme le voyage astral d’être matière et émanation, de pouvoir marcher avec proportion, avec un pas droit et mesuré.

À partir de la matière, nous pouvons atteindre le spirituel.

 

Le compas est variable, modulable ; il ne reste pas figé ; nous pouvons améliorer à tout moment l’ouverture.

Une ouverture qui se fait à 45°, 60°, 90°, selon les grades. Il peut aussi être ouvert à 180° mais à ce niveau, il n’est plus fonctionnel.

Il peut aussi devenir équerre. À 45° sa liberté créatrice surplombe la matière qui est non évolutive et qui engendre la non-création de notre émanation spirituelle perçue par les mondes pour lesquels la perception ne peut pas se faire.

 

Le compas est donc indispensable pour l’équilibre évolutif dans la progression maçonnique.

 

L’équerre

 

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Son nom vient du latin « exquadrare » qui signifie « rendre carré » et tout particulièrement « équarrir ». Elle est l’union d’une ligne horizontale et d’une ligne verticale.

 

Une équerre est un objet, plus précisément un outil qui nous permet de définir un angle droit (90°). Les architectes, les mathématiciens, s’en servent pour tracer des figures géométriques ; elle est également utilisée par les travailleurs du bois et de la pierre.

 

L’équerre, dans son principe, en tant qu’objet, est présente en tout et pour tout ; elle est indispensable à l’homme pour tout type de fabrication ; rien ne se fait sans elle.

Sauf exception pour certaines constructions, comme les murs cyclopéens de la civilisation mycénienne non soumis à l’équerre, ou comme au Moyen Âge pour l’édification des murs de pierre non cubiques, mais grossièrement façonnés au biseau par les bâtisseurs.

Par ailleurs, il suffit de regarder notre paysage urbain pour constater que les murs de soutènement de nos tranchées ferroviaires sont assez souvent faits de moellons non équarris. 

 

Plus près de nous, on l’utilise pour faire les murets de pierres sèches de nos jardins, les murs de soutènement de nos cultures en terrasses.

 

Elle a permis l’élaboration du théorème de Pythagore.

 

En Égypte, sur la tombe de l’architecte Sennedjem, il est indiqué que le Dieu de la lumière Rê-Horakhty-Atoum et le Dieu des artisans Ptah sont tous deux des maîtres au sujet de l’équerre. Elle est également l’emblème de la déesse égyptienne Maôt.

   

 

Dans l’histoire, elle est présente à l’époque des Sumériens, grands mathématiciens et astronomes, premiers bâtisseurs en dur de notre civilisation. 

Ils ont hérité d’une connaissance que certains considèrent divine, extraterrestre, ou humaine.

 

Dans le temple maçonnique, l’équerre est le symbole le plus présent.

Elle se trouve principalement à l’est du temple (à l’Orient).

Elle est représentée sur le tableau de la Loge et apparaît sur le Pavé mosaïque.

Les trois Grands Piliers forment aussi une équerre.

 

 

L’équerre désigne la fonction du Vénérable Maître.

Elle est suspendue à son sautoir.

 

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Elle nous fait penser à la droiture.

 

Elle est placée sur le compas à ouverture lors des travaux au grade d’apprenti, car la matière domine l’esprit en travaillant la matière.

 

L’équerre est l’union d’une ligne horizontale et d’une ligne verticale représentant le ciel et la terre.

Le croisement de ces plans horizontal et vertical, par l’angle que fait la terre avec le ciel, est un passage.

Cet angle droit est obligatoire et symbolise une ouverture dans un champ magnétique nous faisant transiter entre la pesanteur et la gravitation. Ce qui nous place entre deux dimensions : physique et spirituelle.

 

J’avais le genou droit sur une équerre lors de mon initiation, car j’étais en rapport avec la matière.

 

L’équerre est présente dans toutes les postures du Frère aux différents grades. Son pied, son coude, son pouce, ses doigts, son corps tout entier, sont mis à contribution pour incarner l’équerre passage obligatoire pour le cheminement de la transformation de l’homme.

 

conclusion 

 

L’équerre et le compas sont le langage sacré. On ne peut rien faire sans la compréhension et l’application de son symbolisme.

L’équerre et le compas sont aussi des moyens de communication avec le Divin.

En ayant les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, nous pouvons ressentir les émanations de ces deux objets.

 

Nous devons modifier notre sang provenant du monde profane et le transformer en sang maçonnique par l’intermédiaire de ces émanations.

JEA.°. PAS.°. CAS.°.     R.°.L.°." La lumière Ecossaise" 

 

L’équerre le compas et la Bible. Vers le principe rayonnant

 

 

L’équerre et le compas sont posés sur la Bible au REP aussi bien à l’autel du Vénérable que sur le tableau de loge. Dans une association permanente, ils ne sont pas dissociés au grade d’apprenti. Ce couple symbolique est synonyme de la communion de l’esprit pour le compas et de la matière pour l’équerre. Cette communion ne rayonne que par le Livre. Autrement dit, l’étendue des connaissances du Livre doit être limitée, mesurée et bornée par l’ouverture du compas. La rationalité de l’équerre s’associe à l’intuition mesurée du compas. C’est une indication sur la manière dont le maçon doit pratiquer la lecture de ce livre de Sagesse. Il posera sa réflexion entre l’équerre de la raison et le compas mesuré de l’esprit. Il contiendra sa pensée entre les deux branches du compas, lui évitant tous les excès propres aux dogmatismes.

 

 

 

L’équerre est le symbole de l’art du franc maçon. Il ne peut y avoir de progrès dans le passage de la pierre brute à la pierre taillée sans le contrôle de l’équerre. Ce contrôle est l’expression d’une rationalité portée jusqu’à la perfection C’est le sens du bijou porté par le Maître de Loge. Ce dernier a pour mission de former des maçons épris de perfection. La transformation de soi oblige à une discipline parfois laborieuse. La mesure des progrès accomplis ne vaut que pour soi-même. L’intersection des deux branches de l’équerre est un point de rassemblement de deux directions différentes, vestige d’une abscisse et d’une ordonnée originelle[1]. Quatre équerres forment un carré symbole de la terre, si nous inversons les équerres nous obtenons une croix. Chaque angle est la projection du centre du carré. Donc chaque carré est le développement d’une croix formant abscisse est ordonnée d’une source originelle. Le centre fondateur du carré se retrouve décliné dans l’angle de chaque équerre.

 

Le compas relie un centre fondateur et ontologique à une périphérie manifestée appelée cercle. Le compas relie notre actualité à l’unité des origines. Comme pour l’équerre nous retrouvons un centre et son expression directe ; mais aussi un point d’intersection entre les deux branches du compas qui rend constante l’expression du centre par le rayon. Le rayonnement du centre est le Logos et le Verbe de la Genèse. On notera qu’au premier degré où le carré domine le cercle, l’angle du carré n’est pas l’expression rayonnée du centre du cercle.

 

On comprend que les trois symboles appelés les « trois grandes lumières » à certains rites vont servir de base méthodologique pour lire et interpréter le tableau, diagramme synthétique de la création-manifestation. Tout remonte à la parole où au verbe transcrit en langage sacré à l’origine et que nous devons épeler avant de lire.

 

Au 1er degré l’équerre domine le compas, c'est-à-dire que la matière domine l’esprit. L’apprenti ne peut percevoir l’étendue de ses possibilités. Il doit s’en remettre au second surveillant qui guide ses pas dans l’univers des symboles. Son comportement doit être droit et sincère.

 

Au 2eme degré l’équerre et le compas sont entrelacés. Les deux principes s’équilibrent. Le compagnon commence à percevoir un sens à ce qu’il fait, les zones d’ombre sont moins nombreuses, son autonomie est plus affirmée. Il comprend le sens du travail et son discernement s’affirme. Les zones d’intersection du cercle et du carré tendent vers une quadrature impossible du cercle.

 

Au 3eme degré l’équerre est dominée par le compas, ce qui veut dire que l’esprit survole ou s'échappe de la matière. Plus qu’une domination de la matière par l’esprit, c’est de transcendance dans l’action qui s’impose. Il s’agit toujours d’un travail sur la matière, mais dont le sens échappe à la pesanteur obscure de celle-ci. On remarque que le rayon du cercle correspond à la projection du centre du cercle avec l’angle de l’équerre.

 

Contrairement à d’autres rites qui ont délaissé la Bible jugée trop religieuse, nous l’avons conservé comme un livre sacré ou livre de sagesse universelle. À ce titre, l’aspect religieux peut être dépassé dans un sens œcuménique faisant ainsi une place au libre arbitre. Cependant ce livre sacré présuppose l’existence d’une force, d’une entité considérée sacrée, à l’origine du Tout sans la nommer religieusement. L’élégance de nos aînés au XVIIIe siècle est d’avoir synthétisé ce concept sous l’intitulé Grand Architecte de l’Univers. Les trois éléments ainsi disposés constituent dans la plupart des rites les trois grandes lumières de la loge. Au REP il s’agit indiscutablement de lumières qui "éclairent" notre pensée symbolique, les grandes lumières restant celles de nos glorieux anciens à savoir le Soleil, la Lune et le maître de loge.

 

On remarquera la correspondance frappante entre la figure bible, équerre compas et l’hexagramme et le nom ineffable. La bible est Écriture sainte de même que le nom ineffable.

 

La première figure est relative aux instruments qui permettent de concevoir la totalité unitaire de la seconde. On perçoit une démarche axiale d’élévation qui est la suivante : l’intersection des deux branches de l’équerre réunit les deux directions manifestées en un point unique, de même l’œil ou la rotule du compas unit par ces deux branches le point ontologique unique et immatériel du centre à la manifestation représentée par le cercle. Ces deux points de rencontre se rejoignent dans un même axe reliant le haut et le bas. L’hexagramme est la figure par excellence qui annonce l’analogie entre le haut et le bas. L’intersection est ici le centre des deux triangles montant et descendant représentés par un centre ontologique. Ce centre est ici nommé en langage sacré. Sa lecture réservée est donc l’apanage du verbe créateur.

 

L’alignement ainsi formé dans la correspondance des deux figures représente l’axe de la lumière que suivra l’apprenti.

 

Nous conclurons en précisant que l’équerre et le compas sur la Bible organisent un cheminement progressif vers le centre qui régénère, symboliquement situé entre l’équerre et le compas.

 

E.°.R.°.

[1] Les deux branches de l’équerre peuvent être égales comme figurées au tableau de loge ou inégales comme le bijou porté par le Vénérable Maître. Les branches sont dans les rapports 3 et 4 qui permettent de découvrir une mesure cachée qui sera étudiée au grade suivant.  

 

                                        

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 22:15

 

La Lune et le Soleil

Le couple Lune et Soleil assiste le Vénérable dans la transmission de la lumière. Étudier ces deux "astres", c’est raconter l’émergence de la conscience lumineuse de l’humanité. C’est aussi reconnaître leur complémentarité dynamique. Dans un second temps nous aborderons la médiation lumineuse : comment traduire la lumière en loge ? Comment expliquer l’apparition de la lumière et de l’ombre ? Qui se charge de la transmettre la lumière, d’où tient-il ses pouvoirs ? Quelles sont les relations entre la Lune le Soleil et le maître de loge et la Bible le Compas et l’Équerre ?

 

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Depuis la nuit des temps

Les premiers hommes n’ont eu que comme seuls repères le Soleil et la Lune. Ces deux astres rythmaient leur vie au fur et à mesure des saisons. Cette influence, du Soleil et de la Lune a toujours été primordiale pour l’organisation de la vie sur terre. Ainsi les cycles ont été les premières références temporelles permettant de définir une unité de temps : mois (lunaires), année (saisons), hier (passé), aujourd’hui (présent), demain (futur). Cela se manifeste par de nombreux calendriers anciens, Chinois, Mayas, Égyptiens (lunaire avant d’être solaire) et d’autres, toujours d’actualité tel que le calendrier lunaire dans la religion musulmane.

 

L’influence du Soleil et de la Lune a été également omniprésente dans la domestication de la nature où plutôt devrai-je dire, de la compréhension de cette nature indispensable à la survie de l’homme.

 

Les rythmes lunaires influent sur les plantations en fonction de la distance (rythme anomalistique : apogée et périgée), de la position orbitaire (rythme draconitique), lune ascendante ou descendante (rythme tropique lunaire). Cette agriculture biodynamique permet également d’envisager un impact certain sur l’élevage. N’oublions pas les incidences lunaires sur les marées ainsi que sur le climat.

 

L’énergie solaire transmise par rayonnement rend possible la vie sur Terre par apport d’énergie thermique et de lumière, permettant la présence d’eau à l’état liquide et la photosynthèse des végétaux. La polarisation naturelle de la lumière solaire, après diffusion ou réflexion par la Lune ou par des matériaux tels que l’eau ou les cuticules végétales sont utilisées par de nombreuses espèces pour s’orienter dans l’espace.

 

Le rayonnement solaire est aussi responsable des climats et de la plupart des phénomènes météorologiques observés sur notre planète. En effet, le bilan radiatif global de la terre est tel que la densité thermique à la surface de la Terre est en moyenne à 99.97 à 99.98% d’origine solaire.

Ces flux thermiques sont continuellement émis dans l’espace sous forme de rayonnement thermique infrarouge. La terre reste ainsi en « équilibre dynamique ».

 

N’oublions pas l’incidence du Soleil et de la Lune sur l’orientation des marins ou simples promeneurs leur permettant ainsi de se diriger et de se situer dans l’espace et dans le temps.

 

En astrologie, on associait déjà le Soleil et la Lune dans de nombreux cultes. Après l’ère glaciaire, du mésolithique (8000 av JC) jusqu’à l’âge de bronze récent (500 av JC), l’on retrouve le caractère divin du Soleil et de la Lune dans le paganisme scandinave. Ces cultes héliaques ont bien démontré combien ces deux luminaires étaient indissociablement liés à l’alternance ; vie, mort, renouveau.

Dans bien des religions, monothéistes où non, l’omniprésence de ces deux luminaires n’est plus à démontrer.

Dans l’Égypte antique, le Dieu « RA » n’est autre que le Soleil alors que la Lune « IÂH » est représentée par de nombreuses déesses, Hatkor, Sekhmet ou Tefnout mais aussi par des dieux, tels Osiris, Thot ou Khonsou. Chez les chrétiens, le Christ en croix est également représenté avec le Soleil et la Lune.

En alchimie, la conjonction du Soleil et de la Lune est le début du solve, la rencontre du soufre et du mercure. Le solve est la phase avant le coagula dont l’aboutissement sera la Pierre philosophale, solve et coagula, séparer puis rassembler.

Le Soleil est le principe actif, le soufre.

La Lune est le principe passif, le mercure.

 

Le couple : Lune, Soleil.

 

Pour les hermétistes, le Soleil et la Lune sont les symboles du binaire : Le bien et le mal, le chaud et  le froid, le Yang et le Yin, l’actif et le passif, le masculin et le féminin. Nous noterons cependant que dans certaines cultures la Lune peut être un dieu mâle, ainsi en Mésopotamie le dieu Lune se nomme SIN ou SU’EN et a pour épouse le dieu Soleil, SHAMASH-OUTOU qui, de fait passe au second rang de la mythologie de l’époque. En langue allemande, le Soleil est du genre féminin « die Sonne » et la Lune du genre masculin « der Mond ». Nous voyons bien que même s’il est indéniable que le couple Lune-Soleil ne peut être séparé, des rivalités existent. Ce sera tantôt le Soleil qui prédominera, tantôt la Lune.

 

Cette dualité entre les deux astres n’empêchera pas une dualité au niveau de chacun.

Le Soleil, source de vie, de lumière bienfaisante et créatrice peut se transformer en brasier et tout détruire par la force de la chaleur qu’il dégage, il fait halluciner l’homme jusqu’à le rendre fou « l’étranger de Camus », il dessèche les terres et rend toute vie impossible, il brûle les ailes d’Icare….

La Lune, quant à elle, n’est-elle pas responsable de mort, de désespoir, de dégénérescence lors de sa phase descendante alors qu’elle est signe d’espoir et de fertilité pendant sa phase montante comme le dit JUNG. N’est-ce pas à la pleine lune que se transforment des êtres en loups-garous, que n’apparaissent des esprits et autres sorcières ?

 

Nous voyons bien que la Lune et le Soleil n’ont pas fini de marquer l’imaginaire individuel et collectif. Depuis toujours ils sont les symboles de croyances, de mythes. Ces deux luminaires sont souvent présents en ésotérisme. Dans les arts divinatoires tel le tarot de Marseille, la Lune est la dix-huitième carte et le Soleil la dix-neuvième. Il y aurait encore tant de choses à dire.

 

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La Lune et le Soleil : Symboles maçonniques

 

Qu’avez-vous vu lorsqu’on vous a donné la lumière ?

J’ai vu le Soleil, la Lune et le Maître de Loge.

 

Ces deux phrases, issues du catéchisme de l’Apprenti, indiquent très clairement ce que voit le nouvel initié lorsque le bandeau lui est retiré. Émotionnellement perturbé, ébloui par la lumière, il distingue tout d’abord le Vénérable Maître ainsi que ses nouveaux frères, mais aussi deux  symboles qu’il connaît……..et qui le rassurent, à droite du Vénérable Maître, la Lune et sur sa gauche, le Soleil.

 

Pendant toute la durée de son apprentissage, il va mesurer l’importance de ces deux luminaires.

Il va comprendre que ce cycle, lunaire et solaire, va ponctuer sa vie en atelier et d’une manière générale sa vie de Maçon. Quand commence-t-on les travaux ? À midi plein et quand les termine-t-on ? À minuit plein.

On considère donc que les Maçons travaillent de midi, lorsque le Soleil est au Zénith, jusqu’à minuit, maximum de la luminosité de la Lune, l’heure symbolique de fermeture des travaux en loge, le Nadir.

 

Pourquoi à midi ? Parce que le Soleil étant à son apogée, l’ouvrier ne souffrira pas d’ombre portée qui pourrait fausser son travail de mise à l’aplomb des pierres, puis la renaissance de l’ombre dans l’après-midi lui permettra de finaliser les formes et la surface des pierres. Nous pouvons ainsi dire que l’ombre et la lumière, le noir et le blanc permettent la naissance des formes. La chaleur décroissante va lui permettre de continuer son œuvre tout en bénéficiant d’une bonne luminosité, et ce, jusqu’à minuit ou le réfléchissement de la lumière du soleil par la lune est à son apogée.

Le Maçon se construit donc d’une façon linéaire, dès lors qu’il a reçu la lumière, il va œuvrer de midi, du Zénith, à minuit, au Nadir. Le Nadir de la vie du Maçon devrait théoriquement correspondre au Zénith de sa sagesse et de sa compréhension de la vie.

 

Le fonctionnement de l’atelier va lui aussi être étroitement lié au symbolisme solaire et lunaire.

Les places des officiers de la Loge, des frères, le sens de la marche (circumambulation) de gauche à droite dans le sens horaire et solaire, à l’intérieur du Temple sont significatifs : le Vénérable Maître se tient à l’Orient parce que le Soleil apparaît à l’Est pour ouvrir la carrière du jour, les compagnons sont assis à la colonne du Midi, colonne ou l’on s’instruit, ou l’on voyage, ou l’on parle…

 

Les Apprentis occupent la colonne du Nord (Septentrion) faiblement éclairée par la clarté lunaire, réflexion de la lumière du Soleil, car ils ne peuvent supporter une lumière trop forte.

Cette clarté lunaire qui est une lumière en gestation permet de faire mûrir toutes les potentialités en chacun et ainsi de faire percevoir les voix intérieures afin de mieux les canaliser, c’est ici le principe de la germination qui fait que la graine germe dans la pénombre pour s’élancer enfin vers la lumière.

 

La Lune veille donc sur les Apprentis et les protège.

 

Pour mémoire, la position de l’épée flamboyante sur l’autel, elle aussi obéi à un rituel très précis : dans le cas d’un      , le pommeau sera coté Soleil, dans le cas d’une       , le pommeau sera coté Lune. (au REP)

 

On peut imaginer la Lune comme le parvis où attendent les futurs initiés qui ont besoin de renaître. La Lune qui agit par réflexion est donc propice à l’imagination, aux fantasmes et à la méditation. Elle représente tous les qualificatifs demandés à l’Apprenti : renaissance dans un monde nouveau, fécondité dans son silence, réceptivité dans son écoute, reflet de la lumière reçue dans ses planches, beauté qui orne son travail. « On la représente renaissante, car dans son premier quart montant : elle va tel un Graal se remplir de lumière jusqu'à en être « pleine », et telle une matrice se vider en laissant naître une idée de plénitude renouvelée. C’est en ce sens qu’elle ne peut être considérée comme passive, elle est au final agissante sur les hommes et la nature ».

Elle figure l’imagination qui revêt les idées d’une forme appropriée. Elle est synonyme d’inspiration et de sensibilité. La clarté lunaire révèle le monde secret de la nuit. La nuit symbolise le temps des gestations, des germinations, donc du devenir. Le grain de blé ne doit-il pas d’abord mourir pour redonner la vie ?

 

Le Soleil, source de lumière directe, source d’énergie, est propice à l’éveil. En plein jour, la forte luminosité du Soleil ne laisse guère la possibilité d’entrevoir les autres étoiles ou systèmes planétaires. Il faut attendre son coucher pour pouvoir déceler ces autres points lumineux. Il est l’astre principal, le pantocrator dont dépend toute forme de vie. Il symbolise le feu, la création, la vie, la force et la vérité. Il représente la raison qui éclaire nos intelligences.

 

La Lune a fourni l’âme et le Soleil a fourni l’esprit. Franchir la porte de la Lune, c’est se préparer à vivre son destin spirituel, c’est se préparer à arpenter le chemin initiatique qui va nous conduire à la lumière.

La Lune et le Soleil sont les deux aspects de la lumière, ils forment une totalité, un cycle complet. Ils marquent le temps sacré du rituel et donnent à la vie initiatique sa dimension à la fois quotidienne et cosmique.

 

Il nous faut donc connaître à la fois le chemin du Soleil et celui de la Lune pour se nourrir de leur lumière respective.

 

L’« âme réunie », révélaient les sages d’Égypte, est celle qui rassemble en un seul être, le SOLEIL et la LUNE, RÊ et OSIRIS.

 

Le Soleil fut parfois associé à ce que l’alchimie nomme « la voie brève », et la Lune « la voie longue ». La voie longue est celle de l’illumination, la lumière touchant le cœur de l’être, sous la forme de l’intuition des causes. La voie longue procède par étapes, elle est perception des cycles naturels et des rites qui en donnent la signification.

En réalité, les deux voies sont présentes dans chacun des luminaires, mais dans des proportions différentes. Toute œuvre d’ordre initiatique n’assemble-t-elle pas la spontanéité créative de la voie brève et la persévérance de la voie longue ?

Le franc-maçon aurait-il le don de double vue ?

Voir autant, grâce au Soleil qu’à la Lune, percevoir la lumière de l’un comme de l’autre, parcourir les chemins des deux luminaires, voilà les tâches des initiés de toute loge Maçonnique.

 

« Un Soleil n’éclipse pas un Soleil. Un Soleil n’est jamais éclipsé que par des Lunes ». Victor Hugo

 

   R.°.L.°. "Les Écossais de la Sainte Baume"

O .°.   de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

Par Luc.°.Seb.°.

 

 

Le Soleil la Lune et le maître de loge, médiateur du principe (E.°.R.°.).

L’apprenti dispose de deux points de vue sur la Lumière. Celle de l’Orient de la Loge, et celle de la partie supérieure du tableau de loge. La première est la représentation vécue au moment de l’initiation, la seconde est une imago mundi mnémotechnique qui permet de comprendre les correspondances et le cheminement vers la lumière. Mais auparavant il faut constater la part invisible de la lumière.

La lumière incréée

En examinant l’Orient de différentes loges travaillant à différents rites, et les représentations graphiques des tableaux de loge, nous pouvons admettre que la lumière en loge ne se situe pas uniquement dans le spectre du visible.

Ici peut naître l’idée d’une autre dimension de la lumière. La nature incréée de celle-ci peut s’aborder par le phénomène réflexif de la lune : la lune reçoit et transforme littéralement le rayonnement visible en quelque chose de plus tenu et auréolé de limbe. Les limbes entourant la lune dans certains tableaux de loge symbolisent la nature incréée et vague dans sa représentation, et donc la partie symbolique indéfinissable du rayonnement de l’épée flamboyante. De même autour du triangle ou de l’étoile flamboyante on voit des rayons ondulés qui représentent l’incréé de la lumière ; ceux-ci complètent les rayons rectilignes du spectre visible.

Évidemment les rationalistes pourront nous parler de longueurs d’ondes dont une partie serait invisible à l’œil humain. Les spiritualistes opteront pour le sens caché et invisible au profane, mais je pense qu’il faut aller plus loin que l’aspect ondulatoire ou ésotérique. On peut aboutir à la notion de lumière incréée, métaphysique, trouvant sa source avant la séparation de la lumière des ténèbres, soit au moment originel du premier jour. Il y aurait en loge une part incréée, que chacun interprétera librement et qui donne une marge certaine au hasard et au champ des possibles.

La descente de la lumière dans la loge

Constater la lumière en loge c’est constater le rôle du maître de la loge et le rôle du ternaire

Le catéchisme de l’apprenti est précis ; la lumière du soleil n’est pas la seule lumière, la lune nous donne la lumière réfléchie, à la frontière de la pénombre et le Maître de la loge transmet la lumière aux colonnes par l’entremise des porteurs de maillet, et par le maître de cérémonie qui trace la loge par la sagesse, la beauté et la force. C’est donc une évidence : la lumière en loge est trine.

Nous avons la lumière charnelle du soleil, la lumière psychique des profondeurs d’un Graal lunaire, et enfin la lumière spirituelle découlant du principe créateur appelé aussi lumière principielle. Cette triple nature de la lumière est collectée et diffusée par le maître de loge

La déclinaison au niveau de l’Être nous permet de constater sa tripartition par les notions de corps, d’âme et d’esprit.

Cette lumière venue des ténèbres (en ôtant le bandeau)  est donc rayonnante par sa diffusion physique et matérielle, elle est aussi flamboyante par sa dimension immatérielle. Ceci explique la forme de l’épée flamboyante. Notre éblouissement ne fut pas uniquement physique, une part non négligeable éclaira notre subconscient et une autre part nous donna l’idée d’une supraconscience. Finalement, l’épée flamboyante du vénérable vient éclairer de manière incréée et au-delà des formes et des couleurs, chacune des colonnes selon l’intensité nécessaire aux frères qui y travaillent.

Le maître de la loge est un médiateur entre la loge de matière qui figure la manifestation ordonnée dans l’esprit de la Genèse et le principe à l’origine de la manifestation. Ce principe au REP est figuré par cet hexagramme situé entre la lune et le soleil est symboliquement au-dessus du Maître de la loge. Nous concluons logiquement que si l’hexagramme et ses deux triangles n’ont qu’un seul centre, ce dernier représente la source première de la lumière rayonnante et flamboyante.

À l’évidence et pour conclure sur la descente de la lumière, je dirais que ni la Lune ni le Soleil ne traduisent complètement l’idée que le maçon peut se faire de la lumière initiatique.

