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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 17:37
Le Trois  et l'Unité

Première approche du Trois

Comme tout apprenti j’ai été immédiatement confronté à la symbolique du TROIS : les trois voyages lors de l’initiation, les acclamations, la découverte de la circulation dans le temple, les colonnes qui entourent le Pavé mosaïque.

Cette prégnance du trois n’est pas le seul apanage de la F\M\, elle apparaît dans les religions, la pensée philosophique, l’architecture et pas une civilisation humaine ne semble y échapper…

Mon propos ne sera donc pas de faire une liste exhaustive des situations où le ternaire est utilisé, car aussi édifiant que cet exercice pourrait être, il ne répond pas à la question fondamentale qui se pose : quels sont les ressorts inconscients et universels qui expliquent que le TROIS fascine l’humanité depuis qu’elle a conceptualisé les nombres ?

J’ai donc choisi d’évoquer ce sujet en trois étapes : la première nous permettra de comprendre pourquoi le Trois est un archétype au sens d’un invariant fondateur de la tradition, c'est-à-dire un symbole ; la seconde remettra en perspective l’utilisation de cet archétype à travers l’histoire ; enfin j’aborderai comment la Maçonnerie s’est réapproprié ce symbole et dans quelle finalité.

  1. Pourquoi le Trois est-il un archétype ?

Pour appréhender le monde, l’homme a dû acquérir le concept de nombre. Ce concept, apparemment intuitif pour l’homme moderne éduqué, est d’une incroyable complexité. Il se traduit dans une langue, la numérotation, qui assigne à chaque nombre un symbole oral et un signe pour l’écriture et les opérations de calcul. Trois est l’un des « entiers premiers ». Différents du zéro et du un, les nombres entiers premiers n’admettent comme seuls diviseurs eux-mêmes et l’unité comme 2, 3, 5, 7, 11, 13, 19, 23…

Le Trois fascine, mais il n’est pas suffisant de lister ses utilisations pour en comprendre la raison. Dans son ouvrage « le nombre trois et ses mystères » Pierre AUDUREAU fait référence à la pensée de JUNG qui définit l’archétype comme « une image primordiale, renfermant un thème universel, commun de tout temps à toutes les sociétés humaines » Il dit aussi que l’archétype « désigne un symbole universel qui sert de modèle de référence inconscient pour l‘homme »

Plusieurs éléments permettent d’expliquer la nature archétypale du nombre Trois :

- La structuration du comportement humain en trois phases « analyse, décision, action ».

- La procréation sexuée, acte fondamental de la pérennité de l’espèce, symbolisée par l’ensemble ternaire « père, mère, enfant ».

- Le triptyque « naissance, vie, mort » qui interroge l’homme depuis la préhistoire.

- L’homme primitif a vénéré l’arbre qui abrite, nourrit et dont le bois permet de fabriquer des outils et la maîtrise du feu. « Racine, tronc, feuillage » constitue aussi un ternaire…

- Lorsque l’homme néolithique s’est sédentarisé, il a organisé sa société autour du triptyque « prêtres-guerriers-producteurs », décliné ensuite en « clergé-noblesse-tiers état » qui marque encore notre inconscient collectif.

- Le ternaire existe aussi au plan de notre environnement : terre, ciel et air.

- Le temps est en trois dimensions : passé, présent et futur.

- Le monde est en trois dimensions : longueur, largeur et hauteur

- Les trois états de la matière : solide, liquide et gazeux..

- Les trois règnes dans la nature : minéral, végétal et animal.

Il est probable que ces éléments aient fondamentalement influencé la structuration de l’esprit humain donnant naissance à la force symbolique du Trois.

La très longue évolution de l’homme au fil des millénaires restera donc influencée par ce ternaire fondamental, image primordiale qui le conduira à envisager le Trois comme un élément incontournable de sa sensibilité ou de sa pensée…

  1. L’influence du Trois dans l’histoire
  1. Un peu de mathématiques et de géométrie :

L’arithmétique nous enseigne que tous les nombres entiers naissent du UN par itération. De fait 1+1=2, 2+1 =3, 3+1=4 etc… Le un représente l’unité, mais aussi la puissance puisqu’il engendre tous les autres nombres.