Les « astres » sont là, présents à l’Orient, pour mieux souligner la présence analogique d’un hexagramme au REP ou d’un triangle montant et rayonnant à d’autres rites. Ils soulignent le rôle et la « présence » d’une  invisible lumière. Un apprenti pressent cet aspect incréé, mais il ne peut expliquer comment y accéder en regardant l’Orient. Ce n’est qu’en étudiant l’organisation de la lumière dans le tableau de loge qu’il en comprendra le sens et l’accès.

 

L’accès à la lumière par l’interprétation du tableau de loge

 

Au tableau de loge de l’apprenti au REP, sont représentés le Soleil, la Lune montante, l’Hexagramme avec le tétragramme et en dessous le livre Saint sur lequel reposent l’équerre et le compas.

Nous comprenons que nous pouvons remonter vers la lumière en suivant le chemin de l’axe Ouest Est.

La traversée du pavé implique de sortir du binaire pour aller à la synthèse ternaire qui nous donnera une image de l’unité. La méthode pour y arriver et une réflexion sur la lumière et sa source. La méthode semble nous être donnée par les « trois grandes lumières ».

Il y a donc des clefs d’accès qui sont dans l’association de ces trois symboles supports de notre serment.

Il faut donc lire la parole ou le verbe du créateur qui se trouve dans le livre en en contrôlant le sens avec l’équerre de la raison et le compas de l’esprit. Le tableau de loge nous indique comment par nos propres moyens et avec de bons outils nous pouvons progresser méthodiquement sur ce chemin entre l’esprit et la lettre.

 

J’ai le sentiment que la totalité du message initiatique du grade d’apprenti repose sur la capacité de ce dernier à franchir la barrière des apparences et des binarités telle que la Lune et le Soleil pour trouver dans un troisième terme plus de puissance, plus de profondeur et plus de subtilité, jusqu'à l’incréé des limbes de l’esprit.

Je dirais que la « forme » taillée et travaillée, l’est tout autant avec la lumière du soleil qu’avec la lumière de l’esprit, et que si l’âme anime le corps du maçon, elle ne et rêve que d’un mariage avec l’esprit.

Une grande partie de la démarche initiatique repose sur ce mariage. C’est par ce mariage dans le corps du maçon de l’âme avec l’esprit que se crée l’Unité. Voilà la démonstration que tout ternaire est l’expression d’une unité.

 

 Alors, puisse que la lumière est trine, et que nous prétendons marcher vers la lumière, ne pourrions-nous pas interpréter les trois pas de l’apprenti en trois fois un pas : un pas pour la lumière charnelle-matière, un pas pour la lumière psychique-âme, un pas pour la lumière spirituelle-esprit. Le tout formant l’Unité dans le Principe

Ainsi face à une apparente opposition (Lune et Soleil) l’apparition d’un troisième terme (le Maître de loge) autorise toujours une synthèse construite autour d’un centre unitaire (le Principe).

E.°.R.°.

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 21:20

L’Arbre

Les formes que produit la nature sont souvent habitées d’une vie secrète. L’arbre est habité de l’espérance de l’homme, de ses invocations aux dieux, de ces amours et de ses deuils. C’est probablement le plus ancien menhir de l’humanité, celui qui laissait entrevoir le retour vers le ciel. L’arbre-réceptacle céleste exhale le sacré d’une lumière installée jusque dans ses racines. C’est le seul être qui vit dans les trois mondes étagés en les mettant en correspondance dans une unité. On pourrait parler de l’arbre de vie, de l’arbre du milieu, de l’arbre séphirotique,  de l’arbre de la science du Bien et du Mal, mais cette étude nous parle d’une nouvelle chute de l’homme prévisible, comme si la dualité du monde passait par l’arbre souché dans le paradis perdu. L’arbre représente la restauration d’un centre primordial c’est pour cette raison que toutes les civilisations lui ont rendu l’hommage à la mesure de son ombrage. À ses pieds nous sommes entre l’ombre et la lumière, dans une dualité axiale réunifiée. Décidément si l’homme à chuté du jardin d’Éden naguère, à cause d’un fruit défendu, il est bien possible qu’il tombe demain avec le dernier arbre.  

Dommage, car si à ses pieds nous avons goûté les fruits de la connaissance du bien et du mal, il nous restait à goûter les fruits de l’arbre de Vie. (E.°.R.°.)

Par un beau matin, un homme et son fils contemplent la splendeur de la nature délicatement voilée par une légère brume. Levant sa frimousse vers son père, l’enfant demande : « papa, c’est comment un arbre » ?

 

Je vais vous parler d’une chose que nous côtoyons depuis la nuit des temps, qui nous accompagne toute notre vie. Elle est tellement présente à nos côtés que nous ne la voyons même plus, cette chose a un nom : c’est l’Arbre.

 

Quel lien mystique existe-t-il entre l’Arbre et l’Homme ? Il y avait des Arbres bien avant l’Homme. Depuis toujours, l’Homme et l’Arbre sont complémentaires, indissociables. Au début, il a servi à protéger l’Homme des prédateurs en lui offrant un refuge dans ses hautes branches. Avec la venue du feu, le bois a offert protection, chauffage, cuisson, et permis de construire les premières habitations et les premières défenses. Il a donné le bâton (l’épieu). Au plus profond de ses forêts, il a offert la sécurité, la nourriture, les baies, les racines, les petits gibiers, etc. L’Homme se trouve en osmose avec l’arbre, la forêt, le bois.

 

Pourquoi, pénétrant dans la forêt, ressentons-nous un sentiment de paix, de sérénité propre à la méditation ? Pourquoi l’arbre, le bois et l’Homme sont-ils si liés depuis la nuit des temps ? Pourquoi de tout temps, l’arbre est-il le confident des joies et des peines ? Pourquoi les amoureux du monde entier viennent-ils graver sur son tronc les lettres de leurs noms ? Pourquoi, dans notre histoire, avons-nous souvenance d’arbres légendaires ?

 

Nous trouvons l’arbre au gui, le chêne, avec les Druides gaulois, cueillant ledit gui avec une serpe d’or. Le gui, symbole d’éternité et de renouveau.

Toujours l’arbre, plus précisément le chêne du bon roi Saint Louis (Louis IX) qui rendait la justice sous son ombrage. Pas si bon et si Saint que ça d’ailleurs, car c’est avec son aval et celui de sa mère, Blanche de Castille, que Simon de Montfort a ravagé l’Occitanie en massacrant les cathares par milliers dans une tuerie sans nom.

 

L’arbre aux voix et aux fées de Jeanne d’Arc. Jeanne se retrouva avec ses compagnes sous l’arbre, que la légende pare de vertus magiques, de là, la petite bergère partit vers son destin.

L’Arbre planté à la Révolution française, symbole de Liberté, Égalité, Fraternité.

L’Arbre, le sapin, qui décore la fête de Noël, pour la plus grande joie des petits et des grands, symbole de la réunion, de l’amour affectif que se portent tous les membres d’une même famille.

Plus près de nous, l’Arbre de vie, gravé sur l’envers de nos pièces d’1 et de 2 €uros.

Pourquoi le soldat blessé mourant, se couche-t-il au pied d’un Arbre, pour que rendant son âme à Dieu, celui-ci l’accompagne vers la lumière ? (le Chevalier Bayard).

Pourquoi, en Afrique, les palabres se font-elles toujours sous un Arbre ? Pourquoi, pourquoi ? Tous les pourquoi du monde ne peuvent expliquer les raisons de la liaison de l’Homme et de l’Arbre, de l’Homme et du Bois.

Réflexions sur l’identité homme-arbre

L’Arbre possède des racines ancrées dans le sol, un tronc massif, des branches s’élevant vers le ciel, une ramure de feuillage qui offre l’abri à un grand nombre de petits oiseaux, une écorce plus ou moins striée de rainures profondes, un véritable microcosme grouillant de toute une faune d’insectes et autres petites bêtes.

En face de lui, l’Homme a des racines ancrées sur le sol (pieds et jambes), un tronc massif, des branches (les bras), un feuillage (les cheveux) qui selon le cas offre un abri à un grand nombre, non pas de petits oiseaux, mais à d’autres bestioles indésirables, un tronc bien lisse, bien propre, bien net ! Que nenni ! N’en déplaise à nos compagnes, mettez votre peau sous un microscope électronique et, que verrez-vous ? Des rainures profondes propres à l’évolution d’une faune d’infiniment de petites bestioles qui, se nourrissent de notre peau.

 

La ressemblance est frappante...

 

L’Arbre, dont le feuillage par photosynthèse transforme le CO² en air respirable ; l’Arbre, l’axe dans son élévation vers le Zénith ; l’Arbre dont on a trahi la vocation d’ami, de frère de l’Homme, en pendant des humains à ses branches, en les crucifiant sur ses bois, en les brûlant sur ses fagots.

Maintenant mes FF :. Asseyons-nous par une nuit noire et claire, sans nuages, au pied d’un Arbre, élevons nos yeux vers le ciel et contemplons l’incomparable beauté du firmament qui brille de mille feux et la magnificence de la puissance du Cosmos (de Dieu), de cet amas d’étoiles qui à certains endroits forment comme un nuage de par leur densité, des nébuleuses.

 

Nébuleuse d’Orion, du Cheval, etc. Tout cela semble en désordre, mais pas du tout, cela se trouve parfaitement organisé. Des milliards d’étoiles représentant des millions de soleils, tournant autour d’un centre ontologique invisible.Tout comme dans notre système solaire, dont notre planète la Terre, ronde, tourne autour de notre soleil. Système solaire déjà connu des Égyptiens, alors qu’il y a peu, le Vatican était encore à se demander si Copernic avait raison.

 

L’horloger du cosmos est un grand fainéant.

 Ayant réussi l’organisation du macrocosme, pourquoi se fatiguer ? Construisons le microcosme de la même manière ! Mais là, ce n’est pas des planètes tournant autour d’un soleil, mais des ions, des protons, des neutrons et autres particules tournant autour d’un noyau, le tout contrôlé par l’A.D.N. (acide désoxyribonucléique), polymère naturel de toutes les cellules vivantes qui transmet, comme dans un arbre généalogique microscopique, les caractères héréditaires. De fait, tous ce qui vie, pousse, nage, vole, est bâti de la même manière, Homme compris, bref une formidable similitude entre l’Homme et l’Arbre, comme si ces deux entités étaient issues du même moule, mais avec deux solutions différentes, qui se reconnaissent à travers le temps et l’espace. Ainsi l’arbre devient le symbole qui traverse les mondes subterrestre terrestre et célestes, mais aussi plus symboliquement le micro et le macrocosme. L’arbre affirme les lois de la correspondance et l’analogie.

 

Il était normal qu’au fil du temps, des Hommes, des Humains, éternels cherchant, s’interrogent sur notre rapport avec l’Arbre. Tous les poètes lui doivent leurs plus belles œuvres ; que de pages n’a-t-on écrit sous son ombrage, pages traitant de paix, de justice, de spiritualité, de transcendance, etc.

F :. M :. du Bois

La réunion de ces Hommes à un nom, peut connu, car tombé dans l’oubli, la F :. M :. du Bois.

Ces FF :. ont œuvré dans le passé. Ont-ils trouvé dans leurs recherches cette osmose qui existe entre l’Homme et l’Arbre ? Je l’ignore mes FF :., car je n’ai trouvé au hasard de mes lectures que des fragments sur le fonctionnement de cette F :. M :.

Entre eux, les FF :. S’appelaient cousins, assimilés aux ouvriers du Bois.

Selon Charles Godard, depuis 1877 les rites forestiers ont cessé d’être pratiqués. La plupart des Compagnons, fendeurs, bûcherons, bûcheronnes, charbonniers, sont alors rentrés dans la F :.M :. de la pierre.

Quelques noms :

Ordonnance de La Guide des Charpentiers de Norwich 1375.

Rite de réception des compagnons Charpentiers de l’Ordre des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem XIV et XVe siècle.

 

Il nous reste des rituels :

Rituel de fendeur ou bûcheron (1747) (qui bizarrement se rapproche beaucoup du nôtre dans ses obligations, serment, dont voici un texte parmi tant d’autres).

« Je jure et promet, ni apprendre, ni révéler le devoir de fendeur à personne que dans le chantier, etc. Pour finir, donner asile dans ma cabane et la moitié de ma journée, quand je l’aurai gagnée, je jure sous peine d’avoir la tête et les bras séparés du corps ».

Si certains cousins sont venus dans la F :. M :. de la pierre, d’autres se sont tournées vers le compagnonnage. La F :. M :. De la pierre et la F :. M :. du bois sont complémentaires depuis longtemps, depuis la construction des cathédrales. Si le F :. Maçon réalise une voûte parfaite, il le doit aux F :. Charpentier qui a réalisé le gabarit. Dans certains cas, la pierre clef de voûte est posée par le F :. Charpentier.

 

La F :. M :. de la pierre et la F :. M :. du bois ont été, soit complémentaires, soit opposées.

Les forestiers avaient un souci constant : faire un choix dans l’abatage des arbres. Mais pas au point de tuer la forêt ! La F :. M :. du bois a protégé et privilégié un symbole irremplaçable : l’Arbre !

Depuis des décennies, l’Arbre est victime d’un ennemi mortel, son frère, son ami, l’Homme, lui livre une guerre fratricide. On remembre à outrance ! Remembrer c’est aussi détruire des milliers de kilomètres de haies plantées d’arbres qui protègent des milliers d’hectares de prés, de champs, de cultures. Remembrer c’est aussi déboiser, au plan symbolique remembrer les exploitations c’est démembrer Osiris. C’est soumettre les sols à l’érosion de l’eau ruisselante, livrer ledit sol devenu infertile au vent et à la vermine. Toute la faune volante des haies qui protégeaient les sols a disparu pour obtenir un désert sec, battu par les intempéries, bref une terre impropre à la culture et aux mystères de la vie. Mais dans notre beau pays (jusqu’à quand ?), les décisions sont prises par une élite sortante d’une école prestigieuse (les énarques). Comme disait Coluche : « les énarques une nouvelle race d’incapables, tu leurs donnerait le Sahara, au bout de deux ans ils importeraient du sable » !

 

Ces formidables poumons d’oxygène que sont nos forêts, forêt d’Amazonie, de Russie, d’Afrique, etc. sont la proie des bulldozers lancés à l’assaut d’arbres centenaires, patrimoine ancestral de l’humanité, sur l’ordre de quelques financiers qui font détruire la biosphère à une allure démentielle sans aucun remords. L’argent est roi ! C’est le « règne de la quantité » si bien dénoncée par René Guénon.

 

L’UNESCO a lancé dès 1971 un cri d’alarme. Quand le dernier arbre de la dernière forêt aura été abattu pour faire place au dernier complexe industriel, il ne restera plus aux hommes qu’à planter des arbres en béton, ou des sapins en plastique avec le vague espoir d’y voir s’y nicher des oiseaux.

Il y avait, il n’y a pas si longtemps de ça dans la ville de Djibouti, sur les anciennes côtes Françaises de Somalie, ville grillée par le soleil, battue par les vents de sable, un seul arbre : un palmier en Zinc.

 

Ne perdons pas de vue mes FF :. Le vieil adage : « où se trouve la forêt c’est la vie, où s’arrête la forêt c’est la mort ». L’arbre aujourd’hui à besoin de l’Homme, il y a des millénaires qu’il emmagasine dans ses cernes la mémoire de l’humanité.

 

Quoi de plus beau de voir les bambins d’une école, dans la nature, chacun replantant un arbre. Jamais ils n’oublieront, car cet arbre, c’est le leur, chacun le sien, le mien, à moi, mon arbre !

Le jeune enfant et le jeune arbre réuni, l’éveil et la continuité de la vie ! Cette continuité autour de l’arbre n’est pas sans rappeler la lettre G au centre du pentagramme. L’arbre mémoriel est le centre biologique de l’homme.

Quel Symbole

Par un bien triste matin, un homme et son fils regardent le sinistre désert qui s’étale devant leurs yeux. Une terre brûlée par un soleil torride et recouverte par une nappe d’un nuage de pollution irrespirable de plusieurs pieds de hauteur ; levant sa frimousse en partie cachée par un masque lui-même relié à une bouteille d’oxygène lui permettant de respirer. L’enfant demande : « Papa c’est quoi un arbre » ? –et  le père de répondre - « c’était l’espérance des anciens en quelque chose de grand  comme l’élan du ciel»!

Un dernier mot : qu’est-ce qu’un arbre ?

L’arbre est un végétal utile et intelligent. Il n’est pas un simple objet situé aux bords de nos routes, dans nos jardins et forêts.

Si vous prenez le temps de l’observer, vous lui parlerez.

Petit ou grand, touffu ou non, coloré ou pas, l’arbre est toujours beau, puisqu’il représente une partie de notre mère Nature. Il est à la fois vivant, sensible et fort, ses formes sont lourdes ou élancées, imobiles… C’est aussi une colonne qui nous relie au ciel en toutes ses parties.

La nature affiche une inépuisable plénitude. Par la profondeur de ses racines, son entêtement à résister à la force des éléments, le bruissement de ses feuilles, il nous parle. Ses lois jouent un rôle stabilisateur et dessinent un ordre sur lequel vient l’apaisement. Lui sait mieux que le franc-maçon recomposer les éléments terre, eau, air et feu.

Cherchons à découvrir une  individualité que nous le côtoyons tous les jours.

 

 J'en suis convaincu, en mêlant l’humain et le végétal, nous reconstituons la sensualité et le lien ancestral de l’Un et de l’humain.

 L’arbre ferait-il progresser l’humanisation de l’homme ?

 

J.°. R.°.     R.°.L.°. "La Lumière Ecossaise".   

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 22:21

L’art héraldique opératif (contribution).

« L’héraldique est la science traditionnelle du blason, c'est-à-dire l'étude des armoiries (ou armes). C'est aussi un champ d'expression artistique, un élément du droit médiéval. L’interprétation et l’élaboration des blasons étaient le fait des hérauts qui occupaient une place particulière dans la société chevaleresque du moyen âge. Leur relation au signifiant et au signifié vient compléter d’une manière fort utile l’initiation guerrière de l’écuyer et du chevalier. Ces trois personnages nous les retrouverons sous des formes plus ou moins dissimulées dans les hauts grades de la Franc-maçonnerie.

En premier lieu attribut de la classe guerrière, l'héraldique s'est développée au Moyen Âge dans toute l'Europe comme un système cohérent d'identification non seulement des personnes, mais aussi en partie des lignées (le blason pouvant être transmis par héritage en traduisant le degré de parenté) et des collectivités humaines, ce qui en fait un système emblématique unique en un temps où la reconnaissance et l'identification passaient rarement par l'écrit. Elle devient élément de la tradition par sa transmissibilité selon des codes précis et par le respect de règles symbolique dans son élaboration. Jamais le choix des meubles et des couleurs ne fut le fruit du hasard, et quand bien même si le choix se fit apparemment avec un certain détachement la culture du sens impliqua le choix. Certaines armes se qualifièrent de « parlantes » pour signifier par l’illustration le nom ou la profession. Même dans un cas aussi simple le choix faisait ressortir l’intériorité du propriétaire. Ainsi le but des armes impliquait de se connaitre soi-même (but de toute initiation) pour pouvoir se qualifier et exposer aux initiés le sens profond de son être. L’héraldisme devient affaire d’initié avant de se démocratiser au risque de devenir objet décoratif.

Apparue, au XIIe siècle au sein de la chevalerie, bien qu’elle existât en des formes rudimentaires depuis des temps immémoriaux, elle s'est rapidement diffusée, dans l'ensemble de la société occidentale : clercs, nobles, bourgeois, artisans, paysans, femmes, communautés... Par la suite, on s'en est également servi pour représenter des villes, des régions, des pays, des corporations de métiers. » WP 2012

(…)C’est dans ce lieu saint où règne la lumière la joie et l’harmonie.

C’est là en notre carré long que je vous invite à poser une de nos pierres à travers le temps, celui d’une science méconnue et d’une discipline née à l’aube du douzième siècle, sur les champs de bataille.

La science du blason appelée héraldique est liée à la naissance de la chevalerie. Dans la cérémonie d’adoubement du chevalier est donné son bouclier ou écu peint aux armoiries de sa lignée suivant un code de couleurs et de meuble qui constitue un véritable langage qui traduit le nom ésotérique dans le plan divin du chevalier ; c’est aussi son signe de reconnaissance sur le champ de bataille. Ainsi blasonné il est prêt pour le saut final dans l’au-delà. La chevalière lui est passée comme une marque physique d’appartenance à cette caste et en signe d’union à Dieu.

Il repart de cette cérémonie sur son cheval qui comme son épée porte un nom choisit par son parrain ou lui-même. Débute alors sa quête, ou sa mise au service d’un suzerain.

Voyageons au cœur d’un royaume initiatique nommé: Héraldique ou l’art de l’étude des armoiries plus connu sous l’appellation de blason.

Tel un profane devant une cathédrale, je vois, j’imagine et j’entends un F.°. traçant sa planche :

« De sable plain

De gueules à la bande vivrée d’argent

De sinople au chef denché d’hermine

D’azur au lion mariné d’or armé et

Lampassé de gueules

D’argent à la fasce bretéssée et

Contre-bretéssée d’azur,

Accompagnée de trois fermaux de sable

De gueules à la croix engrelée de vair cantonnée de quatre dauphins pamés du même, peautrés d’or

De sinople au chevron écimé vairé d’or et de gueules,

Au chef d’azur chargé de deux merlettes d’or et d’un macle                      d’hermine

D’or au sautoir recercelé de pourpre, cantonné de quatre quintefeuilles  d’azur, à la cotice componée d’argent et de gueules

Brochant sur le tout, au tourteau gironné d’hermine et de sinople

Posé en abime et brochant sur le tout du tout. »

 

(ref : Michel Pastoureau, Armorial imaginaire, 1996)

Un aperçu du langage et aussi un code décrypté du blason, tout comme notre ordre ou seul celui qui à reçu la lumière comprendra, grâce a une bonne instruction maçonnique.

Les armoiries peuvent se définir comme des emblèmes en couleurs, propres à un individu, à une famille ou à une collectivité.

Soumises dans leur composition à des règles particulières, la science de ces figures qui loin d’être morte et poussiéreuse, demeure étonnamment précise et vivante.

Fait pour être vu de loin, par l’emploi de couleurs franches, y sont ajoutés des signes et symboles fortement stylisés, identifiant celui qui en fait l’usage.

En effet, la fonction première est de permettre l’identification des chevaliers rendus méconnaissables par leur casque et leur armure.

C’est au bouclier peint par des signes de reconnaissance, simples figures colorées, géométriques, animales ou végétales que nous devons reconnaître     l’origine du premier blason héraldique.

Les premières croisades eurent une grande influence sur le développement de l’héraldique. Répandu dans toute l’Europe, à l’époque des premières expéditions sur Jérusalem, au cours desquelles furent mis en contact les seigneurs et chevaliers venus de tous les pays de la chrétienté.

Croix de St Sépulcre, Malte, Templière, St Jacques de l’épée et Teutonique seront les symboles héraldiques les plus répandus et furent pris comme emblèmes par les grands ordres militaires et religieux de la Terre Sainte.

 

 

À partir de cette époque, les emblèmes se multiplient et se diversifient,

De l’écu à la lance, en passant par la cotte de l’armure, le gonfanon (bannière carrée) et quelques fois le cheval sont entièrement recouverts d’une housse armoriée.

La multiplication des familles féodales va augmenter l’armorial en Europe, il va alors petit à petit se produire une évolution remarquable dans l’histoire de l’héraldique.

Provinces, villes, villages, communautés et puissantes corporations de métiers vont blasonner à leur tour leurs bannières. Celles-ci seront richement brodées, timbrées des symboles de leurs st Patrons ou souvent de leurs outils.

En héraldique, le terme « émail » désigne les couleurs utilisées. Elles se subdivisent en trois groupes : les métaux, les couleurs et les fourrures.
Sur les gravures en noir et blanc ou en relief sur la pierre, les métaux et les couleurs sont représentés par un système de hachures et de figures conventionnelles, comme l'indiquent les figures.

La légende des illustrations suit logiquement l'ordre de celles-ci.

Les métaux   
Les deux métaux sont l'or, représenté en peinture par le jaune, et l'argent par le blanc.

Les couleurs  

Les cinq couleurs sont l'azur (bleu), le gueules (rouge), le sinople (vert), le pourpre et le sable (noir).
Il existe également une sixième couleur, la carnation, servant uniquement à colorer les rares représentations de la peau des humains.

 

 

Les fourrures 

Les fourrures sont
- L’hermine (d'argent semé de mouchetures de sable) et par inversion des couleurs la contre-hermine.
- Le vair (correspondant à la fourrure de l'écureuil). Dans la famille du vair, les deux fourrures suivantes sont le contre-vair en pointe, le contre-vair tout court et le vairé, ici d'or et de gueules.

 

L’Héraldique se retrouve en franc-maçonnerie, où elle illustre un ordre de chevalerie spirituelle. De ce fait, le sens des couleurs utilisées doit nécessairement faire appel à la symbolique héraldique véritable langue de l’ancienne chevalerie.

Il faut savoir que c’est bien la science traditionnelle du blason, et que c’est bien d’une science dont il s’agit, les couleurs ou émaux servent en premier lieu à classer, à ordonner, à hiérarchiser.

En second lieu, elles exposent à qui les voit la nature de celui qui les porte, caractérisant son être véritable.

Ici, les couleurs de la loge au rite écossais primitif, couleurs reproduites sur les sautoirs du collège des officiers et les tabliers des maîtres, sont le rouge ou « gueules ».

C’est l’émail de la couleur du sang, de la guerre que mène le chevalier contre les ennemis de la foi, de la vraie lumière et contre ses démons intérieurs.

 Le gueules représente aussi la vertu cardinale de force l’un des sept dons* du Saint-Esprit, il indique le courage, la vaillance, toutes les qualités de don de soi qui font qu’au quotidien cet émail invite à la vaillance spirituelle, la vertu théologale (religieuse) de charité, répondre à l’amour par l’amour, ce qui relève d’un véritable combat spirituel contre soi-même.

 Séparer le spirituel du psychique et revêtir l’armure de l’homme nouveau.

 

Le gueules, est représenté par des lignes perpendiculaires chez les graveurs avec pour signification : hardiesse et intrépidité.

Parlons un peu de l’Ecu, une forme de bouclier ou variable selon les pays sur laquelle on dessine les armes. En son milieu comme en loge, le cœur, l’axe du monde notre pavé mosaïque dit « échiqueté d’argent et de sable ». À gauche côté dit « canton dextre », le premier surveillant avec la colonne du Nord. À droite « canton senestre », le deuxième surveillant avec aussi la colonne du Midi. Sur la partie supérieure appeler Chef, le Chef de la loge, le V.°.M.°.

 Voilà un 1er triangle vers le haut dit « sur sa base ». Accompagné des deux Officiers le F.°. Secrétaire et le F.°. Orateur, relions la pointe de l’écu, le F.°. Terrible pour former un autre triangle vers le bas dit « versé ».

L’hexagramme en héraldique est classé dans la famille des Astres sous le nom de Didelta. En y ajoutant le G au centre, nous retrouvons notre hexagramme maçonnique.
D’autres acteurs rentrent en compte chargeant nos blasons. Ils sont appelés des meubles, plantes, animaux, objets divers et variés tirés de la nature ou de l’imagination de l’homme. Équerre, compas, ciseaux, massette, règle, niveau, fil à plomb, lune et soleil tous ces symboles exposés a la vue des profanes aurons été peints, sculptés ou gravés sur la pierre et le bois voyageant à travers les temps anciens jusqu'aux temps nouveaux. Aujourd’hui année du Dragon, ce meuble de la famille des animaux fabuleux à tète de lion, serres de rapace, corps de reptile, aile de chauve-souris et sa queue en volute terminée par un dard. Encore un sujet héraldique riche de symbolisme et de puissance.

 

Dans ce travail, je n’ai pas la prétention d’éclairer tous les aspects de cette science héraldique, mais je suis heureux d’éveiller le désir de chercher, apprendre, partager et compléter les connaissances des anciens devoirs opératifs qui nous ont été léguées. (…)

J.°.P.°.      R.°.L.°. « Les Écossais de la Sainte Baume »

 

 

 

Hexagramme au rite écossais primitif :

De gueule à deux triangles de même vidés et entrelacés.

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 22:18

Quel intérêt avons-nous de rechercher la qualité dans le nombre. N’est-ce pas ici un travail contradictoire ? Nous savons que la qualité ne peut rimer avec le nombre. Le nombre n’est pas un chiffre, c’est un élément de langage sacré impliquant une logique universelle qui se confond parfaitement avec l’intuition. Ainsi nos philosophes grecs de la logique et du mythe, grâce à l’acquis de la pédagogie, rendirent autonomes leurs systèmes de pensée en oubliant (parfois) qu’il ne peut y avoir d’autonomie de la pensée sans perspective pour la liberté. La géométrie sacrée comme la numérologie qui en découle, sont l’exemple typique d’une liberté de mouvement et d’investigations que les élites d’initiés, ont pu mettre à jour aux temps anciens.

Héritiers de ces progressions phénoménales de la pensée, nous « modernes », nous devons modestement nous incliner face au « raisonnement intuitif » qui fut leur œuvre… ER

 

 

 

(…) « Je tenais à préciser que de par sa nature même, cette dernière a tellement fait l'objet d'études et d'analyses poussées de la part des plus grands symbolistes et philosophes qu'il reste peu de place à une interprétation personnelle.

Je souhaitais malgré tout vous en livrer comme une sorte d'abrégé synthétique issu de mes lectures dans l'espoir de vous faire partager ma passion pour ce symbole.

 

Par conséquent afin d'essayer d'en mieux comprendre tout le symbolisme qu'il soit mathématique, géométrique, et bien sûr maçonnique, il conviendra de donner en préambule quelques explications nécessaires qui feront qu'au fil de ce travail tous les frères, quel que soit leur grade, se retrouveront dans cette Tétraktys Pythagoricienne dont la richesse insoupçonnée est sans limites.

Cette figure aussi cartésienne qu’irrationnelle est si fascinante qu'il me semble qu’elle possède en son sein l'essence même de la Franc-maçonnerie.

 

Pythagore est un philosophe, mathématicien et scientifique présocratique qui serait né aux environs de 580 av. J.-C. à Samos, une île de la mer Égée au sud-est de la ville d'Athènes.

On établit sa mort vers 495 av. J.-C. à l'âge de 85 ans.

Sa vie énigmatique permet difficilement d'éclairer l'histoire de ce réformateur.

Le néo-pythagorisme est néanmoins empreint d'une mystique des nombres.

En effet, pour Pythagore « Tout est nombre » (Un le Tout)

L'apport majeur de Pythagore est l'importance de la notion de nombre et le développement d'une mathématique démonstrative, mais aussi religieuse. Pythagore donne des nombres une représentation géométrique. 

Arithmétique et géométrique sont sœurs.

Les démonstrations arithmétiques s'appuient sur des figures et cette méthode porte le nom d'arithmétique géométrique.

La Tétraktys Pythagoricienne et le Carré de 4 en sont des exemples parfaits.

Chaque unité est figurée par un point, de sorte que l'on a des nombres plans (1,4,9,16, etc. qui sont carrés et 1, 3, 6,10, etc. qui sont triangulaires), des nombres rectangulaires, des nombres solides (dits cubiques, pyramidaux, etc.), des nombres linéaires et des nombres polygonaux.

Le premier nombre pyramidal est 4.

Cette méthode permet le calcul de la somme des premiers entiers, des premiers entiers impairs ou encore le calcul des triplets pythagoriciens.

 

Le mot Tétraktys signifie « quadruple éclat rayonnant ».

Ce mot évoque le nombre 4  (Tétra) et une lumière rayonnante (Actys).

La Tétraktys Pythagoricienne ou Quaternaire est un nombre représenté par 10 chiffres disposés en triangle. C'est la raison pour laquelle on l'appelle nombre figuré triangulaire.

Sa formule numérique est la suivante : 1 + 2 + 3 + 4 = 10.

Cette figure était sacrée. Les pythagoriciens prêtaient serment « par la Sainte Tétraktys » ou par une autre formule de serment « le Carré de 4 », à ne pas prendre à la légère quand on sait que certains êtres savent aller au-delà du temps.

La doctrine pythagoricienne à un caractère plus cosmologique que purement métaphysique. Rappelons ici que la cosmologie est la science qui étudie la structure et l'évolution de l'Univers considéré dans son ensemble.

Le quaternaire est partout présent et toujours considéré comme le nombre de la manifestation universelle.

C'est donc le point de départ de la cosmologie tandis que les nombres qui la précèdent, c'est-à-dire l'unité, le binaire, le ternaire, se rapportent uniquement à l'ontologie.

C'est à dire l'étude de l'être en tant qu'être, de l'existence en général dans l'Existentialisme et sur la considération de l'essence divine, nécessairement pourvue de toutes les perfections, ce qui implique que Dieu existe.

La disposition figurée de la Tétraktys Pythagoricienne est la suivante :

 


Pour l'anecdote, à l'époque de Pythagore, chaque point noir était un petit caillou disposé sur le sol, d'où est venu le nom de calcul désignant les petits « cailloux » se formant dans certains organes comme la vésicule biliaire ou les reins.

 

Comme nous l'avons vu précédemment, la Tétraktys Pythagoricienne comprend 10 points ordonnés en un triangle équilatéral.

En fait, un point central entouré de 9 points et la base du triangle composé de 4 points.

Par conséquent quatre rangées des 4 premiers nombres successifs, dont la somme vaut 10.

Ce qui nous amène maintenant à entrer dans le cœur même de la Tetraktys, car il y a de multiples manières de la voir.

En voici donc une première analyse :

Au sommet, un seul point qui symbolise l'Un, le Divin, principe de toute chose, l'être non encore manifesté.

Au-dessous, l'origine de la manifestation marquée par 2 points, symbolisant la première apparition, le dédoublement par couple ou dyade, le masculin et le féminin, le phallus et l’œuf, etc.

Donc le dualisme interne de chaque être.

Rappelons qu'en Franc-Maçonnerie le dualisme manichéen est une impasse existentielle par nature.

Viennent ensuite les 3 points correspondants aux 3 minéraux du monde :

l'enfer, la terre et les cieux.

Ainsi qu'aux 3 niveaux de la vie humaine : physique, psychique et spirituel.

Et pour terminer, nous trouvons les 4 points de la barre de la pyramide symbolisant la terre, la multiplication de l'univers matériel, les 4 éléments, les 4 points cardinaux, les 4 saisons, etc.

Cet ensemble constitue la Décade, la totalité de l'univers créé et incréé.

Nous aborderons ce sujet un peu plus loin.

 

Une seconde analyse de la Tétraktys Pythagoricienne avec toute la symbolique maçonnique qui s'en dégage, attirera davantage encore notre attention.

Le point supérieur peut être également vu comme la représentation de l'unité fondamentale, de la dualité, de l'espace et du temps, de la matérialité.

Les deux points peuvent être vus comme la représentation de la complétude des opposés complémentaires.

Rappelons encore que le travail du Franc Maçon est de s'exercer à réunir les opposés et à observer les complémentaires.

Représentation également de la dynamique de la vie des éléments structurels.

Les 3 points peuvent être vus comme la figuration de la totalité, du féminin et du masculin, de la création.

Les 4 points peuvent être vus comme la représentation du feu, de l'air, de l'eau et de la terre.

À noter qu'au cours de ses voyages, le récipiendaire est purifié par ces quatre éléments.

Il est donc possible d'établir une correspondance entre ces éléments et la Tetraktys Pythagoricienne.

« Feu. ,  Air.. , Eau    ,  Terre …. »

La somme des quatre premiers nombres faits 10.

Aller du 4 au 1, c'est aller du matériel, du tangible, du minéral au Divin, en passant par les fluides, les liquides ou les gazeux.

Mais rappelons encore que pour Pythagore « Tout est nombre ».

Nous trouverons enfin, ci-après, le symbole des chiffres pour les pythagoriciens.

 

Le 1 - la monade : unité de l'existence et harmonie générale.

Le 2  - le binaire : la diversité, la division, la séparation.

Le 2 est la dyade (le nombre 2), principe passif et actif, masculin – féminin, faculté génératrice esprit-âme et corps humain d'une part, Divin, d'autre part.

Le 3 - la triade : la loi du ternaire est pour les pythagoriciens la véritable clef de vie.

Nombre par excellence, premier impair qui réuni les propriétés des deux premiers chiffres 1 et 2.

Le 4 - le quaternaire : nombre parfait, racine des autres, nombre ineffable de Dieu.

En hébreu, quatre lettres parmi les 22 représentent le symbole de l'immortalité de l'âme qui se meut d'elle-même.

Considéré comme l'essence des quatre éléments, des quatre qualités fondamentales du corps : sec, humide, froid et chaud, des quatre principes géométriques : point, ligne, plan et solide, des quatre notes fondamentales de la gamme, des quatre fleuves du paradis terrestre, des quatre figures symboliques du char de la vision d'Ezechiel traduite par les quatre évangélistes :

Mathieu, Marc, Luc et Jean.

 

Nous allons maintenant développer la Décade dont nous avons parlé précédemment.

Pour les pythagoriciens, la Décade était le plus sacré des nombres, le symbole de la création universelle.

C'est aussi sur le Dix qu'ils prêtaient serment en l'évoquant sous cette forme :

« La Tétraktys en qui se trouve la source et la racine de l'éternelle nature.

 Tout dérive de la Décade et tout y remonte.

Elle est l'image de la totalité en mouvement ».

 

Le 10 est la base du système décimal qui se répète à l'infini : « 1 » suivi de « 0 » indique que hors de l'unité tout est néant et ne subsiste que par le système des nombres qui permet d'arriver à la découverte du principe des choses.

Le 10 contient tous les principes de la divinité évoluée et réunie.

10 est le nombre de la Tétraktys, somme des 4 premiers nombres.

Le symbole du Dix est très présent également chez les nombreux auteurs de la Bible.

Citons les dix commandements, les dix plaies d'Égypte, etc.

Le 10 symbolise aussi les dix doigts des deux mains.

Il exprime la valeur ultime et nécessaire de la limite et de la forme, opposées à la non-limite et

au chaos.

Il faut rappeler que les chiffres précédents de la Décade étaient identifiés aux dieux,

le dix signifiant la somme des pouvoirs divins maintenant la cohésion du cosmos.

 

Pour les alchimistes, la valeur dix représente les capacités multiplicatrices de la pierre.

Cette pyramide recèle l'ensemble des connaissances et en elle se trouve la source et la racine de l'éternelle nature, cela par le jeu des quatre éléments : Feu, Air, Eau, et Terre.

Dans cette interprétation, la Tétraktys représente le fondement même de l'univers et des Dieux qui le composent, selon la célèbre sentence inscrite sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes : « Connais-toi toi-même et tu connaitras l'Univers et les Dieux ».

Elle symbolise ainsi la divinité dans son acte de création du monde.

Dans la symbolique maçonnique de l'Équerre et du Compas, la Tétraktys fait allusion au passage de l'Équerre au compas ou du Carré Quatre au Cercle Un, créant ainsi l'harmonie entre, le créé et le divin ou si l'on préfère, la Matière et l'Esprit.

En effet le Cercle est souvent considéré comme étant le point de départ d'une tradition ou la Source de la Doctrine.

Tandis que le Carré représente le point d'aboutissement d'une Tradition, le Réservoir qui contient l'Autorité spirituelle.

La Fontaine d'Enseignement.

Comme chacun de nous avons prêté serment lorsque nous nous sommes fait constituer Franc Maçon, nous l'avons vu les pythagoriciens prêtaient aussi serment par la Sainte Tétraktys.

Mais leur amour était si grand pour cette dernière, qu'on raconte qu'ils lui auraient adressé cette prière que je vous lirais en conclusion :

« Bénis nous, nombre divin, toi qui as engendré les dieux et les hommes !

O sainte, sainte Tétraktys !

Toi qui contiens la racine et la source du flux éternel de la création !

Car le nombre divin débute par l'unité pure et profonde et atteint ensuite le quatre sacré,  ensuite il engendre la mère de tout, qui relie tout, le premier-né, celui qui ne dévie jamais, qui ne se lasse jamais, le Dix sacré, qui détient la clef de toutes choses ».

 

17 Mai  6012

 

M.°. L.°.    R.°.L.°. Les Ecossais de Saint Jean

 

(Sources : Wikipédia – Oswald Wirth – Jules Boucher – René Guénon)

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 22:13
Tableau-apprenti.JPGLes trois fenêtres

 

Ci-dessous un extrait d’un travail au 1° du REP sur les trois fenêtres.

 Entre les lignes nous devons reconnaitre les potentialités en devenir d’un travail qui va murir au fil du temps. En matière de symbolisme il est utile de rappeler qu’un rapport doit toujours être établi entre l’apparent et le caché, le caché étant toujours suggéré à celui qui à la vue intérieure. ER

 

(…) J'ai choisi ce thème, car peu évoqué, il a éveillé ma curiosité ; d'ailleurs je me souviens que nouvel apprenti siégeant pour la première fois sur la colonne du Nord, mon attention a été attirée par ces trois symboles disposés juste en face de moi sur la colonne du Midi. Pour réaliser mes travaux, je donnerai une définition du mot « fenêtre » et appréhenderai la notion de lumière qui en est indissociable et qui me parait incontournable pour comprendre ce chantier. Ensuite, j'essaierai de justifier leur présence en les envisageant comme vestiges des loges opératives pour évidemment finir par leur portée symbolique.

Mais qu'est-ce qu’une fenêtre ? Il s'agit tout simplement d'une ouverture dans un mur visant à laisser passer la lumière et l'air. Au rite écossais primitif, elles sont présentes à la fois sur le tableau de loge ainsi que sur le mur situé derrière la colonne du Midi ; à l'orient, au Midi et enfin à l'occident, en hauteur juste dessous la houppe dentelée. On les retrouve au REAA et au rite français notamment. Elles sont généralement représentées sous forme d'un carré long, parfois ornées d'un arc, mais toujours munies de grilles ou de barreaux.

Qui dit fenêtre dit lumière ! Mais quelle lumière ? Il y en a de plusieurs sortes.

Tout d'abord, il y a la lumière profane que je qualifierai de physique et terrestre, qui est définie comme un rayonnement électromagnétique émis par le soleil, visible, c'est-à-dire perceptible par l'œil humain. Cette lumière associée à d'autres éléments est indispensable à la vie sur terre, et permet à l'homme de voir le monde matériel qui l'entoure, de s'y mouvoir et de l'appréhender.

Évidemment, même si cette lumière est importante, car indispensable à la formation de toute vie sur terre, ce n'est pas celle qui m'intéresse ce soir. Celle qui m'intéresse est celle que tous les frères ici recherchent. Souvenons-nous de notre rituel : à la question de savoir ce qu'est venu chercher le frère en franc-maçonnerie il répond « J'ai désiré la lumière ».

Il s'agit de cette lumière perceptible non pas cette fois-ci grâce à la rétine de nos yeux, mais grâce à l'intelligence de notre cœur.

Pour comprendre cette lumière, je vais me référer aux premiers versets du prologue de St Jean dans la bible.

C'est à cette page que la bible, posée sur l'autel du vénérable est ouverte et où sont disposés l'équerre et le compas : « AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE ET LE VERBE ÉTAIT AUPRÈS DE DIEU ET LE VERBE ÉTAIT DIEU. PAR LUI TOUT A PARU ET SANS LUI RIEN N’EST PARU DE CE QUI EST PARU. EN LUI ÉTAIT LA VIE ET LA VIE ÉTAIT LA LUMIÈRE DES HOMMES ». Pour moi, la lumière est une vibration perceptible uniquement par celui qui sait se conditionner pour la recevoir : elle est la manifestation spirituelle du principe créateur, du G.A.D.L.U. D'ailleurs, VERBE, VERBUM en latin est la traduction du mot grec LOGOS signifiant LA PAROLE. Le verbe serait donc la parole du créateur. L'origine, le tout est le UN : il irradie de sa lumière le monde profane binaire, le DEUX. Le Franc Maçon, par son initiation spirituelle et son travail accompli en loge essaie de résoudre cette addition :

1+2=3. TROIS, le ternaire est la représentation du UN dans le monde manifesté.

Oui, tel est notre but à tous, retrouver le lien avec l'origine de cette lumière illuminatrice, se débarrasser du MOI et retrouver le SOI afin de réintégrer le TOUT en essayant le plus possible, grâce à nos travaux, d'atteindre un niveau de conscience éclairée ».

Mais à quoi donc peuvent bien servir ces trois fenêtres en loge ? Quelle est leur utilité ? On peut se demander si elles ne sont pas simplement un vestige symbolique de la maçonnerie opérative à l'époque où seules des fenêtres pouvaient suffisamment permettre d'éclairer l'intérieur de la loge où se réunissaient les opératifs, ouvriers bâtisseurs de cathédrales et qui se trouvaient sur le chantier même de construction. C'est souvent l'explication qui est donnée dans les ouvrages maçonniques. Ainsi, dans ce cas, la lumière diffusée serait celle que j'ai qualifiée précédemment de terrestre. Les grilles ou barreaux présents aux fenêtres permettaient sûrement de protéger la loge de l'intrusion de tiers étrangers à la corporation afin de garder secret l'enseignement sur l'art de bâtir qui était dispensé dans ces loges. Dans notre loge, ces fenêtres grillagées auraient la même vocation symbolique, protéger nos travaux de l'intrusion de tout ce qui n'est pas sacré, de ce qui est profane, et aussi peut-être de nous protéger contre toute idéologie malveillante à notre égard comme cela a déjà malheureusement été le cas dans l'histoire. Mais une fenêtre est une ouverture ; peut-être aussi qu'elles permettent d'irradier de nos travaux le monde profane ? Ainsi par leur travail, les Francs-Maçons ont et continuent d'influer sur leur époque et sont à l'origine d'avancées spirituelles, sociétales et parfois sociales.

Il est clair pour moi que ces explications, même si elles sont certainement fondées, n'expliquent pas à elles seules la portée symbolique des trois fenêtres. Comme tous les symboles présents en loge, il convient de pousser beaucoup plus loin la réflexion pour en tirer toute l'essence. Tout d'abord leur nombre doit nous interpeller : TROIS. C'est le chiffre de l'unité dans le monde manifesté. Elles sont sûrement donc des ouvertures sur le principe créateur, un lieu de passage, de communion vers le sacré ; d'ailleurs, de par sa taille et les grilles qui l'ornent, la fenêtre ne peut rien laisser passer d'humain, donc de profane. Elles sont présentes sur le tableau de loge. Or ce dernier contient tous les outils symboliques nécessaires à la création de la vie, non pas cette fois ci organique, mais bien spirituelle. Dans le temple, le franc-maçon peut éventuellement se passer de lumière naturelle, mais pas de lumière spirituelle dont il a besoin pour devenir conscient et communier avec le tout. C'est dans la transmission en loge de cette lumière destinée à guider notre éveil spirituel que les fenêtres jouent en partie leur plus grand rôle symbolique. Nous tous mes frères, sommes à l'image, comme cela est décrit dans la bible, de l'homme ayant chuté et qui par son travail cherche à sortir du plan horizontal pour s'élever sur le plan vertical et communier avec le tout ; c'est à mon avis pourquoi en partie les fenêtres sont orientées vers le haut. Ces trois fenêtres génèrent un double flux : un flux descendant du principe vers l'initié et un flux montant de l'initié vers le principe. Dans son éveil spirituel, le maçon passe par trois états de lumière. Initié, il se met en capacité de la percevoir par le silence notamment, mais également en état de transformation par l'activation de tous ses sens, de communion avec les quatre éléments et les outils symboliques : il travaille sur lui-même comme l'opératif dégrossit la pierre brute et ne doit pas être prisonnier de ses certitudes. Ensuite, vient le moment où il devient conscient qu'il capte la lumière originelle qui le guide vers l'éveil spirituel jusqu'au moment où lui-même rayonne : il est poli et prend la forme de la pierre cubique prête à s'intégrer dans l'édifice bâti par l'effort collectif de lui-même et de ses frères en loge. Enfin, être conscient, il doit rester vigilant et ne pas se laisser éblouir afin de ne pas régresser. Peut-être les trois fenêtres reflètent-elles aussi ces trois états de lumière et, à travers les grilles et barreaux qu'elles contiennent, filtrent la lumière afin que le maçon ne se perde pas ; ces grilles et barreaux sans doute façonnent la lumière, lui donnent un sens particulier, à l'image des vitraux dans les églises.

On peut aussi penser que les trois fenêtres sont  symboliquement un sas de communion également avec nos frères passés à l'orient éternel. C'est en ce sens à mon avis que les trois fenêtres se trouvent en hauteur juste sous la houppe dentelée. Pour travailler en loge, il faut être initié et recevoir l'influence spirituelle de ceux qui nous ont précédés, peut-être par les trois fenêtres, et leur renvoyer le fruit de notre travail à la fin de la tenue par le biais de la chaîne d'union.

Quoi qu'il en soit, pour se réaliser, l'éveil du maçon doit se faire dans un endroit sacré, la loge. La loge, lieu de tous les possibles où se crée et se joue en permanence le miracle de la vie et où se manifestent tous les cycles de la création, pour recevoir et capter la lumière originelle. Celle-ci doit être positionnée idéalement dans l'espace : les trois fenêtres sans doute ordonnent-elles l'orientation du temple comme une « boussole spirituelle » en figurant les quatre points cardinaux. Problème, il y'a trois fenêtres et quatre points cardinaux. La quatrième fenêtre, celle qui se trouverait sur la colonne du Nord serait invisible et aurait la même vocation que la rosace présente au Nord dans les cathédrales gothiques et qui dispense la lumière noire qui est une lumière de l'incréé, de l'indéfini et qui ne peut être représentée.

Comme les trois fenêtres ordonnent l'orientation du temple, elles en ordonnent aussi le temps sacré, mais cette fois-ci comme une « horloge » sacrée, qui à travers la notion de cycle, organise le temps en loge, temps dans lequel nous tous, mes frères, parachevons notre œuvre soit de MIDI à MINUIT.

La lumière nait à l'image du soleil à l'orient : c'est un peu le printemps du monde, l'endroit où le soleil s'est levé la première fois. La lumière diffusée par la fenêtre de l'orient préfigure l'aube de la vie et de notre travail. Ensuite, la fenêtre du Midi sonne le départ de nos travaux. C'est l'heure sacrée où la lumière est la plus forte, le zénith solaire, l'apogée de la création. Tout corps baigné par cette lumière ne rejette pratiquement pas d'ombre ; le maçon est à ce moment précis au maximum de ses possibilités, sa clairvoyance est totale et il devient conscient. Enfin, par la fenêtre de l'occident, la lumière perçue est déclinante et préfigure le repos après l'œuvre accomplie, la douce torpeur qui met en attente du cycle suivant. Le Nord, lui, est dans le froid et les ténèbres, le monde indéfini où la graine de la création n'a pas encore germé, c'est le soleil de minuit.

Les grilles et les barreaux présents aux fenêtres, outre le fait de filtrer la lumière en provenance du tout pour la rendre intelligible au cœur de l'initié et éviter qu'il ne soit ébloui, permettent aussi de faire percevoir au maçon ce qui est de ce qui n'est pas. Pour voir la lumière, il faut qu'elle soit contrastée par la pénombre. Ces deux états de lumière apparemment contraires sont complémentaires et forment un TOUT. Ainsi, le pavé mosaïque serait la lumière filtrée par les trois fenêtres et leurs grilles ou barreau : les parties pleines rejettent une ombre, soit les cases noires, et les parties vides la pleine lumière, soit les cases blanches.

Pour terminer ce travail, je dirai que la portée symbolique des trois fenêtres est à la hauteur, sinon plus, de la curiosité qu'elles avaient éveillée en moi. Bien évidemment, je n'ai dû percevoir qu'une infime partie de leur valeur symbolique et il est évident que j'obtiendrai des réponses au fur et à mesure de mes travaux et de l'accomplissement de mon parcours initiatique, mais aussi du vôtre. Je commence même à me poser certaines questions que je n'aurai pas eu le temps d'aborder et qui pourront servir de bases à de futures réflexions. Je me pose notamment la question de savoir si la colonne où siège l'apprenti, la colonne du Nord, est vraiment dans l'obscurité : peut-être l'apprenti reçoit-il en pleine face la lumière diffusée par les trois fenêtres disposées en face de lui, mais sans cependant en percevoir le sens ? Je me demande encore en quoi la lumière perçue au travers des trois fenêtres est différente de celle émise par le vénérable qui descend ensuite sur les trois colonnettes pour enfin terminer sur l'autel des frères premier et second surveillants et transmise sur les colonnes.

(…)

 

DAV :. DUB :.

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 22:47

Tout porte à croire que la représentation maçonnique de la mort aboutit sur autre chose que le néant. Il y a donc une suite à la mort symbolique, une progression graduelle qui semble préparer à la mort matérielle du maçon.

Chaque maçon combat ainsi son angoisse existentielle. Ceci constitue le fondement même de l’agir ensemble lorsque nous nous réunissons en loge. Nous célébrons la perfection de l’initié sur le chemin et nous préparons inconsciemment à notre ultime instant. Il n’y à pas de ciment plus solide pour souder les pierres du temple.

Toute filière initiatique offre une renaissance en contrepartie d’un sacrifice, physique par les épreuves et psychique par l’intégration agissante des symboles et mythes dans l’individuation.

La vie autrement contre la vie actuelle, tel est l’enjeu.

Le sacrifice comme moyen d’accession au niveau supérieur. C’est donc un moyen ascendant pour  l’esprit comme la mise en place d’une échelle sur le pavé mosaïque.

L’imitation du Christ dans la légende d’Hiram, avec d’étonnantes ressemblances doit nous inspirer des rapprochements quant au but du rituel ;

Que recherche-t-on en faisant mourir Hiram ?

Le changement de niveau par purification du vieil homme. Purification des sens puis purification du corps par sa disparition au profit de l’esprit.

La purification est de nature alchimique, elle crée une métamorphose des corps et de l’esprit.

La purification opère si l'on se débarrasse de ses vices et ses passions qui n’ont aucune valeur pour cheminer. Ce qui est au tombeau ce n’est pas l’initié c’est sa part de passion et de vice. Son esprit plus pur et plus léger quitte l’enveloppe qui adorait les soins et les gratifications matérielles. L’esprit n’a besoin de rien de matériel pour être.

Il faut donc distinguer le corps et l’esprit comme on distingue l’équerre et le compas.