Par ailleurs, dans un triangle, la base représente le un, le deux les cotés qui convergent vers le sommet pour matérialiser le triangle. Or les segments sont de dimension « un », le triangle de dimension « deux ».

Cela nous montre au plan mathématique et géométrique, que deux êtres d’une catégorie engendrent un être d’une autre catégorie, c’est la notion d’espace quotient. Ce passage d’un objet à un « méta-objet » de nature et de puissance supérieure est fondamental puisqu’il nous nous ouvre à la pensée ternaire ce que j’évoquerai plus loin.

Cette allégorie du triangle se retrouve particulièrement dans l’architecture. En effet le triangle isocèle est présent sur de nombreux frontons dont le plus célèbre est celui du Parthénon. Le plus souvent placés sur des colonnes, ces frontons sont le symbole de l’élévation : partant de l’horizontale pour s’élever à la verticale vers le ciel ils invitent à la transcendance.

Notons aussi que deux colonnes symétriques, symbole binaire a priori, nous ouvrent vers le ternaire si nous prenons conscience d’un troisième élément, constitué soit par leur axe de symétrie, soit la poutre qui les relie ou leur support horizontal. Cela nous incite à réfléchir sur la nécessité de changer notre regard, de dépasser les apparences pour accéder à l’évidence.

Enfin, les propriétés géométriques du triangle utilisées par les Égyptiens et les Babyloniens leur permettaient de calculer l’aire de toute surface dont le contour était à peu près polygonal.

La théorie d’Euclide nous enseigne que par trois points non alignés passe un plan et un seul, garantissant la stabilité de toutes les masses soutenues si elles sont également réparties autour d’un triangle de sustentation. Ces propriétés ont permis des applications éminemment pratiques, comme celle de la brouette par les Sumériens et peuvent expliquer la fascination de l’homme pour le triangle confortant la puissance pratique et symbolique du triangle et donc du Trois.

  1. Le ternaire dans les grands courants de pensée et dans les religions :
  • L’alchimie

L’alchimie est inspirée par Hermès le Trismégiste, le « trois fois grand », décrit sur la Pierre de Rosette (196 av JC) comme issu de la fusion de Thot, dieu égyptien de la connaissance, scribe des dieux et sachant lire dans les âmes et d’Hermès, le dieu grec. Beaucoup d’écrits lui sont attribués dont cet extrait de l’Ogdoade et l’Ennéade qui résonne en moi : « je ferai monter l’action de grâces du fond de mon cœur, pour prier le terme du Tout et le Principe du Principe, l’immortelle découverte de la quête des hommes, celui qui fait naître la Lumière et la Vérité, celui qui sème le Verbe, l’amour de la vie éternelle ».

L’objectif de l’alchimie est le Grand Œuvre, la réalisation de la pierre philosophale, capable de transmuter les métaux, de guérir et d’apporter l’immortalité.

Les alchimistes ont certes fait des découvertes importantes, mais c’est d’un point de vue symbolique qu’il convient d’appréhender leur démarche, à savoir la transformation spirituelle de l’alchimiste lui-même.

L’alchimie repose sur plusieurs triades fondamentales qui doivent opérer sur la matéria prima :

- Les opérations de dissolution, de coagulation et de cristallisation

- Les trois phases du travail alchimique, l’œuvre au noir (la calcination), l’œuvre au blanc (lessivage et réduction), l’œuvre au rouge (l’incandescence)

- le soufre, le mercure et le sel respectivement associés à l’âme, l’esprit et le corps.

Symboliquement, à l’image du maçon qui polit sa pierre brute, l’alchimiste agit sur la materia prima, l’âme humaine, comparable aux métaux ordinaires, et la transforme pour atteindre la dimension divine représentée par l’or.

  • Les religions

En Egypte, à partir du Nouvel Empire, chaque ville possédait ses dieux, regroupés en triades selon le principe de la famille (le dieu, la déesse, son épouse et leur enfant divin). Si la plus connue est la triade d’Abydos (Osiris-Isis-Horus) on peut citer aussi celles de Thébaine, de Memphis, d’Edfou…

A ces triades familiales ont succédé, comme à Eléphantine, des triades au sein desquels les dieux, sans lien de parenté, remplissaient des fonctions complémentaires, comme la régulation du Nil, source de vie.