Au niveau qui est le mien, je suis un maçon et je ne dois jamais l’oublier. J’entends que l’équerre et le compas aient une marche commune comme la raison et l’intuition, ou l’action et la réflexion. Ces binômes n’ont aucune valeur pour eux même s’ils ne s’associent pas dans un corps agissant celui du maçon. L’outil ou l’instrument n’existent que si un maître-maçon est là pour s’en saisir. Mon corps est alors guidé par ma réflexion dans le bon usage des outils de même que le grand architecte de l’univers manifeste le monde qui est le nôtre par l’usage du compas. Il y a donc un rapprochement évident entre le maître qui connaît la planche à tracer et le compas, avec le GADLU.

La mort dans le rituel du maître est d’abord un changement de point de vue, et d’état entre un avant et un après. Ce n’est pas une mort, c’est une représentation, un psychodrame agissant sur les consciences. L’objectif consiste à créer une vision autre sur un soi débarrassé de ce moi égotique. Il consiste aussi à décorporiser l’acteur de chair putrescible au profit de l’acteur esprit.

C’est un véritable processus d’éveil qui est ici promu, un niveau de conscience supérieur donc.

La renaissance n’est rien d’autre qu’une purification et un niveau d’esprit plus élevé[1]. À bien des égards, elle peut se rapprocher de l’archétype de la résurrection du Christ qui repose elle aussi sur la notion de sacrifice consenti dans un but supérieur.

Je constate en effet d’étranges similitudes :

Sur les moyens :

Hiram et le Christ veulent laisser un message marquant de leur passage sur terre. Rien n’est le fait du hasard en matière initiatique. Mythes et symboles sont agissants. La mort permet tout simplement l’éveil du maître qui sommeille en nous. On l’appelle le maître intérieur. Il est fait d’esprit et n’est pas tributaire de notre corps sauf pour son réveil et son envol. On peut, au plan le plus bas, le qualifier de prise de conscience, au niveau médian on l’appelle l’éveil de l’Être, au plan supérieur c’est l’Esprit.

Je constate l’élaboration d’un processus de dissociation du corps et de l’esprit :

Hiram reçoit successivement trois coups par trois mauvais compagnons. Ces coups vont entrainer dans la souffrance du corps l’extinction progressive de la vie corporelle uniquement. À partir de ce forfait, les trois mauvais compagnons vont chercher à ensevelir le corps ailleurs que sur le lieu du sacrifice. Ce corps retrouvé au bout de quelques jours sera « réintégré », après pourrissement des chairs, dans le lieu même du sacrifice qui est le Temple de Salomon soit la Maison de Dieu.

En parallèle, le christ est supplicié par le port de la croix sur le chemin du mont des Oliviers. Ce voyage du souffrant vers la mort est le voyage d’Hiram entre les trois portes du temple pour rencontrer ses agresseurs. Suit la deuxième phase la mise en croix et le processus d’agonie se fait en 5 temps. Ce que j’appellerais les 5 temps parfaits de la maîtrise :

1)   Jésus est un prophète, il se situe dans la voie initiatique sacerdotale dont il occupera le sommet. C’est au minimum ce qu’on appelle un grand initié. Hiram est aussi un grand initié, il occupe le sommet de la voie initiatique du travail de la matière. Tous les deux ont accompli un parcours d’initiation incontestable, ce qui semble indiquer que le franc maçon doit poursuivre ce chemin.

2)   On attribue à chacun un mot ou un nom pour les qualifier qui se dit en fraction. Car on ne sait pas donner un nom et le prononcer en rapport avec la matière et l’esprit à la fois. Soit I.N.R.I. ou M.B., mais son interprétation s’avère délicate, car on ne sait pas l’interpréter avec pertinence dans une seule langue, le langage de Dieu et le langage des hommes. Nous retrouvons ce problème dans la triple tentative d’extorsion du mot des maîtres à Hiram. Le mot ne pouvait être donné, car il ne pouvait être compris ! Constatant cette impuissance le maçon épelle en lettre ou en syllabes.

3)   Deuxième temps « Tout est consommé », soit l’atteinte par le salut de l’état d’homme véritable qui à fait le tour de la matérialité, du monde des petits mystères au point de lâcher-prise et qui est prêt à laisser son esprit s’envoler de son corps. Le rapport d’abandon du corps se traduit par la perte de cohérence de celui-ci : Mac Benah, la chair quitte les os. Tout est consommé dans la matière, il ne reste plus aucune ressource pour maintenir l’esprit (le maître intérieur par le maçon) prisonnier de son corps.

4)   Troisième phase : « Tout est accompli ». Ici l’esprit quitte le corps dans une ascension libératrice vers le centre de tous les centres qui est pour les chrétiens Dieu le père. C’est la délivrance de l’esprit. Ce maître intérieur réalise sa plénitude dans le monde qui est le sien. Le maître maçon prépare son maître intérieur à cet envol. Le maître maçon ne redoute pas la mort, car il sait que c’est un passage, et il s’est inquiété de « nourrir » ce maître intérieur pour cet envol.

5)   Le principe de résurrection ou de ressuscitation se retrouve sous l’apparition, trois jours après, du Christ dans un corps de lumière. Autrement dit une forme visible, mais d’un corps aussi pur que l’esprit. Ce point se retrouve dans l’idée du relèvement par les cinq points parfait de la maîtrise, soit après le mort physique le relèvement définitif du maître intérieur. L’objectif de cette apparition est de témoigner aux hommes du chemin de lumière. A un niveau plus concret, c’est aussi la préoccupation des francs-maçons : répandre la lumière parmi les hommes.

Quelle finalité à cette mort / résurrection en matière initiatique ?

L’Homme reste homme depuis Adam et ses erreurs portent à conséquence dans les destinées de l’humanité. En cherchant à mourir et renaître n’espère-t-on pas redevenir cet Adam au paradis perdu ? Un Adam d’avant la faute originelle ?

 Ne cherche-t-on pas à accéder au Centre de tous les centres, en soi d’abord en cherchant à se connaître puis dans le monde en cherchant à le faire progresser pour finalement mourir et rejoindre un ailleurs primordial qui génère ce grand Tout ? C’est ce qu’on appelle rejoindre Dieu le père pour les chrétiens, ou le GADLU par l’Orient éternel pour d’autres

Notre progression graduelle et initiatique nous fait mourir plusieurs fois en gravissant l’échelle des 7 grades 10 degrés et 33 titres et plus de nos rituels. Nous allons bien dans une direction parfaitement ordonnée, en dissociant notre Être en deux parts :

-         celle de l’ombre et de la matière, impure et corrompue comme les métaux. Elle sera enterrée dans une fosse ou un mausolée,

-          celle de l’esprit qui s’envolera loin de toute contingence pour rejoindre ce centre fondateur tel un phénix.

Se pose donc pour le maître la question de son action ici bas. Vivre en chair et en esprit suppose des compromis et une attitude réaliste quant à ses propres capacités à être maître de soi tout en alimentant notre maître intérieur.

(…) E.°.R.°.

Chap.°. La Lumière de Saint Jean



[1] L’analogie avec le phénix est flagrante on retrouvera des développements sur ce sujet dans le Chevalier de Saint André, Ed du maçon

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 21:29
7 marelle dernier droit« Les trois voyages de l'apprenti »

 

Le jour de mon entrée en Franc-Maçonnerie, j'ai effectué trois voyages. Cependant, c'est au fil de ma première année de tenues que j'ai commencé à mesurer la portée de ces périples.

Pour ordonner ma réflexion, et avant d'approcher le sujet spécifiquement du côté maçonnique, je désire en premier lieu répondre à la question suivante.

 

Que représente l'idée du voyage dans l'inconscient collectif ?

 

J'aborde cette interrogation en mêlant mes souvenirs de lecture, mes modestes connaissances, et mes découvertes en cours.

Selon Jung : « c'est l'insatisfaction qui pousse à la recherche et à la découverte de nouveaux horizons » ; Alain Gheerbrant et Jean Chevalier dans le Dictionnaire des symboles expliquent que le voyage représente la quête de « la mère perdue », ou encore « le voyage exprime un désir profond de changement intérieur, un besoin d'expériences nouvelles, plus encore que de déplacement local ».

Des indications qui se trouvent en concordance avec l'état d'esprit de l'impétrant qui, en frappant à la porte de la Franc-Maçonnerie est mû, en principe, d'un désir de changement intérieur. Le terme de Jung « horizon » est à mettre en relief. On voyage rarement sans buts, et dans un même temps voyager c'est aller vers l'inconnu. Combien d'hommes n'ont-ils pas rêvé face au spectacle du soleil qui se couche à l'horizon ? Un espace lointain, lieu d'utopies, d'espoirs, de phantasmes, d'idéaux ou de peurs.

 

Où encore retrouver cette idée du voyage dans l'inconscient des hommes ?

 

Je pense que l'on peut retrouver les racines de cette thématique dans la mythologie et dans les livres.

Que ce soit de manière consciente ou inconsciente, la représentation du voyage nous a été transmise de façon orale puis par la littérature à travers les époques.

 

Le livre des morts

 

Le premier voyage symbolique connu est certainement celui qui était effectué « Post Mortem » par les Égyptiens dans le livre des morts. La cérémonie de la pesée du cœur (Ib) et de l'âme (Ba) décidait, selon ses actes, de son futur. Pour cela, le cœur du défunt ne devait pas peser plus qu'une plume (représentant maât). Bardé de formules sacrées, le mort est prêt pour son jugement final. Placé dans la barque de Rê afin de traverser sans encombre l'au-delà et atteindre la lumière éternelle. « Le symbole est celui du secret divin qui n'est livré qu'à l'initié » (Alain Gheerbrant, Jean Chevalier Dictionnaire des symboles). Un voyage vers l'immortalité que l'on retrouve dans le livre des morts tibétains (le Bardo). C'est, j'en conviens, un résumé condensé, mais il s'agit de mettre en lumière les archétypes si chers à Jung qui ont forgé la pensée humaine. Les Pharaons, les notables, ou les simples artisans dédiaient leur vie et leur fortune à la préparation de leur voyage vers le monde des ombres. Cela démontre un état d'esprit perdu aujourd'hui.

 

 

 

Sur le voyage dans l'antiquité

 

Dans l'antiquité, la transmission orale était souveraine. Les personnages mythologiques effectuant des voyages initiatiques sont nombreux : Ulysse, Hercule, Ménélas, Jason. De cette transmission orale, les œuvres de l'antiquité parvenues jusqu'à nous sont en particulier « L'Iliade » et « L'Odyssée ». 

Si le premier poème est consacré à l'héroïsme et à la guerre de Troie, l'Odyssée est certainement le plus connu des voyages.

Après dix ans de guerre de Troie, il faudra à Ulysse dix nouvelles années pour rentrer chez lui. Poséidon furieux contre lui d'avoir rendu aveugle son fils le cyclope lui imposera lors d'un long périple de multiples épreuves.

On remarque que ce voyage est nommé périple, car le désir d'Ulysse est de revenir à son point de départ pour retrouver femme et enfant et une vie normale. Dans ce cas précis, Ulysse n'a pas choisi son exil et il est confronté à des êtres surnaturels. Il renoncera notamment à la jeunesse éternelle que lui fait miroiter Calypso. En effet, pour Ulysse, la condition de simple mortel et bien plus louable.

Devant le désordre des guerriers grecs pillant Troie, de l’impatience des prétendants autour de sa femme Pénélope en sa maison, son but ultime est de mettre de l'ordre à ce chaos. La synchronisation avec le cosmos. La notion de cycle est retrouvée.

Il y a dans ce mythe fondateur la dualité entre Ulysse, symbole masculin qui agit, et Pénélope, symbole féminin qui attend passivement, tout en tissant le linceul de son beau-père pour faire patienter ses prétendants. « Le symbole du tissage représente le destin. Le fuseau tenu en main qui va et vient dans le métier peut représenter le déroulement des jours et l'enchainement des actes. Une fois le tissage terminé la tisserande coupe le fil qui le retient au métier tel le cordon ombilical du nouveau-né, c'est alors également un acte de création » Alain Gheerbrant, Jean Chevalier Dictionnaire des symboles.

On retrouve ici l'épreuve initiatique qui donne à Ulysse toute sa teneur héroïque. Le voyage est effectué là encore sur les mers sur une barque, symbole définitivement associé au voyage. La barque de Rê égyptienne se nommait aussi navette tout comme l'instrument de tissage de Pénélope.

Ménélas mari d'Hélène, à l'origine de la guerre de Troie, a lui aussi subi des épreuves durant huit ans pour retrouver sa terre d'origine. Il reviendra cependant couvert d'or. À la fin de l'Odyssée, la divinité Hermès apparaît en passeur des âmes vers le royaume des ombres pour les prétendants de Pénélope, massacrés par Ulysse et Télémaque, vers le pré de l'Asphodèle.

 

Voyages bibliques
 


Les plus grands personnages bibliques sont des voyageurs. Abraham, Moïse et bien sûr Jésus n'ont de cesse de parcourir la terre sainte. Je ne suis pas un spécialiste de l'évangile, mais je retrouve dans la Bible le voyage correspondant à l'exil d'un peuple. Le désir de retour à la source devient le retour en terre promise. Les épreuves ne sont plus individuelles, mais collectives. Et le désir du retour à ses racines se déroule sur plusieurs générations. On retrouve pourtant toujours le fondamental du retour au point de départ, à ses racines, à l'origine. Le pèlerinage si cher aux croyants n'est autre qu'un voyage spirituel ayant pour but de transformer le pèlerin mis au-devant d'épreuves.

 

Sur le voyage au moyen-âge

 

L'idée de voyage en Europe au moyen âge est représentée entre autres par les croisades et la quête du Graal que l'on retrouve dans les écrits de Chrétiens de Troyes.

Mais, la croisade est-elle un voyage ?

Le terme « croisade » n'apparaît pas avant le milieu du XIIIe siècle en latin médiéval. Les textes médiévaux parlent le plus souvent de « voyage à Jérusalem » pour désigner les croisades, ou encore de « pèlerinage ». (Cécile Morrisson, Les Croisades, PUF, 1969, nouvelle édition).

La principale raison des croisades est la récupération du Saint Sépulcre et la reconquête de la terre sainte. À l'idée du voyage en tant qu'épreuve initiatique vient s'ajouter la notion de quête spirituelle.

C'est un concept similaire que l'on retrouve dans la légende d'Arthur et la quête du Graal.

De cette même époque, la divine comédie de Dante, voyage initiatique où le narrateur visite l'enfer, le purgatoire, et le paradis partage ces idées avec la promesse du salut pour chacun.

 

Le voyage dans la maçonnerie opérative

 

L’âge d’or de la maçonnerie opérative (ou compagnonnage) se situe du XIIe au XVIe siècle

Même si historiquement, aucun document n'atteste que la Maçonnerie spéculative en est l'héritière directe, l'analogie initiatique ne fait pas de doute. Comment alors ne pas faire le rapprochement entre sur le voyage d'initiation du compagnon et son tour de France ? L'itinérance est d'ailleurs une caractéristique notoire des bâtisseurs médiévaux. Le compagnon acquiert au fil des rencontres avec des maîtres la connaissance. Chaque chantier apparaît comme une nouvelle épreuve qu'il doit réussir pour passer à l'étape suivante. C'est le principe de l'initiation vers la connaissance.

 

Sur le voyage à la renaissance

 

À partir du XVe siècle et la traversée de l'Atlantique par Christophe Colomb, le voyage va s’enrichir par la découverte de l'inconnu, la recherche de trésors, la possibilité d'un monde nouveau. Cela a sûrement influencé la littérature qui a suivi. De manière non exhaustive, il y a les aventures de Télémaque (Fénelon), Candide (Voltaire), Pantagruel (Rabelais), les voyages de Gulliver (Swift), voyage en Orient (De Nerval), plusieurs œuvres de Jules Verne. Nous retrouvons toujours le thème de l'épreuve, de la transformation qu’elle engendre et le retour à l'origine.

 

 

Quels messages subliminaux nous ont été transmis dans les littératures ?

 

En conjuguant l'analyse de Jung et les messages subliminaux transmis dans la littérature, j'en arrive à la conclusion suivante.

C'est l'insatisfaction qui pousse l'homme curieux vers de nouveaux horizons, la recherche d'un trésor, d'une connaissance concrète ou spirituelle. Cette recherche le place au-devant d'épreuves qui, en les vivant, le transforment durablement.

Pourtant, toujours insatisfait et s'apercevant que c'est en fait une fuite de lui-même, il finit par revenir au lieu de départ de son voyage et voit alors son environnement d'une vision éclairée grâce à la transformation opérée.

Le symbolisme du voyage se résume dans la quête de la vérité, d'un retour à la source, et cela après avoir affronté de multiples épreuves pour finir par la découverte d'un centre spirituel : le voyage en soi même.

Et de conclure que « le seul voyage valable est celui fait par l'homme à l'intérieur de lui-même ».

 

 

Les trois voyages de l'apprenti au R.E.P

 

Lors de l'initiation, chaque détail symbolique a de l'importance. Le terme voyage n'a donc pas été choisi au hasard ; on ne parle pas de parcours, de promenade, ou encore de trajet. L'archétype du voyage est certainement applicable au voyage initiatique du franc-maçon. Fort de ce premier constat sur le voyage dans l'inconscient collectif et la littérature, me voici doté de pistes pour essayer de comprendre le périple réalisé par l'apprenti lors de son initiation. Je parle toujours de périples, car les voyages ramènent toujours l'initié à son point de départ.

 

Puisque le voyage est symbolique (mais bien vécu), il doit donc être intérieur.

 

Les quatre éléments

 : la Terre, l’Eau, l’Air, le Feu.

 

L'impétrant qui se présente à la porte du temple ne sait pas qu'il part pour trois voyages. Les yeux bandés, il ne peut voir et donc ressent le déplacement.

Son pas est gauche et hésitant, il est soutenu par des protecteurs éclairés que sont le maître de cérémonie et le frère terrible. Son ouïe et son acuité sont développées.

Les trois voyages sont autant d'épreuves que va subir l'impétrant qui va être mis à l'épreuve au-devant des quatre éléments.

 

À ce moment de la réflexion, on peut se poser la question : pourquoi le voyage est-il associé à l'épreuve ?

Dans leurs définitions, « épreuve » et « éprouver » nous donnent des indications.

« Épreuve » a entre autres comme sens : « rite initiatique destiné à juger quelqu'un selon sa réaction » ; ou encore « Exemplaire d'un moulage, d'une estampe, d'une photographie... »

« Éprouver » a entre autres comme sens : « ressentir » et « connaître par expérience ».

L'épreuve dans le voyage est donc importante par ce que nous ressentons, par nos réactions, ou encore l'expérience que nous en retirons.

Ou alors, nous sommes peut-être une épreuve, une image imparfaite du créateur.

 

Sorti du cabinet de réflexion où il a été associé au premier élément la terre, l'impétrant y a laissé son testament et sa vie de profane. Ce lieu est à différencier avec les voyages. C'est le Gaïa de la mythologie. Le sol nourricier d'où toutes les graines prennent racine. C'est le premier état du monde, après le chaos. C'est là aussi que le futur Maçon laisse la dépouille du vieil homme profane qu'il est encore à ce moment-là. Dans ce cabinet de réflexion, tous les ingrédients symboliques sont là pour que le passage dans un Nouveau Monde se produise, comme dans l’Athanor (four des alchimistes) où la fusion des éléments produit la pierre philosophale. Une pierre philosophale que Jung traduit par : « la métaphore du processus d'évolution psychique de tout être humain ».

 

La notion des quatre éléments est un concept universel que l'on connaît en Europe venant du philosophe grec Empédocle, mais dont Aristote développa au mieux le sens en le détaillant. Selon lui, tout sur terre était composé des quatre éléments et des quatre qualités élémentaires (chaud, froid, sec et humide).

Le Tout s'appliquant également à l'homme.

 

Le premier voyage se rapportera à l'eau, le second à l'air, le troisième au feu.

 

Le premier voyage

 

Que représente le premier voyage où l'impétrant est devant l'élément : eau ?

 

Sous un bruit d'orage et du cliquetis des armes symbole des luttes intérieures, l'impétrant doit se défaire des influences extérieures et être maître de son libre arbitre. Il est balloté dans tout les sens, il effectue une course circulaire dextrorsum. Il part de l'occident, passe par le nord, symbole du tumulte de la vie humaine. Il se dirige ensuite vers l'orient et entame le retour vers l'occident par la route du midi. Sa main droite est alors trempée dans l'eau, puis essuyée avec une serviette blanche.

L'eau, source de vie purificatrice peut se métamorphoser en torrent incontrôlable (dualité qui se répète pour les autres éléments). L'eau, avec le temps, polit la pierre brute, c'est donc bien un symbole de purification.

L'analogie avec le baptême est possible. Le rituel d'immersion ou d'aspersion est présent dans les traditions de nombreux peuples. Il est toujours associé aux rites du passage, à la notion de naissance et de mort symbolique. S'immerger dans l'eau a comme principe de se ressourcer, se régénérer, puiser des forces nouvelles, être purifié. « Un baptême philosophique qui lave de toute souillure » (Alain Gheerbrant, Jean Chevalier Dictionnaire des symboles). Si l'on ne s'y perd pas, on en ressort comme un être nouveau. Une mort symbolique, une renaissance. Le symbole de l'eau, force vitale fécondante, en fait la matrice de toute transformation.

Cette épreuve parle à l'âme (l'eau, miroir de l'âme selon Jung) du futur initié. Il doit résister, là où l'entraine le courant des influences extérieures, et il doit penser par lui-même.

C'est peut-être là le début de ce voyage intérieur mis en évidence dans la littérature.

 

 

Le second voyage

 

Que représente le second voyage où l'impétrant subît l’épreuve de l'élément : air ?

 

En acceptant le second voyage, l'impétrant purifié sort la tête de l'eau pour inspirer sa première bouffée d'air.

L'air c'est le souffle de la vie, mais c'est aussi le déchainement des tempêtes. Le futur apprenti est méfiant et pour lui rendre son assurance, il est soumis à la purification par l'air.

Alors que l'orage s’est arrêté, il reste le cliquetis des armes. L'impétrant entame un second voyage circulaire dextrorsum. Des courses circulaires que l'on peut rapprocher des cycles de la vie, des saisons, de la course des étoiles, du temps qui passe. Le premier surveillant imprime par trois fois un souffle devant son visage.

La purification par l'air c'est, nous dit Wirth : « le souffle impétueux de l'opinion générale fait s'effondrer l'échafaudage factice des théories personnelles » (Oswald Wirth, La Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes éd. Dervy).Représenté par la maison Dieu dans le Tarot c'est le premier écueil du profane qui orgueilleux, se voit déjà édifier une nouvelle tour de Babel. L'ignorance, le fanatisme, l'ambition vont voir s'effondrer ses désirs. « La tour “Maison Dieu” frappée par la foudre s'écroule, car elle est l'œuvre des mauvais ouvriers » (Oswald Wirth, Le Tarot des imagiers du moyen âge éd. Tchou).

 

Cette épreuve correspond au désir du profane de « réussir sa vie avec ses propres certitudes. Il se donne beaucoup de mal, mais cela le conduira tôt ou tard à ne récolter que ruines et déceptions » (Oswald Wirth, La Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes éd. Dervy).

C'est une étape qui parle à l'esprit et à la spiritualité du futur initié.

Je retiens de ce second voyage qu'il est une étape nécessaire dans la perte des illusions personnelles.

C'est selon moi une remise à plat du mental (symbole de l'air) pour permettre au récipiendaire de faire place nette pour sa construction future.

 

 

Le troisième voyage

 

Que représente le troisième voyage où l'impétrant est confronté à l'élément : feu ?

 

Le troisième voyage se fait dans le silence. Face à l'orient, le maître de cérémonie passe par trois fois une flamme sous la main de l'impétrant.

C'est là encore une purification, cette fois-ci à l’épreuve du feu qui lui transmet l'énergie. Il est alors prêt à aller plus haut, vers le spirituel. Ce troisième voyage se déroule un peu plus facilement, car le futur apprenti commence à prendre de l'assurance il maîtrise son pas. Cette troisième étape peut représenter plusieurs symboliques.

Il y a la maitrise de soi : le feu domestique réchauffe, mais dès que l'on en perd la maîtrise il peut tout ravager, car le feu est aussi symbole de la passion et de tout ce qui est excessif. Nous sommes toujours dans la dualité des éléments et leur équilibre précaire.

Le feu, tout comme l'eau, purifie et régénère : en référence aux brulis que l'on effectue sur les cultures afin de permettre un nouveau cycle de récoltes.

De cette idée en découle celle de la transmission éternelle. Ne dit-on pas pour faire perdurer les passions amoureuses « entretenir la flamme » ?

Une citation qui prend racine dans les époques anciennes où, pour avoir facilement accès au feu, l'on devait toujours entretenir une flamme dans le foyer. Dans notre époque moderne subsiste un symbole criant de cette transmission : la flamme olympique. Le flambeau se transmet d'homme en homme et permet ainsi à la flamme de parcourir des milliers de kilomètres. Et cela en veillant à ce que jamais elle ne s'éteigne, pour ne pas rompre la chaîne fraternelle. D'où le dicton : « se transmettre le flambeau ».

Mais l'idée principale que l'on doit retenir de cette épreuve est la fusion. Le feu permet la fusion, et ainsi scelle à tout jamais le lien entre l'initié et la Franc-Maçonnerie

 

Au terme de ces trois voyages, l'apprenti est prêt à recevoir la lumière. Le nombre de trois est à rapprocher de l'âge du nouvel apprenti : 3 ans, ce qui renforce l'idée de cycle.


En conclusion

 

Je comprends ce périple effectué dans le temple comme étant purificateur, ouvrant l'esprit sur toutes les difficultés de l'existence, et permettant de recevoir l'énergie, le feu sacré, opérant en Franc-Maçonnerie.

C'est une renaissance qui est un périple. L'apprenti, après avoir assimilé ses trois voyages, revient à son point de départ, en ignorant, face au grade de compagnon.

 

Je me prénomme Christophe. Le lien entre mon premier sujet d'étude et mon saint patron, celui des voyageurs est troublant. Cependant, je pense que rien n'est vraiment dû au hasard.

De manière plus générale, mes recherches m'ont permis de m'ouvrir à de nouveaux horizons. Justement, je voudrais revenir sur le terme « horizon » développé dans la première partie. C'est au XIVe siècle qu'apparait ce mot dans la langue française. Il décrit la limite apparente de la vision d'un homme sur terre comme sur mer. Mais c'est aussi le lieu de rencontre du ciel et de la terre. L'interprétation symbolique et les découvertes des explorateurs vont sans cesse repousser les limites de cet horizon. Si bien qu'il incite au dépassement de soi, à la recherche d'un idéal inaccessible, et certainement à la rencontre de Dieu idéalisé. L'horizon reste inatteignable, car chaque fois que l'on s'en approche un nouvel horizon apparait, Il se dérobe telle la course irréversible du temps.
 

Et de conclure que le seul voyage valable est celui fait par l'homme à l'intérieur de lui-même (Alain Gheerbrant, Jean Chevalier Dictionnaire des symboles éd. BOUQUINS).

 

Chr.°.        M.°.

 Observations: suivant les rites maçonniques, il existe des variantes dans la mise en œuvre des voyages "initiatiques". Au RER, du fait de sa spécificité nous parlons des 3 voyages de la "Reception" au 1 er grade au sortir non pas du "cabinet de réflexion" mais de la "chambre de préparation" :
Le 1 er voyage est le FEU au Midi (et non pas le 3 em voyage,.comme au REP)
Le 2 nd voyage est l ' EAU au Nord
Le 3 em voyage est la TERRE à l 'occident.