Les triades indo-européennes reposent sur la fonction religieuse (le sacré), la fonction militaire (la force) et la fonction reproductrice (la fécondité). Chez les romains on retrouve donc la triade Capitoline avec Jupiter, le dieu roi, Minerve, déesse de la guerre et Junon déesse de la fécondité. Ces mêmes fonctions se retrouvent en Scandinavie dans la triade « Odin-Tyr-Freyr ».

En Inde succédant à la religion védique et sa triade éponyme est apparu l’hindouisme avec la triade Trimûrti composée du dieu créateur Brahmâ, de Vishnu responsable de la protection et de la conservation et de Shiva le destructeur-régénérateur.

Les chrétiens font référence à trois principaux mystères : la Rédemption, l’Incarnation et la Sainte Trinité.

Il est important de souligner que si le concept trinitaire « Père-Fils-Saint Esprit » apparaît avec le christianisme, l'expression ne figure pas dans le Nouveau Testament bien que les trois personnes y soient clairement nommées, y agissent et s’y manifestent, à la fois dans leur distinction et dans leur unité.

Les premiers siècles de la chrétienté seront marqués par des conflits relatifs à la symbolique de la Trinité, conflits réglés lors des conciles de Nicée, en 325 et de Constantinople, en 381 qui affirmeront que le Fils est consubstantiel au Père, c’est-à-dire de même nature que lui. Grégoire de Nazianze, Evêque de Constantinople écrira « Je vous donne une seule Divinité et Puissance, existant Une dans les Trois, et contenant les Trois d’une manière distincte. » (Discours, 40, 41).

On peut voir dans ce dogme une sorte d’arrangement avec les triades plus anciennes des peuples polythéistes afin de favoriser le développement du christianisme. En fait cela n’a pas une importance majeure à mon sens. Le fait que le Trois se soit imposé comme symbole majeur dans le christianisme permet de considérer la Sainte Trinité comme la fille de l’archétype et non comme un fondement de l’importance de ce nombre. Cela démontre qu’aux débuts de l’ère chrétienne le Trois était déjà profondément ancré dans la structure psychique de l’humanité…

Le bouddhisme n’est pas non plus avare de ternaire avec ses trois grands principes : Connaissance, Droiture et Compassion et ses trois joyaux que sont le Bouddha, le Dharma et la Sangha.

Enfin en Chine, la grande triade taoïste est constituée par le Ciel, la Terre et l’Homme, engendré par les deux premiers dont il est devenu médiateur. Les divinités suprêmes sont regroupées dans une triade, « les Trois Purs »

  1. La symbolique du Trois dans la Franc-maçonnerie

L’impétrant est immédiatement confronté au nombre Trois. Il est l’objet de trois enquêtes. Dans le cabinet de réflexion, en présence de trois symboles de vie (l’eau, le pain et le sel) et de trois symboles alchimiques (le sel, le soufre et le mercure), il répond à trois questions relatives à la manifestation d’une intelligence universelle. Introduit en loge par trois grands coups qui signifient «

Dès qu’il est reçu maçon, pour progresser vers la lumière l’apprenti dispose dans le temple de multiples outils réunis sous forme de triades symboliques. Libéré de ses métaux et de la tentation du dogmatisme chaque Frère est libre de se les approprier pour s’améliorer moralement et spirituellement en développant l’intelligence du cœur, l’expression de l’âme.

Les trois grands Piliers qui soutiennent la loge, surmontés par les trois étoiles dites au REP les Lumières d’Ordre ou Petites Lumières symbolisent la Sagesse, la Beauté et la Force mises en correspondance avec les trois officiers qui gouvernent la loge. Notre G\M\ Er\ Ro\ nous dit « De la terre vient la force, du ciel la sagesse, la beauté est l’empreinte du divin sur la terre (…) Le maçon reçoit la force et la sagesse et doit les conjuguer harmonieusement ». Je comprends la nécessité de cette Harmonie et qu’elle se situe au-delà de la simple beauté profane, qu’elle est consubstantielle au travail de la loge, qu’elle est une passerelle vers le divin. En ce sens, la triade Sagesse, Force et Beauté est un fondement de la vie de la loge.

Autre triade fondamentale, les trois lumières spirituelles au REP : Le Volume de la Loi Sacrée, l’Équerre et le Compas disposés sur l’autel des serments.

Bible à notre rite, le V\L\S\ varie selon les rites ou les loges et peut être la Torah, le Coran ou les Constitutions d’Anderson. Il est important de noter que nous sommes dans le domaine du sacré et non dans le divin ;

Le sacré étant un concept transcendant, ce livre nous invite à respecter tout ce que l’autre peut considérer comme sacré indépendamment de nos propres croyances. Le V\L\S\ est le symbole des valeurs de l’humanité, de la loi morale, le fruit de la Tradition et l’héritage spirituel laissé par ceux qui nous ont précédés. Il constitue donc la matière amassée par les hommes depuis leur origine, l’équerre et le compas étant les outils pour la travailler.

L’Équerre symbole du F\M\, permet de conjuguer la stabilité entre l’horizontalité et la verticalité au plan opératif et donc de conjuguer matérialité terrestre et spiritualité céleste au plan spéculatif. Le compas permet de tracer des cercles dont le maçon est symboliquement au centre. Il est donc l’outil de la recherche sur soi, mais il permet aussi de « relier notre actualité à l’unité des origines » Il permet donc une recherche vers deux infinis, l’un extérieur et transcendant, l’autre intérieur et immanent. La triade « V\L\S\, Équerre et compas » représente donc pour le maçon le fondement de sa progression personnelle basée sur des valeurs morales, philosophiques, symboliques et spirituelles universelles.

Les Trois grandes lumières physiques : La triade « V\M\, Soleil et Lune » reprend le symbolisme des anciennes civilisations qui vouaient un culte particulier au soleil et à la lune, les luminaires du jour et de la nuit. Dans le temple elles forment un triangle avec le V\M\ qui « préside à la loge pour l’éclairer » selon le rituel d’instruction. Situé à l’Orient, ce symbole ternaire nous rappelle que le rôle du V\M\ est de transmettre la lumière que chacun des FF\ s’efforcera de répandre dans le monde profane à l’issue des travaux.

Bien d’autres symboles du Trois sont présents en maçonnerie : l’âge de l’apprenti, en référence au nombre de marches et aux différents paliers pour accéder au HEKHAL pour recevoir son salaire lors de la construction du Temple de Salomon, mais aussi les trois maillets symboles de l’autorité agissante, les trois nœuds dessinés sur le tableau de loge, les trois fenêtres…

Il me paraît intéressant de tenter de comprendre pourquoi que la F\M \moderne a repris, au grade d’apprenti, avec autant de force, dans son rituel et dans ses représentations, le nombre Trois.

Le trois s’est imposé comme un symbole fondateur et pérenne dans l’histoire de l’humanité, depuis la révolution néolithique, 12.000 av. JC, marquée par la sédentarisation de la population et l’organisation de vie en société sur tous les continents.

Héritière, dans sa méthode, de toutes ces traditions ancestrales, au plan moral comme au plan religieux, il est logique que la Franc-maçonnerie utilise la symbolique des nombres et en particulier celle du Trois.

Sans doute aussi parce que la F\M\ moderne libérée de tout dogmatisme n’a retenu que le symbole, l’archétype fondateur du nombre Trois qui selon Pierre Audureau « étaye la pensée et pérennise les concepts »

Enfin parce que notre tradition judéo-chrétienne nous a profondément ancrés dans les trois dimensions de l’être que sont le corps, l’âme et l’esprit

La F\M\, notamment grâce aux travaux de René Guenon, nous invite à nous réapproprier ce ternaire dans son intégralité. Il nous dit en effet dans la Grande Triade que « la division ternaire est la plus générale et en même temps la plus simple qu’on puisse établir pour définir la constitution d’un être vivant, et en particulier celle de l’homme ». Cependant il déplore « la dualité cartésienne de l’esprit et du corps et « qu’on en soit arrivé à ne voir dans les termes « d’esprit » et « d’âme » que des sortes de synonymes (…) alors que la distinction de l’esprit de l’âme et du corps est celle qui a été unanimement admise par toutes les doctrines traditionnelles de l’Occident, que ce soit dans l’Antiquité ou au Moyen Âge ».