Au delà des variantes, ce qu'il faut retenir c'est le passage d'un état à l'autre: c'est essentiellement le fait de passer d'un état profane à celui d'homme éveillé dans un espace sacré...

ER

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 23:14

Tubalcain est tu là ?

Le REP ne fait pas la part belle aux métallurgistes pourquoi ? Pourquoi abandonner ses métaux et le reprendre à la fin de chaque tenue. La voie métallique est bien celle que nous fuyons, pourquoi ? L’extraction des « produits souterrains » ne sont décidément pas à l’ordre du jour. Sans doute la raison devenue intuition au fil des millénaires nous dicte que ce qui est souterrain à un rapport directe avec le cabinet de réflexion que nous avons quitté, il y à bien longtemps semble-t-il. Finalement , y-a-t-il un choix à faire entre le subterrestre et le ciel?

C’est finalement ce retour à la part obscure et souterraine de soi-même que nous cherchons, par tout l’artifice de la pensée, à fuir et à effleurer en même temps… ER

 

Les Métaux

 

 

LES MÉTAUX

Les Métaux.

Pour mieux comprendre ce que recouvrent ce terme et la symbolique qui y est attachée, il nous faudra explorer différentes pistes et en rejeter la plupart, étudier diverses interprétations et ne retenir que les plus cohérentes.

Ce n’est qu’une fois ce travail accompli que nous tenterons de lever les ambiguïtés et les apparentes contradictions entourant le sens et l’usage du mot Métal en Maçonnerie. Enfin nous essaierons de percer le mystère de la formule de ”l’abandon des métaux“ pour en dégager toute la portée symbolique. 

  • Étude d’ensemble sur les Métaux :

Pour mieux appréhender la symbolique des Métaux et leur influence au sein de notre Loge, il convient de procéder à une étude préliminaire de ce terme et les mythes universels auxquels il est associé. 

Pour certains auteurs, dont René Alleau, le mot métal, dérivé du grec Métallon, est à associer à la racine mé ou més qui est le nom le plus ancien donné à la lune (“Aspects de l’Alchimie traditionnelle”, Paris 1948 p62-63).

Pour d’autres ce mot désigne à l’origine la mine puis les produits qui en sont extraits. (Confère Robert Halleux, « Le problème des métaux, dans la science antique », Paris, 1974.).

Notons dès à présent l’apparente dualité de ce mot : une interprétation étymologique le lie à un objet céleste tandis que l’autre fait référence aux entrailles de la Terre.

Cette dualité se retrouve d’ailleurs dans les nombreuses croyances et religions.

Les êtres qui forgeaient le métal étaient soit considérés comme des êtres sacrés, leur travail participant à l’œuvre divine de création, soit maudits, leur activité utilisant le feu, associé à l’enfer, était à l’origine d’armes redoutables.

Quelque soit son sens originel et les mythes qui y sont attachés, le métal ou plutôt les métaux font, en raison de leur grande richesse symbolique, partie intégrante du Rite Maçonnique, mais nous allons le voir de façon ambivalente.


§  La présence physique d’objets métalliques au sein du Temple :

Il ne s’agit pas ici de procéder à l’énumération exhaustive d’objets de nature métallique au sein du Temple. Une telle liste ne présenterait aucun intérêt en soi.

Mais l’étude de leur présence au sein du temple nous permet de dégager les contours de ce qu’il faut entendre par métaux et notamment le sens que ce mot revêt dans la formule “Mes Frères un instant de silence pour l’abandon de nos métaux”.

Que ce soit dans le cabinet de réflexion ou lors des travaux en Loge, nous sommes en présence de la matière métal.

Au sein du cabinet de réflexion, le candidat est entre autres, face à ce si particulier métal, le Mercure, dont nous tenterons d’esquisser plus loin, la symbolique.

De même au sein du Temple de nombreux objets, outils et ornements sont constitués de métal : Epée Flamboyante, Bijoux mobiles (Équerre, Niveau, Perpendiculaire…), Ciseaux…

Tous ces objets concourent à la parfaite réalisation du Rite.

Leur force symbolique n’est en rien altérée par le métal qui les compose, au contraire cet élément ne fait qu’en augmenter la puissance. De même la présence d’argent au sens monétaire du terme est dans une certaine mesure admise au sein de la Loge.

Certains auteurs ont pourtant vu dans l’abandon des métaux l’invitation à laisser aux portes du Temple toute forme d’argent monnaie. Le métal incarnant en l’occurrence l’attachement à la matérialité dont il faut absolument se débarrasser pour entrer dans le Temple.

On peut citer sur ce point Jules Boucher pour qui “Retirer les métaux monnaie à l’aspirant c’est lui enlever le plus grand corrupteur de conscience” ( « La Symbolique maçonnique » édition Dervy p.35).

Cette pratique et son interprétation sont justes s’il s’agit d’un Récipiendaire sur le chemin de l’initiation.

Il n’en est pas de même pour les initiés, car se poserait dès lors un problème d’ordre pratique : si nous bannissons de nos poches le métal monnaie comment faire nos offrandes au Tronc de la Veuve ?

Cette question en apparence triviale permet de nous éclairer sur la présence physique du métal pendant les travaux.

On a parfois pu avancer que la beauté du don suffirait à purifier et sublimer le métal monnaie pour le rendre acceptable au sein du Temple.

Cet argument bien que séduisant apparaît tout de même bien faible et contestable.

Une autre interprétation, sans doute plus juste, voudrait que l’abandon des métaux ne renvoie pas directement au métal monnaie en tant que tel.

C’est cette dernière que nous retiendrons. 

De ces deux observations, on peut déduire que le métal en tant que matière est présent et accepté dans la Loge.

Que ce terme utilisé dans la formule de l’abandon des Métaux ne désigne ni l’argent monnaie ni le métal dont nombre d’objets de la loge sont constitués.

Il nous faut donc chercher ailleurs le sens profond de ce mot dans cette expression. 


§  La présence symbolique des Métaux au sein du Temple et leurs influences :

 

Nous l’avons vu plus haut l’étymologie du mot métal est double :

Une racine l’apparente au mot “minerai” et semble le rapprocher en cela de la pierre brute. L’autre évoque la lune, corps céleste dont la symbolique est omniprésente au sein du Temple.

D’ailleurs l’analogie entre Métaux et planètes ou étoile est universelle.

De nombreuses civilisations ont fait correspondre Or et Soleil, Argent et Lune …

Des auteurs comme Hésiode par exemple dans « Les Travaux et les Jours » ont établi une correspondance hiérarchisée entre Métaux et Planètes.

Jean Chevalier et Alain Gheerbrant rappellent : “Les Métaux sont des éléments planétaires du monde souterrain ; les planètes, les métaux du ciel ; Le symbolisme des uns et des autres est parallèle. Les Métaux symbolisent des énergies cosmiques solidifiées et condensées, aux influences et aux attributions diverses” (confère « Dictionnaire des Symboles », Collection Bouquins Robert Laffont p. 629). 

Si la représentation symbolique de l’Or et l’Argent à travers la Lune et le Soleil est évidente au sein du Temple, la présence symbolique des autres Métaux bien que plus discrète n’en est pas moins réelle.

En reprenant les correspondances établies entre les planètes et les métaux (correspondance présentée dans le tableau ci-dessous), on peut déduire que ces derniers apparaissent en filigrane à travers la voute étoilée. 

Plomb             =          Saturne

Etain               =          Jupiter

Fer                  =          Mars

Cuivre             =          Vénus

Mercure          =          Mercure

 

Argent                        =          Lune

Or                   =          Soleil

 

Selon Christian Jacq, “Chaque planète porteuse des métaux représente sept dénominations du Grand Architecte de l’Univers et correspond à un principe actif symboliquement représenté par un métal” (confère « La confrérie des Sages du Nord », Monaco, 1980, p. 217).

Il nous est impossible d’examiner dans le détail toute la richesse symbolique des Métaux présents au sein de la Loge.

Nous ne pouvons qu’en dégager les grandes lignes.

 

Soulignons qu’au sein du Temple ces Métaux sont parfaits, purs, débarrassés de toutes souillures. Il faut donc les considérer dans leur sens symbolique.

- L’Or-Soleil : L’or représente le principe actif, la perfection, le feu, la lumière. C’est aussi le principe masculin. Son caractère inaltérable est symbole d’immortalité. L’or est également associé à la connaissance. 

- L’Argent-Lune : L’Argent représente le principe passif, le caractère féminin. Par extension l’Argent est associé à la pureté, la transparence, le psychisme, l’âme et les mondes intérieurs.

- Mercure : Symbole alchimique universel, il a le pouvoir de purifier l’Or. « Face à la double pression des pulsions intérieures et des sollicitations extérieures, il est le meilleur agent d’adaptation à la vie » (confère Jean Chevalier et Alain Gheerbrant “Dictionnaire des Symboles”, Collection Bouquins Robert Laffont p.624

- Cuivre-Vénus : Symbolise la cohésion.

- Fer-Mars : Symbolise le dynamisme, la puissance de l’agir, la robustesse.

- Etain:  Symbolise la puissance d’incarnation

- Plomb-Saturne : Symbolise la base la plus modeste d’où peut partir une évolution ascendante. Le plomb agit également comme un révélateur de la nature secrète des choses.

Depuis la nuit des temps, nous percevons l’influence des planètes, étoile et satellite sur les êtres et les choses (Marées, vents solaire…).

Il en est de même en Loge, nous travaillons sous l’influence directe, combinée et bénéfique de tous ces corps célestes, ces Métaux.

Chacun d’entre eux nous inspire et nous transmet, un principe positif, une force qu’il faut sans cesse chercher à faire vivre en nous.

Cette quête n’est évidemment pas sans rapport avec la nécessité de l’abandon de nos vils Métaux aux portes du Temple.

 

  • Quid de l’abandon des « métaux » aux portes du Temple…

Pour la première fois entendue à la sortie du cabinet de réflexion, l’invitation à l’abandon de nos « métaux » nous est rappelée à chaque début de Tenue, aux portes du Temple.

Tentons de percer les mystères de cette formule, et essayons d’appréhender toute la signification du mot  "Métaux “.

Dans la littérature maçonnique, on utilise indifféremment l’expression “abandon des métaux” ou “dépouillement des métaux”. Dans cette dernière l’emploi du terme “dépouillement” est très fort et révélateur. Son usage nous amène à penser que nous devons nous séparer d’une partie de nous-mêmes, qu’il s’agit de la mort (la dépouille étant comme chacun sait le corps du défunt) de notre être tel qu’il était dans le monde profane.

Au seuil du Temple, le dépouillement des métaux est d’ailleurs précédé d’un instant de silence. Ce silence apparaît comme un moment de recueillement, durant lequel nous nous détachons progressivement de toute pensée profane. Ce qui renforce encore l’idée de mort, nous quittons ainsi notre “vieille peau”, en référence à la mort du vieil homme, pour en endosser une nouvelle, celle de Frère.

Mais quelle est donc cette partie de nous-mêmes, ces Métaux, dont nous devons nous défaire au seuil du Temple.

L’Encyclopédie de La Franc Maçonnerie indique que le terme métaux “ traduit la force des vices et la nocivité des passions humaines” (« Encyclopédie de La Franc Maçonnerie », Paris 2000 p. 570).

Ces Métaux dont nous devons nous défaire ce sont donc, toutes les noirceurs de notre âme, les travers de notre esprit, la petitesse de certains de nos actes.

Si les Métaux sont purs au sein du Temple, ceux du monde profane incarnent parfois le reflet de nos bas instincts :

L’Or peut aussi être symbole de l’orgueil, l’Argent celui de la paresse et de la cupidité… 

Se détacher de nos métaux c’est aussi sortir des stéréotypes stériles dans lequel la société ou nous-mêmes nous nous cloisonnons. Ne pas se conformer aux idées préconçues, mais en éprouver la valeur, ne pas suivre aveuglément les dogmes ou baser sa réflexion sur des préjugés.

”Celui qui se présente aux purifications doit donc être dépouillé du vil métal de l’existence, de tout ce qui fait de lui un individu borné par des conditionnements, des prétentions et des chimères. Lors du dépouillement des métaux on retire à l’être ses rigidités, ses a priori et ses entraves afin de recréer un être neuf, délivré de ses pesanteurs“ (Confère François Aries « Le Dépouillement des Métaux et l’alchimie du temple » Maison de Vie Editeur 2009, p 36).

Plus que l’abandon ou la mort de notre nature la plus sombre, le dépouillement de nos métaux semble nous renvoyer à la purification de l’ensemble de notre être ou pour reprendre une formule alchimique de « transmuter le vil métal en or pur ».

Ce n’est qu’une fois cette purification accomplie que l’individu devenu Frère pourra pénétrer dans le Temple.

  • …et de leur reprise

 

Comme nous venons de le voir, l’abandon des métaux est un acte de purification.

Une fois épuré pourquoi devenons nous reprendre à la sortie du temple nos vils métaux ?

 Oswald WIRTH nous livre une première explication : “Le faux brillant des choses ne doit plus faire illusion à l’homme qui a été purifié intellectuellement et moralement. ” (Confère « La Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes » édition Dervy p.113-114)

En somme la purification nous fait changer notre perception des choses. Au sortir du Temple nous regardons avec plus d’acuité nos faiblesses ce qui permet de mieux s’en détacher.

A chaque Tenue il nous est demandé de procéder de nouveau à l’abandon de nos métaux, car la purification doit sans cesse être renouvelée.

Ce travail est sans fin, c’est pourquoi nous devons reprendre nos Métaux pour continuer à les affiner encore et encore.

Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons faire de nouveaux progrès en maçonnerie.

(…)

 Chr.°. Chi.°.

 

 

 

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 22:07

Comment ouvrir la porte des profondeurs insondables et de l’infini ?

Le silence ne confine pas à la surdité bien au contraire, il ouvre le sens caché en développant l’intériorité.

Depuis le cabinet de réflexion, nous savons que le silence doit devenir, par le travail intérieur, une prière sans demande. Plus tard, il sera possible d’aborder les « Grands Mystères » par la voie du silence sans mot et sans langage. Ces derniers en effet sont trop limités pour rendre compte de l’ineffable et de l’inexprimable. La voie du silence est transcendante, elle donne l’accès aux « Grands Mystères » et donc au Principe.

Le silence est la portée sur laquelle on profère le mot. Donc par correspondance le silence est l’essence du Verbe. Cette portée est l’essence principielle le mot une expression manifestée, et silence et mot sont éléments du principe créateur. Ainsi entrer dans le silence c’est entrer dans un travail spirituel, une ascèse pour en saisir la  dimension essentielle…  

Voici le ressenti de l’apprenti dans sa première expérience du silence, nous sommes encore dans la perception et le sensible propre aux «  Petits Mystères ». ER

Le SILENCE

Le profane se trouve confronté pour la première fois au silence lors de son passage sous le bandeau. Avant de pénétrer dans la loge, il est placé dans un espace clos, étroit et obscur. Cet isolement, le silence de l’endroit favorise la réflexion, le questionnement – « Que va-t-il se passer ? À quel genre de questions dois-je m’attendre ? Que répondre ? » Au bout d’un moment (je parle pour moi), ce silence finit par être pesant. On se raccroche au moindre bruit, la musique qu’on entend éveille notre curiosité, on essaie de comprendre ce qu’il se dit dans la loge. La réflexion finit par faire place à l’impatience voire à l’ennui et l’on est finalement soulagé lorsque l’on sort de cet endroit.

Puis vient le cabinet de réflexion. Isolé toujours, mais dans la pénombre cette fois-ci. Plusieurs choses sont disposées devant nous et attirent notre attention.  C’est le moment de rédiger le testament philosophique ; le silence devient alors un corollaire, une conséquence de notre réflexion que l’on essaie d’approfondir pour répondre aux questions qui nous sont posées.

Enfin la F.°. M.°. accepte de nous accueillir en son sein. Nous allons pénétrer dans le temple qui tout comme un lieu de culte oppose son silence au bruit du monde profane. Mais avant de recevoir la lumière, nous jurons de taire ce que nous allons vivre dans la loge. Nous partageons ce silence avec les autres FF.°.  gage de discrétion quant à nos recherches.

L’apprenti assiste aux tenues en silence ; il ne peut s’exprimer ou alors de manière exceptionnelle. Quand bien même il pourrait prendre la parole, ce serait pour dire quoi puisqu’il ne sait rien de ce qui se déroule sous ses yeux.

Pour Cioran le langage, le verbiage troublent notre lucidité ; mais il reconnaissait aussi que le silence est insoutenable.

Car le silence tue, ou du moins le non-dit peut être source de souffrance. Et c’est finalement la parole qui nous sauve, la psychiatrie permettant d’extraire le mal qui est au plus profond de nous.

La parole est aussi source de sagesse. Socrate par la maïeutique, c’est-à-dire par le questionnement, le dialogue, amenait ses disciples à exprimer leurs pensées et à les juger.

Revenons au silence de l’A.·. cette obligation est finalement plutôt rassurante puisqu’il assiste à quelque chose de totalement nouveau pour lui. Vieux réflexe scolaire, on peut parfois regretter de ne pas intervenir ne serait-ce que pour demander une explication.

En tout cas ce recul permet de solliciter d’autres sens : l’odorat, l’ouïe, la vue. L’apprenti observe ce qui l’entoure, écoute la parole circuler et se laisse entraîner par le rythme du cérémonial de la tenue. On quitte un monde profane stressant, troublé où tout va trop vite, pour quelque chose d’apaisé, d’ordonné, de réglé et encore une fois de rythmé. C’est le temps de se recentrer, de remettre les choses en place.  Dans la méditation zen par exemple, on fait silence pour essayer de faire le vide, de se libérer des idées reçues, d’évacuer tout ce qui est négatif en nous. On nous explique que si l’esprit est vide il est toujours prêt pour quelque chose. Cela nous permet d’atteindre un état de conscience supérieur et de découvrir — je cite « le trésor dans [notre] propre demeure ». Nous devons être notre propre flambeau. La méditation ne passe ni par un dieu ni par un rite.

Avant d’entrer en loge, l’apprenti abandonne ses métaux, essaie de se débarrasser des impuretés du monde profane et commence à apprendre ce nouveau langage symbolique qui, selon Bruno Etienne, permet de saisir le divin.

Les tenues se suivent et l’apprenti se familiarise peu à peu à ce qui s’y passe. Certaines choses l’interpellent, entrent en résonance avec ce qu’il connaît : « Ça y est j’ai enfin l’occasion de leur montrer que moi aussi je sais des choses, que je ne suis pas forcément d’accord avec ce qui a été dit ».

Mais ce silence imposé est là pour mater notre ego et nous tempérer. Silence qui peut être imposé aux grades suivants puisqu’on ne peut s’exprimer que trois fois.

A la fin de la tenue, tout le monde se regroupe afin de former la chaîne d’union pendant laquelle le Vénérable prononce une prière « maçonnique ». De cette chaîne émane l’égrégore de la loge. (je parle de quelque chose que je n’ai pas tout à fait saisi). Dans le recueillement nous dirigeons nos pensées vers le GADLU en essayant de dégager des idées positives synonymes d’équilibre, de morale, de vertu en espérant, pourquoi pas, que cela rejaillisse sur le monde profane et sur nous.

Pour l’Eglise ces temps de silence sont évidemment nécessaires. (J’ai à cette occasion demandé à un prêtre et à un pasteur ce que cela représentait pour eux).

En faisant silence, on se tient dans la présence de Dieu.

Dans la prière, on essaie d’évacuer le superflu, de lâcher prise, de se ressourcer afin de se relier à Dieu et de l’accueillir en toute simplicité. Pour le moine trappiste Thomas Merton la conscience de la présence de Dieu est impossible sinon dans le silence, le recueillement, la solitude et un certain retrait du monde . Le silence se fait plus radical, car les moines mènent une vie contemplative.

Point commun avec la méditation, ou le yoga par exemple, on cherche à taire ses passions, ses désirs et ses pensées qu’elles soient positives ou négatives.

Pour résumer, je reprendrai une image utilisée par le Zen :

La sagesse, la paix, l’amour se trouvent dans notre esprit ; mais l’endroit est obscurci par des nuages qui représentent tout ce qui est négatif (les doutes, les peurs, etc.).

La prière, la méditation nous aiguillent donc sur ce chemin qui nous permet de retrouver cette vérité.

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet, mais nous pouvons constater que le silence est le dénominateur commun, le préalable, le corollaire des formes de spiritualité que j’aie évoquées.

À partir de ce silence, le F.°. M.°.choisira librement le chemin qui le mènera vers sa Vérité avec ou sans Dieu à ses côtés.

Enfin, plus prosaïquement je dirai que l’apprentissage du silence nous met non seulement sur la voie de la sagesse, mais aussi sur celle du civisme puisque nous apprenons à écouter et à respecter la parole de l’autre. Un bon début pour vivre en bonne intelligence avec les siens.

 


Th.°.Lo.°.

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 14:37

 

Notre frère trace tout d’abord un bref historique de notre rite. Il part de 1688 créations des premières loges Stuartistes jusqu’à Robert Ambelain.

Il s’est ensuite interrogé sur la signification du message transmis depuis la construction du temple de Salomon. Il constate que dans l’esprit des fondateurs, la FM doit être une immense école de morale pratique. Que la foi maçonnique, si l’on peu s’exprimer ainsi, est la croyance primordiale en la dignité de la personne, mais surtout que la conviction de chacun est perfectible.

Son interrogation s’est ensuite portée sur ce que désiraient transmettre nos frères afin que l’homme arrive à être en harmonie avec l’univers. Il y a donc un triple rapport harmonique entre les hommes, en l’homme lui-même et enfin en rapport avec le Tout.

Il aborde les moyens mis en œuvre pour arriver à cette harmonie : le langage commun, les signes, les gestes, les symboles. Ces derniers outrepassent les limites de l’expression ordinaire.

Il nous fait également part du secret non manifesté qui permet à l’homme de retrouver son centre intime. Il nous rappelle que les outils utilisés par les tailleurs de pierres d’autrefois ont pris un sens sacré maintenant et qu’ils accompagnent le maçon tout au long de sa vie. Il est ensuite développé le sens de la loge et la signification symbolique de ses décors. Une attention particulière est apportée à un élément de notre rituel : la chaine d’union. La conclusion porte sur la conception du GADLU, source créatrice de toute l’énergie qui entoure l’univers.

 

(…)

Quel est le message de nos FF présents et passés? 

Les anciens rituels utilisés dés 1688 par des loges militaires de Saint-Germain-en-Laye  furent apportés en 1751 à Marseille par le stuardiste  George de wallon, y fonda le 27 août, avec des pouvoirs venus d'Édimbourg, celle qui devait devenir la Mère Loge Écossaise de Marseille sous le nom de Saint-Jean d'Écosse. C'est de cette filiation qu'est né l'actuel rite écossais Primitif, d'après Robert Ambelain.

Donc une antériorité en terre de France, revendiquée dès 1688, et bien avant les Constitutions d'Anderson de 1738.

Robert AMBELAIN s'attacha à redonner vie à ce qu'il concevait avant tout comme un « Rite de tradition ».

En me posant des questions sur la signification du message qui nous a été transmis depuis la période de la construction du temple de Salomon, je veux avec vous essayer de comprendre une toute petite partie de ses messages.

Dans l'esprit de ces fondateurs, la F.°. M.°. doit être une immense école de morale pratique. Cet esprit de tolérance doit nous animer et demeure pour nous synonyme de connaissance, mais également de reconnaissance des autres. La foi maçonnique est la croyance primordiale en la dignité de la personne, mais surtout que la conviction que chacun d'entre nous est perfectible.

La perfection est notre seule recherche avec la contrainte absolue de respecter la loi morale, la loi sacrée, la loi universelle, celle qui rapproche les hommes malgré leurs différences. A nous de nous atteler à cette immense tache. Nous devenons un  centre d'union de toute la loge, avant de faire rayonner nos idées à l'extérieur. 

Nous sommes chacun notre propre œuvre en petit, tout comme la société est notre œuvre en grand. Que l'ancien soit rejeté pour faire place au nouveau ou « tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » ou encore « tout ce qui est à l'intérieur est en correspondance avec ce qui est autour. C'est élever l'esprit aux choses d'en haut (que le premier est un sens moral et le second un sens mystique). En cela il faut reconnaître  qu'il faut faire une chose pour qu'une autre se réalise, qu'une création intérieure  précède une réalisation extérieure. Le soi conscient et le soi obscur cherchent à s'équilibrer en s'unifiant.

Que venons-nous faire en Loge ?

« Vaincre nos passions, soumettre nos volontés, et faire de nouveaux progrès dans la maçonnerie ».

Dans l'obscurité, détachés de tous métaux nous sommes invités à nous accepter tel que nous sommes vraiment et à devenir responsable de nous-mêmes, afin de pouvoir suivre le chemin de l'épanouissement, dans une loge « juste et parfaite ».  La lumière de la loge nous montre ce que nous pourrions être, et pas forcément ce que nous sommes.

C'est la métaphore de l'aube et du crépuscule, si ressemblants visuellement et pourtant si différents dans l'énergie qui les anime. La loge centre indispensable, à qui veut trouver équilibre, paix intérieure et stabilité. Elle est une démarche spirituelle, structurée à la fois en tant qu'organisation humaine et en tant que chemin.

Que désiraient transmettre nos frères?

Et pourquoi agir ainsi?

La Loge est née au départ de la communication d'une tradition symbolique avec la volonté de créer des communautés de bâtisseurs. Et pour que cette époque ne soit pas condamnée à l'oubli, nos frères l'ont nourri au fil des années de cette éternelle sagesse, pierre vivante symbolique de sorte que le regard commence à vivre grâce à elle. La loge est bien devenue un livre des symboles qu'il nous faut déchiffrer pour pénétrer à notre tour sur le chantier. Ils ont lutté contre les éléments, avec le quotidien pour réussir, par l'œuvre accomplie, mettant l'homme en harmonie avec l'univers, avec pour objectif que nous soyons plus tard, reçus dans « une loge juste et parfaite ».

Franc, c'est entrer en FM et s'en retirer à tout moment; c'est d'être libre d'écouter, de regarder, d'apprendre auprès de nos frères, de transmettre autour de soi.

Maçon, c'est agir en bâtisseur de l'humanité (à commencer par la construction de soi-même),c'est rendre hommage aux générations de M.°. vivants et morts.

Ils ont voulu permettre à toute personne qui se reconnaît comme « cherchant » d'entrer en contact avec des hommes qui partagent la même recherche. Propose une méthode pour mieux se connaître, mieux structurer sa parole et donc de mieux structurer sa pensée. Ce programme ambitieux s'appuie sur des outils: le respect du rite, la pratique des symboles, l'exigence de la fraternité.

nlassables, assoiffés de connaissances, ils avaient cette volonté de vivre l'esprit, superbement incarné dans la pierre, en évitant toute compétition entre frères grâce à l'initiation aux symboles.

Ils se reconnaissaient entre eux par des mots, signes, gestes et parcourraient le monde où ils étaient reçus comme des frères.

Au sein d'une tradition, tournée vers l'avenir la règle de vie va bientôt se transformer en parchemin, puis en livre de vie et perdra sa vocation opérative pour devenir spéculative et se retrouver en maçonnerie ouverte à la modernité.