Cette triple dimension originelle engendre deux naissances : la première, physique, qui fera naître corps et âme, puis ensuite une seconde naissance qui permettra à l’être de s’évader dans la spiritualité et de concevoir l’esprit (Pierre Audureau)

Ainsi La F\M\ permet peut être de réunir Saint Paul et certains d’entre nous quand il axe sa prédication autour de la naissance nouvelle évoquée sous les termes de « renouvellement », de « transformation », de « métamorphose ». De même quand il décrit, dans ses lettres aux corinthiens, cette métamorphose comme le passage de « l’homme ancien » à « l’homme nouveau », de « l’homme vieux » à « l’homme neuf », de « l’homme extérieur » à « l’homme intérieur » de « l’homme charnel et psychique » à « l’homme libre et spirituel ».

Conclusion

Il m’apparaît depuis mon initiation que la pensée ternaire à laquelle m’invite la F\M\ me permet d’accéder à une interprétation des concepts, mais aussi du réel à un niveau supérieur en dépassant des oppositions artificielles. Cette méthode, appliquée à la triade « Corps-Ame-Esprit » me fait pressentir que la re-naissance que me propose la F\M\ m’ouvre le champ des possibles au plan spirituel.

Ainsi, par l’action agissante de l’esprit je pourrai, dans un premier temps découvrir, pour ensuite faire rayonner, tant dans le temple que dans le monde profane, la part de lumière divine qui est en moi et participer de fait à l’unité du tout.

N.°.B.°.

Le trois et la lumière,

ou la triplication de l’être par le centre. (E.°.R.°.)

Nous allons tenter de démontrer que le trois n’existe dans sa puissance que relativement à la notion de « Présence »de l’homme sur Terre et plus précisément à la « Présence » de l’esprit en l’homme ou s’il on veut, à l’incarnation de la lumière.

Le Trois définit l’association de l’homme au mystère de la vie.

La régence de l’homme vient personnaliser et vitaliser le ternaire. Sa défaite résoudrait le ternaire à une donnée purement physicochimique et nous pourrions dire seulement que chaque atome de la création a connu la lumière originelle du non-temps ou temps zéro. Mais il n’y aurait personne pour voir, ou concevoir la naissance de la lumière…

C’est cette même lumière originelle que l’homme tente d’expliquer en lui par le ternaire quel que soit sa dénomination. La dénomination d’un système quelconque, bien que cohérent, n’est qu’une des nombreuses modalités exprimées par l’intelligence analytique de l’homme. Ces nombreux systèmes ternaires ne font qu’éveiller l’apprenti créant une ouverture de l’esprit au plus haut en soi, donnant accès à une surconscience. C’est la base de la méthode maçonnique.

Sans homme ni pensée, il n’y a point d’esprit. Sans esprit et donc sans homme, le divin n’a qu’un sens physicochimique, il serait équation sans Dieu pour la poser, ni raison humaine pour la résoudre.

Sans Conscience supérieure, point de spiritualisation de l’homme et pas de sublimation de l’esprit.

La franc-maçonnerie n’a rien trouvé de mieux que de mettre immédiatement l’apprenti face au mystère de l’essence qui découle de la logique ternaire. Ce mystère de l’essence (complément indispensable à la substance) repose sur la lumière, sa source, sa naissance, sa duplication dans une forme materiae et manifestée et va s’exprimer dans la relation permanente et cyclique. L’aboutissement de toute initiation passe par la découverte au sein de la vie d’une voie d’accès vers l’esprit conçu comme quelque état extérieur et intérieur. Cette découverte dépend d’un élan vital, d’un désir de connaître. Mais connaître le vrai sens de la vie repose sur l’acceptation d’un mystère qui se dérobe au regard.

Dans le nombre trois le plus difficile à connaître est le Un. Le trois est le chemin de la réintégration dans l’Unité, cette réintégration passe donc par l’esprit.

Ce mystère de l’essence est le mystère de la vie. Il trouve sa source dans la naissance de la lumière qui au-delà de son aspect métaphysique ou philosophique et physique, est une source née au cœur de la ténèbre, un « non lieu » où l’esprit humain ne conçoit ni ne perçoit, mais où l’esprit détaché de la contingence du paraître et de la nécessité peut se sublimer.

Si l’homme par la compréhension du trois se spiritualise (vérité et harmonie), l’esprit se confondant à sa source lumineuse se sublime.

Cette lumière des origines illumine notre pensée et éclaire notre représentation mentale. C’est donc une vision liée a une faculté supraconsciente. Cette faculté représentative se fait bien entendu à l’aune interprétative d’un homme corporel qui découvre dans sa constitution propre une présence animatrice liée à sa vie réelle faite de sens, d’émotions et d’émerveillement. Cette présence est l’âme logée dans le véhicule du corps. Plus avant est découvert un lointain inatteignable, dépassant l’intellect, c’est l’esprit. Le trois implique trois visions : celle avec les yeux du corps, avec les yeux de l’âme et les yeux de l’esprit.

Ainsi nous retrouvons par la triple métamorphose du regard une triple perception sur soi même : une perception corporelle qui nous associe à la matière, une perception intime qui manifeste notre humanité c’est l’âme et une certitude reposant sur l’incommensurable idée du mystère de la vie associée à l’esprit. Ce sont les trois grades de la FM.

Il me semble que le « Saint-Esprit » dont on parle parfois, n’est une troisième personne que si on la considère comme une trace historique et prolifique du passage du Verbe. Le Verbe est effectivement la réalisation de la pensée « divine » représentée par le Père. Cette réalisation semble bien édulcorée ou délaissée, ce qui nous fait penser au mythe de la parole perdue.

Le Père conçoit, le verbe agit, le fils met en œuvre (Nouveau Testament).

La mise en œuvre se fait par trois voies: l'artisanale, la chevaleresque, la sacerdotale.

Restons dans la filière maçonnique d'une spiritualité construite:

De la mise en œuvre on passe au chef d’œuvre. Le chef d’œuvre atteste de "la présence" d'un supplément d'âme mais surtout d'une œuvre de l'esprit. Le chef d’œuvre est toujours l’heureuse conjonction des trois pointes du triangle au centre de la figure ; ce centre est une intériorisation qui devient pour l’observateur une incarnation. C’est donc l’homme fils de la lumière qui l’incarne. Le ternaire est ontologique et reste d’actualité par l’idée d’une « présence » de l’Esprit Saint ou pour être plus précis par la lecture reverbalisée par l’homme initié au Logos des origines. C'est ainsi qu'une spiritualité construite débouche sur une spiritualité "révélée". l'Esprit est présent dans la matière pour un observateur qui pratique l'art ou le rite. L'art (pictural, musical, sacerdotal, royal, martial) ou le rite de tradition ne sont que des mises en forme permettant d'extraire l'esprit, ou de mettre en évidence une présence chez l'observant.

C'est la définition même de l'incarnation de la lumière que d'affirmer "la présence" en soi. Du soi elle se projette tant à l'objet (pierre cubique à pointe, ou cathédrale) qu'à l'autre (le frère), à l'autre soi-même( le miroir, l'ange).

Ce système divin et triunitiare devient humain est se traduit en Pensée (Père) Volonté (Saint-Esprit ou verbe) Action (Fils). Au plan lumineux c’est l’incarnation (Saint-Esprit) de la lumière (du Père) en l’homme(le fils).

Ce logos originel ou Verbe, est l’organisateur de la manifestation (ou de la création) et fait le lien entre la source de toutes créations et son image dupliquée. Cette image n’est perceptible par l’homme que s’il chausse les lunettes du ternaire qui lui permettront de voir à l’intérieur de lui (yeux de l’âme), c'est-à-dire en son centre intime, comme au centre du tout (yeux de l’esprit). Le ternaire relie les centres au Centre. Le trois nous donne l’image d’une serrure située au Centre qui actionne un rayon produisant le cercle du monde. C’est l’image géométrique de l’expression « Un le Tout ».

Ainsi ce Centre, source ontologique du ternaire, sera confondu en un axe lumineux partant d'un ciel d’esprit, traversant l’homme comme une perpendiculaire passant par le cœur (réalisation) et allant jusqu’au centre de la matière terrestre. (E.°.R.°.)

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