Ainsi en est-il aujourd’hui des outils autrefois utilisés par les tailleurs de pierre qui sont devenus sacrés et que nous retrouvons tout au long de notre parcours maçonnique afin de finaliser la progression consciente et libre vers la connaissance d'un principe supérieur.

À travers un langage commun, celui des symboles, sur la base d'une culture commune, celle de la tradition, et en s'appuyant sur le rituel (les rituels sont indispensables si l'on ne veut pas que le travail reste uniquement intellectuel: ce ne sont pas les mots qui permettent de s'améliorer, mais les expériences ) qui a pour but de rassembler et d’unifier, avec l'idée centrale que c'est l'interaction  humaine qui permet d'acquérir par l'expérience existentielle du vrai et du bien, un sens des valeurs soit une révolution d'amour universel et pluriel.

Pour que chaque Maçon véritable devienne au fil du temps et bien malgré lui, un chercheur de vérité.

Il pressent à l'intérieur de lui-même cette présence, cette âme, seul lien avec le GADU.

Tout est progressif, c'est-à-dire que nous progressons par degré, par grade. Tout comme nous montons un escalier fait de marche, de degré. C'est une démarche spirituelle, structurée à la fois en tant qu'organisation humaine et en tant que chemin. Mais il est aussi important de cultiver autant la liberté de l'autre que la sienne propre.

L'initiation ou élévation à un degré maçonnique constitue un tout. Mais de plus, certaines initiations marquent un changement d'état de l'initié par rapport à son état antérieur. Le jour de l'initiation, il aperçoit « l'éclat de la lumière dans les ténèbres » il tout simplement au début de sa démarche spirituelle.  Il s'agit le plus souvent vivre en soi, l'histoire du rituel, le sacré de la loge, et le secret de ce qui se passe à l'intérieur. Au-delà de l'initiation, la représentation de cette réalisation maçonnique est bien celle de la construction d'un temple. Ainsi du temple de pierres on passe au temple de l’homme. (Temple extérieur vers temple intérieur).

Nos frères n'ont pas voulu en faire une société secrète puisqu'elle ne fait mystère ni de son existence ni ses buts. Si les rituels ne sont pas divulgués, c'est pour que l'éventuel impétrant puisse vivre ce qu'il a à vivre sans a priori.

Le secret non manifesté concentre en lui-même un point ou un centre. Ainsi la tradition nous enseigne qu'au moyen de la connaissance, appelée gnose, l'homme peut retrouver le chemin de son centre intime. Le sacré de l'homme c'est son cœur ; aussi doit-il sentir avec le cœur et voir avec des yeux internes. Il suffit d'ouvrir pleinement son cœur pour que rayonne sa lumière intérieure, transformant instantanément l'obscurité alentour en une douce et intense lumière d'amour fraternel. Selon l'enseignement des anciens, la lumière est en tout temps et en  tout lieu, où la difficulté consiste à la faire exister, à la manifester, grâce au V.°.M.°.  Ce qui domine en elle, c'est le principe de la tolérance: tolérance vis-à-vis des doctrines religieuses et politiques, parce qu'elle est au-dessus et en dehors  des rivalités qui les opposent.

Les anciens, s'appuyant sur des documents issus des premières loges, tentent de démontrer que l'origine de la maçonnerie spéculative se situerait en Écosse, tout en travaillant avec les rituels et les secrets de l'époque. Le temple représente l'univers sans dimension  particulière.  Le soleil, c'est le masculin. La Lune, c'est le féminin. L'étoile flamboyante permet de guider le F.°.M.°.

Après les constitutions du pasteur Anderson de 1723 et1738, elle deviendra le centre d'union des grands esprits attachés au bonheur de l'humanité grâce au mélange des traditions anciennes et des idées nouvelles. Il faut penser aux bâtisseurs de l'époque qui érigeaient des temples et des cathédrales et qui ont élevé un idéal de perfectionnement personnel destiné à rayonner jusqu'à l'extérieur pour devenir universel. Ainsi en est-il ainsi aujourd'hui des outils utilisés autrefois par les tailleurs de pierres.ls sont devenus sacrés et nous les retrouvons tout au long de notre parcours, pour finaliser la progression consciente et libre vers la connaissance d'un principe supérieur. Le mystère n'est pas quelque chose que l'on cache, mais qui reste centré, et qu'il appartient à celui qui veut bien le découvrir, car on accorde de valeur qu'à ce qu'on a découvert soi-même. L'initié depuis qu'il a levé les yeux vers cette voute étoilée ne cesse de s'interroger. Symboliquement le temple n'est pas couvert. Le temple reproduit le ciel au jour du solstice d'été. Allégoriquement, il représente la construction du temple inachevé et rappelle que les travaux de construction du notre temple intérieur ne se termine jamais.

C'est en vérité le code cosmique de notre planète. C'est pour amener le ciel sur la terre et pour élever l'homme hors de son confinement terrestre vers un royaume d'harmonie et de paix.  La loge est un temple de résonance qui vibre merveilleusement avec le cosmos.  Comme l'arbre parmi tous ces possibles se devait de trouver la plus belle voie pour la vie. Il met en communication les trois niveaux du cosmos; le souterrain par ses racines plongeant dans les profondeurs de la terre, la surface de la Terre par son tronc et ses premières branches, le ciel par ses branches supérieures qui s'élèvent vers les hauteurs attirées par la lumière céleste. Dans l'infiniment grand comme dans l'infiniment petit, la loge cherche la formule unique, l'équation universelle, le symbole d'unification.

L'univers était à leurs yeux un immense chantier de construction, ou chaque être est appelé par ses efforts à l'identification d'un monument unique ou se figurait un travail incessant, n'ayant jamais commencé et ne devant jamais finir. Pour eux le symbolisme ne vise qu'à suggérer le travail intérieur et à stimuler l'orientation personnelle sur les voies du constructivisme universel.

Être ouvert sur le monde et sur les hommes, c'est apprendre à transmettre et à réfléchir indépendamment de toutes pressions sociales et politiques. La longue compréhension des symboles, du rituel, la fréquentation de personnes que l’on n’aurait jamais rencontrées en dehors des parvis, tout cela compose le secret M.°., terriblement personnel et strictement incommunicable. La loge symbolise l'habitation que l'homme se construit ou l'espace passe par une projection des quatre horizons à partir du centre ( Axis Mundi ).

L'axe symbolise la voie spirituelle suivie par le M.°. qui entend s'élever constamment et atteindre finalement sa pleine réalisation. La loge creuset du voyage intérieur est image symbolique du cosmos ou monde manifesté. Elle donne accès au domaine des possibilités supra-individuel et l'initiation aux grands mystères. L'image des planètes tournant autour de l'axe...image sacrée du cosmos, sorte d'icône de l'univers. L’axe centre aussi le miroir du corps humain, le microcosme. C'est la représentation entre les différentes manifestations l'absolu et le non né. Au bout du rayon est le cercle qui marque le franchissement du territoire sacré, où la recherche peut commencer. C'est le ciel universel qui unit le haut et le bas, l'intuition et la raison. Les deux "centre" et "cercle" sont l’essence du développement personnel.

Au niveau de l'univers on peut penser à l'équilibre entre la lumière et l'obscurité, le jour et la nuit, le soleil et la lune, le yin et le yang, l'est et l'ouest, le nord et le sud, le haut et le bas, l'intérieur et l'extérieur. Le temple est notre corps en plus grand.

Il croît  au soleil et s'endort dans le calme de la nuit. Chaque frère est exposé à la lueur de la voûte étoilée qui relie les sommets de l'esprit. Nos deux colonnes du temple soutiennent symboliquement cette voûte. Elles sont là pour rappeler au M.°., qu'en franchissant cette porte, il vient des ténèbres, du monde profane et qu'il vient chercher la lumière qui éclairci l'esprit. L'initié travaillant sa pierre brute au plus profond de lui-même, recherchant sans cesse sa propre vérité doit recevoir en échange le scintillement des étoiles. Le profane qui aspire à la lumière doit d'abord, se dépouiller de son passé, des préventions que la vie profane accumule en lui et découvrir ce qui est sagesse, force et beauté et découvrir une dimension verticale. La marche du M.°. dans le temple part toujours des deux colonnes et c'est vers l'orient que doivent porter ses efforts.

Au début de la vie maçonnique, on vit dans un espace à deux dimensions, la longueur et la largeur du temple. C'est le but de l'enseignement au grade d'apprenti et de compagnon. La marche respective de ses deux grades nous maintient sur terre, celle des petits mystères.

Le grade de maître nous apprend une autre notion...

Est M.°. celui qui fait de son âme un temple assez pur pour que l'esprit divin s'y complaise, celui qui mettant en action la sublime charité est prêt à donner son pain pour ses frères.

Écouter chacun s'exprimer en son nom et ne jamais mépriser ce qu'il dit avant d'avoir réfléchi. Peser ce que je peux en tirer et, quand j'ai un désaccord concernant les faits, je peux rectifier, avec courtoisie, lors de mon tour de parole, mais il n'est pas permis de polémiquer.

Aux pieds des deux colonnes, de l'occident vers l'orient, le pavé mosaïque, avec ses alternances de blanc et de noir, nous rappelle que l'humanité est composée d'éléments disparates et contraires, mais qui peuvent constituer un tout harmonieux. .

Le pavé mosaïque symbolise l'étroite union qui doit régner entre les M.°., liés entre eux malgré leur différence. Les trois lumières au centre, qui transforment en énergie (sagesse- force – beauté)

Le tableau de loge était dessiné puis à la fin de chaque tenue on effaçait le tableau. Maintenant c'est un tableau que l'on pose et retire à la fin de la tenue. Puis vient le rite particulier cher à nos frères, même si elle vient en fin de cérémonie, elle occupe une place prépondérante, c'est la chaîne d'union. Cette chaine nous lie dans le temps comme dans l'espace; elle vient du passé et tend vers l'avenir. Elle symbolise le lien indissoluble entre frères dont les chainons sont tous égaux et animés d'une soif de vérité et de lumière. Toute cette énergie passe de maillon à maillon et à pour origine celle du V.°. M.°. qui rappelle d'une façon  solennelle que cette chaine relie les frères dans la loge ainsi que tous ceux qui nous ont précédés et tous les maçons de la terre.  Le message de nos frères est donc de construire, de bâtir de former une unité.  Qui n'a jamais ressenti cette onde quasi magique qui nous envahit à ce moment précis où nous faisons la chaîne pour nous recueillir et nous unir dans nos pensées? Tout le monde baigne dans une ambiance particulière. Tous les frères ressentent une très forte sensation, un état de réceptivité beaucoup plus profond que l'état habituel.

C'est ce que les anciens nommaient les « égrégores ». L'impression peut-être illusoire qu'un voile magique nous enveloppe, qu'il ne faut pas écarter sous peine de rompre le charme.

C'est le désir de se placer d'une manière naturelle, permanente et sans effort dans un espace sacré, d'abolir le temps profane et instaurer un temps nouveau même si cette invisible présence est mystérieuse. C'est recevoir la lumière, donc être éclairé désormais.  En F.°.M.°. ce courant de pensée appelé lumière, nous guide en permanence et que nous devons appliquer  pour rester éternellement un cherchant. Car au-dessus du monde abstrait et dogmatique, la recherche de la vérité reste l'idée première.

Abolir le temps profane et vivre le temps sacré, vivre humainement par la transfiguration de la durée en un instant éternel. Puis vient l'instant de silence avant la reprise de nos métaux, qui permet un temps d'espace pour faire le point, sur le travail du jour.

Enfin le message de nos frères a commencé avec le Siècle des lumières en faisant jaillir la conception du GADLU, telle une source créatrice de toute l'énergie qui entoure l'univers.  Mémoire du monde, mouvement du temps, âme universelle. Cette trace profonde des origines est inscrite dans l'âme de chacun.  Ce message que nous devons toujours mettre en application, peut se résumer dans cette l'énergie harmonieuse, réunissant Sagesse, Force et Beauté.

(…)

Dom.°.P.°.

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 23:59

Quel intérêt avons-nous de rechercher la qualité dans le nombre. Nest-ce pas ici un travail contradictoire. Nous savons que la qualité ne peut rimer avec le nombre. Et pourtant, le nombre nest pas un chiffre, cest un élément de langage sacré comme aimaient à le penser nos ancêtres et en conséquence impliquait une logique universelle  qui se confondait parfaitement avec lintuition dun profane éveillé. Ainsi nos philosophes Grecs de la logique et du mythe, grâce à lacquis de la philosophie éducative, rendirent autonomes leurs systèmes de pensée en oubliant (parfois) quil ne peut y avoir dautonomie de la pensée sans perspectives pour la liberté. La géométrie sacrée comme la numérologie qui en découle, sont lexemple typique dune liberté de mouvement et dinvestigations que les élites dinitiés, ont pu mettre à jour aux temps anciens.

Héritiers des ces progressions phénoménales de la pensée, nous « modernes » aux pieds dargiles, nous devons modestement nous incliner face à ce travail de « raisonnement intuitif » qui fut leur œuvre ER

La Tétraktys Pythagoricienne,(extraits) 

(...)

Je tenais à préciser que de par sa nature même, cette dernière a tellement fait l'objet d'études et d'analyses poussées de la part des plus grands symbolistes et philosophes qu'il reste peu de place à une interprétation personnelle. Je souhaitais malgré tout vous en livrer comme une sorte d'abrégé synthétique issu de mes lectures dans l'espoir de vous faire partager ma passion pour ce symbole. Par conséquent afin d'essayer d'en mieux comprendre tout le symbolisme qu'il soit mathématique, géométrique, et bien sûr maçonnique, il conviendra de donner en préambule quelques explications nécessaires qui feront qu'au fil de ce travail tous les frères, quel que soit leur grade, se retrouveront dans cette Tetraktys Pythagoricienne dont la richesse insoupçonnée est sans limites. Cette figure aussi cartésienne qu’irrationnelle est si fascinante qu'il me semble qu’elle possède en son sein l'essence même de la Franc-maçonnerie. Pythagore est un philosophe, mathématicien et scientifique présocratique qui serait né aux environs de 580 av. J.-C. à Samos, une île de la mer Égée au sud-est de la ville d'Athènes. On établit sa mort vers 495 av. J.-C. à l'âge de 85 ans.

Sa vie énigmatique permet difficilement d'éclairer l'histoire de ce réformateur.

Le néo-pythagorisme est néanmoins empreint d'une mystique des nombres.

En effet, pour Pythagore « Tout est nombre » ( Un le Tout ) L'apport majeur de Pythagore est l'importance de la notion de nombre et le développement d'une mathématique démonstrative, mais aussi religieuse. Pythagore donne des nombres une représentation géométrique. Arithmétique et géométrique sont sœurs. Les démonstrations arithmétiques s'appuient sur des figures et cette méthode porte le nom d'arithmétique géométrique. La Tétraktys Pythagoricienne et le Carré de 4 en sont des exemples parfaits. Chaque unité est figurée par un point, de sorte que l'on a des nombres plans (1,4,9,16, etc. qui sont carrés et 1, 3, 6,10, etc. qui sont triangulaires), des nombres rectangulaires, des nombres solides (dits cubiques, pyramidaux, etc.), des nombres linéaires et des nombres polygonaux. Le premier nombre pyramidal est 4. Cette méthode permet le calcul de la somme des premiers entiers, des premiers entiers impairs ou encore le calcul des triplets pythagoriciens.  

Le mot Tétraktys signifie « quadruple éclat rayonnant ».

Ce mot évoque le nombre 4  (Tétra) et une lumière rayonnante (Actys).

La Tétraktys Pythagoricienne ou Quaternaire est un nombre représenté par 10 chiffres disposés en triangle. C'est la raison pour laquelle on l'appelle nombre figuré triangulaire.  Sa formule numérique est la suivante : 1 + 2 + 3 + 4 = 10.

Cette figure était sacrée. Les pythagoriciens prêtaient serment « par la Sainte Tétraktys » ou par une autre formule de serment « le Carré de 4 » , à ne pas prendre à la légère quand on sait que certains êtres savent aller au-delà du temps. La doctrine pythagoricienne à un caractère plus cosmologique que purement métaphysique. Rappelons ici que la cosmologie est la science qui étudie la structure et l'évolution de l'Univers considéré dans son ensemble. Le quaternaire est partout présent et toujours considéré comme le nombre de la manifestation universelle. C'est donc le point de départ de la cosmologie tandis que les nombres qui la précèdent, c'est-à-dire l'unité, le binaire, le ternaire, se rapportent uniquement à l'ontologie. C'est à dire l'étude de l'être en tant qu'être, de l'existence en général dans l'Existentialisme et sur la considération de l'essence divine, nécessairement pourvue de toutes les perfections, ce qui implique que Dieux existe.

La disposition figurée de la Tétraktys Pythagoricienne est la suivante : 

Pour l'anecdote, à l'époque de Pythagore, chaque point noir était un petit caillou disposé sur le sol, d'où est venu le nom de calcul désignant les petits « cailloux » se formant dans certains organes comme la vésicule biliaire ou les reins. Comme nous l'avons vu précédemment, la Tétraktys Pythagoricienne comprend 10 points ordonnés en un triangle équilatéral. En fait, un point central entouré de 9 points et la base du triangle composé de 4 points. Par conséquent quatre rangées des 4 premiers nombres successifs, dont la somme vaut 10. Ce qui nous amène maintenant à entrer dans le cœur même de la Tetraktys car il y a de multiples manières de la voir.

En voici donc une première analyse :

Au sommet, un seul point qui symbolise l'Un, le Divin, principe de toute chose, l'être non encore manifesté.

Au-dessous, l'origine de la manifestation marquée par 2 points, symbolisant la première apparition, le dédoublement par couple ou dyade, le masculin et le féminin, le phallus et l’œuf, etc.

Donc le dualisme interne de chaque être.

Rappelons qu'en Franc-Maçonnerie le dualisme manichéen est une impasse existentielle par nature.

Viennent ensuite les 3 points correspondants aux 3 minéraux du monde : l'enfer, la terre et les cieux.

Ainsi qu'aux 3 niveaux de la vie humaine : physique, psychique et spirituel.

Et pour terminer, nous trouvons les 4 points de la barre de la pyramide symbolisant la terre, la multiplication de l'univers matériel, les 4 éléments, les 4 points cardinaux, les 4 saisons, etc.

Cet ensemble constitue la Décade, la totalité de l'univers créé et incréé.

Nous aborderons ce sujet un peu plus loin.

Une seconde analyse de la Tetraktys Pythagoricienne avec toute la symbolique maçonnique qui s'en dégage, attirera davantage encore notre attention. Le point supérieur peut être également vu comme la représentation de l'unité fondamentale, de la dualité, de l'espace et du temps, de la matérialité. Les deux points peuvent être vus comme la représentation de la complétude des opposés complémentaires. Rappelons encore que le travail du Franc Maçon est de s'exercer à réunir les opposés et à observer les complémentaires. Représentation également de la dynamique de la vie des éléments structurels.

Les 3 points peuvent être vus comme la figuration de la totalité, du féminin et du masculin, de la création. Les 4 points peuvent être vus comme la représentation du feu, de l'air, de l'eau et de la terre.  À noter qu'au cours de ses voyages, le récipiendaire est purifié par ces quatre éléments. Il est donc possible d'établir une correspondance entre ces éléments et la Tetraktys Pythagoricienne.

« Feu. ,  Air.. , Eau    ,  Terre …. »

La somme des quatre premiers nombres faits 10.  Aller du 4 au 1, c'est aller du matériel, du tangible, du minéral au Divin, en passant par les fluides, les liquides ou les gazeux.

Mais rappelons encore que pour Pythagore « Tout est nombre ».  Nous trouverons enfin, ci-après, le symbole des chiffres pour les pythagoriciens. 

Le 1 - la monade : unité de l'existence et harmonie générale.

Le 2  - le binaire : la diversité, la division, la séparation.

Le 2 est la dyade (le nombre 2), principe passif et actif, masculin – féminin, faculté génératrice esprit-âme et corps humain d'une part, Divin, d'autre part.

Le 3 - la triade : la loi du ternaire est pour les pythagoriciens la véritable clef de vie.

Nombre par excellence, premier impair qui réuni les propriétés des deux premiers chiffres 1 et 2.

Le 4 - le quaternaire : nombre parfait, racine des autres, nombre ineffable de Dieu.

En hébreu, quatre lettres parmi les 22 représentent le symbole de l'immortalité de l'âme qui se meut d'elle-même.

Considéré comme l'essence des quatre éléments, des quatre qualités fondamentales du corps : sec, humide, froid et chaud, des quatre principes géométriques : point, ligne, plan et solide, des quatre notes fondamentales de la gamme, des quatre fleuves du paradis terrestre, des quatre figures symboliques du char de la vision d'Ezechiel traduite par les quatre évangélistes : Mathieu, Marc, Luc et Jean.  

Nous allons maintenant développer la Décade dont nous avons parlé précédemment.

Pour les pythagoriciens, la Décade était le plus sacré des nombres, le symbole de la création universelle.

C'est aussi sur le Dix qu'ils prêtaient serment en l'évoquant sous cette forme :

« La Tétraktys en qui se trouve la source et la racine de l'éternelle nature. Tout dérive de la Décade et tout y remonte. Le est l'image de la totalité en mouvement ». 

Le 10 est la base du système décimal qui se répète à l'infini : « 1 » suivi de « 0 » indique que hors de l'unité tout est néant et ne subsiste que par le système des nombres qui permet d'arriver à la découverte du principe des choses.

Le 10 contient tous les principes de la divinité évoluée et réunie. 10 est le nombre de la Tétraktys, somme des 4 premiers nombres.

Le symbole du Dix est très présent également chez les nombreux auteurs de la Bible.

Citons les dix commandements, les dix plaies d'Égypte, etc. Le 10 symbolise aussi les dix doigts des deux mains.

Il exprime la valeur ultime et nécessaire de la limite et de la forme, opposées à la non-limite et au chaos. Il faut rappeler que les chiffres précédents de la Décade étaient identifiés aux dieux, le dix signifiant la somme des pouvoirs divins maintenant la cohésion du cosmos. 

Pour les alchimistes, la valeur dix représente les capacités multiplicatrices de la pierre.  Cette pyramide recèle l'ensemble des connaissances et en elle se trouve la source et la racine de l'éternelle nature, cela par le jeu des quatre éléments : Feu, Air, Eau, et Terre.

Dans cette interprétation, la Tétraktys représente le fondement même de l'univers et des Dieux qui le composent, selon la célèbre sentence inscrite sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes :  « Connais-toi toi-même et tu connaitras l'Univers et les Dieux ».

Elle symbolise ainsi la divinité dans son acte de création du monde. Dans la symbolique maçonnique de l'Équerre et du Compas, la Tétraktys fait allusion au passage de l'Équerre au compas ou du Carré Quatre au Cercle Un, créant ainsi l'harmonie entre, le créé et le divin ou si l'on préfère, la Matière et l'Esprit. En effet le Cercle est souvent considéré comme étant le point de départ d'une tradition ou la Source de la Doctrine.

Tandis que le Carré représente le point d'aboutissement d'une Tradition, le Réservoir qui contient l'Autorité Spirituelle. La Fontaine d'Enseignement. 

Comme chacun de nous avons prêté serment lorsque nous nous sommes fait constituer Franc Maçon, nous l'avons vu les pythagoriciens prêtaient aussi serment par la Sainte Tétraktys.

Mais leur amour était si grand pour cette dernière, qu'on raconte qu'ils lui auraient adressé cette prière que je vous lirais en conclusion :

« Bénis nous, nombre divin, toi qui as engendré les dieux et les hommes !

O sainte, sainte Tétraktys !

Toi qui contiens la racine et la source du flux éternel de la création !

Car le nombre divin débute par l'unité pure et profonde et atteint ensuite le quatre sacré,ensuite il engendre la mère de tout, qui relie tout, le premier-né, celui qui ne dévie jamais, qui ne se lasse jamais, le Dix sacré, qui détient la clef de toutes choses ».

(...)

 

17 Mai  6012

Ma.°. Lom.°.

 

(Sources : Wikipédia – Oswald Wirth – Jules Boucher – René Guénon )

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 23:13

Ci-dessous un extrait d’un travail au 1° du REP sur les trois fenêtres.

Un sujet aussi anodin révèle parfois quelques bonheurs en gestations qui feront la grandeur et l’épaisseur du maçon. Entre les lignes, nous devons reconnaitre les potentialités en devenir d’un travail qui va murir au fil du temps. En matière de symbolisme il est utile de rappeler qu’un rapport doit toujours être établit entre l’apparent et le caché, le caché étant toujours suggéré à celui qui à la vue intérieure. Ainsi, un rapport naturel doit être établit entre l’intérieur et l’extérieur... ER

Les trois fenêtres

(…) Je me présente à vous afin de vous faire-part des mes modestes recherches sur le symbolisme des trois fenêtres. J'ai choisi ce thème car peu évoqué, il a éveillé ma curiosité; d'ailleurs je me souviens que nouvel apprenti siégeant pour la première fois sur la colonne du Nord, mon attention a été attirée par ces trois symboles disposés juste en face de moi sur la colonne du midi. Pour réaliser mes travaux, je donnerai une définition du mot « fenêtre» et appréhenderai la notion de lumière qui en est Indissociable et qui me parait incontournable pour comprendre ce chantier. Ensuite, j'essaierai de justifier leur présence en les envisageant comme vestiges des loges opératives pour évidemment finir par leur portée symbolique.

Mais qu'est ce qu'une fenêtre? il s'agit tout simplement d'une ouverture dans un mur visant à laisser passer la lumière et l'air. Au rite écossais primitif, elles sont présentes à la fois sur le tableau de loge ainsi que sur le mur situé derrière la colonne du midi; à l'orient, au midi et enfin à l'occident, en hauteur juste dessous la houppe dentelée. On les retrouve au REAA et au rite français notamment. Elles sont généralement représentées sous forme d'un carré long parfois ornées d'un arc mais toujours munies de grilles ou de barreaux.

Qui dit fenêtre dit lumière ! Mais quelle lumière? Il y en à de plusieurs sortes.

Tout d'abord, il y à la lumière profane que je qualifierai de physique et terrestre qui est définie comme un rayonnement électromagnétique émis par le soleil, visible, c'est-à-dire perceptible par l'œil humain. Cette lumière associée à d'autres éléments est indispensable à la vie sur terre, et permet à l'homme de voir le monde matériel qui l'entoure, de s'y mouvoir et de l'appréhender.

Evidemment, même si cette lumière est importante car indispensable à la formation de toute vie sur terre, ce n'est pas celle qui m'intéresse ce soir. Celle qui m'intéresse est celle que tous les frères ici recherchent. Souvenons de notre rituel: à la question de savoir ce qu'est venu chercher le frère en franc-maçonnerie il répond «J'ai désiré la lumière ».

Il s'agît de cette lumière perceptible non pas cette fois-ci grâce à la rétine de nos yeux, mais grâce à l'intelligence de notre cœur.

Pour comprendre cette lumière, je vais me référer aux premiers versets du prologue de St Jean dans la bible.

C'est à cette page que la bible, posée sur l'autel du vénérable est ouverte et où sont disposés l'équerre et le compas : «AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE ET LEVERBE ÉTAIT AUPRÈS DE DIEU ET LEVERBE ÉTAIT DIEU. PAR LUI TOUT A PARU ET SANS LUI RIEN N’EST PARU DE CE QUI EST PARU. EN LUI ÉTAIT LA VIE ET LA VIE ÉTAIT LA LUMIÈRE DES HOMMES ». Pour moi, la lumière est une vibration perceptible uniquement par celui qui sait se conditionner pour la recevoir : elle est la manifestation spirituelle du principe créateur, du G.A.D.L.U. D'ailleurs, VERBE, VERBUM en latin est la traduction du mot grec LOGOS signifiant LA PAROLE. Le verbe serait donc la parole du créateur. L'origine, le tout est le UN : il irradie de sa lumière le monde profane binaire, le DEUX. Le Franc Maçon, par son initiation spirituelle et son travail accompli en loge essaie de résoudre cette addition :

1+2=3. TROIS, le ternaire est la représentation du UN dans le monde manifesté.

Oui, tel est notre but à tous, retrouver le lien avec l'origine de cette lumière illuminatrice, se débarrasser du MOI et retrouver le SOI afin de réintégrer le TOUT en essayant le plus possible, grâce à nos travaux, d'atteindre un niveau de conscience éclairée ».

Mais à quoi donc peuvent bien servir ces trois fenêtres en loge ? Quelle est leur utilité ? On peut se demander si elles ne sont pas simplement un vestige symbolique de la maçonnerie opérative à l'époque où seules des fenêtres pouvaient suffisamment permettre d'éclairer l'intérieur de la loge où se réunissaient les opératifs, ouvriers bâtisseurs de cathédrales et qui se trouvait sur le chantier même de construction. C'est souvent l'explication qui est donnée dans les ouvrages maçonniques. Ainsi, dans ce cas, la lumière diffusée serait celle que j'ai qualifiée précédemment de terrestre. Les grilles ou barreaux présents aux fenêtres permettaient sûrement de protéger la loge de l'intrusion de tiers étrangers à la corporation afin de garder secret l'enseignement sur l'art de bâtir qui était dispensé dans ces loges. Dans notre loge, ces fenêtres grillagées auraient la même vocation symbolique, protéger nos travaux de l'intrusion de tout ce qui n'est pas sacré, de ce qui est profane, et aussi peut-être de nous protéger contre toute idéologie malveillante à notre égard comme cela a déjà malheureusement été le cas dans l'histoire. Mais une fenêtre est une ouverture ; peut-être aussi qu'elles permettent d'irradier de nos travaux le monde profane ? Ainsi par leur travail, les franc-maçons ont et continuent d'influer sur leur époque et sont à l'origine d'avancées spirituelles, sociétales et parfois sociales.

Il est clair pour moi que ces explications, même si elles sont certainement fondées, n'expliquent pas à elles seules la portée symbolique des trois fenêtres. Comme tous les symboles présents en loge, il convient de pousser beaucoup plus loin la réflexion pour en tirer toute l'essence. Tout d'abord leur nombre doit nous interpeller : TROIS. C'est le chiffre de l'unité dans le monde manifesté. Elles sont sûrement donc des ouvertures sur le principe créateur, un lieu de passage, de communion vers le sacré ; d'ailleurs, de par sa taille et les grilles qui l'ornent, la fenêtre ne peut rien laisser passer d'humain, donc de profane. Elles sont présentes sur le tableau de loge. Or ce dernier contient tous les outils symboliques nécessaires à la création de la vie, non pas cette fois si organique, mais bien spirituelle. Dans le temple, le franc-maçon peut éventuellement se passer de lumière naturelle, mais pas de lumière spirituelle dont il a besoin pour devenir conscient et communier avec le tout. C'est dans la transmission en loge de cette lumière destinée à guider notre éveil spirituel que les fenêtres jouent en partie leur plus grand rôle symbolique. Nous tous mes frères, sommes à l'image, comme cela est décrit dans la bible, de l'homme ayant chuté et qui par son travail cherche à sortir du plan horizontal pour s'élever sur le plan vertical et communier avec le tout ; c'est à mon avis pourquoi en partie les fenêtres sont orientées vers le haut. Ces trois fenêtres génèrent un double flux : un flux descendant du principe vers l'initié et un flux montant de l'initié vers le principe. Dans son éveil spirituel, le maçon passe par trois états de lumière. Initié, il se met en capacité de la percevoir par le silence notamment, mais également en état de transformation par l'activation de tous ses sens, de communion avec les quatre éléments et les outils symboliques : il travaille sur lui-même comme l'opératif dégrossit la pierre brute et ne doit pas être prisonnier de ses certitudes. Ensuite, viens le moment où il devient conscient qu'il capte la lumière originelle qui le guide vers l'éveil spirituel jusqu'au moment où lui-même rayonne : il est poli et prend la forme de la pierre cubique prête à s'intégrer dans l'édifice bâti par l'effort collectif de lui-même et de ses frères en loge. Enfin, être conscient, il doit rester vigilant et ne pas se laisser éblouir afin de ne pas régresser. Peut-être les trois fenêtres reflètent-elles aussi ces trois états de lumière et, à travers les grilles et barreaux qu'elles contiennent, filtrent la lumière afin que le maçon ne se perde pas ; ces grilles et barreaux sans doute façonnent la lumière, lui donnent un sens particulier, à l'image des vitraux dans les églises.

Encore, on peut penser que les trois fenêtres sont aussi symboliquement un sas de communion également avec nos frères passés à l'orient éternel. C'est en ce sens à mon avis que les trois fenêtres se trouvent en hauteur juste sous la houppe dentelée. Pour travailler en loge, il faut être initié et recevoir l'influence spirituelle de ceux qui nous ont précédés, peut-être par les trois fenêtres, et leur renvoyer le fruit de notre travail à la fin de la tenue par le biais de la chaîne d'union.

Quoi qu'il en soit, pour se réaliser, l'éveil du maçon doit se faire dans un endroit sacré, la loge. La loge, lieu de tous les possibles où se crée et se joue en permanence le miracle de la vie et où se manifestent tous les cycles de la création, pour recevoir et capter la lumière originelle doit être positionnée idéalement dans l'espace : les trois fenêtres sans doute ordonnent-elles l'orientation du temple comme une « boussole spirituelle» en figurant les quatre points cardinaux. Problème, il y'à trois fenêtres et quatre points cardinaux. La quatrième fenêtre, celle qui se trouverait sur la colonne du Nord serait invisible et aurait la même vocation que la rosace présente au Nord dans les cathédrales gothiques et qui dispense la lumière noire qui est une lumière de l'incréé, de l'indéfini et qui ne peut être représentée.

Comme les trois fenêtres ordonnent l'orientation du temple, elles en ordonnent aussi le temps sacré, mais cette fois-ci comme une « horloge» sacrée qui à travers la notion de cycle, organise le temps en loge, temps dans lequel nous tous mes frères parachevons notre œuvre soit de MIDI à MINUIT.

La lumière nait à l'image du soleil à l'orient : c'est un peu le printemps du monde, l'endroit où le soleil s'est levé la première fois. La lumière diffusée par la fenêtre de l'orient préfigure l'aube de la vie et de notre travail. Ensuite, la fenêtre du midi sonne le départ de nos travaux. C'est l'heure sacrée où la lumière est la plus forte, le zénith solaire, l'apogée de la création. Tout corps baigné par cette lumière ne rejette pratiquement pas d'ombre ; le maçon est à ce moment précis au maximum de ses possibilités, sa clairvoyance est totale et il devient conscient. Enfin, par la fenêtre de l'occident, la lumière perçue est déclinante et préfigure le repos après l'œuvre accomplie, la douce torpeur qui met en attente du cycle suivant. Le Nord, lui, est dans le froid et les ténèbres, le monde indéfini où la graine de la création n'a pas encore germé, c'est le soleil de minuit.

Les grilles et les barreaux présents aux fenêtres, outre le fait de filtrer la lumière en provenance du tout pour la rendre intelligible au cœur de l'initié et éviter qu'il ne soit ébloui, permettent aussi de faire percevoir au maçon ce qui est de ce qui n'est pas. Pour voir la lumière, il faut qu'elle soit contrastée par la pénombre. Ces deux états de lumière apparemment contraires sont complémentaires et forment un TOUT. Ainsi, le pavé mosaïque serait la lumière filtrée par les trois fenêtres et leurs grilles ou barreau : les parties pleines rejettent une ombre, soit les cases noires, et les parties vides la pleine lumière, soit les cases blanches.

Pour terminer ce travail, je dirai que la portée symbolique des trois fenêtres est à la hauteur sinon plus de la curiosité qu'elles avaient éveillée en moi. Bien évidemment, je n'ai dû percevoir qu'une infime partie de leur valeur symbolique et il est évident que j'obtiendrai des réponses au fur et à mesure de mes travaux et de l'accomplissement de mon parcours initiatique, mais aussi du vôtre. Je commence même à me poser certaines questions que je n'aurai pas eu le temps d'aborder et qui pourront servir de bases à de futures réflexions. Je me pose notamment la question de savoir si la colonne où siège l'apprenti, la colonne du Nord, est vraiment dans l'obscurité : peut-être l'apprenti reçoit-il en pleine face la lumière diffusée par les trois fenêtres disposées en face de lui, mais sans cependant en percevoir le sens ? Je me demande encore en quoi la lumière perçue au travers des trois fenêtres est différente de celle émise par le vénérable qui descend ensuite sur les trois colonnettes pour enfin terminer sur l'autel des frères premier et second surveillant et transmise sur les colonnes.

(…)

DAV :. DUB :.

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 10:28

La rose est une synthèse poétique et naturelle de la beauté et de l'harmonie. Elle a une grande valeur symbolique. C'est sans doute cette double valeur symbolique qui justifie sa présence à l'autel de certains loges à ce moment si particulier de la Saint Jean d'Eté. C'est en effet en ce lieu que se realise la conjonction entre l'aspect horizontal du Hekal et l'axe de commuication avec les états superieurs au Débhir. La rose ici présente, fait oeuvre de synthèse harmonieuse entre les deux plans, horizontal et vertical.

(...)

La décoration florale dans un  temple

La rose blanche est le symbole de la plénitude, qui est pureté, silence et fidélité. Elle rappelle au Maçon deux vertus :  la recherche de la vérité et le sens du devoir.

 

La rose, du point de vue de la botanique

La rose est la fleur du rosier, arbuste du genre Rosa et de la famille des rosacées. Le rosier est d'abord une plante sauvage, dont le représentant le plus connu en Europe est l'églantier. La principale modification observée chez les rosiers cultivés est la multiplication des pétales, qui sont en fait des étamines transformées.

Églantier > Ancêtre de la rose

Appréciée pour sa beauté, célébrée depuis l'Antiquité par de nombreux poètes et écrivains, pour ses couleurs qui vont du blanc pur au pourpre foncé en passant par le jaune franc et toutes les nuances intermédiaires, ainsi que pour son parfum, elle est devenue la « reine des fleurs ».

Le mot « rose », daté en français au début du 12e siècle, est dérivé du latin Rosa, rosse  qui désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même.

Ce terme, apparenté au grec rodons, aurait été emprunté à une langue orientale.

La rose du point de vue historique

Des rosiers fossiles églantiers, ont été retrouvés aux États-Unis, dans l'Oregon et le Colorado, leur âge a été évalué à 40 millions d'années. La plus ancienne représentation de la rose a été retrouvée en Mongolie, dans les tombeaux de Tchoudi. Des représentations de la Rose en Crète datant de 1600 av. J.-C. nous montrent des fleurs à 5 pétales de couleur blanc rosé. Toute l’antiquité a vénéré la rose et lui a donné une place dans ses mythes et légendes. C’est le symbolisme de la régénération et de l’éternité des cycles de vie, lié à une renaissance spirituelle.

Ceci explique que la rose a été utilisée lors des rituels de momifications durant le règne de Ramsès II et a fait partie de l'ornement des sarcophages et tombeaux.

Un bouquet de roses a été découvert dans le sarcophage de Toutankhamon.

 

Cette symbolique de la naissance existe également dans l'Empire romain : un esclave affranchi était couvert de roses ; elle ornait sous forme de couronnes les mariés et les guerriers.

Sous forme de poudre, d'infusion, d'eau de rose, elle était principalement utilisée en médecine pour guérir les douleurs, les infections, la nausée…

C'est à cette époque que Pline rédigea le premier ouvrage sur la culture des rosiers.

Pline l'Ancien, dans son « Histoire naturelle », décrit 20 sortes de rosiers nommés par le nom de leur lieu de provenance.

 

Le Moyen Âge et la domination du Christianisme

Le Christianisme a rejeté la rose comme étant un symbole païen par son attachement à Vénus et elle devint alors l'emblème des prostituées. La rose survit alors dans quelques jardins comme ceux de Childebert 1er

 (511 – 558), dans quelques couvents ou monastères où elle fut cultivéepour ses propriétés médicinales.

  C'est au Moyen Âge que les premières roses ont été cultivées et importées par les Croisés en provenance de l’Orient.

Elle devint l’emblème du silence, on la suspendait au dessus de la table des festins, afin de signifier aux convives que tout ce que l’on entendait devait être tenu secret.

D’où l’origine symbolique « Sous couvert du maillet » que l’on retrouve en Maçonnerie. Quant à l’époque de la Renaissance, elle en fit un vulgaire objet d’étude botanique et médicinale.

C'est au 18e siècle que les Français commencèrent à les croiser pour créer de nouvelles variétés. Dans la seconde moitié du 18e siècle, la rose devint la reine des fleurs.

  Au 19e siècle, la rose est devenue une fleur ornementale essentielle, mais ses vertus médicinales sont presque oubliées et son symbolisme religieux également. C’est devenu une rose nouvelle qui va passionner botanistes et horticulteurs.

 

Les feuilles du rosier

Un botaniste nous dirait que les feuilles du rosier sont alternes, composées et pennées. Sous la fleur, en descendant le long de la tige, les premières feuilles ont, le plus souvent, 3 folioles ; plus bas elles en ont 5 et plus bas encore parfois jusqu’à 7 folioles.

Mais ce qui devrait retenir notre attention, à nous symbolistes, ce sont ces nombres 3 – 5 – 7.

Sans entrer dans trop de détails, survolons rapidement le symbolisme de ces trois nombres.

Symbolisme du nombre trois

Le nombre trois est un nombre universel que l’on retrouve dans toutes les traditions initiatiques.

Il exprime un ordre spirituel dans les plans humains, cosmique ou divin.

Il exprime un ordre intellectuel et spirituel dans le cosmos ou dans l’homme.

Il synthétise la triunité de l’être vivant ou il résulte de la conjonction de 1 et de 2, produit en ce cas de l’Union du Ciel et de la Terre.

Trois n’est pas véritablement le troisième nombre, mais le premier, composé à partir des nombres 1 (nombre du Créateur) et 2 (division, dualité, binaire), trois est le premier nombre mystérieux qui intervient comme la signature de la création dans l’Ordre.

Trois marque toutes les choses créées parce qu’il a présidé à leur création, c’est le nombre de la loi directrice des êtres et du commencement des choses matérielles.

Il est le nombre de toute production à l’image du triangle.

Les naturalistes ont observé de nombreux ternaires dans le corps humain. Il semblerait que toute fonction importante d’un organisme possède cette structure de base.

La raison fondamentale de ce phénomène ternaire universel est sans doute à chercher dans une vue globale de l’unité.

La complexité de tout être dans la nature se résume dans les trois phases de l’existence : apparition, évolution, destruction ; ou naissance, croissance, mort ; ou encore, selon la tradition et l’astrologie : évolution, culmination, involution.

 

Symbolisme du nombre cinq

Depuis toujours, le nombre cinq est particulièrement chargé de sens.

Il est considéré comme le nombre de la sagesse et de l’harmonie. On ne peut manquer à ce sujet de citer les cinq doigts de la main et du pied, les cinq sens, l’étoile à cinq branches que forme l’homme debout, tous membres déployés.

Cinq est le symbole de l’homme immortalisé par Léonard de Vinci qui avait dessiné l’image d’un homme tenant les bras et les jambes écartées de façon que les quatre extrémités des membres et la tête coïncident avec les sommets d’un pentagone étoilé, inscrit dans un cercle.

Selon cette représentation de l’art de la Renaissance, cinq est le nombre de l’homme, en  tant qu’être placé au centre du cosmos !

Cinq se rapporte à la quintessence, conçue comme l’esprit invisible des choses.

 

Symbolisme du nombre sept

Dans la longue suite des nombres ayant acquis une valeur symbolique au fil des siècles, le nombre sept semble tenir une place particulière.

De fait, toutes les civilisations les plus anciennes lui ont accordé une place à part, lui conférant une aura de plénitude et en faisant quasi unanimement le symbole de la perfection et de l’harmonie, souvent sans la moindre concertation.

Le nombre 7 a été le nombre sacré parmi toutes les nations civilisées de l’Antiquité, le nombre de la perfection, le symbole le plus rayonnant aux faces multiples.

Il est fondamental entre tous et on le rencontre dans toutes les religions.

Sept correspondait au nombre des sages de la Grèce antique : Thalès de Milet, Solon d’Athènes, chilo de Lacédémone, Pittacos de Mitylène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos et Périandre de Corinthe.

Mais sept évoquerait aussi les sept vertus : trois théologales (la foi, l’espérance, la charité) et quatre cardinales (la force, la justice, la prudence et la tempérance).

Le nombre « sept » évoque aussi les sept sacrements de l’Église catholique romaine, ainsi que les sept péchés capitaux, correspondant aux sept désirs matériels : l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse.

Sept correspond aussi aux sept signes zodiacaux entre les solstices d’hiver et d’été, entre deux équinoxes.

Le solstice d’été a lieu quand le soleil passe dans le 7e signe zodiacal.

Le solstice d’hiver a lieu quand le soleil a parcouru les sept signes suivants. Le nombre sept est le nombre de la réalisation : il marque la fin d’une évolution, la fin d‘un cycle. Il indique le sens d’un changement après un cycle accompli et celui d’un renouvellement positif : les sept jours de la Création, les sept ans de la construction du Temple de Salomon.

 

Le symbolisme de la rose

C'est surtout par sa valeur symbolique que la rose a laissé son parfum dans l'histoire.Voici quelques exemples.

Chez les Grecs, la rose était la fleur d'Aphrodite, déesse de l'amour et d'Aurora, la déesse aux doigts de roses.

Les Romains rattachaient la rose à Vénus. La rose aurait été blanche, mais rougie accidentellement quand Cupidon renversa son verre de vin sur elle.

Rappelons qu'Aphrodite était la Déesse grecque de la germination, de l'amour, des plaisirs et de la beauté. Son équivalent romain était Vénus Déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté. La première nuit d'amour entre Cléopâtre et Marc Antoine se serait déroulé sur un lit de pétales de roses.

  Les Rose-Croix, société secrète et mystique, ont pour emblème une rose rouge fixée au centre d'une croix.

La Rose-Croix est un ordre hermetiste chrétien légendaire, dont les premières mentions remontent au début du XVIIème siècle en Allemagne.

L'existence de l'ordre, et celle de son fondateur Christian Rozencreuz ou Christian Rose-Croix (« le Chrétien à la Rose et à la Croix  né en1378 et mort en 1484). Quoi qu'il en soit, à partir du XVIIIème siècle et jusqu'à aujourd'hui, de nombreux mouvements se sont réclamés de l'ordre de la Rose-Croix, ou se sont référés à la « tradition rosicrucienne » ou à l'« héritage de Christian Rose+Croix». Leurs membres sont appelés les rosicruciens.

Le terme « Rose-Croix » désigne, dans leur langage, un état de perfection spirituelle et morale.

Comme archétype de socièté secrète immémoriale et toute-puissante, les rose-croix apparaissent dans la littérature ésotérisante, souvent comme successeurs des chevaliers du Graal et des Templiers.

 

Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident et elle correspond dans l'ensemble à ce qu'est le lotus, en Asie, l'un et l'autre étant très proches du symbole de la roue.

 

L'aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'élève et s'épanouit.

Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut.

Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l'amour, l’image de l'âme.

La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage, du symbolisme de la rose à celui de la roue. La rose, par son rapport avec le sang répandu, paraît souvent être le symbole dune renaissance mystique : sur le champ de bataille où sont tombés de nombreux héros, poussent des rosiers et des églantiers... 

 

La rose et sa couleur sont les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères.

 

La rose est devenue un symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur. Blanche ou rouge, la rose est une des fleurs préférées des alchimistes dont les traités s'intitulent souvent rosies des philosophes. La rose blanche, comme le lis, fut liée à la pierre au blanc, but du petit œuvre, tandis que la rose rouge fut associée à la pierre au rouge, but du grand œuvre. La plupart de ces roses ont sept pétales dont chacun évoque un métal ou une opération de l'œuvre.

Une rose bleue serait le symbole de l'impossible.

 

Pour conclure…

La rose, fleur aux multiples facettes et aux significations si contrastées, a été célébrée au cours des âges pour mille raisons différentes.

L’Antiquité en a fait la fleur des dieux, le Christianisme la fleur de Dieu.

Les roses ont été cultivées en Chine et en Perse depuis 5000 ans et en Grèce depuis l'âge du bronze. Dans la mythologie grecque, on dédiait la rose à Aphrodite ; chez les Romains, on la dédiait à Vénus, toutes deux déesses de la beauté. De nos jours, la rose est certainement la fleur qui s'offre le plus !

 

La rose, reine des fleurs depuis près de 6000 ans, symbolise deux notions contradictoires, la passion et la pureté. Rouge, rose d'Aphrodite, elle symbolise l'amour, la beauté et la passion. Blanche, associée à Vénus ou à la Vierge, elle est devenue l'emblème de la pureté et de la vertu.

La rose blanche, unité et synthèse des couleurs, est l'expression de la plus haute spiritualité.

 

Lao-Tseu (VIe siècle av. J.C)

Nous a enseigné « Celui qui parle ne connaît pas, alors que celui qui connaît ne parle pas »

L’Initiation maçonnique renforce le serment d’obligation de secret prêté à l’Orient et le devoir de silence. Ce n’est donc pas étonnant que les francs-maçons l’aient choisie pour décorer l’autel de leur Loge à l’occasion de la Saint-Jean d’été !

Une citation d’Alfred de Musset (1810-1857)

« La vie est une rose dont chaque pétale est un rêve et chaque épine une réalité »

  Poésie de circonstance…

LA VIE EN ROSE

Sous le soleil de midi, majestueux à l’image d’une reine

M’apparut une fleur dont la beauté me fit oublier toutes mes peines.

Elle était là, devant moi dans une blancheur révélant sa pureté

M’imposant le silence, m’animant de passion, et d’un désir de fidélité

Je ressentis en moi une régénération de l’amour pour une éternité

Mon regard ne pouvant qu’admirer sa perfection d’une rare beauté

Dont les pétales aux reflets métalliques font réflexion à la lumière

Tandis que les feuilles démontrent une disposition très particulière

Une particularité qui me fait vérité, une acceptation au plaisir de voir

Oui, c’est bien toi, la rose, la fleur des dieux, lumière du matin et du soir

Qui emplit mes rêves minute après minute à ne plus voir le temps passé

Jusqu’à l’instant où par mégarde à l’une des tes épines je me suis piqué

Levant la tête, je vis la lune et compris que minuit avait sonné

Et c’est dans la lumière lunaire que mes pas chez moi m’ont ramené

Floraison de l‘esprit, floraison de l’âme, floraison de la pensée, la rose est là

La rose est entrée dans ma vie et m’accompagnera pour l’éternité dans l'au-delà.                    

Chr\Deg\

R\L\Chevalier Gaston IV de Béarn à l’Or\de Nalinnes (Belgique)

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 10:23

Solstice de la St Jean d'été et symbolisme de la Rose

Une majorité de Loges fêtent deux fois la St-Jean, lors des Solstices d’Été et d’Hiver.

Les loges sont en principe libres de Rituels pour cette célébration.

Lors de ce rituel, certains vont fleurir l’autel de roses blanches.

Par le fait que nous sommes une Loge symbolique, il y a lieu de considérer la rose comme un symbole universel qui trouve une expression particulière dans notre loge.

 

La fête des deux Saint-Jean.

 

Il convient de revenir sur le symbolisme lié à la fête des deux Saint-Jean. La lumière étant connue et reconnue par les bâtisseurs, c’est en fonction d’elle que l’on décidait de l’emplacement des ouvertures dans les murs, ainsi que des vitraux. Il y a lieu de savoir que deux jours par an la lumière solaire présente un intérêt particulier.

Le jour le plus court de l’année correspond à la fête de St-Jean l’évangéliste appelé solstice d’hiver et le jour le plus long correspond lui à la fête de St-Jean Baptiste appelé solstice d’été. Le solstice d’Hiver commence la phase ascendante du cycle annuel lorsque le soleil entame son déclin avec le solstice d’été.

Ces deux saints ont une valeur symbolique importante en maçonnerie, ainsi que de leur place dans

le calendrier

C’est en effet un point de retournement du cycle des saisons et du temps cyclique. Le temps cyclique est parfaitement représenté dans les loges symboliques avec le cycle lunaire et solaire, avec les travaux qui s’effectuent de midi à minuit, etc.

Les points de retournement sont présentés dans le cabinet de réflexion par le renversement du sablier et par la faux et la graine pour la mort qui fait place à la vie…

Saint Jean-Baptiste, fut surnommé le « Baptiste » parce qu'il baptisait dans le Jourdain et Jean le Précurseur prêchait le renoncement et le repentir, celui-ci étant le Saint Jean de l’Ancien Testament de l’ancien cycle. C'est pour ses idées de fraternité et de justice qu'il fut décapité sur l'ordre d'Hérode d’où le sens ésotérique pour nous, Maçons, car sa décapitation marque la fin du cycle.

Il s’agit d'un signe qui nous invite à penser différemment, non plus avec nos habitudes et nos préjugés, mais avec notre nature spirituelle. Il faut se purifier avant d’entrer dans la lumière du nouveau cycle.

La Maçonnerie moderne ayant une origine chrétienne, ceci nous fait comprendre pourquoi Saint Jean-Baptiste, en analogie avec son rôle dans la Bible, représente dans le contexte maçonnique, l'initiateur et le purificateur par excellence.

Les deux Jean et Jésus sont des « dieux » solaires : le Baptiste annonce le lever du soleil, il est donc représenté par un coq. C'est celui qui figure sur les clochers des églises.

Quant à l’évangéliste, il était le disciple préféré de Jésus et c'est lui qui posa sa tête sur le cœur du maître et fût logiquement symbolisé par un aigle, « l’Aigle de Patmos », le seul animal à pouvoir fixer le soleil dans tout son éclat.

Il reste à nos yeux le représentant du Nouveau Testament et l’apôtre d’une parole d’amour et pour les Frans-Maçons, celui qui dans sa grotte de Patmos transmet le message de lumière : « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’on point reçue… ». C’est une lumière illuminatrice dont il s’agit, celle d’une intériorité intemporelle, qui ne tient sa force de briller que d’elle-même, au-delà du cycle.

La pureté prévaut et son association avec la rose se justifie, comme dans le cas de la purification par l’eau lustrale de Saint-Jean Baptiste.

 

L'ange de l'Apocalypse

 

La « Saint-Jean d'été » et la « Saint-Jean d'hiver » furent établies par l'Église pour récupérer et « christianiser » les coutumes païennes préexistantes. C’est ainsi que la Saint-Jean-Baptiste fut placée le 24 juin. Le choix du 25 décembre (Le nom de la « Noël », qui signifie « fête »,n’ est apparu que vers 330.) pour la nativité du Christ était destiné à « couvrir » les fêtes païennes du solstice d'hiver. Il faut savoir avant les fêtes de Saint Jean, aux deux solstices, les Romains célébraient la fête de Janus qui « ouvre » et qui « ferme » les portes du cycle annuel, Janua signifiant « porte, accès ».

Après la christianisation des mythes païens, les deux Jean prirent la place de Janus aux deux visages. Ce fut Jean le Précurseur, dit le baptiste, celui qui baptisait d’eau et annonçait la venue de celui qui baptiserait de feu, puis ce fut Jean l’évangéliste, le confirmateur, témoin de cet amour fusionnel et symbolique du feu et de l’eau.

Au moment où le Soleil atteint son apogée, la lumière spirituelle trouve la perfection de sa forme concrète et porte en elle toutes les potentialités d’une moisson abondante. Le rituel rappelle que c’est ainsi que les francs-maçons sont devenus les disciples de Saint-Jean, car ils sont Enfants de la Lumière. C’est en recevant celle-ci que le Maçon trouve le chemin de la Vérité. (...)

(lire la suite dans symbolisme de la rose en Loge)

Chr.°.Deg.°.  

[

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 10:45

La Houppe dentelée et la chaîne d'union

 

Il y a au sein de notre temple maçonnique des signes, des symboles qui nous parlent intuitivement, qui ont un fort pouvoir évocateur. Et d’autres qui nous semblent plus hermétiques et pour lesquels un travail de recherche est indispensable pour obtenir un début de résonance, une amorce de réflexion.

 

C’est sur un de ces mystérieux symboles et sur le rite qui y est attaché qu’il m’a été donné de travailler : la houppe dentelée et la Chaîne d’Union. Je vais modestement vous présenter une synthèse de mes lectures et vous faire part de mes réflexions et impressions sur ce sujet.

Il s’agit de ma première planche aussi j’en appelle à votre indulgence, mais je sais par avance que vous en ferez preuve.

 

Qu’appelle-t-on houppe dentelée et chaîne d’union ?

 

La houppe dentelée désigne les extrémités effilochées de la corde qui ceint le temple. Mais par extension, le terme de houppe dentelée s’applique aussi à la totalité de la corde, si bien que l’on parle aussi de corde à nœuds ou de cordeau. Cette houppe est également représentée sur le Tableau de Loge des Apprentis.

On y associe naturellement le geste de la chaîne d’union qui « consiste à former un cercle, une chaîne en se donnant mutuellement les mains, ayant préalablement croisé les bras » Jules Boucher dans La Symbolique maçonnique p.336. Avant d’étudier plus en détail la symbolique de la houppe dentelée et de la Chaîne d’Union, il convient d’en rappeler les fondements historiques et opératifs.

 

Houppe dentelée et Chaîne d’union à travers les âges :

 

La corde à nœuds est à l’origine un outil de mesure très ancien dont on retrouve des traces en Égypte.

A cette époque des tendeurs de cordeaux professionnels se servaient d’une corde à treize nœuds dite aussi corde d’arpenteur pour tracer des angles droits en vue d’implanter un temple ou délimiter les champs rectangulaires que les crues du Nil avaient recouverts.

 

 images[7]

 

 

Ils mettaient ainsi en pratique un principe géométrique qui ne sera énoncé que des siècles plus tard par Pythagore : la somme des carrés des côtés d’un angle droit est égale au carré de son hypoténuse (pour un triangle rectangle de côtés 3, 4, 5, au carré nous avons 9+16= 25).

En dépit de l’évolution des techniques de mesure et de construction, les compagnons opératifs utilisaient eux aussi la corde nouée. Les apprentis qui ne savaient ni lire, ni écrire l’utilisaient à la manière d’une règle graduée pour prendre des mesures, en reporter d’autres, trouver des rapports de proportion… Ils s’en servaient également tout comme les Égyptiens pour définir des angles droits afin de tracer les fondations des édifices.

Ainsi la corde a nœuds, outil grossier, rudimentaire à l’usage des apprentis n’en demeurait pas moins fiable et juste. C’est donc tout naturellement que cet outil prit sa place au côté de l’équerre et du compas dans la Maçonnerie symbolique.

En entrant dans le temple la corde d’arpenteur s’est au passage agrémentée de nœuds en huit (au lieu de nœuds simples) appelés Lacs d’Amour.

Certains auteurs y ont vu une référence héraldique. Ainsi Jules Boucher dans La Symbolique maçonnique p.173 rappelle que « La cordelière de soie noire et blanche dont les veuves entourent leur écu est faite de lacs d’amour ; de même, les armoiries des cardinaux, des évêques et des abbés comportent  en dessous d’un chapeau, une cordelière formée de lacs d’amour et terminée par des houppes ».

D’autres évoquent le désir des premiers maçon de représenter au travers les lacs d’amour, le rite de la « chaîne d’union ».

 

Quelles sont les origines de cette chaîne si étroitement liée à la houppe dentelée ?

 

Le rite de la chaîne d’union remonte à des temps immémoriaux. Il semble qu’elle soit liée aux prémisses du compagnonnage dans les civilisations sumérienne, babylonienne ou égyptienne.

Elle va ensuite s’enraciner chez les compagnons constructeurs du moyen âge qui la pratiquait sous l’appellation de « Chaîne d’alliance ». Ces chaînes permettaient d’échanger au sein d’un même corps de métier (maçon, tailleur de pierre, charpentier…) les techniques et savoirs.

Les bâtisseurs disséminés dans toute l’Europe demeuraient ainsi en contact les uns avec les autres et se transmettaient, au gré de leurs rencontres et chantiers, leurs arts.

Ce qui explique que les monuments édifiés en Europe aient une certaine unité.

 

Ce rite s’est ensuite perpétué au sein des premières loges maçonniques spéculatives. Il semble que la première description maçonnique de la chaîne d’union apparaisse dans un manuscrit des archives d’Édimbourg en 1696. Elle est également évoquée en 1723 dans une chanson maçonnique imprimée à la fin des Constitutions d’Anderson.

 

Essayons maintenant de dégager les symbolismes de ces deux éléments.

 

 

Tentatives d’interprétation symbolique de la houppe dentelée et de la Chaîne d’Union

Une première interprétation symbolique nous est fournie par le Dictionnaire des Symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, la corde nouée « symbolise toute forme de lien et possède des vertus secrètes ou magiques » p.287. Attardons-nous dans un premier temps sur la structure même de la corde. La corde est composée d’un assemblage de brins en textile qui lui confère une grande robustesse. Par analogie on peut voir en ces brins la représentation de chacun d’entre nous, la corde étant la manifestation de la fraternité qui nous unit les uns aux autres. Par ailleurs on remarque que la structure de cet objet se confond avec sa principale fonction : la corde constituée de l’union d’une multitude de brins sert essentiellement à lier des éléments entre eux.

Ces filaments, ou maçons, sont non seulement unis entre eux de façon parfaitement solidaire, mais la force de leur cohésion permet de lier des éléments qui sont « au-delà d’eux ».

La corde à nœuds évoque également le déroulement de l’existence, les deux extrémités en figurant les deux moments clés : la naissance et la mort.

Cette corde n’est pas linéaire, les nœuds disposés à intervalles réguliers en compliquent le dessin et nous rappellent que notre vie est jalonnée par de nombreux obstacles.

La forme si particulière de ces nœuds : la corde décrit une courbe puis une seconde, vient se lover autour d’elle- même pour ensuite reprendre sa course . Elle semble nous indiquer que nous devons parfois emprunter des chemins sinueux, prendre du recul et s’appuyer sur les fondements de son passé pour mieux aller de l’avant et surmonter ces épreuves. Ce n’est qu’alors que la vie pourra reprendre son cours.

Intéressons-nous maintenant au positionnement dans le temple de cette corde à nœuds ou plutôt de ces cordes à nœuds.

La houppe dentelée est située en hauteur légèrement en dessous de la voute étoilée.

Elle court sur presque tous les murs du temple : au septentrion à l’orient et au Midi. Elle orne également l’occident, mais elle y demeure entrecoupée, ouverte. On peut y voir le signe d’une profonde ouverture au monde profane.

Les deux extrémités du cordeau, là où se forment les houppes, se trouvent derrière les colonnes Jakin et Boaz. Ainsi quand nous passons entre les colonnes du temple nous faisons le lien entre les deux extrémités de cette corde. Nous faisons alors partie intégrante de celle-ci et de tout ce qu’elle symbolise.

La houppe dentelée est également figurée sur le tapis de loge des apprentis. Le tableau de loge est lui-même situé sur le pavé mosaïque symbolisant la terre. Le regard du maçon pourra dans un mouvement ascendant aller de la terre vers le ciel sans perdre ce repère des yeux. Il semble dès lors que cette corde agisse comme un lien entre le matériel et le spirituel.

 Elle n’est plus là pour délimiter un espace (comme pouvait le faire l’outil opératif), mais pour nous servir de fil conducteur, de guide pour nous élever.

 

Étudions maintenant la forme si particulière de cette houppe dentelée et notamment les lacs d’amour qui la composent.

 

On peut dénombrer douze lacs d’amour (bien que certains auteurs évoquent des nombres différents). Ce nombre est d’une grande force symbolique :

Selon de nombreux auteurs, dont Oswald Wirth, le nombre de nœuds trouve une correspondance dans les douze signes du Zodiaque (Le Livre de l’Apprenti p 178). Il peut également faire référence aux douze heures symboliques de nos travaux (de midi à minuit), aux douze mois de l’année, aux douze arrêtes d’une pierre cubique…

Il s’agit également du résultat du produit de 3X4, soit le carré multiplié par le triangle. Le trois et le quatre que nous retrouvons aussi dans la proportion des branches de l’Équerre du Vénérable. Pour terminer sur ce point on peut citer Jean Chevalier et Alain Gheerbrant dans le « Dictionnaire des symboles », « le 12 symbolise l’univers dans son déroulement cyclique spatio-temporel ». Concernant les lacs d’amour, il est aisé de voir dans ces nœuds en huit le symbole mathématique de l’infini. Mais la succession de ces symboles n’a d’un point de vue purement mathématique que peu de sens. L’infini ne peut être précédé ni suivi d’un autre infini. Il ne peut donc s’agir d’une représentation de l’infini, mais plutôt, de « l’indéfini, de l’incommensurable ».

Notons encore que ces nœuds sont représentés desserrés. On peut de nouveau y voir le signe d’une profonde ouverture d’esprit, ouverture aux autres.

En revanche ils se resserrent lorsqu’on tire dessus ce qui nous renvoie au symbole de la fraternité et de la solidarité entre maçons, dans l’adversité les liens qui nous unissent se renforcent.

 

 

L’une des manifestations les plus fortes de cette fraternité se déroule à chaque fin de tenue, il s’agit de la Chaîne d’Union. Lorsque vient le temps de la fin des travaux chaque Maçon se lève, retire ses gants et fait cercle autour du tableau de loge. Alors chacun de nous croise les bras (le bras droit au dessus du bras gauche) devant lui pour serrer la main de son frère.

Ce geste est en soi très émouvant à vivre. Une observation plus fine nous en révèle toute sa beauté et sa grande force symbolique. A commencer par la manière dont est composée cette chaîne. Elle ne se fait pas simplement les bras le long du corps en tenant la main de son frère. Formée ainsi la chaîne manquerait de tenue, les liens entre frères en seraient lâches voire fragiles.

Composée bras croisés la chaîne acquiert une certaine solidité et rapproche les frères au plus prés les uns des autres. Le lien physique en devient plus important, il s’établit non seulement par les mains (dégantées pour l’occasion rappelons le), mais également par les épaules, les bras…

Nous prenons alors pleinement conscience de la profonde solidarité qui nous unit et du lien spirituel créé.

Pour autant cette union n’estompe en rien les individualités. La position des bras qui enserrent son propre corps permet aussi de se recentrer sur soi, de faire le tour de son être tout en étant relié à l’autre. Observons maintenant l’ordonnancement des bras. L’enlacement des bras rappelle évidemment les lacs d’amour de la houppe dentelée, mais ce n’est pas tout. Comme dit précédemment le bras droit est positionné au-dessus du bras gauche.

La main droite se place naturellement près du cœur. Elle est orientée paume vers le bas et évoque le don. La main gauche paume vers le ciel forme avec les doigts une coupe, prête à recevoir. Dans la chaîne d’union chaque Maçon, dans un même mouvement, donne et reçoit, il prend ce que son frère de droite lui offre et le transmet à son tour à son frère situé à gauche.

 

C’est une véritable circulation d’énergie qui est alors créée.

 

C’est dans ce moment si particulier que l’égrégore semble prendre toute sa dimension. Plantagenet, dans les « Causeries en Loge d’Apprenti » p. 85-86 écrit : « Cette chaîne symbolise l’universalité de l’Ordre et rappelle à chacun que tous les maçons quelle que soit leur Patrie ne forme qu’une seule famille de frères, répandus sur la surface de la Terre ». On pourrait ajouter que tous les maçons, quelle que soit leur époque ne forment qu’une seule famille de frères. Il est en effet très touchant de penser que des générations de maçons ont accompli ce rite, avec sans doute le même désir, la même intensité, la même émotion et la même chaleur. Cette chaîne nous relie tous, les présents et les absents ceux qui sont passés à l’Orient éternel et ceux qui viennent d’être initiés. Elle est donc sans fin.

Cette chaîne nous incite enfin, à poursuivre dans le monde profane, cet idéal de fraternité. C’est donc avec une grande émotion qu’à chaque tenue je me joins à vous pour composer cette Chaîne.

 

Chr\ Chi\

 

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 23:04

La règle 

 

« Outil » traditionnel de la franc-maçonnerie, la règle est l’instrument du compagnon ou du maître[1] suivant les rites. Elle sert à vérifier les alignements et à mesurer l’ouvrage, à le rendre homogène. Symbole de la rectitude, de la méthode, et de la loi, elle est aussi l’expression de la régularité[2] maçonnique dans la bonne application des principes initiatiques.

Au plan géométrique la règle est d’abord une droite reliant deux points. Elle est génératrice de la ligne droite qui se prolonge indéfiniment dans les deux sens.

Au plan étymologique la règle s’associe à l’idée de mener, de diriger, de guider.

 

Naissance de la règle

 

Le point originel génère, par l’action du Logos une trajectoire droite, qu’on appelle l’action droite ou l’intention droite. C’est la puissance du point que de créer un mouvement directionnel et ordonné par l’intermédiaire du Logos.

Cette action dynamique est, ni plus ni moins, l’expression du Logos qui organise et ordonne la manifestation. L’ « ordo » dont il est question se distingue du « Chaos », de l’informalité et de la non-manifestation, par le cadrage de l’intention droite. Ainsi, on peut affirmer que la droite est l’expression dédoublée de la source créative. La source créative dans la règle graduée est représentée par le Zéro. Paradoxalement le Zéro quantitatif et métrique qualifie l’unité primordiale qui est une totalité sans quantité.

Cependant si le point est sans parties, la droite a une longueur, mais pas de largeur. Elle se manifeste par son étendue. Sa manifestation n’est, dans son tracé, qu’une succession de points marqués sur une trajectoire définie. Pour nous, cette trajectoire s’achève dans un temps donné qui s’écoule du point A jusqu’au point B, dans une hécatombe de successibles, qui n’ont d’existence qu’à un moment déterminé. Finalement, la droite que compose la règle du maçon n’est que la duplication, la génération du point par son intention droite.

 

Le temps et l’espace

 

La particularité de la règle repose sur sa graduation qui introduit le temps et l’espace.

Dès lors, le temps dans son écoulement prend tout son sens. On parle de la règle à 24 pouces. Les 12 heures du Jour et de la nuit rythment efficacement la vie du maçon. Cette linéarité de la règle engendre l’hypothèse d’une fin à l’écoulement du temps, ce qui est contradictoire de l’expérience cyclique de la vie sur terre. Opposer la linéarité avec son début et sa fin, au cycle sans cesse renouvelé vaut par exemple, l’affirmation de la planéité de la terre au moyen âge.

Il ne faut jamais se fier aux apparences et l’initié convaincu de leurs tromperies, tente de relier la graduation à 24 pouces aux effets cycliques. Les 24 pouces sont, selon l’ancienne règle des opératifs, la division journalière en trois séquences et quatre parties, « l’une pour prier le Dieu tout puissant, l’autre à travailler et à nous reposer, la dernière à venir en aide à un ami, un frère dans le besoin sans préjudice pour nous et notre famille ». Un cycle complet fait 24 heures divisé en 4 périodes de six unités horaires. Le cercle se divise parfaitement en 6 arcs, en reportant au compas, le rayon du cercle sur sa circonférence. Les six droites réunies font un hexagone qui nous donne l’hexagramme, symbole du macrocosme[3]. Les 24 pouces de la règle sont une représentation symbolique de la totalité macrocosmique. Simplement, la règle à 24 pouces est l’application linéaire, humaine et contingente de la totalité.

Ainsi pourvu d’une règle de vie non plane et finie, mais cyclique et infinie, le maçon observe sa loge pour s’apercevoir que celle-ci n’est que le reflet des cycles sans fin de la vie et de la mort, du cycle du jour et de la nuit, de cycle de la graine de blé plantée en terre à sa germination, jusqu'à son retour dans l’obscurité de la matrice universelle. Hiram nous rappelle que la fin est un début.

 

La règle « dégradée » par le temps devient instrument de mesure ici-bas. L’unité de mesure devient une fraction d’existence matérielle. L’art de la mesure devient celui de l’artisan géomètre qui, des deux pointes de son compas, appliquées sur le tranchant de la règle, mesure la fraction d’éternité. La graduation fait entrer la métaphysique de la droite dans le domaine inférieur de la quantité et de la finitude. Là, le temps et son érosion jouent un rôle insidieux, introduisant l’usure financière et l’usure de la matière. L’homme citoyen d’Athènes n’est que le jouet temporaire de Chronos. Telle une poupée démembrée, il sera dispersé dans les flots du Nil.

L’intention droite, conforme au Logos devrait s’abstraire de la graduation. C’est chose faite, tel un miracle au passage du grade de Maître. Libéré de la perception temporaire et spatiale[4], le Maître par sa mort et sa renaissance, telle ISIS, se recompose débarrassé de sa fraction contingente.

Il est l’homme véritable, celui qui a affronté victorieusement l’écoulement du temps, la fin du genre, des nombres et la quantité. Il est celui qui est mort à cette thésaurisation, pour renaître dans le dénuement de l’unité et sous l’égide de la parole perdue, significative du Logos.

 

L’ordre

 

La règle chez le bâtisseur est avant tout synonyme d’ordre. Sa racine étymologique contribue à la solidité de l’édifice à bâtir. Il n’y a pas d’architecture sans plan, il n’y a pas de plan sans architecte et il n’y a pas de plan sans règle.

À cet instant, la règle devient les règles de construction du temple sans lesquelles l’esprit ne peut irradier la matière. C’est l’art du trait appris par le compagnon et mis en œuvre par le maître sur sa planche à tracer qui symbolise l’action de l’esprit ordonnateur sur la matière brute.

Naturellement celui qui tient la règle n’est autre que le Grand Architecte de l’Univers. Cette règle-règlement, deviens potentiellement source de toutes les intentions droites du point originel et fondateur, tant et si bien qu’elle se substitue à la Bible ou au volume de la Loi Sacrée à certains rites.

La règle, comprise dans son sens fondateur, peut suppléer aux règles ésotériques de l’évangile de Saint-Jean. Nous savons que cet Évangile est à interpréter dans un sens purement ésotérique. Par conséquent, la contingence et l’écoulement numéral du temps sont sans effet sur sa lecture. Il faut donc admettre que la règle se substituant à la Bible ne devrait avoir que deux graduations, celle du point et l’expression de son étendue. L’Alpha et l’Oméga. Dans ce cas l’Omega n’exprime pas la « limite » extrême de la droite, mais une potentialité, ou si on préfère un lieu. L’Oméga ainsi que la droite sont comme l’Alpha dont ils procèdent, ils sont l’Alpha. Alors le point qui est sans partie ne peut se définir dans ses limites.

La présence d’une règle graduée, en lieu et place de la Bible, entraîne l’initié dans une lecture fractionnée, exotérique, contingente et profane. Il n’est plus alors question d’unité et de totalité, mais plutôt de l’homme qui devient la mesure de toutes choses manifestées. On entre dans un domaine aussi limité qu’un homme se définissant par lui-même et pour lui-même et hors le tout[5] ! Ainsi lors des voyages du compagnon à certains rites, la règle graduée est d’abord portée sur l’épaule gauche, symbolisant la passivité, la soumission à la matière, puis dans la suite des voyages elle est portée à droite signifiant son sens actif et sa plénitude.

À gauche elle devrait être portée avec la graduation apparente, à droite sans graduation.  

Enfin l’ordre, l’intention droite, associée à la règle se marie naturellement avec le rite. Le rite est expression d’un ordre, car le rite est l’expression d’un ordonnancement, de l’univers manifesté.

Peut-on envisager l’indéfini de la totalité par la règle non graduée ? Si la réponse est positive, la règle serait droiture sans limites. Cette absence de limite concevable par l’esprit ferait de celle-ci un instrument du maître. Ce dernier quittant les petits mystères, le monde de la matière, intervient dans le monde de l’esprit. Sa perception du tout associerait le compas et la règle non graduée sur le registre métaphysique. C’est alors un monde sans limites (règle non graduée) sous l’égide de l’esprit (le compas).

L’angle d’ouverture du compas donne le choix du monde dans lequel il veut agir ; c’est ici l’une des explications de l’intitulé du Grand Architecte des Mondes qui se substitue au Grand Architecte de l’Univers. On constate une fois de plus qu’en franc-maçonnerie, outils et instruments interagissent entre eux. L’application du compas à la règle nous amène à nous interroger sur la droiture de la règle.

 

Droite et rectiligne

 

La règle graduée dans son extrapolation est-elle vraiment rectiligne ?

La règle à 24 pouces semble droite. Puisque graduée, la règle subit l’influence de son milieu[6] ; la contingence s’associe à la graduation temporelle.  En vérité, étant l’expression d’un cycle, il s’agit plus d’un cercle, ou du moins d’une spirale que d’une droite. C’est un paradoxe que de voir une droite se courber, et pourtant les avancées de la recherche accréditent ce que la métaphysique a établi depuis fort longtemps. Ce qui est droit n’est pas nécessairement rectiligne ! Décidément les apparences sont trompeuses !

L’intention droite subit le milieu dans lequel elle évolue, c’est une des explications qui justifient que les francs maçons se réunissent dans un lieu clos et couvert, c'est-à-dire hors de l’espace et du temps. C’est aussi cette influence du milieu qui pèse sur la vérité et son expression. La recherche de la vérité est relative à son environnement, l’initié doit donc s’abstraire de la contingence pour la connaître.

Pour y parvenir, nous proposons de revenir à l’origine de la règle et de la droite.

C’est avant tout la potentialité du point originel qu’il faut prendre en compte. La droite étant la manifestation particulière de ce point, il est donc possible de renvoyer la droite au point d’origine et à son indéfinition. En effet la droite n’existe que par le point, sans point d’origine la droite n’existe pas. Ainsi la droite et donc la règle du bâtisseur dépendent de l’expression de leur origine. Ni la droite ni la règle n’ont d’autonomie propre, elles sont en religion, au sens étymologique, car reliées à une notion d’ordre supérieur. (…)

 

 E R



[1]              Pour Robert Ambelain c’est un instrument du maître, il est le neuvième dans l’ennéade des outils.

[2]              La régularité s’applique à l’initiation, à la loge et au rite.

[3]              Cette clef interprétative est particulièrement vraie au Rite Ecossais Primitif, qui fait figurer à l’Orient, entre le Soleil et la Lune, l’Hexagramme composé de deux triangles superposés et entrelacés, en lieu et place d’un simple triangle. C’est l’idée d’une totalité métaphysique (lumière absolue) qui rayonne ainsi dans la loge, via l’épée flamboyante du Maître de la loge, et non pas d’une lumière illuminatrice (spirituelle) à l’échelle de l’homme.

[4]              C’est une des significations du passage de l’équerre au compas, par le survol par trois fois du cercueil d’Hiram. Les pas du maître signifient un changement d’état.

[5]              La figure du corps de l’homme inscrit dans le pentagramme microcosmique illustre ce propos. C’est la dimension du compagnon et de son étoile flamboyante ; le maître connaît l’hexagramme macrocosmique. On notera que l’hexagramme pentalphique réunit la figure mineure à la majeure, par leur centre commun qui est le fameux point primordial siège de l’axis Mundi qui traverse les différents mondes superposés.

[6]              On retrouve le principe de gravitation qui courbe l’univers, la règle appliquée au sol terrestre est potentiellement courbe.

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  • L'évangile ésotérique de Saint Jean interprété par Paul Le Cour
    LE PROLOGUE DE SAINT JEAN De l'ouvrage de Paul Le Cour, nos auteurs donnent quelques notes complémentaires qui précisent la dimension ésotérique et hellénique de l'Evangile de Saint-Jean. Ces notes "éclairantes" viennent enrichir nos publications précédentes...
  • Pythagore et la Loge - Modélisation et harmonie - 2ème partie
    PYTHAGORE: vers la modélisation harmonique du réel Le franc-maçon se conduit dans la vie suivant les trois lumières qui ordonnent et font vivre son tableau de Loge. L’image parfois idéale qu’il peut avoir du monde vient de ce qu’il le contemple et y agit...
  • Pythagore chez les francs-maçons. 1ere partie.
    Dans cette première partie, je vous ferai part de mes recherches et lectures sur Pythagore au-delà de son théorème dont nous avons tous entendu parler et de ses autres avancées en mathématiques (résumées en annexe 1). Dans une seconde partie (prochaine...
  • Réflexions sur le Prologue de Jean.
    En loge, la Bible est placée sur le plateau du Vénérable, ouverte à la page du Prologue de Jean. L’équerre et le compas la recouvrent. Elle est le symbole d’une tradition immémoriale qui dicta nos règles de vie et notre morale collective. La présence...
  • LA CLÉ D'HIRAM, notes de lecture - 4ème Partie
    par Christophe Knight et Robert Lomas (1997) - Editions J’AI LU - Traduit de l’anglais par Arnaud d’Apremont 4ème et dernière partie des notes de lecture. de Tha.°. Coq.°. et Elth.°. Bia.°. « Ecossais de l'Hermione » GLSREP Table des matières des notes...
  • LA CLÉ D'HIRAM, notes de lecture 3 ème partie
    « LA CLE D’HIRAM » par Christophe Knight et Robert Lomas (1997) - Editions J’AI LU - Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Arnaud d’Apremont « 3 ème partie des notes de lecture (en 4 parties) de Tha.°. Coq.°. et Elth.°. Bia.°. « Ecossais de l'Hermione...
  • LA CLÉ D'HIRAM, notes de lecture 2 ème partie
    2ème partie Nous abordons ici la 2ème partie des notes de lectures sur « La Clé d’Hiram » par C. Knight et R. Lomas – J’AI LU. Nous devons ce travail de synthèse à Tha.°. Coq.°. et Elth.°. Bia.°. « Écossais de l'Hermione » (Mai 2020). Nous conseillons...